Réalisations récentes aux Pays-Bas

Arie Wolter Willemsen

Au cours des dernières années, les Néerlandais ont édifié un grand nombre de bibliothèques, de toutes catégories : Bibliothèque royale de La Haye, bibliothèque universitaire de Groningue, de Leyde, bibliothèque municipale de Rotterdam, bibliothèque de Zélande, par exemple. L'auteur analyse ici les conceptions architecturales de ces différents bâtiments, les moyens mis en œuvre pour concentrer les services mais aussi offrir des espaces polyvalents, qui soient par exemple adaptés aux exigences « high tech » des technologies.

In the last few years, Netherlands have built many important libraries, of any kinds : National library in The Hague, university library in Groningen, Leiden, municipal library in Rotterdam, research and public library in Zeland, for instance. The author describes architectural choices for these different buildings, new thinkings about concentrated services and varied spaces, convenience for users and new « high-tech » requirements.

L'organisation des bibliothèques aux Pays-Bas est surtout caractérisée par les éléments suivants :
- la Bibliothèque nationale, la Koninklijke Bibliotheek (Bibliothèque royale), est relativement modeste (en 1991 : environ 220 postes budgétaires pour le personnel et quelque 2 500 000 volumes). Ses fonctions principales sont celles d'une bibliothèque encyclopédique dans le domaine des sciences humaines, d'une bibliothèque de dépôt légal pour les publications néerlandaises depuis 1974 et pour l'établissement de la bibliographie nationale ; elle joue aussi le rôle d'un centre de prêt interbibliothèques comprenant notamment la maintenance des catalogues collectifs, encore traditionnels il n'y a pas si longtemps ;
- une douzaine de bibliothèques universitaires, dont celles, plus anciennes, d'Amsterdam, de Leyde ou d'Utrecht entretiennent des fonds plus importants que ceux de la Bibliothèque royale. Les structures bibliothéconomiques des universités comportent la plupart du temps une bibliothèque centrale et des annexes. En général, la tendance est de renforcer les bibliothèques centrales, responsables de l'approvisionnement de toutes les unités universitaires, tout en concentrant les collections décentralisées dans des unités d'une certaine importance, les bibliothèques des facultés ;
- un système très élaboré de bibliothèques publiques au sein duquel treize bibliothèques - dont quelques bibliothèques de recherche régionales qui ne sont pas des bibliothèques publiques -ont également un rôle « logistique » au niveau régional, c'est-à-dire celui d'une bibliothèque centrale proposant des collections scientifiques à l'usage des étudiants ;
- un grand nombre de bibliothèques spécialisées, notamment dans les ministères et les grandes entreprises.

Depuis fort longtemps, il existe aux Pays-Bas une tradition de coopération, notamment dans le domaine du prêt interbibliothèques. Très tôt en effet, celui-ci s'est matérialisé par la mise en place de catalogues collectifs à la Bibliothèque royale, à la bibliothèque de l'université de technologie de Delft et à la bibliothèque de l'université d'agriculture de Wageningen. Ces bibliothèques qui, avec la bibliothèque de l'Académie royale des sciences (pour les sciences biomédicales) sont parfois appelées les « bibliothèques pivots », jouent un rôle central dans les échanges au niveau national. D'un côté, ce rôle se trouve renforcé par l'interconnexion des catalogues collectifs au sein du Catalogue central néerlandais (NCC), un réseau exploité à l'aide du système PICA 1. De l'autre, les bibliothèques travaillant avec ce système contribuent d'une certaine façon à la constitution automatique d'un catalogue collectif.

PICA constitue une entreprise collective d'informatisation des bibliothèques, avec accès en ligne, à laquelle participent la Bibliothèque royale, dix bibliothèques universitaires, la plupart des bibliothèques publiques ayant une fonction de têtes de réseau et un nombre croissant de bibliothèques spécialisées. PICA assure le catalogage collectif en ligne dans une base de données centrale, à laquelle sont connectés des systèmes locaux. Une partie des exploitants du système central utilisent également le système local développé par PICA.

Nouvelles bibliothèques dans les années 1980

Au cours des dernières décennies, les Néerlandais ont édifié un grand nombre de bibliothèques, de toutes catégories. Pour nous limiter aux dix dernières années, rappelons la construction :
- en 1982, du nouveau complexe architectural de la Bibliothèque royale et de la bibliothèque de l'université d'agriculture de Wageningen,
- en 1983, de la bibliothèque municipale de Rotterdam,
- en 1984, de la bibliothèque universitaire de Leyde,
- en 1985, de la bibliothèque centrale de Zélande, à Middelburg,
- en 1987, de la bibliothèque universitaire de Groningue.

Parmi les établissements en cours de construction, citons la bibliothèque de l'université catholique de Brabant, à Tilburg, et la bibliothèque publique de La Haye. A Tilburg, où une université relativement modeste est regroupée sur un même campus, la situation centrale de la bibliothèque permettra d'accueillir tous les équipements. La bibliothèque publique de La Haye, qui joue également un rôle stratégique comme bibliothèque régionale et comme bibliothèque de recherche, constituera, dans le projet conçu par Richard Meier, un élément signifiant du nouveau complexe de l'hôtel de ville au centre de la capitale (une conception architecturale qui n'est pas sans rappeler le « Stopera » d'Amsterdam, associant un opéra à un hôtel de ville).

Similitudes

Bien que différentes à maints égards, les nouvelles bibliothèques édifiées dans les années 80 ont un certain nombre de points communs : une grande concentration des équipements et une certaine polyvalence.

Concentrer les équipements

Dans les bibliothèques universitaires, cette tendance s'est traduite par la création de facilités (places assises, collections d'ouvrages de référence) permettant d'accueillir un grand nombre d'étudiants, parallèlement à la politique déjà évoquée, consistant à renforcer le rôle des bibliothèques centrales dans la gestion bibliothéconomique des universités. Les bibliothèques centrales ont alors - en partie grâce à la richesse de leurs fonds anciens - joué un rôle direct auprès des usagers dans le domaine des sciences humaines et sociales. Les nouvelles bibliothèques de Leyde et de Groningue, villes dans lesquelles l'université est implantée sur plusieurs sites, sont situées principalement non loin des bâtiments voués aux sciences humaines (par exemple à Leyde, avec un ensemble homogène qui fait une place centrale à la bibliothèque).

La volonté de rechercher une plus grande concentration s'est également manifestée d'une autre manière dans la politique nationale.

Les pouvoirs publics (ministère de l'Education et des Sciences) ont imposé des limites au budget et aux superficies des bibliothèques universitaires à construire. Aussi la conception des nouvelles bibliothèques universitaires a-t-elle pris implicitement en compte les possibilités de coopération, à l'échelon national, en matière de conservation, afin d'abriter ensemble leurs fonds moins usés dans un magasin central national. Aucun plan de magasin central national n'a encore été réalisé, mais la capacité de magasinage à prévoir dans les bibliothèques universitaires a été réduite par anticipation, et des systèmes de stockage compact des documents ont été très largement utilisés. La politique de construction des bibliothèques du ministère de l'Education nationale a été enfin marquée par la volonté de renforcer le rôle central de la Bibliothèque royale dans la structure des bibliothèques de recherche du pays.

Jouer de la polyvalence

Le caractère multifonctionnel des bibliothèques, notamment de la Bibliothèque royale et de certaines bibliothèques régionales, a représenté une autre forme de concentration. Pour la Bibliothèque royale, cette tendance s'est traduite par la construction d'un complexe architectural, certes conçu en priorité pour la bibliothèque proprement dite, mais qui a également accueilli d'autres organismes culturels et scientifiques, tels le Musée et centre de documentation des lettres néerlandaises (NLMD), le Service national de documentation en histoire de l'art (RKD) et le Service de la commission d'Etat pour l'histoire nationale (BRVG), devenu l'Institut d'histoire des Pays-Bas (ING). La Bibliothèque royale héberge en outre un certain nombre de services du Centre néerlandais de la lecture et des bibliothèques (NBLC), le service PICA (transféré en 1989 à Leyde) et les services du Conseil des bibliothèques (aujourd'hui le RABIN), du secrétariat de l'IFLA et la FID 2. De leur côté, les Archives nationales du Royaume des Pays-Bas (ARA), dont les bâtiments jouxtent ceux de la Bibliothèque royale, abritent divers organismes. Certains équipements (restaurants, grande salle de conférences, salles de réunions) sont communs aux deux groupes de bâtiments. Les salles d'expositions sont situées entre les deux ensembles.

Cette concentration est en grande partie dictée par l'idée selon laquelle la réunion en un même lieu d'établissements culturels et scientifiques apparentés peut être intéressante pour les usagers. Dans la partie du complexe réservée à la Bibliothèque royale, des locaux ont été prévus, comme on le verra, pour des petites entreprises ou projets scientifiques fortement dépendants d'une grande bibliothèque humaniste.

La bibliothèque de Zélande - dont les fonctions d'étude et de recherche au niveau régional sont comparables à celles de la Bibliothèque royale sur le plan national - accueille également des établissements culturels et scientifiques zélandais. La bibliothèque municipale de Rotterdam réunit pour sa part des fonctions culturelles, éducatives et municipales - un théâtre, un centre régional d'enseignement à distance ainsi qu'un centre municipal d'information et d'aide sociale (Université ouverte néerlandaise).

Structure des bâtiments

Dans les bibliothèques universitaires et à la Bibliothèque royale, une partie importante des collections, notamment les ouvrages et publications de référence, ont été placées en accès libre bien qu'il ne s'agisse pas tout à fait du modèle anglo-saxon d'open access 3. La part croissante du libre accès aux documents de référence a cependant amené une « sectorialisation » par domaine des salles de lecture. Il en était de même, du reste, dans les grandes bibliothèques publiques.

La majeure partie des collections des bibliothèques de recherche est conservée dans des magasins fermés. Ainsi, la bibliothèque de Zélande ou la bibliothèque municipale de Rotterdam, conçue prioritairement comme une grande bibliothèque publique de libre accès, disposent-elles de grands magasins fermés. La superficie des magasins de la nouvelle bibliothèque publique de La Haye, en revanche, est très réduite.

Aucune des nouvelles bibliothèques de recherche n'est désormais conçue selon le modèle allemand classique en trois zones fonctionnelles, caractérisé par une structure architecturale distincte pour chaque fonction, à savoir : la partie réservée au public (salles de lecture et salle des catalogues), l'unité administrative et les magasins. Cette tripartition existe encore à la bibliothèque universitaire de Nimègue, construite dans les années 1960. Du point de vue architectural, les nouvelles bibliothèques de recherche constituent essentiellement des ensembles intégrés. C'est le cas, bien entendu, des bibliothèques publiques.

Entre classique et high-tech, une période de transition

Sans doute a-t-on accordé une place croissante à l'informatisation dans la conception et la construction des bibliothèques au cours des années 1980. Relativement tôt déjà, la mise au point du système en ligne PICA a favorisé la prise en compte d'une vaste automatisation des processus bibliothéconomiques et des moyens mis à la disposition du public (comprenant les équipements techniques nécessaires tels que des réseaux de câbles, par exemple). Mais il a fallu à chaque fois partir d'installations classiques, comme les fichiers manuels ou les équipements destinés à la consultation des sources bibliographiques imprimées (et les locaux conçus à cet effet).

Il est vrai que l'on avait conscience de se trouver dans une situation de transition et que cette impression a permis de rechercher un maximum de flexibilité dans la construction. Du point de vue architectural, il n'a pas été possible de répondre à toutes les exigences d'une bibliothèque « high tech » (en matière d'éclairage pour le travail sur écran, par exemple). Dans toutes les bibliothèques récentes, les demandes d'ouvrages parviennent aux magasins grâce à un système électronique et les ouvrages sont acheminés par un monte-livres ou une bande transporteuse.

Il a fallu attendre la construction de la bibliothèque de l'université catholique de Tilburg pour voir la conception « high tech » des bibliothèques vraiment prise en compte dans l'architecture. Dans cet édifice, du reste, l'organisation de l'espace n'a guère été modifiée de façon spectaculaire. Les magasins fermés de la bibliothèque de Tilburg, par exemple, relativement modeste en comparaison des autres bibliothèques nouvelles, ont une taille respectable, car le livre traditionnel n'est guère prêt d'être supplanté.

La Bibliothèque royale

Le nouveau bâtiment de la Bibliothèque royale est de loin le plus grand bâtiment de bibliothèque qui ait jamais été construit aux Pays-Bas.

Le projet

Le programme de base de la nouvelle Bibliothèque royale fut établi à la fin des années 1960 et révisé vers le milieu des années 1970, puis revu en partie lors de la construction. Les exigences des bibliothécaires, qui eurent des répercussions sur la programmation, furent presque entièrement satisfaites. La surface hors œuvre nette fut en effet supérieure à la surface nette programmée, contrairement à ce qui s'est passé pour les nouvelles bibliothèques universitaires. La mission confiée par le ministère de l'Education et des Sciences et par le Service national des bâtiments publics était de planifier les besoins en locaux sur une période de 50 ans, une mission impossible en soi, mais qui permit de disposer de la liberté souhaitable.

L'avant-projet fut réalisé entre 1973 et 1977 par le bureau d'architecture OD 205 à Delft, pour le compte du Service national des bâtiments publics et en étroite collaboration avec ce service et avec les usagers. Les travaux débutèrent en 1977 et l'inauguration du bâtiment eut lieu en 1982. Le programme de base prévoyait au total 40 000 m2 de surface hors œuvre nette dont plus de 82 % étaient destinés à la Bibliothèque royale et aux petits instituts hébergés par la bibliothèque. Près de la moitié de la surface nette totale du complexe était constituée de magasins à rayonnages classiques. Ainsi la surface de plancher nette réalisée fut-elle supérieure aux estimations initiales. Un dépassement dû à la fois :
- au fait que les services techniques occupèrent plus de place que prévu, compte tenu du volume des installations de conditionnement d'air (différentes pour les magasins et pour les services publics),
- à la nature du bâtiment lui-même,
- au fait que les dimensions des modules applicables aux magasins furent plus grandes que prévu, et plus déterminantes pour le bâtiment entier.

Le schéma des autres espaces dut par conséquent être modifié.

Le terrain et l'édifice

Le terrain, une parcelle au centre de La Haye, devait accueillir trois ensembles de bâtiments : la Bibliothèque royale, les Archives nationales du Royaume des Pays-Bas et le ministère des Affaires étrangères. Il était alors complètement encerclé par des voies de communication et traversé par une ligne de tramway. D'un côté, il était attenant à la gare centrale, des trois autres longé par de grandes artères, dont un accès à un viaduc. La gare existait déjà lorsque la parcelle reçut sa destination actuelle et un grand parc de stationnement à étages, le long de la gare, avait été construit sur le terrain lui-même.

Des passages publics pour piétons et cyclistes devaient être aménagés dans le complexe de la bibliothèque. Il était dès lors impossible de relier les différents bâtiments entre eux au niveau du rez-de-chaussée. Le plan de situation montre l'influence déterminante de ces conditions sur l'édifice. L'implantation des passages piétonniers à travers l'ensemble architectural eut notamment pour conséquence l'aménagement du niveau principal, avec un hall central, au premier étage.

L'édifice se compose de quatre ensembles : le plus grand bloc (le « carré ») abrite la bibliothèque et quelques instituts ; un deuxième bloc (l'« annexe ») est destiné aux services intérieurs, tels que la reliure, l'atelier de restauration et le laboratoire photographique ; un troisième bloc (le « trapèze ») héberge deux grands organismes indépendants, le Musée et centre de documentation des lettres néerlandaises (NLMD) ainsi que le Service national de documentation en histoire de l'art (RKD) ; un quatrième bloc, de loin le plus petit, abrite des services communs comme le restaurant, la salle de conférences et les salles de réunion, ainsi que les services du Conseil des bibliothèques (devenu le RABIN). Il est possible de constuire une annexe, mais nul ne sait si ce projet sera réalisé un jour. Les différentes unités de construction (les blocs) sont reliées par le hall central, situé au-dessus des passages piétonniers et accessible par un escalier, un escalier roulant et un ascenceur. Outre le hall central, un bâtiment de jonction (deuxième étage et étages supérieurs) assure la communication entre le « carré » et le « trapèze » et des passerelles relient le « carré » à l'« annexe ». Ces liaisons garantissent à terme une grande flexibilité.

Un bâtiment monumental

Intérieurement et extérieurement, la conception est celle d'un bâtiment monumental susceptible de marquer l'aspect de l'environnement. Cette monumentalité apparaît avec netteté dans la partie réservée à la bibliothèque. L'intérieur et l'extérieur du bâtiment se caractérisent par un habillage d'aluminium blanc, les feuillures des vitrages étant en métal noir. L'extérieur comme l'intérieur se caractérisent aussi, davantage encore, par les lanterneaux et les espaces vides qui descendent jusqu'au niveau du premier étage. Le mobilier - y compris les rayonnages - est en bois clair, en frêne principalement. Quant au reste des équipements techniques, rappelons que le conditionnement d'air (température et hygrométrie) est assuré dans tout l'édifice et correspond à des installations différentes pour les magasins et les autres espaces. Les locaux techniques de conditionnement d'air sont aménagés pour l'essentiel dans les deux étages supérieurs. Enfin, un réseau dense de chemins de câbles couvre l'ensemble de l'édifice.

La majeure partie du bâtiment est délibérément tournée vers l'intérieur, notamment les services publics. Cette disposition s'explique par la situation du complexe et, davantage encore, par le projet et la taille de la bibliothèque. Le projet intègre bien sur le plan architectural les fonctions des magasins, des services administratifs et des parties publiques dans un « carré », doté de vides et de lanterneaux, afin de réduire au maximum les distances parcourues et d'obtenir une flexibilité optimale. Le « carré » et, dans une moindre mesure, le « trapèze » sont parcourus par trois « couloirs » (sans murs), matérialisés par des colonnes et des faux-plafonds masquant les gaines techniques. Ces trois couloirs longent, aux étages supérieurs, les espaces vides (dans le sens longitudinal). Ils déterminent avec ces vides les différentes zones. Les salles de lecture et les grands locaux administratifs se trouvent en général au centre du « carré », les pièces plus petites généralement à l'extérieur. Les magasins ont été aménagés non seulement sur deux niveaux souterrains, en dessous de l'ensemble du complexe et, dans une moindre extension, au rez-de-chaussée, mais également aux six étages, sur un même côté du « carré ».

Les espaces publics

Les principaux espaces destinés au public se situent au premier étage qui, à ce niveau, n'est pas entrecoupé de vides et dispose donc de la superficie la plus étendue :
- salle de prêt et salle des catalogues (équipements comportant aussi bien des fichiers manuels traditionnels que des terminaux pour la consultation en ligne),
- salle de lecture générale divisée en cinq sections correspondant à divers domaines. Quatre de ces sections présentent la même forme et offrent le même aménagement : aux quatre coins un bureau d'information, à proximité duquel sont présentés des périodiques en cours (les quatre sections de périodiques formant l'équivalent d'une salle des périodiques), puis les places réservées à la lecture, sous les espaces vides, entre les rayonnages. Côté façade, des bureaux destinés au personnel scientifique de la bibliothèque.

Au rez-de-chaussée sont aménagés quelques petites salles de lecture spécialisées, qui communiquent par des escaliers avec la salle de lecture générale. Au deuxième étage, des salles de lecture spécialisées, telles que la salle des manuscrits et des imprimés anciens 4 et précieux (leurs magasins sont attenants) et le département des reliures 5, et surtout la salle des bibliographies au centre (bibliographies nationales imprimées, catalogues de bibliothèques, etc.) et la salle de référence (pour les publications volumineuses en libre accès) et fonctionnant dans la pratique comme une salle de lecture classique.

Une multiplicité de services

Les petits instituts (Bibliographie de la langue et littérature néerlandaises, Bibliographie de l'histoire des Pays-Bas, Institut Grotius, Dictionnaire du latin médiéval des Pays-Bas du nord, Bibliographie linguistique, Biographie nationale) sont hébergés du côté façade, au rez-de-chaussée et au deuxième étage.

Les services de traitement des ouvrages 6, au milieu desquels figurent les catalogues collectifs, sont installés au troisième étage. Au niveau des quatrième et cinquième étages, le « carré » marque un retrait sur la moitié de sa surface. Le quatrième étage abrite les services administratifs (comme cela fut le cas juqu'en 1989 pour le service PICA, qui dispose désormais de son propre bâtiment à Leyde), ainsi que la direction et l'administration de la Bibliothèque royale (dans le bâtiment de jonction). Le cinquième étage, entièrement constitué de pièces du côté des façades et d'espaces vides, héberge certains organismes de recherche indépendants : l'Institut d'histoire des Pays-Bas (ex-Service de la commission d'Etat pour l'histoire nationale), la Société d'histoire des Pays-Bas (NGH), l'IFLA et la FID. Certains étages abritent également des services du NBLC, organisation centrale des bibliothèques publiques aux Pays-Bas. En effet, une étroite collaboration entre le NLBC et la Bibliothèque royale dans le domaine bibliographique était prévue.

Tous ces étages sont desservis par un ascenceur et un escalier dans le centre du « carré », ainsi que par des escaliers et ascenseurs dans les angles. La plupart des locaux techniques se trouvent au sixième étage.

Dans les superstructures, la hauteur d'un étage est de 3,90 m et la hauteur normale sous plafond de 2,80 m. Le fait d'avoir la même hauteur sous plafond dans les salles publiques et dans les magasins hors sol permet d'obtenir un maximum de flexibilité (en principe du moins, car l'aménagement de nouveaux équipements dans des magasins nécessite des transformations architecturales non négligeables). La capacité de stockage se trouve ainsi accrue (rayonnages de 2,20 m et 2,30 m de haut). Ultérieurement, il devrait être possible d'installer des compactus.

Comme nous l'avons vu, la répartition des colonnes des magasins détermine la disposition de l'ensemble du bâtiment. Ces colonnes elles-mêmes ont environ un mètre de long (longueur d'un rayon) sur 60 centimètres de large (double profondeur d'un rayon). La distance d'axe en axe entre les colonnes est de 7, 65 m dans le sens de la largeur et de 8,10 m dans le sens de la longueur. En élévation, ces dimensions ont permis d'obtenir un entrecolonnement acceptable à la fois pour les grandes salles et l'aménagement de différents locaux. Elles ont notamment déterminé l'organisation des salles de lecture.

L'édifice et son aménagement intérieur sont agencés de façon très logique, y compris pour les usagers. Dans la pratique cependant, un grand nombre de visiteurs ont eu du mal, au départ, à trouver leur chemin et à s'orienter, faute de suivre attentivement la signalisation. La destination de certains locaux a subi entre-temps des changements, ce qui n'a pas manqué d'entraîner des modifications sur le plan architectonique.

La Bibliothèque universitaire de Groningue

Un projet dans la vieille ville

Après de nombreuses discussions et tergiversations, la décision fut prise de reconstruire la BU de Groningue dans le centre historique de la ville, en face du bâtiment principal de l'université et à proximité immédiate des facultés de lettres et de droit. La construction fut exécutée en deux tranches et achevée définitivement en 1987. Situé à l'emplacement d'une église qui fut démolie, le terrain était en fait trop exigu. La réalisation du programme nécessita une grande inventivité de la part de l'architecte P. H. Tauber et une étroite collaboration avec les futurs usagers. Les contraintes urbanistiques étaient draconiennes. Il s'agissait en effet d'intégrer l'édifice dans le paysage urbain, c'est-à-dire d'implanter un bâtiment relativement important dans un environnement où prédominent de petites constructions.

Un bâtiment ouvert

Compte tenu de ces exigences, la bibliothèque universitaire de Groningue est une réussite. Conçu de façon rationnelle, avec un aménagement intérieur logique, le bâtiment est largement ouvert, et sa surface disponible présente un coefficient optimal entre la surface hors œuvre brute et la surface nette (100 /136). Il fallut renoncer aux équipements secondaires qui, tels les parcs de stationnement, n'étaient pas absolument nécessaires.

Cette utilisation judicieuse de la surface au sol put être obtenue en aménageant le hall et les escaliers dans le sens longitudinal du bâtiment, chaque étage étant en retrait par rapport à l'étage inférieur. Toutes les parties publiques des étages sont directement accessibles par les escaliers et les ascenceurs. L'ensemble donne une impression de grande ouverture. La solution retenue a permis en outre de réduire le nombre des couloirs qui font (pratiquement) défaut dans le bâtiment.

Les magasins non climatisés sont installés en sous-sol, où ils occupent toute la surface du bâtiment, et au rez-de-chaussée. Ils sont entièrement équipés de compactus. Le rez-de-chaussée abrite aussi la salle des expéditions, des services techniques comme l'atelier de reliure, l'entrée et le vestiaire. En outre, le bâtiment comprend quatre étages.

Au premier étage se trouvent la zone de prêt, les fichiers manuels et les terminaux destinés au public, les bureaux de renseignements et les bibliographies générales. Ces locaux sont encadrés par la salle d'exposition, la « bibliothèque des étudiants » 7, ainsi que les bureaux de la direction et de l'administration de la bibliothèque.

Les salles de lecture sont réparties entre les deuxième, troisième et quatrième étages. La salle des périodiques renferme, outre les périodiques en cours, les collections reliées d'un grand nombre de publications périodiques. Le troisième étage accueille des salles de lecture spécialisées ainsi que le département des manuscrits et des imprimés anciens et précieux, avec un magasin à air conditionné (salle du trésor). Le quatrième étage abrite une salle de lecture (lettres, théologie et philosophie), le département audiovisuel, un local équipé d'ordinateurs personnels pour le public, une salle de conférences et le restaurant. Le bâtiment comprend par ailleurs quelques pièces pour le travail de groupe et n'est pas climatisé, à l'exception de la salle du trésor.

La Bibliothèque universitaire de Leyde

Conçu comme partie intégrante d'un projet concernant les facultés et instituts pour les sciences humaines, le nouveau bâtiment de la bibliothèque universitaire de Leyde fut édifié à la périphérie du centre-ville. La bibliothèque universitaire de Leyde jouit donc d'une implantation centrale, dans une zone traversée par un large canal. L'urbanisme imposait une construction basse. Le bâtiment, qui est l'œuvre de B. Van Kasteel, fut inauguré en 1984.

Compte tenu des contraintes liées à la hauteur du bâtiment, les magasins fermés furent installés sur deux niveaux souterrains en-dessous de l'ensemble du bâtiment, la plus grande partie du niveau inférieur étant équipée de compactus. Le niveau -1 renferme également un magasin en libre accès de 1 800 m2. L'entrée, la zone de prêt, les catalogues anciens et les terminaux de consultation pour le public, le service des recherches bibliographiques sur bases de données, les bibliographies générales, la salle d'exposition et les locaux administratifs se trouvent au rez-de-chaussée.

Le premier étage comporte presque exclusivement des salles de lecture, communiquant entre elles. Au deuxième étage se trouvent la direction et le secrétariat, des départements spécialisés (manuscrits européens et non européens, cartes, fonds anciens et spéciaux) et, au centre, une « salle du trésor » pour la conservation des collections précieuses.

Le bâtiment est surmonté de trois coupoles qui, à l'exception de la coupole centrale, sont constituées d'une verrière. Au rez-de-chaussée, une aire de circulation a été aménagée à la verticale de chaque verrière. Aux deux niveaux supérieurs, les équipements ont été regroupés autour des coupoles. Les magasins et la salle du trésor sont entièrement climatisés.

La Bibliothèque municipale de Rotterdam

La bibliothèque de Rotterdam, dont la construction fut achevée en 1984, est la plus grande bibliothèque des Pays-Bas. Elle administre et dessert un vaste réseau de 27 succursales et annexes. La bibliothèque municipale de Rotterdam possède d'importantes collections d'ouvrages spécialisés, dont le fonds Erasme, le plus important du pays.

Plusieurs solutions satisfaisantes étaient envisageables pour l'implantation. Finalement, la bibliothèque fut édifiée sur un terrain situé dans la partie la plus ancienne de la ville et admirablement desservi. Pour la conception du bâtiment, les architectes (Van den Broek et Bakema) ne furent pas gênés par des contraintes urbanistiques qui les auraient obligés à intégrer l'édifice au milieu de constructions anciennes, le quartier ayant beaucoup souffert des bombardements lors de la dernière guerre. L'environnement immédiat offre quelques exemples d'architecture d'avant-garde (constructions à usage d'habitation notamment).

A l'extérieur, le bâtiment se signale par l'abondance de ses surfaces vitrées et apparaît, du point de vue de l'accessibilité, très accueillant. Les sept étages, en retrait les uns par rapport aux autres au fur et à mesure que l'on s'élève, communiquent par des escaliers roulants installés sous une verrière en saillie (la « cascade »), qui tranche avec la façade blanche ou les conduits d'aération jaunes, visibles à l'extérieur.

Le rez-de-chaussée abrite des équipements culturels et sociaux : un théâtre de 180 places (géré par la bibliothèque), une agence centrale pour la réservation de places de théâtre, une salle d'exposition, une salle d'actualité pour la lecture de journaux, le Centre municipal d'information et d'aide sociales (logement, législation sociale, etc.) et une partie de la section jeunes, l'autre partie se trouvant au deuxième niveau. Le deuxième étage accueille le Centre régional d'enseignement à distance (Université ouverte néerlandaise) et le restaurant. Le reste de l'étage est occupé par le prêt, les catalogues et les usuels. Dans les autres étages se trouvent les collections en libre accès, la section « information pour les entreprises » et les locaux administratifs. Les tables de travail sont réparties entre les rayonnages. Les catalogues sont entièrement informatisés et la recherche se fait à l'aide de terminaux.

La Bibliothèque de Zélande

Cet établissement est à la fois une bibliothèque de recherche et une bibliothèque publique, spécialisée de surcroît en musique, jouant le rôle de bibliothèque centrale pour la province de Zélande. Elle héberge par ailleurs le Centre de documentation régionale de Zélande. Le bâtiment fut achevé en 1985. L'architecte, P. Dekker, dut tenir compte de certains facteurs urbanistiques, car l'édifice était situé à la périphérie des quartiers anciens et un grand parc de stationnement devait être aménagé sur le même terrain. Par ailleurs, il avait l'espace nécessaire ainsi que toute liberté pour intégrer harmonieusement le bâtiment dans l'ensemble des constructions qui bordaient un large canal.

La bibliothèque dispose aussi de locaux destinés à des organisations régionales culturelles et scientifiques, d'une salle de conférences (150 places) et de quelques salles de réunions polyvalentes. Elle accueille notamment un centre régional d'enseignement à distance (Université ouverte néerlandaise). Le bâtiment conserve un caractère très accueillant et très ouvert. Les magasins sont au niveau -2, mais une grande partie des collections (l'essentiel des fonds de la bibliothèque publique) sont en libre accès. Le bâtiment compte cinq niveaux. Au niveau -1 sont notamment regroupés la salle de conférences, le restaurant et certains services. Le rez-de-chaussée (salle d'expositions, etc.) et le premier étage sont destinés à accueillir le public. Le deuxième étage comprend à la fois des services publics et des services intérieurs. Les locaux techniques sont destinés à l'étage supérieur. Un vide central occupe l'espace au-dessus de l'escalier principal. Le bâtiment est à air conditionné, avec une installation séparée pour les magasins et la salle du trésor.

D'autres bibliothèques

Wageningen

Il convient, enfin, de présenter très succinctement quelques-unes des autres bibliothèques. Lorsque la bibliothèque de l'université d'agriculture de Wageningen fut construite, les superficies prévues dans le programme initial (environ 10 000 m2 de surface hors œuvre brute et 7 500 m2 de surface hors œuvre nette) durent être réduites pratiquement de moitié pour des raisons budgétaires (5 300 m2 en superficie brute et 3 700 m2 en net). Aussi la bibliothèque était-elle trop exiguë dès son ouverture, en 1982. Sans doute sera-t-il possible, un jour, de réaliser une extension. Coût total à la réception de travaux : quelque 15 millions de florins. L'ancienne bibliothèque, distante de cinq cents mètres, a continué d'abriter la moitié des collections. Le bâtiment, qui est l'œuvre de J. Schrieke, donne l'impression d'un ensemble de villas communiquant entre elles, dont l'architecture doit s'insérer dans l'environnement. A l'intérieur, les locaux sont agréables et ouverts. Ce caractère engageant rend le manque d'espace d'autant plus regrettable.

L'université de Brabant

La bibliothèque de l'université catholique de Brabant (environ 8 000 étudiants), actuellement en cours de construction (architecte : OD 205 d'Eindhoven), est une bibliothèque de taille assez modeste, susceptible d'accueillir tous les fonds universitaires de Tilburg. Implantée au centre du campus, elle va comprendre trois étages (environ 6 700 m2 de superficie nette) et répondre à une conception high tech : 250 places équipées d'ordinateurs PC ou d'appareils de visualisation et 500 autres équipées de branchements et de prises, sur un total de quelque 1 000 places, et possibilité de consulter sur écran catalogues, bibliographies ou documents. L'aménagement intérieur (salles de travail pour différentes disciplines, magasins fermés et magasins en libre accès) ne diffère cependant guère de l'agencement des bibliothèques classiques. Dans l'architecture, une grande attention a été accordée aux conditions d'éclairage pour le travail sur écran.

La Haye

Ce qui caractérise la nouvelle bibliothèque publique de La Haye, qui a également un rôle de diffusion comme bibliothèque de recherche régionale, c'est qu'elle fera partie intégrante du nouveau complexe municipal (architecte : Richard Meier), au cœur de la capitale. Ce nouvel ensemble comprend non seulement l'hôtel de ville et la bibliothèque, mais aussi les archives municipales et d'autres équipements culturels. La bibliothèque occupe une place de choix dans ce complexe architectural qui, de l'intérieur, donne l'impression d'une agora (hall central de 4 200 m2). La bibliothèque communique directement, à différents étages, avec cette place intérieure et avec l'hôtel de ville. La superficie hors œuvre brute prévue pour la bibliothèque est de 15 000 m2. L'ensemble du complexe est de 71 442 m2, dont 6 865 m2 de bureaux et de locaux à usage commercial (bureaux ou boutiques) et se répartit sur sept niveaux de construction. Le magasin fermé occupe une faible superficie. La bibliothèque comporte les aménagements intérieurs habituels d'une bibliothèque publique. Il faut cependant attendre de voir si cette répartition sur un nombre d'étages aussi important et si la très grande accessibilité du bâtiment ne gênent pas le bon fonctionnement de la bibliothèque. L'illustration ci-contre donne une idée de l'ensemble du projet.

Mai 1991

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Bibliothèque royale

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Bibliothèque universitaire de Groningue

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Bibliothèque universitaire de Leyde

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Bibliothèque de Rotterdam

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Bibliothèque de Zélande

  1. (retour)↑  La traduction de cet article a été effectuée par Jean-Philippe RIBY.
  2. (retour)↑  La traduction de cet article a été effectuée par Jean-Philippe RIBY.
  3. (retour)↑  PICA : Project for integrated catalogue automation.
  4. (retour)↑  IFLA : International federation of library associations. FID : Fédération internationale de documentation.
  5. (retour)↑  Libre accès : une distinction est opérée entre le libre accès d'une part des collections (notamment celles dans les salles de lecture) et le libre accès total (open access), selon le modèle anglo-saxon. Dans les deux cas, il s'agit bien d'accès libre et non d'accès semi-direct.
  6. (retour)↑  Imprimés anciens : stricto sensu, aux Pays-Bas, une distinction est faite entre les incunables (avant 1500), les post-incunables (1501-1540) et les imprimés anciens (1541-1845) ; lato sensu, l'expression est parfois employée pour désigner les fonds anciens.
  7. (retour)↑  Département des reliures : département consacré à l'histoire et à l'art de la reliure.
  8. (retour)↑  Services de traitement des ouvrages : acquisitions, commandes, rédaction des notices bibliographiques, catalogage, manutention, etc.
  9. (retour)↑  Bibliothèque des étudiants : salle de prêt en libre accès caractérisée par les éléments suivants : - nombre d'exemplaires plus important des mêmes ouvrages directement liés aux programmes d'enseignement ou d'examens (notamment droit, médecine, économie) ; - délai de prêt plus court.