Interlignes

par Maurice Didelot
dir. publ. Anne-Marie Bertrand. - N° 1 (1987, mars) -
Nantes : Mémoires vives, 1987. - 30 cm.
Bimestriel

Depuis la disparition de Médiathèques publiques (n°1, avril 1967 - n°69, 1er trimestre 1984), revue animée par Michel Bouvy (Bibliothèque municipale de Cambrai), les bibliothèques de lecture publique et particulièrement les bibliothèques municipales, n'avaient plus de tribune particulière. « Voici Interlignes, la revue des bibliothèques municipales, faite par des bibliothécaires municipaux pour des bibliothécaires » (Éditorial, n° 1, mars 1987). Au bout des cinq numéros parus, tentons un bilan.

L'équipe rédactionnelle regroupe autour d'Anne-Marie Bertrand (BM de Nantes) les directeurs et directrices des BM d'Angers, Poitiers, Besançon, Bordeaux, Rouen, Tourcoing, ce qui n'est, malgré la qualité de ces établissements, que peu représentatif de l'ensemble des BM françaises ; souhaitons qu'en période d'« ouverture » d'autres régions et villes de moyenne importance se retrouvent dans le staff de la revue.

Le projet éditorial s'organise autour de numéros centrés sur un thème (n° 1 : formation continue, n° 2 : coopération, n° 3: censure, n° 4 : administration financière, n° 5 : logiciels). Chaque numéro s'articule de la manière suivante : le dossier, les petites nouvelles du front (titre à repenser, vu le contexte actuel) et patchwork ; ces deux parties mériteraient peut-être une meilleure ossature et une distribution des informations autour de rubriques régulières : le mélange voulu des informations brèves, s'il incite à la lecture des articles et notes, laisse parfois perplexe sur la logique d'enchaînement.

Il faut souligner que les thèmes traités à travers les dossiers ont toujours trait à l'actualité (censure, coopération) ou à des problèmes touchant à la gestion et à la formation. Ces questions transversales sont abordées volontairement de manière conviviale, chacun y apportant réflexions et expériences. Le ton et le style découlent de ce principe, ce qui donne à la revue son caractère de forum de bibliothécaires plutôt que celui d'une revue doctrinale. En outre, la mise en page s'accorde bien à ce style : le papier teinté, la présentation sur trois colonnes (ou sur deux colonnes pour les dossiers), ainsi que la typographie des titres et têtes d'articles retiennent l'attention du lecteur. Le style est volontiers irrespectueux, non conformiste tout en restant dans les bonnes manières de la profession, avec nombre de clins d'œil à l'environnement politico-socioculturel : c'est ce que l'on pourrait appeler « style branché », rompant avec celui des autres revues professionnelles (comme le Bulletin d'information de l'ABF). Pas d'articles d'un niveau de lecture difficile (en comparaison avec le Bulletin des bibliothèques de France ou Documentaliste, par exemple).

Au total, une revue qui ne laisse absolument pas indifférent par le ton et les sujets traités toujours dans l'air du temps, par la chaleur de ses engagements, avec un côté débridé, voire potache, qu'on peut ne pas apprécier. Souhaitons développement et longue route pour cette tribune des bibliothèques municipales qui essaie de donner une image dynamique, ouverte, non sentencieuse et connectée avec les problèmes de l'instant.