Mass communication, culture and society in West Africa

par Paule Brasseur
ed. by Frank Okwu Ugboajah. München : K.G. Saur, 1985. -
329 p.; 23 cm.
ISBN 3-598-10569-X.

Cet ouvrage collectif, sous la direction d'un professeur de l'Université de Lagos, regroupe 26 articles, dont 12 consacrés au Nigeria, 3 au Ghana, 2 au Liberia et 1 à la Côte-d'Ivoire; 8 articles traitent de problèmes généraux.

La première partie, formée de 6 textes (dont 4 sur le Nigeria), retrace l'histoire du développement de la communication en Afrique de l'Ouest, dont l'origine se trouve dans la création d'une presse chrétienne (1859) évoquée pour le Nigéria (il en fut de même dans l'actuel Benin, mais son cas n'est pas étudié). Sont envisagés, toujours pour le Nigeria, les investissements dans la presse et l'édition, dans la radio et la télévision, ainsi que les différents contrôles de l'Etat qui s'exercent sur elles, sans qu'un équilibre ait encore été trouvé. La coopération internationale, notamment l'Unesco, joue également un rôle important.

La deuxième partie analyse les programmes culturels et l'utilisation des diverses langues dans les médias. Là encore le Nigeria se taille la part du lion. Les divers pays d'Afrique ont tenté d'échapper à l'hégémonie culturelle du monde américano-européen; mais les difficultés n'ont pas manqué, liées à l'existence de plusieurs langues nationales, trois, quatre, parfois davantage. Il n'y a généralement pas en Afrique de l'Ouest de langue véhiculaire comparable au swahili, parlé de la côte orientale d'Afrique au cœur du Zaïre. Quelques pages intéressantes concernent le développement au Ghana d'un pidgin commode, parlé surtout parmi les évolués et admis de façon générale avec beaucoup de réticences. Les problèmes de traduction au Nigeria sont également abordés, tandis que trois communications analysent les programmes musicaux et dramatiques de ce pays. Un des rares chapitres consacrés à l'Afrique francophone étudie l'utilisation de la télévision en Côte-d'Ivoire pour l'éducation, système qui fonctionne à la fois à l'école et en dehors pour l'éducation de base, non sans avoir rencontré de nombreuses difficultés, tenant en partie à la non-motivation du public, notamment des adultes.

La troisième partie s'intéresse à la diffusion de l'information, à laquelle il est généralement reproché de trop s'aligner sur le modèle européen. Cependant les journalistes, tout au moins au Nigeria, ont acquis un haut degré de qualification professionnelle. Le chapitre relatif au Sénégal met en cause la dépendance politique des médias par rapport aux autorités. C'est probablement en partie vrai, mais l'auteur pourrait tourner sans doute sa vindicte vers des pays où la liberté est plus malmenée qu'au Sénégal. On peut noter la différence entre la réception à la ville et dans les campagnes, celles-ci étant moins favorisées au niveau culturel, donc moins aptes à assimiler les émissions. La quatrième partie enfin est consacrée à une bibliographie commentée du sujet et on notera l'absence à peu près totale de références sur l'Afrique francophone. Les nombreux travaux historiques sur la presse sont ignorés... Le bon livre de F. Bebey sur La radiodiffusion en Afrique noire est cité, mais pas celui d'A.-J. Tudesq, La radio en Afrique noire (Pedone et Cean) de vingt ans plus jeune...

En conclusion, il est difficile de rendre compte d'un tel ouvrage, fragmenté en chapitres très divers, et qui, comme tous les ouvrages collectifs ne couvre pas absolument tout le champ envisagé. Il s'agit cependant d'un travail très fouillé et très intéressant. On aurait aimé qu'un index en facilite la consultation.