Professional competences

the technology and the librarian

par Hélène Estivalet
Ed. by Linda C. Smith.
Urbana Champaign : Graduate school of library and information science, 1983. - 138 p.; 23 cm. Index p. 135-138. - ISBN 0-87845-070-7.

« Les nouvelles technologies : compétences nécessaires aux bibliothécaires et aux professionnels de l'information» : tel était le thème de la 20e rencontre annuelle sur l'informatisation des bibliothèques, qui s'est tenue à Urbana Champaign (Illinois). L'ouvrage rassemble les interventions d'enseignants de plusieurs universités américaines (Syracuse. Illinois, Drexel), de responsables d'établissements importants (bibliothèques publiques ou universitaires, centres de documentation), et de membres de l'American library association. Plutôt que de résumer chaque intervention, il est apparu plus significatif de dégager les idées dominantes.

Nous sommes des professionnels de l'information : le bibliothécaire ne se définit ni par son lieu de travail ni par le support qu'il traite, mais par le service qu'il rend au public. Nous sommes dans une période de transition : jusqu'à présent, les bibliothécaires avaient pour mission de conserver et de transmettre le savoir; mais nous entrons dans une société de l'information, et les bibliothèques y seront acceptées en fonction de leurs services et de leur utilité. Les enseignants, pour leur part, devront ré-examiner la mission des bibliothèques à la lumière de cette évolution. Les nouvelles technologies promettent un meilleur contrôle et une diminution des coûts, mais les problèmes humains lui échappent; elles modifient profondément le travail technique, mais aussi les contacts personnels, en service interne comme en service public... les professionnels devront donc s'ouvrir aux nouvelles technologies, sans rien perdre de leurs compétences actuelles à communiquer, analyser, rechercher, guider, instruire...

Pour les conservateurs aussi elles impliquent de nouvelles compétences :
- une approche très large et constamment actualisée de technologies en perpétuelle évolution; il leur faudra les comprendre et les maîtriser s'ils veulent prendre part à l'élaboration de la bibliothèque électronique : dans un futur proche, celle-ci n'est que le prolongement de la bibliothèque traditionnelle.
- une aptitude à gérer un personnel hautement qualifié. Comme avant mais plus qu'avant, le conservateur saura harmoniser les rapports humains; et il tiendra compte du fait que cette technologie tend à effacer les particularismes locaux et à intégrer les établissements dans des réseaux.
- une imagination et un flair qui lui permettront de deviner les changements de société qu'apporteront ces nouvelles technologies, et de prévoir la place que la bibliothèque y tiendra.

Il faudra enfin modifier l'enseignement profondément. Il revient aux enseignants d'imaginer le futur rôle des professionnels de l'information et des bibliothécaires. Ils devront se poser deux questions essentielles : comment peuvent-ils s'adapter aux changements de société et quelles seront leurs priorités ? Comment le système éducatif peut-il être organisé de façon à s'adapter aux besoins d'une profession et d'un monde en évolution constante ?

Les réponses s'élaboreront progressivement par une concertation continue entre les enseignants et les professionnels; ils définiront ensemble de nouvelles compétences - sans que la liste soit jamais définitive ni complète - et les modifications à apporter à l'enseignement. Les associations professionnelles pourront jouer un rôle définitif dans ces choix.

Autre développement prévisible, celui des réseaux (prêt, services techniques, achats, bibliographie). La coopération n'est pas compatible avec une compétition entre établissements ; elle implique une éthique humaniste, la supériorité de l'homme sur la machine.

Chaque auteur cite ses références à la fin de sa communication, mais une bibliographie aurait été souhaitée en fin d'ouvrage, ainsi qu'un index plus élaboré. Très utile : la liste des auteurs avec rapides curriculum vitae. Même si l'informatisation n'est pas imminente pour beaucoup d'établissements de ce côté-ci de l'Atlantique, et même si la bibliothèque électronique n'apparaît que comme une évolution lointaine, cet ouvrage apporte une vision de l'avenir qui n'a rien d'un rêve : s'appuyant sur des expériences récentes, les enseignants américains cherchent à discerner les besoins professionnels des futurs bibliothécaires. Les exigences technologiques s'accroîtront, certes, considérablement, mais les qualités humaines requises ne différeront pas fondamentalement.