The End of libraries

par Chantal Robillard

James Thompson

London : Clive Bingley, 1982. - 127 p. ; 23 cm. Bibliogr. p. 118-120. Index p. 122-127. - ISBN 0-85157-349-5 : £ 8.50

Bibliothécaire à l'Université de Reading, auteur de plusieurs ouvrages bibliothéconomiques, James Thompson annonce dans ce nouvel essai en six chapitres la fin des bibliothèques sous leur forme actuelle. L'inflation des publications documentaires entraîne une croissance démesurée des bibliothèques, qui deviennent inutilisables pour les usagers. Leur taille est telle et leur fonctionnement à ce point inadapté que l'apparition d'une nouvelle technologie était inévitable. Cette technologie est l'utilisation combinée d'ordinateurs pouvant stocker l'information, et de systèmes de communications permettant de transférer cette information à n'importe qui, n'importe où dans le monde.

S'appuyant sur les thèses de F.W. Lancaster (Towards paperless information systems), J. Thompson explique que l'ère de l'imprimerie est terminée. Les connaissances humaines seront désormais stockées par mémoire électronique car seul l'ordinateur peut faire face à la masse documentaire croissante. Introduite initialement dans les bibliothèques pour faciliter l'impression de résumés et d'index, l'informatique est en ce moment à un stade intermédiaire : l'interrogation en ligne de bases de données, qui nécessite un tandem chercheur-bibliothécaire. Mais l'avenir pourrait bien résider dans l'interrogation, à domicile, par le chercheur, non seulement de bases mais aussi de banques de données, capables de fournir le texte recherché et non une simple référence. L'auteur aborde ici le problème des sources de documents : les systèmes de vidéotexte pourraient bien laisser les bibliothèques à l'écart de l'information.

Différents projets actuels tentent de trouver de nouvelles formes d'accès à la documentation. Le danger pour le livre est évident. La fin des bibliothèques résidera probablement dans leur transformation en musées de conservation des livres déjà existants. Les bibliothécaires réalisent à peine qu'un livre ou une revue ne sont pas l'information. Les lecteurs ne se satisfont plus de simples indications sur la façon d'utiliser un fichier, ils sont devenus des consommateurs de services d'information.

Il faut donc créer une nouvelle « technologie des bibliothèques », basée sur l'électronique, et restructurer les bibliothèques dans la décade à venir. La plupart des spécialistes envisagent une réduction et de la taille et des effectifs des bibliothèques, voire l'apparition des bibliothécaires indépendants travaillant à domicile. Dans l'immédiat, seule une stratégie « agressive » permettrait aux bibliothécaires de retenir leurs lecteurs, en leur offrant de multiples services informatisés.

L'auteur suggère que les écoles de bibliothécaires se transforment en écoles de sciences de l'information et que les bibliothécaires en poste se familiarisent au plus vite avec les nouveaux systèmes de communication de l'information. Le changement est inévitable et il fera des victimes, conclut-il. Cet ouvrage est un cri d'alarme qui a le mérite d'interpeller les bibliothécaires, en leur faisant prendre conscience des dangers que court la profession. On regrettera que seul le dernier chapitre propose des solutions de recours aux bibliothécaires. Ces solutions sont d'ailleurs essentiellement axées sur la formation initiale et permanente des bibliothécaires, ce qui n'est pas une théorie nouvelle.