Le bureau de l'édition scientifique et technique à la DBMIST
Marie-Claude Vitoux
I - La « matière » : Presses d'université ; édition universitaire spécialisée ; thèses.
1) Les Presses d'université
Reprenant l'action débutée par le Service des bibliothèques, la Direction des bibliothèques, des musées et de l'information scientifique et technique (DBMIST) s'est attachée en 1982 à développer une approche collective des Presses d'université.
En effet la diversité des statuts comme des démarches éditoriales ne permet pas que soit mise en place une politique unique des Presses d'université ; à chaque presse correspond, peu ou prou, un schéma particulier d'organisation locale. Les interventions relatives aux Presses d'université, à titre individuel, ont pris la forme de « contrats de croissance ». Il s'agit de fixer dans le contrat d'une part, les choix éditoriaux du responsable de la Presse d'université, les tirages envisagés et le budget prévisionnel y afférents, d'autre part, l'aide financière partielle apportée sur l'année éditoriale par la DBMIST. Les contrats sont éventuellement reconduits au vu des résultats comparés aux prévisions.
Par contre, et c'est sur ce point qu'est intervenue et interviendra la DBMIST, les Presses d'université quelles qu'elles soient, manquent d'outils adaptés de distribution et de diffusion. Si beaucoup d'entre elles passent par un diffuseur privé, beaucoup aussi se plaignent de la mauvaise qualité du service rendu. Ce ne sont ni le nombre d'exemplaires ni la nature des ouvrages qui incitent les diffuseurs à assurer le service de fond qu'attendent les Presses d'université.
C'est pourquoi, l'Association française des Presses d'université (AFPU) met en place un Centre inter-institutionnel de diffusion (CID) qui, dans un premier temps assure le rôle d'un comptoir de vente sur Paris et ensuite sert des commandes en France.
C'est sur le CID que se fait et se fera l'intervention de la DBMIST, dans la mesure où ce centre, émanation des Presses d'université, est a priori le meilleur outil collectif de distribution. Il est dans les objectifs prioritaires de cette direction de conforter le CID dans cette mission et de lui donner progressivement les moyens d'élargir ses activités de distribution puis de diffusion :
- aide - complémentaire à celle de la MIDIST - dans la constitution de fichiers ;
- aide à la création d'un catalogue de vente et de recherche de l'ensemble des publications des Presses d'université et non exclusif des catalogues particuliers propres à chaque presse ;
- automatisation de la gestion des stocks, de la facturation ainsi que de la comptabilité ;
- aide en personnel : 1982 a permis que soient attribués au CID 2 postes.
2) L'Edition universitaire spécialisée :
Cette édition est le fait de centres de recherche universitaire, caractérisée par son extrême spécialisation et en conséquence par sa relative confidentialité ; c'est aussi une forme mouvante d'édition. Il n'existe en effet pas d'inventaire exact de ce genre de publications en partie parce que celles-ci sont de parution peu régulière.
Les divers contacts établis au cours de l'an dernier ont permis de définir la politique de la DBMIST relativement à cette forme d'édition.
Trois axes sont définis :
a) inciter au regroupement des moyens de fabrication existants ainsi que des quelques instruments de diffusion à la disposition soit d'une université soit de plusieurs universités.
Toute demande de matériel ou financière devra être mesurée à l'aune de son insertion dans le schéma universitaire ou interuniversitaire de fabrication et de diffusion.
Alors que la Cour des comptes entreprend une enquête sur les organisations comptables des revues, il est aussi opportun de chercher à rationaliser, dans la mesure du possible, non pas la politique éditoriale de ces centres de recherche, mais les conditions de fabrication - jusqu'ici mal connues - et de diffusion de ces publications.
Il convient de souligner qu'une telle préoccupation rejoint tout à fait celle exprimée par de nombreux directeurs. de revues : la notion de cellule intra-universitaire ou interuniversitaire d'édition prend corps.
b) inciter à des regroupements sectoriels de type coopératif : une première initiative de cet ordre est en cours au sein de la Société des anglicistes de l'enseignement supérieur (SAES). La SAES se constituerait en organe prestataire de services, de type coopératif et non fédérateur. Tout comme le premier point, il s'agit de mettre en commun des moyens de diffusion (fichiers - contacts et échanges...) jusque-là laissés à l'initiative isolée des chercheurs et de leurs centres.
Un échange de moyens, une confrontation des contenus des revues devraient permettre de mieux cibler et diffuser la recherche des universités.
c) l'information sur l'édition spécialisée :
L'édition scientifique et technique est, en milieu universitaire, une activité exercée par des non-professionnels - les universitaires - et souvent à titre bénévole.
En même temps elle est un enjeu d'importance en ce qu'elle est le reflet de l'activité de recherche de l'université.
C'est de la difficile conciliation de ces deux points (initiative spontanée et enjeu scientifique), qu'est née à la DBMIST l'idée de sensibiliser aux problèmes d'édition spécialisée tant les producteurs que leurs éditeurs ou encore leurs publics. 1983 devrait permettre que soient lancées les deux opérations suivantes - en liaison avec la Direction de la recherche et les éditeurs scientifiques et techniques :
- Animation autour de l'ouvrage scientifique : exposition et discussions avec les auteurs, sur un thème particulier. De telles animations pourraient, dans certaines circonstances, déboucher sur des séminaires relatifs à une forme d'édition scientifique, avec la collaboration du libraire spécialisé local. Les bibliothèques universitaires seront les pôles privilégiés de ce type d'animation.
De même la DBMIST, en liaison avec le Syndicat de libraires universitaires et techniques (SLUT) étudie les modalités d'implantation de librairies - ou de dépôts - auprès des bibliothèques universitaires et ce sans entraver la concurrence entre librairies spécialisées ou encore sans amener les bibliothèques universitaires à exercer un métier qui n'est pas le leur (libraire).
Les premières expériences d'animation seront conduites en 1983 avec l'INSERM et ses antennes locales (selon les sites qui ont été choisis à la fin du mois de mars).
- Dans le même souci d'information, la DBMIST prévoit l'organisation de rencontres entre responsables de Presses d'université et responsables de publications universitaires. A l'heure où bien des services d'imprimerie de recherche souhaiteraient se transformer en Presses d'université, plus que les réserves émises par l'administration centrale, les réunions avec les directeurs de Presses d'université permettront de cerner l'ensemble des problèmes et des exigences, inhérents à l'édition para-professionnelle.
3) Les Thèses
L'entreprise de la DBMIST en ce qui concerne les thèses est de rationnaliser les circuits de signalement et de reproduction.
A l'heure actuelle, les bibliothèques universitaires adressent les fiches relatives aux thèses soutenues dans leur université à la DBMIST qui, après corrections, les envoie au CDST pour traitement informatique et sortie de « l'inventaire des thèses soutenues devant les universités françaises », sur papier ainsi que sur microfiches.
Le circuit établi est un peu lourd (quelque 60 bibliothèques universitaires) et aléatoire (dans la mesure où, faute d'un dépôt rigoureux des exemplaires de thèses, la bibliothèque universitaire n'est pas toujours en mesure d'établir la fiche catalographique). C'est pourquoi, la DBMIST a entrepris de réfléchir aux conditions d'un regroupement des pôles de signalement autour du CDST (sciences exactes), du Fichier central des thèses (lettres, sciences humaines, théologie, droit, science économique), et de la Bibliothèque universitaire de Clermont-Ferrand - section médecine - (biomédical).
Quant à la reproduction, elle est aujourd'hui le fait des deux ateliers de reproduction des thèses à Lille III (sciences humaines, lettres, théologie) et Grenoble II (droit - sciences économiques). Cette reproduction sur papier ne comprend donc ni les sciences exactes, ni le biomédical. Elle est par ailleurs très lente (plus de 3 ans de retard pour la reproduction d'une faible partie des thèses des secteurs de Lille III et Grenoble II, soit à peu près 600 thèses par an), d'une qualité liée uniquement à celle de l'exemplaire dactylographié et par ailleurs très vorace en place et coûts de stocks. C'est pourquoi la DBMIST a lancé, sur Lille III, une étude de l'actuel fonctionnement de l'atelier et du rendement potentiel de celui-ci, si un microfichage systématique (en ménageant la possibilité de reproduction sur papier à la demande) était effectué.
II - Une mission opérationnelle : l'expérimentation de nouvelles technologies au service de l'édition scientifique et technique
L'édition électronique offrira un certain nombre d'avantages aux petits éditeurs que sont les éditeurs universitaires. Permettant de réduire les coûts amont - de fabrication - elle pourra mettre à la disposition des utilisateurs des outils de travail souples.
Aussi la DBMIST a-t-elle entrepris d'expérimenter - autour de projets éditoriaux précis et divers - le traitement de textes, par les écrivains chercheurs eux-mêmes, à partir d'un matériel GOUPIL et d'un logiciel de traitement de texte de base VOLTAIRE. Cette expérience qui réunit des laboratoires de la Maison des sciences de l'homme, le Laboratoire d'informatique appliquée aux sciences humaines (LISH), l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) en tant qu'éditeur ainsi que la maison Hatier, permettra de travailler au développement des logiciels de traitement de texte utilisés par les chercheurs pour la saisie et la mise en forme de leur texte (ce qui réduira le nombre de frappes et de relectures sur épreuves jusque-là chaque fois redactylographiées) en fonction des exigences éditoriales diverses que sont la « simple » publication dans une revue - interne ou non - et la publication par une maison d'édition.
Dans la ligne de cette expérience, la DBMIST envisage de réunir toutes les entreprises, publiques ou privées, qui touchent à l'édition électronique et qui jusque-là travaillent de leur côté ; de cette confrontation des expériences et difficultés peut naître un réel projet.
La saisie et le prétraitement des textes décentralisés constituent un progrès pour l'édition spécialisée qu'est l'édition de la recherche universitaire. Si les étapes de composition du manuscrit ne disparaissent pas, elles sont du moins simplifiées et directement sous la responsabilité de l'auteur.
Autre technologie qui peut, à court terme, favoriser ou du moins faciliter l'édition à petits tirages : l'impression laser. Cette forme d'impression, à partir de bandes magnétiques (rendues compatibles avec l'impression laser) permet aujourd'hui de reproduire presque correctement le texte. La reproduction des graphiques est en cours d'étude au sein d'équipes universitaires.
Un avantage fondamental de ce mode d'impression est qu'il permet de retirer à la demande le nombre d'exemplaires souhaité, réglant ainsi les problèmes du coût de stockage.
Enfin, en matière de diffusion - et indépendamment des actions entreprises avec le CID - la DBMIST met au point la maquette d'un support vidéotex. Le principe de « CAPOU » [Catalogue automatisé des publications d'origine universitaire] est simple : les ouvrages et articles seront entrés selon une classification simple - à 3 niveaux - et le catalogue pourra être interrogeable en ligne, ou encore diffusé par Antiope (sous forme de « Vient de paraître »).