Abrégé de la classification décimale de Dewey

par Martine Blanc-Montmayeur

Annie Béthery

Nouv. éd. entièrement refondue et complétée à partir de la première version intégrale française et de la 19e éd. intégrale en langue anglaise. - Cercle de la librairie, 1982. -255 p. ; 24 cm. - (Coll. Bibliothèques).

En 1974 paraissait en français, pour la première fois, une version intégrale de la classification décimale de Dewey, traduction de la dix-huitième édition américaine. L'usage de cette classification, développé dans les pays anglo-saxons depuis la fin du XIXe siècle, était largement répandu en France dans les bibliothèques publiques, mais ses utilisateurs ne disposaient d'aucun outil fiable pour guider leur pratique. La traduction et la première édition de cet abrégé en 1976 comblaient donc une grave lacune.

On connaît les grands principes de la CDD mais on mesure moins, peut-être, l'importance de ses éditions successives : 19 depuis 1876. Dans chaque nouvelle édition, le nombre d'indices augmente, parfois de façon considérable, mais aussi la table est modifiée, certaines disciplines pouvant même être entièrement refondues.

En effet, toute classification des connaissances n'est que le reflet de l'histoire des connaissances et de l'évolution des sciences à un moment donné. Il est donc indispensable de la remodeler sans cesse afin d'éviter une très rapide inadéquation entre des indices figés et un savoir mouvant, problème particulièrement aigu pour la CDD par suite de sa structure relativement rigide, même si cette refonte régulière entraîne un certain nombre de contraintes d'utilisation.

En présentant cette seconde édition de l'abrégé de la CDD nous voudrions donc en conséquence, mettre en lumière successivement, d'une part, les enrichissements propres à cette nouvelle édition, et, d'autre part, les modifications propres à la 19e édition de la version intégrale.

I. Les enrichissements :

A : L'allongement des indices

Même dans une petite bibliothèque, on ne peut décider de manière arbitraire le nombre de chiffres à ne pas dépasser pour l'indexation d'un ouvrage. Certaines notions (psychanalyse 150.195, électronique appliquée 621.381, etc.) ne sont même accessibles qu'à partir de six chiffres ou plus. Mais nous voudrions montrer par un exemple précis, combien l'utilisation maximale des possibilités offertes par l'abrégé facilite le travail du bibliothécaire chargé de l'indexation, et la recherche du lecteur sur les rayons d'un thème précis. Comparons l'indice 371.9 dans la première et dans la deuxième édition de l'abrégé.

Ainsi une indexation plus poussée permettra d'appréhender les problèmes les plus contemporains.

B : Les augmentations portées à l'index.

L'enrichissement s'est fait sous deux formes : d'une part introduction de mots nouveaux, d'autre part, sous un même terme, multiplication des points de vue et leur référence aux indices correspondants :

Dyslexie

- méd. 616.85

- pédag. 371.914

- psycho. 157.5

C : Les tables auxiliaires supplémentaires.

La première édition comportait les tables auxiliaires 1 et 2 (subdivisions communes et notations géographiques). Ont été ajoutées les tables 3 et 3 A, 4 et 5 (subdivision des littératures, subdivisions des langages, groupes raciaux, ethniques, nationaux).

Afin d'éviter toute confusion possible, les tables 4, 3 et 3 A ont été jointes respectivement aux classes 400 et 800 puisqu'elles ne sont utilisables qu'avec les indices de l'une ou l'autre de ces disciplines. Par contre, la table 5, d'un usage plus général, est située à la fin de l'ouvrage avec les tables 1 et 2.

On ne doit pas hésiter à utiliser largement l'ensemble des tables auxiliaires. De nombreux exemples en indiquent le mode d'emploi. Elles permettent d'assouplir la fixité des indices de base et peuvent introduire d'intéressantes subdivisions au sein de collections facilement pléthoriques (en particulier dans la classe 300).

Rappelons que, contrairement à une idée parfois répandue, les subdivisions communes, en particulier, sont utilisables à la fin de n'importe quel indice, sauf s'il est extrêmement indiqué dans la table de ne pas les utiliser.

D : Le manuel d'utilisation :

La présentation générale, très augmentée, riche de 60 pages, constitue à elle seule un manuel d'indexation. On y trouvera après l'historique des classifications et de la classification Dewey, les principes de la cotation et de l'indexation. On notera en particulier que, pour chacune des 100 divisions, ont été recensées, discipline après discipline, les principales difficultés. Les explications concernant les classes 300, 700 et 800 ont été approfondies du fait de leurs problèmes spécifiques.

II. Les modifications de la 19e édition

Quels sont les grands changements intervenus depuis 1971 dans la classification décimale de Dewey ?

- Classe 000 : Généralités :

Les indices ont été développés systématiquement. Un indice nouveau a été créé : 002, ouvrages généraux sur le livre. On aura intérêt à utiliser davantage les possibilités offertes désormais par cette classe, car elle permet des regroupements d'ouvrages autrement dispersés (exemple d'informatique).

- Classe 300 :

301.307 sociologie : cette division a été entièrement remaniée. On a énuméré et détaillé sous six séries d'indices des notions autrefois rassemblées sous des subdivisions de 301. Cela entraîne une simplification des indices. Ex. : 301.412 femme est devenu 305.4.

[309] autre changement très important : cet indice n'existe plus. On doit donc regrouper en histoire à 900 dans le pays concerné les études de sociétés préalablement classées sous 309 + subdivision géographique. Par contre les indices 320.9 conjoncture et conditions politiques et 330.9 conjoncture et conditions économiques sont toujours utilisés.

Une question se pose immédiatement à l'utilisateur face à ces changements : doit-il recoter son fonds, poursuivre son ancienne cotation, ou créer une nouvelle série d'ouvrages en utilisant les nouveaux indices ? On ne peut résoudre ce problème simplement. Rappelons cependant que toute classification a sa logique. « Bricoler » une classification à usage interne entrave rapidement toute coopération et fait dépendre l'indexation du fonds de la bibliothèque de la personne auteur de ce bricolage. Ceci est particulièrement net dans le cas des petites bibliothèques. On pourrait même énoncer le paradoxe suivant : il faut être d'autant plus fidèle à la lettre de la classification choisie qu'on est soi-même un utilisateur encore peu expérimenté gérant des collections peu nombreuses. En conséquence, si le fonds existant est de faible importance et s'il est possible de le réindexer, on conseillera de le faire, si les ouvrages sont trop nombreux on les laissera en l'état. L'ancien indice témoignera alors au fil des années d'un état ancien des ouvrages et datera ainsi, face à la nouvelle cotation, une certaine partie du fonds.

Illustration
Comparaison de l'indice 371.9