Greek literary hands
A.D. 400-1600
Ruth Barbour
Bibliogr. p. XXXI-XXXIV. - ISBN 0-19-818229-5 : £ 13.50.
L'excellente collection des « Manuels paléographiques d'Oxford » s'est accrue en 1981 d'un volume dont la publication est et sera favorablement accueillie par de nombreux hellénistes. Vingt-cinq ans plus tôt, le Dr C.H. Roberts donnait dans la même série, sous le titre Greek literary hands 350 B.C. -A.D. 400, un recueil de fac-similés d'écritures grecques non documentaires de la période allant du milieu du IVe siècle avant J.-C. à la fin du IVe siècle de notre ère. Miss Ruth Barbour prend le relais à cette dernière date, et nous propose un album de spécimens d'écritures livresques grecques, datées ou datables avec certitude, qui se répartissent entre le début du ve et le début du XVIIe siècle. Rappelons que Miss Barbour, ancien « Fellow » du St Cross College, à Oxford, exerça pendant longtemps son activité dans le cadre du Département des manuscrits de la Bibliothèque Bodléienne, et qu'on lui doit d'importants travaux en matière de catalogage scientifique et de paléographie.
Il faut souligner que ce recueil, riche de 110 fac-similés, était prêt pour l'impression dès 1973 (la préface est datée de Noël de cette année-là), mais que des circonstances défavorables - sur lesquelles l'auteur ne s'étend pas - en ont retardé huit ans la publication. La chose est tout à fait regrettable : la dernière décennie a en effet vu paraître un nombre élevé d'études qui ont élargi et renouvelé, pour ainsi dire, le paysage des deux disciplines sœurs que sont la paléographie et la codicologie. Il n'a pas été possible à Miss Barbour d'intégrer ici les acquis de la recherche récente (ainsi a-t-elle dû se contenter d'un simple renvoi, ajouté à la fin de la bibliographie, aux actes du Colloque de paléographie grecque et byzantine tenu à Paris en octobre 1974) ; si elle avait pu le faire, elle aurait sans doute, en fonction de ces travaux, apporté à son introduction des précisions ou des changements sur divers points.
Dans la préface, l'auteur rappelle combien il est difficile, faute de données suffisantes, de classer les manuscrits grecs selon leur date et leur lieu de copie. Une telle incertitude, qui est particulièrement forte dans le cas de la production grecque, durera probablement longtemps encore, et l'on ne peut espérer la réduire sans multiplier d'abord les collections de fac-similés de manuscrits bien datés et localisés. C'est pourquoi, très délibérément, Miss Barbour, laissant de côté toute archéologie du livre, et concentrant son effort sur l'écriture, a voulu nourrir ce survol de douze siècles en donnant le plus grand nombre possible de spécimens. Faire tenir 110 fac-similés sur 30 pages, cela impliquait réunir trois ou quatre exemples par page, ce qui obligeait à réduire chacun d'eux à un petit échantillon de quelques lignes (lignes souvent même incomplètes quand il s'agit de manuscrits de grand format). Consciente des inconvénients du parti adopté, l'auteur a tâché de les atténuer en fournissant dans ses notices les références à des fac-similés plus développés déjà publiés. Il convient de dire que la présentation choisie offre, en sens inverse, un avantage indubitable : le groupement des spécimens dans la page opère un très habile rapprochement d'écritures présentant, à travers les années et les siècles, des affinités suggestives, dont l'étude, comme le remarque Miss Barbour, pourra contribuer à mieux dégager les sinuosités de l'évolution de l'écriture grecque.
D'autres travaux ayant déjà procuré de bons outils pour les XIIIe et XIVe siècles d'une part, et pour l'époque de la Renaissance d'autre part, la part du lion revient aux xe, XIe et XIIe siècles, qu'illustrent une soixantaine d'exemples sur cent dix.
Notons enfin que les transcriptions des fragments de textes reproduits, transcriptions regroupées (avec les références aux éditions) après la dernière planche, sont d'une acribie remarquable.
Tel qu'il est, cet ouvrage rendra longtemps de bons services à tous les hellénistes que leur recherche amène à devoir s'orienter dans le champ encore insuffisamment balisé de la paléographie grecque.