Chronique des bibliothèques

Museum national d'histoire naturelle

Exposition « Voyages et découvertes » (février-décembre 1981 ). - Cette exposition inaugurée le 4 février 1981 par Mme A. Saunier-Seïté, Ministre des Universités, couvre une superficie d'environ 800 m2. Elle se propose 2 objectifs : révéler les racines historiques des collections dont le Museum est le conservatoire ; montrer comment ces collections constituent un matériau de base indispensable à la recherche actuelle, et comment, en retour, ce matériau est réactualisé par la recherche : en effet, l'accroissement même des collections et leur étude selon des méthodes et par des techniques nouvelles, peuvent renouveler complètement leur signification.

L'exposition s'ouvre, autour de quelques pièces prestigieuses provenant du Cabinet d'histoire naturelle du roi, sur une partie introductive où le visiteur trouvera quelques « clefs » pour une bonne lecture des parties suivantes : le voyageur-naturaliste, les conditions historiques de son action, sa formation et ses méthodes de travail, l'influence des institutions scientifiques, le rôle des collections, etc.

La suite de l'exposition est ordonnée selon une division en secteurs géographiques, clairement désignés par une carte et par une couleur caractéristique :
Europe, bassin méditerranéen, Proche-Orient ;
Amériques ;
Océan Indien, Asie, Extrême-Orient ;
Afrique noire, Madagascar ;
Australie, îles du Pacifique ;
Océan et zones polaires.

L'ordre dans lequel se succèdent ces zones géographiques correspond grossièrement à l'histoire de la découverte, par l'Europe, des milieux naturels inconnus.

Dans chacune de ces six parties, quelques-unes des grandes figures du passé sont évoquées à l'aide de documents originaux souvent peu connus, provenant pour la plupart des collections de la Bibliothèque centrale du Museum. En parallèle, et parfois en contraste, l'activité récente des chercheurs du Museum est présentée sous forme de panneaux illustrés de photographies, presque toutes dues aux chercheurs eux-mêmes ; cette présentation fait une large place au vécu de la recherche « sur le terrain », non exempt parfois de situations pittoresques, voire cocasses.

Deux spectacles en audio-visuel, chacun d'une durée de vingt minutes environ, présentés en alternance, complètent la visite.

Bibliothèques interuniversitaire et d'universités

Bibliothèque de documentation internationale contemporaine.

Exposition « La gravure chinoise, arme politique 1937-1949 » (6 mai-28 juin 1981). - Le Musée des deux guerres mondiales a présenté une exposition sur les bois gravés chinois des années trente et quarante, à partir d'un ensemble de 171 gravures offertes au Musée en 1948 par l'Association chinoise des graveurs sur bois.

Cette exposition fut conçue pour mettre en valeur simultanément l'aspect esthétique des œuvres et leur portée sociale et historique. La présentation comptait des graveurs qui ont témoigné de la misère rurale et urbaine, de la détresse des femmes et des enfants, de la résistance et de la répression. La vie quotidienne est liée aux éléments naturels : travaux des saisons (Ding Zheng-Xian « Les quatre saisons dans les districts ruraux », Chen Yan-Jiao « Travaux agricoles »), vie du fleuve (Xin Yi « Bateaux et leurs constructeurs », Wang Qi « Fleuve Jialing ») et aux facteurs économiques : exploitation du charbon (Mai Gan « Mine de charbon à Formose »), vie animée et misérable des faubourgs (Ren Feng « Aux portes de la ville », Mo Zu-Xing « Ramasser le compost », Ye Fu « Marchands ambulants »). La famille est disloquée par la guerre, les hommes sont partis au front (Na Wei « Regret d'être mariée »), les enfants meurent de faim ou de maladie (Yang Ke-Yang « Enterrement »), les femmes se désespèrent (Na Wei « Tristesse »), mais « Le suicide ne résoud pas le problème » affirme Li Hua, incitant l'homme à dépasser son cas personnel pour lutter avec ses semblables (Chen Yan-Jiao « Vengence »). L'exposition a montré aussi les doutes et les angoisses des intellectuels qui oscillent entre la prostration et la révolte devant tant de misère (Xi Ye « A qui la faute ? »). Cet art expressionniste, d'autant plus intense que le noir et le blanc y dominent, dit avec une sobre simplicité la réalité de la Chine d'alors.

En introduction la présentation de cette collection figurait un rappel des principaux aspects de la gravure sur bois en Europe au début du siècle (Vallotton, Hermann-Paul, Lepère, Lebedeff) et en particulier de la gravure expressionniste dont l'influence, à travers F. Masereel et K. Kollwitz, a été aux origines d'un renouvellement de la gravure chinoise. Une place particulière était réservée à l'écrivain Luxun qui joua le rôle d'initiateur et de médiateur entre la gravure étrangère et la gravure chinoise. Enfin, quelques exemples pris dans la xylographie chinoise contemporaine (estampes du Nouvel An, reproductions d'œuvres classiques) montraient combien cet art est aujourd'hui vivant en Chine.

Bibliothèque de l'Université de Paris VIII. Saint-Denis

Catalogue des périodiques 1980. - Ce catalogue recense par ordre alphabétique discontinu : les périodiques en cours reçus à la bibliothèque ; les périodiques qui ont cessé de paraître ou ceux dont les abonnements ont été supprimés par la bibliothèque.

Les périodiques dont les titres commencent par des sigles sont soit classés au début de chaque lettre (exemple A.I.A. Journal) soit classés dans l'ordre alphabétique normal (exemple : RAIRO).

Pour avoir des informations sur la totalité d'une collection conservée à la bibliothèque, il faut donc se reporter si besoin est aux différents titres sous lesquels a paru un périodique.

Université de Paris XI (Paris-Sud)

Inauguration. - La nouvelle Faculté de médecine, installée dans le cadre historique de l'Hôpital de Bicêtre, a été inaugurée le vendredi 27 mars 1981, par MM. Jacques Beguin, Directeur des enseignements supérieurs, le Pr Roland Omnès, Président de l'Université de Paris-Sud et le doyen Jean Dormont. Il s'agissait là l'une naissance bien attendue, puisque depuis 1969, cette faculté sans murs vivait l'espoir de se voir, un jour, logée et la bibliothèque, quant à elle, entassait ses collections et ses lecteurs sur 130 m2 de préfabriqué.

La bibliothèque occupe maintenant dans le nouveau bâtiment, un espace privilégié - il n'en est pas de même, peut-être, pour d'autres services, où il semble que l'espace ait été plus mesuré. C'est donc, tout naturellement, que le doyen a décidé de célébrer l'inauguration de la faculté à la bibliothèque, dans ses vastes et beaux locaux, où l'harmonie des couleurs des rayonnages de chêne clair, des murs, de la moquette et des livres, et la vue extérieure sur les toits du sud de Paris, doivent susciter une impression de paix et de sérénité, sans doute propice au travail intellectuel.

M. Salomon, Directeur des affaires générales et financières au Ministère des Universités, et M. Trincal, Chef du Service des Bibliothèques, ont bien voulu honorer de leur présence cette cérémonie et manifester leur satisfaction pour cette belle réalisation.

Bibliothèque de l'Université de Metz

Exposition : Gustav Mahler. - Il est des expositions qui arrivent au bon moment. Le compositeur autrichien Gustav Mahler, oublié durant des décennies, est devenu aujourd'hui une des figures de proue des concerts symphoniques.

La Bibliothèque de l'Université de Metz a donc répondu favorablement à la proposition de l'Institut autrichien (30, boulevard des Invalides, 75007 Paris) d'accueillir l'exposition Gustav Mahler. Elle a fait appel au directeur de l'UER des lettres, M. le Doyen Gérard Nauroy, pour la présenter et préfacer le catalogue. Cette exposition a permis d'atteindre un double but : d'une part, elle a mis l'accent sur le fonds d'ouvrages sur la musique qui existe tant à la BU (dictionnaires, bibliographies, histoires de la musique) qu'à l'UER (monographies), d'autre part sur l'existence d'un DEUG de musique à la Faculté des lettres, ignoré par beaucoup de Messins et de Mosellans.

Bibliothèque de l'Université d'Orléans

Publication. - Vient de paraître le Guide des dictionnaires et des encyclopédies des différentes sections de la Bibliothèque de l'Université d'Orléans.

Les notices sont présentées dans le cadre systématique suivant : dictionnaires généraux (monolingues, de traduction), droit et sciences économiques, lettres et sciences ; elles sont suivies d'un index alphabétique auteurs-titres.

Bibliothèques municipales

Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir)

Inauguration de la nouvelle bibliothèque municipale. - Installée dans les anciens locaux de l'entrepôt des tabacs restaurés, la nouvelle bibliothèque municipale a ouvert ses portes au printemps 1980. C'est maintenant un équipement culturel de 350 m2 qui est offert à la population de Nogent-le-Rotrou. Il a été officiellement inauguré le 28 mars 1981 en présence du préfet d'Eure-et-Loir, M. Chambraud, de parlementaires du département, de M. Bleton, inspecteur général des bibliothèques, de conseillers généraux et de maires de l'arrondissement.

Pau (Pyrénées-Atlantiques)

Chemins traditionnels dans les Pyrénées-Atlantiques (mars-avril 1981). - Préparée par le Centre de documentation pédagogique, cette exposition était composée de dix-sept panneaux, principalement des cartes et photos, dont les thèmes principaux étaient les suivants : préhistoire, voies romaines, chemins de Saint-Jacques, chemins de transhumance, postes aux chevaux et aux lettres. Divers livres et objets étaient également présentés. Ils voulaient illustrer les activités de l'homme depuis son apparition dans cette région : outillage lithique de la préhistoire, urnes funéraires de la protohistoire, amphore vinaire, bourdon de pélerin de Compostelle, bât de mulet et sonnailles utilisés lors de la transhumance, documents sur la poste ancienne. Le Musée béarnais, le Groupe archéologique des Pyrénées-Occidentales, la Bibliothèque municipale et des particuliers étaient les principaux prêteurs.

Romorantin-Lantenay (Loir-et-Cher)

Exposition « Hommage à René Guy Cadou » (14-30 novembre 1980). - Cette exposition comprenait un ensemble de panneaux prêtés par la librairie Larousse relatant la vie et l'œuvre de René Guy Cadou, la présentation des œuvres de René Guy Cadou et de sa femme Hélène Cadou (ouvrages prêtés par la Bibliothèque municipale d'Orléans), ainsi que le moule de la médaille en hommage à René Guy Cadou, réalisé par M. Charles Auffret sculpteur, médaille frappée par l'Hôtel des Monnaies. La présentation officielle a eu lieu au moment de l'anniversaire de la naissance de René Guy Cadou. En outre, le film « Où êtes-vous ce soir » (16 mm sonore) aimablement prêté par M. Guiheneuf, directeur du Parc régional de Brière, était proposé au public pendant toute la durée de l'exposition.

Le soir du vernissage (14 novembre) a été donnée une conférence de M. Pierre Seghers sur le thème de la poésie de René Guy Cadou avec la participation d'Hélène Cadou ; le débat qui s'ensuivit s'orienta vers la poésie en général.

Cette exposition a reçu 407 visiteurs. Deux catalogues leur étaient remis gratuitement, l'un concernant René Guy Cadou, l'autre Pierre Seghers.

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)

Exposition : La Parole du peuple (15 avril-30 juin 1981). - En marge de la grande exposition sur l'histoire de Saint-Denis de 1870 à 1920, la bibliothèque a présenté un panorama de la « littérature prolétarienne », en insistant plus particulièrement sur la période allant du début de la IIe République à la fin de la 1re Guerre mondiale.

« Littérature prolétarienne », cette expression est née dans les années 1930, pour qualifier l'école littéraire créée par Henri Poulaille ; elle est définie en 1932 par Tristan Rémy « La vie du prolétariat racontée par des auteurs qui sortent de ses rangs ».

Au début du siècle, si l'on ne parle pas encore de littérature prolétarienne, quelques écrivains « nés dans le peuple donnaient ses lettres de noblesse à une littérature de témoignage, qui à bien des égards se distinguait du naturalisme ». Et pourtant cette littérature a toujours été considérée comme marginale.

L'un des livres présentés, Aubervilliers, de Léon Bonneff décrivait avec réalisme et beaucoup de sentiment la vie de plusieurs familles ouvrières de cette ville voisine de Saint-Denis, avec ses travailleurs des usines d'engrais, d'équarissage, de parfumerie, ses maraîchers. Ce roman passionnant, même pour les Dyonisiens qui y retrouveront des éléments de l'histoire de leur ville, sera réédité à l'occasion de cette animation par l'association Le Vent du Ch'min, qui a d'autre part collaboré à la réalisation de l'exposition.

Celle-ci fut complétée par un débat animé par Louis Oury, écrivain (Les prolos, 1973 ; Les feux du sacrifice, 1979) ; Walter Prévost, écrivain (Tristes banlieues, 1978 ; Luc sur mer, 1980) ; Madeleine Rebérioux, historienne, Université Paris VIII - Saint-Denis (La République radicale, 1973) ; Edmond Thomas, poète et éditeur (Voix d'en bas, la poésie ouvrière du XIXe siècle, 1979).

Quelle est la place de la littérature d'expression prolétarienne dans l'édition française actuelle ? Pourquoi si peu d'écrivains parmi ces hommes et ces femmes qui en sont un des éléments moteurs ? N'y a-t-il pas là un courant créateur potentiellement important bloqué par une ségrégation culturelle difficile à surmonter ? Quels obstacles rencontre l'écrivain d'origine ouvrière à toutes les étapes de la création ? Quelles sont ses relations avec le public populaire ?

Telles ont été les interrogations de cette rencontre.

Bibliothèque Forney

Publication. - La Société des Amis de la Bibliothèque Forney, en collaboration avec le journal Le Collectionneur Français, publie une collection de trente-deux cartes postales en noir et en couleurs consacrées à la presse hebdomadaire illustrée des XIXe et XXe siècles à l'occasion du centenaire de la loi sur la liberté de la Presse du 29 juillet 1881.

Cette loi supprimait, en effet toutes les restrictions en matière d'imprimerie, de librairie et de presse périodique. Tout citoyen pouvait désormais, après une simple déclaration, sans autorisation préalable, ni dépôt de cautionnement, publier tout journal ou tout écrit périodique.

Même si certains de ses articles se verront modifiés, dans un sens répressif, en 1893 et en 1894 pour tenter d'endiguer les menées anarchistes - ce qui vaudra à ces nouveaux textes le surnom de « loi scélérate » - cette loi libérale créa les conditions nécessaires au prodigieux développement - unique au monde - de la presse quotidienne et hebdomadaire française.

Pour fêter dignement cet événement important, la collection des « Cartes de Presse » reprend, dans la série des « Journaux anciens », des pages de titres fameux et présente dans la série « Les Bonnes Feuilles » quelques-unes des meilleures planches parues dans les journaux hebdomadaires, satiriques, humoristiques et artistiques du Second Empire et de la Troisième République.

Les plus grands dessinateurs de presse sont représentés, avec André Gill, Toulouse-Lautrec, Steinlen, Valloton, de Feure et Poulbot, mais aussi des artistes ou trop méconnus comme Juan Gris, Iribe, Kupka, Jossot, Roubille, Grandjouan et Rouveyre, ou complètement anonymes.

Cette initiative renoue avec une tradition : à la fin du siècle dernier et dans les premières années de celui-ci, on vit apparaître des chromos et des cartes postales qui représentaient généralement la première page d'un quotidien, agrémentée le plus souvent d'un personnage féminin. Toutes ces créations manifestaient, à leur façon, l'existence d'une presse dynamique, diversifiée, partisane souvent, indépendante parfois, admirée, critiquée et soutenue par un public exigeant.

Cette sélection, forcément limitée, présente déjà l'intérêt de donner au public un avant-goût de la diversité et de la richesse artistique et historique de notre presse illustrée, dont les documents originaux sont malheureusement trop rares et dont aucun musée national ne permet encore la consultation facile.

Mais cette modeste rétrospective, loin d'être le signe d'un attachement nostalgique à un passé systématiquement embelli, contient aussi une discrète et tenace exigence pour notre époque : celle de conserver jalousement et de revendiquer quand elle est bafouée - elle l'est si facilement ! - cette Liberté de la Presse de 1881 pour laquelle les journalistes et dessinateurs évoqués dans nos séries ont si souvent combattu.

  1. (retour)↑  Les informations figurant dans la partie « Chronique » constituent les textes ou ont été établies sur la base de renseignements ou de documents, transmis à la Rédaction du Bulletin des bibliothèques de France par les responsables des différents établissements.
  2. (retour)↑  Les informations figurant dans la partie « Chronique » constituent les textes ou ont été établies sur la base de renseignements ou de documents, transmis à la Rédaction du Bulletin des bibliothèques de France par les responsables des différents établissements.