Les États noirs d'Afrique du Sud

par Paule Brasseur

Marc Aicardi de Saint-Paul

Éd. de la Revue moderne, 1980. - 160 p. ; 22 cm. Bibliogr. p. 150-154

Cet ouvrage est consacré aux trois « états », Transkei, Bophutatswana et Venda, généralement connus en France sous le nom de bantoustans, alors que leur dénomination officielle est homelands, comme pour les autres territoires de l'Afrique du Sud, tel le Ciskei, appelés à les rejoindre dans la voie d'une évolution séparée.

Une introduction historique montre comment s'est développée l'idéologie de l'apartheid et sa radicalisation par le National party, surtout à la suite des pressions internationales après la seconde guerre mondiale, et dans quelle mesure elle est l'héritière de l'histoire de l'Afrique du Sud depuis la rencontre des Noirs et des Blancs à la Fish river vers 1778. L'auteur analyse la série des textes juridiques qui ont jalonné cette politique, notamment le « Bantu self-government act » de 1959. On peut s'étonner au passage de voir opposer à la conception sud-africaine du développement séparé, présentée comme d'avant-garde, celle de la France et de la Grande-Bretagne, alors que presque toutes leurs colonies d'Afrique noire prirent leur indépendance dans le courant de l'année 1960...

Les chapitres suivants étudient les institutions des trois homelands, le développement des partis politiques, ainsi que la personnalité des chefs qui les guident, puis l'administration proprement dite, ainsi que l'économie.

L'auteur se fait en conclusion le défenseur de la politique des homelands, affirmant leur indépendance par le fait qu'ils possèdent un drapeau, un hymne national et peuvent nouer des relations diplomatiques avec n'importe quel pays..., l'ensemble de la communauté internationale s'y étant d'ailleurs refusée ; mais ses réponses aux critiques habituellement faites aux homelands ne sont guère convaincantes. Plus intéressant est le chapitre qui suit, consacré aux aménagements projetés, notamment en ce qui concerne la citoyenneté des Noirs urbanisés qui ne leur serait plus imposée, en même temps que les Blancs qui le souhaitent pourraient continuer à demeurer dans les homelands. L'auteur se penche enfin sur les opposants à la politique des homelands, Noirs ou Blancs de l'intérieur, pour des raisons évidemment opposées, et communauté internationale favorable à l'intégration. Il précise enfin que les autorités de Prétoria ont maintenant pour but une « constellation d'États » de type confédératif. Celle-ci rendrait compte des liens économiques évidents de la République d'Afrique du Sud avec le Mozambique, la Zambie, le Zimbabwé, mais les divergences idéologiques rendent cette solution bien aléatoire. En somme, le dernier mot resterait aux Afrikaners, ce qui rend caduque toute la démonstration précédente de M. Aicardi de Saint-Paul.