Étude du public d'une bibliothèque spécialisée : les lecteurs de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine en 1978-1979
La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine connaît, depuis son installation à Nanterre, une augmentation considérable et constante de son public ; il est donc apparu indispensable d'en faire une étude approfondie pour connaître son origine, son niveau et ses centres d'intérêt, pour mieux cerner aussi les fonctions de la bibliothèque. La BDIC accueille des lecteurs réguliers et stables, grands « consommateurs de documents et poursuivant des recherches en vue d'un travail précis ; ils viennent de la province et de l'étranger (87 pays en 1978-1979) autant que de Paris. L'évolution de la politique internationale l'a contrainte à étendre son champ de documentation sans que les moyens aient suivi et l'on constate que cet élargissement répond à la demande de la recherche et aux besoins actuels d'une meilleure connaissance du monde contemporain
Since it opened in Nanterre, the BDIC has regularly received more users and it has appeared necessary to make a detailed survey of the origins, level and interests of these users in order to obtain a better definition of the library's functions. The same users come regularly to the BDIC and request numerous documents on a specific subject. They come from Paris, from outside Paris and from other countries (87 countries in 1978-1979) in equal numbers. Changes in international politics have forced the BDIC to expand its scope without sufficient means to do so. This wider coverage meets the needs of research and the current desire to achieve a better understanding of contemporary world.
Il est peut-être utile de rappeler brièvement les origines historiques de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) afin de mieux situer l'étude de son public.
La BDIC est issue d'une fondation privée, créée en 1914, par un industriel parisien, Henri Leblanc, qui avait eu l'idée de recueillir des documents de toute nature susceptibles de servir plus tard à l'histoire de la guerre. Cette fondation fut donnée à l'État en 1917 et rattachée au Ministère de l'Instruction publique sous le nom de Bibliothèque-Musée de la Guerre ; devenue en 1925 Bibliothèque de documentation internationale contemporaine et Musée de la Guerre, après l'adjonction d'un centre de documentation, le premier dans une bibliothèque française, elle fut rattachée à l'Université de Paris en 1934. Installée dès 1920 au Château de Vincennes, la bibliothèque connut de multiples adversités liées à la Seconde Guerre Mondiale et des pérégrinations à travers Paris (Musée du Luxembourg, rue du Bac, rue Auguste-Vacquerie) ; la BDIC fut regroupée en 1970 dans un bâtiment construit pour elle dans le Centre universitaire de Nanterre, les Invalides accueillant, en 1973, sa section Musée.
Créée pour l'étude de la guerre 1914-1918, la BDIC s'est rapidement orientée vers les origines de la guerre, puis les conséquences des traités, étendant peu à peu son domaine à toute l'histoire du XX" siècle dans l'ordre politique, économique et social, l'accent continuant à être mis sur les relations internationales et les crises majeures des deux guerres mondiales. Après avoir rassemblé une documentation exceptionnelle sur des événements tels que la révolution russe, le nazisme, le fascisme, ainsi que sur le pacifisme, les différentes émigrations, les mouvements sociaux et ouvriers, la BDIC a ajouté, depuis quelque temps, à l'étude des pays ex-belligérants, celle d'un certain nombre de pays en voie de développement (Amérique Latine, Afrique).
Conçue dès l'origine comme « un laboratoire d'histoire » par les historiens qui l'ont organisée (Camille Bloch et Pierre Renouvin ont été ses premiers directeurs), la BDIC a marqué sa spécificité en constituant un ensemble documentaire aussi complet que possible ; comme toute bibliothèque spécialisée, elle réunit les ouvrages et revues en toutes langues qui traitent de son domaine. Mais ce domaine étant l'histoire contemporaine, elle ne se borne pas à rassembler les travaux historiques, mais les documents de tous ordres pouvant apporter des informations aux historiens : brochures, dossiers, documents ronéotés ou dactylographiés, tracts, archives, iconographie, cartes, affiches, etc... La BDIC recherche donc avec le même intérêt, et plus encore, car ils ne sont souvent conservés dans aucune autre bibliothèque, les éditions souterraines de mouvements clandestins, d'opposition ou d'émigrés de tous pays et de toutes tendances, et les publications d'organismes internationaux ou gouvernementaux.
L'accès à ce fonds documentaire se fait par l'intermédiaire de catalogues méthodiques, extrêmement détaillés, constamment tenus à jour et révisés en fonction de l'évolution de l'actualité, exigeant du personnel une analyse en profondeur des ouvrages et, à la fois, des compétences d'historien et des connaissances linguistiques. Ces catalogues méthodiques permettant un travail approfondi sur les questions les plus larges comme les plus précises, sur le plan international comme au niveau des différents pays, sont à eux seuls un instrument de recherche sans équivalent dans aucune bibliothèque.
Il était nécessaire de rappeler au préalable, même de façon rapide, les caractéristiques de la BDIC pour bien comprendre que son public est bien différent de celui d'une bibliothèque universitaire de type courant.
Nous avons essayé de faire une étude, autant que possible minutieuse, des lecteurs de la BDIC durant l'année universitaire 1978-1979, dans le triple but de :
- connaître notre public, beaucoup plus nombreux qu'il y a 10 ans, afin de mieux répondre à ses besoins. Depuis l'installation, en 1970, de la BDIC à Nanterre un grand nombre de lecteurs ont (re-) découvert la bibliothèque puisque les conditions de travail étaient enfin bonnes. Bien que les étudiants des deux premiers cycles qui ont leur bibliothèque universitaire dans le même bâtiment que la BDIC ne viennent à cette dernière que dans des cas précis (que nous verrons plus loin), plus de 14 500 lecteurs se sont inscrits depuis 1971 et 2 500 à 3 000 renouvellent leur carte tous les ans.
En 1978, 25 796 entrées de lecteurs ont été enregistrées (au lieu de 13 747 en 1973) ; en 1978, 124 310 documents ont été communiqués (au lieu de 69 099 en 1973), le nombre de documents communiqués par lecteur étant très grand 1 ;
- voir si la BDIC remplit bien les fonctions qui sont les siennes, si en continuant à développer la BDIC, pour autant qu'on en ait les moyens, dans la direction qui est la sienne depuis l'origine, on répond ou non à un besoin réel de la recherche ;
- présenter de meilleurs arguments pour demander les crédits nécessaires afin que la BDIC puisse remplir les tâches que des lecteurs de plus en plus nombreux attendent d'elle ; mais il apparaîtra évident, à l'étude de ce public, que retenir comme unique critère le nombre de lecteurs serait méconnaître le caractère spécifique de la BDIC et donc pur non-sens.
Pendant l'année 1978-1979, 2 550 lecteurs ont demandé une carte, que ce soit par inscription ou par validation de cartes délivrées une année antérieure. Entre le 16 octobre 1978 et le 20 octobre 1979, nous avons fait une étude systématique des doubles de ces cartes (conservées dans notre fichier de lecteurs), après y avoir noté le plus précisément possible la nationalité des lecteurs, leur qualité, leur université de rattachement, leur spécialité, leur cycle et leur année d'études éventuellement, et le thème de leur recherche ainsi que sa destination. Cette étude a abouti à la constitution des deux tableaux qui sont reproduits ici en annexe :
- nationalités des lecteurs de la BDIC en 1978-1979,
- thèmes des travaux menés à la BDIC d'octobre 1978 à octobre 1979.
Ces statistiques confirment que la BDIC a trois caractéristiques essentielles :
- bibliothèque spécialisée de recherche historique tournée vers les problèmes politiques, économiques et sociaux du XXe siècle,
- bibliothèque à vocation nationale et également internationale (tant par l'importance des lecteurs étrangers que par celle des documents acquis toujours dans la langue d'origine),
- bibliothèque qui essaie de répondre aux besoins de plus en plus diversifiés des chercheurs en histoire contemporaine en constituant, à côté de fonds très riches depuis la création de la BDIC et souvent uniques sur le plan international (les deux guerres, l'Allemagne, l'URSS...) des fonds nouveaux dont le besoin se faisait sentir (Afrique, Amérique latine...).
Nous allons voir chacun de ces aspects plus précisément.
1. Bibliothèque spécialisée de recherche historique tournée vers le XXe siècle
Il faut signaler d'abord un point important. Contrairement à une bibliothèque universitaire de type courant qui considère comme lecteurs tous les étudiants inscrits à l'Université qu'elle dessert, la BDIC voulant rester une bibliothèque de recherche, offrant les conditions de travail les meilleures possibles aux lecteurs qui entreprennent des travaux suivis, se voit contrainte de restreindre les entrées des étudiants des premières années fréquentant l'Université de Paris X - rappelons au passage que la Bibliothèque de l'Université de Paris X se trouve dans le même bâtiment que la BDIC. Par conséquent, le chiffre, relativement faible, des lecteurs d'une année (2550 pour 1978-1979), correspond cependant à un très grand nombre d'heures de travail.
En effet, sur 2 550 lecteurs, les 9/10 ont un sujet de recherche en vue d'un travail précis : préparation de thèses d'État, de thèses de troisième cycle, de maîtrises, de cours, de livres ou d'articles...
Sur 2 550 lecteurs, on peut dénombrer :
- 970 lecteurs préparant une thèse d'État ou de troisième cycle, dont la moitié sont étrangers,
- 900 lecteurs préparant une maîtrise, dont près du tiers d'étrangers,
- 350 lecteurs qui sont chercheurs, écrivains, journalistes, documentalistes, dont une cinquantaine d'étrangers,
- 200 enseignants d'université, dont plus du quart d'étrangers,
- 130 étudiants de premier cycle.
Les lecteurs sont donc surtout des étudiants avancés ou déjà engagés dans la recherche, des enseignants et des chercheurs de divers types. Moins de 5 % des lecteurs inscrits sont des étudiants de premier cycle, encore s'agit-il de ceux qui ont passé le cap de deux cartes provisoires (délivrées à ceux qui ne trouvent pas ce qu'ils cherchent à la bibliothèque universitaire toute proche) et qui ont demandé leur inscription ; ces étudiants sont d'ailleurs par la suite des lecteurs assidus qui renouvellent leur carte chaque année. Il y a, en outre, environ 150 cartes provisoires délivrées chaque année, en plus de 2 550 cartes permanentes.
Nous avons vu qu'il y avait, parmi les lecteurs, une proportion notable de lecteurs étrangers. Voyons plus précisément les diverses origines géographiques, françaises ou étrangères, des lecteurs de la BDIC.
2. Bibliothèque à vocation nationale et internationale
Le caractère de fonds national de la BDIC ressort à l'évidence quand on examine d'un peu plus près l'origine géographique des lecteurs :
- si sur les 1 815 lecteurs inscrits dans une université française, la proportion de lecteurs inscrits à Paris X est, cela s'explique aisément, relativement forte (1 000 lecteurs), 550 lecteurs sont inscrits dans une autre université parisienne, 100 sont inscrits à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), 65 dans divers établissements d'enseignement supérieur parisiens (Institut d'études politiques (IEP), École normale supérieure (ENS), Institut national des langues et civilisations orientales (INLCO),...) et 100 viennent d'universités de province.
- sur les 144 enseignants français d'université qui fréquentent la BDIC, 47 enseignent à Paris X, mais 45 enseignent dans d'autres universités parisiennes (quasiment toutes sont représentées, avec un pourcentage plus fort, comme pour les étudiants, pour Paris I, Paris VIII, Paris IV, Paris III...); 19 enseignent dans divers établissements parisiens d'enseignement supérieur (EHESS, IEP, ENS...), 3 à l'étranger et 30 viennent de province.
La vocation internationale de la BDIC s'aperçoit aisément quand on consulte le tableau recensant les nationalités de ses lecteurs. Le tiers environ des lecteurs sont étrangers, encore s'agit-il là d'un chiffre probablement un peu diminué par le fait que l'on n'a pas toujours demandé aux étudiants inscrits dans une université française leur nationalité. Plusieurs aspects apparaissent :
- un très grand nombre de pays du monde sont représentés : 87 pays de tous les continents, et il est frappant de voir la diversité des origines des lecteurs (de l'Éthiopie et de la Mauritanie aux USA, au Japon et à l'URSS, de la République Dominicaine et de l'Iran à la Grande-Bretagne et à l'Australie),
- la moitié environ de ces lecteurs étrangers viennent de pays africains et cela s'explique par des liens historiques entre la France et les pays africains francophones mais aussi par le fait que le fonds africain s'est enrichi ces dernières années d'un don de plus de 50 000 titres venant de la Bibliothèque de l'ancien Secrétariat d'État aux affaires africaines et malgaches auprès de la Présidence de la République.
Les pays les plus représentés parmi les lecteurs sont le Maroc, l'Algérie, le Cameroun, la Tunisie et le Congo,
- ensuite viennent les Européens, surtout des Grecs, des Allemands, des Italiens, des Anglais, mais aussi des Polonais, des Espagnols, des Soviétiques ; quasiment tous les pays européens sont représentés,
- puis viennent les latino-américains, essentiellement des Mexicains et des Brésiliens, mais aussi des Péruviens, des Chiliens, des Argentins, des Boliviens et des Colombiens. Cela s'explique, comme pour l'Afrique, par le développement du fonds concernant l'Amérique latine ces dernières années,
- enfin, l'Asie, est représentée surtout par le Moyen-Orient (Iran, Liban, Israël, Jordanie...), mais de nombreux pays sont représentés (notamment la Thaïlande, le Viet-Nam, la Malaisie...),
- signalons, pour clore, le grand nombre de lecteurs nord-américains, avec une grosse majorité venant des États-Unis.
Précisons quelques chiffres quant à ces lecteurs étrangers : sur 708 étudiants, 475 préparent des thèses d'État ou de troisième cycle ; beaucoup d'étudiants sont inscrits dans une université française, mais le quart environ (soit 185) ne sont pas inscrits dans une université française et, soit suivent des études dans des établissements étrangers en France (« American College », « Schiller College »...), soit, pour la plupart, viennent spécialement à la BDIC effectuer leurs recherches.
Enfin, il y a un nombre conséquent d'enseignants d'université (56) et de chercheurs de divers types (chercheurs proprement dits, écrivains, journalistes, documentalistes, représentants d'ambassades ou d'organismes, au nombre de 49). Cette catégorie de lecteurs vient souvent l'été, notamment au mois d'août.
Cette vocation internationale de la BDIC s'explique par des fonds souvent uniques en leur genre en Europe et même dans le monde et se reflète donc dans la diversité des nationalités. Voyons plus précisément ce que les lecteurs viennent chercher à la BDIC.
3. Bibliothèque qui essaie de répondre aux besoins de plus en plus diversifiés des chercheurs en histoire contemporaine
Nous avons demandé tout au long de l'année aux lecteurs quels étaient leurs thèmes de recherche et ce travail a abouti à la confection du tableau sur les thèmes de recherche (cf. annexe). On peut constater que les lecteurs travaillent énormément sur les fonds qui ont constitué l'essentiel de la BDIC jusqu'à ces dernières années, à savoir : les deux guerres mondiales, la vie politique des pays ex-belligérants, les relations internationales, les pays de l'Est, mais aussi sur des fonds plus nouveaux (notamment l'Afrique, les questions économiques internationales et l'Amérique latine).
- l'Europe vient en premier pour le nombre des travaux en cours en 1978-1979 avec 836 thèmes de recherche. Évidemment, le pays le plus étudié est la France sur laquelle 358 lecteurs travaillent, essentiellement sur la vie politique (131 travaux), puis sur les questions sociales (57 travaux), économiques (46 travaux), intellectuelles (31 travaux) et coloniales (28 travaux). Ce grand nombre de travaux concernant la France se comprend si l'on tient compte du fait que le catalogage (-matières) très affiné de la BDIC permet un repérage des documents plus aisé que dans d'autres bibliothèques et que l'on y trouve des documents peu conservés ailleurs (bulletins intérieurs d'organisation, tracts, brochures de petite diffusion, feuilles ronéotées...) ;
- l'ensemble des autres pays européens totalise 478 travaux, avec une place toute particulière pour l'URSS (173 travaux), dont on étudie plus spécialement la vie politique, puis les questions culturelles et économiques, avec une proportion remarquable d'enseignants et de chercheurs, ce qui tient bien évidemment à la richesse exceptionnelle du fonds, l'un des meilleurs du monde.
Parmi les autres pays européens étudiés à la BDIC viennent l'Espagne (64 travaux), dont le fonds s'est beaucoup enrichi ces dernières années et l'Allemagne jusqu'en 1945 (52 travaux), sur laquelle la BDIC possède une documentation très abondante et souvent rare ; il faut ajouter à cette dernière les études portant sur la République Fédérale d'Allemagne. Enfin, les lecteurs travaillent sur la Grande-Bretagne (43 travaux), sur l'Italie (34 travaux) et sur les pays d'Europe centrale et orientale (Yougoslavie, Pologne...) ;
- la politique internationale constitue un autre pôle d'intérêt très développé avec 319 travaux et une place toute particulière pour les relations bilatérales (95 travaux), qui sont l'une des spécialisations de la BDIC, pour le droit international (92 travaux) et l'histoire sociale sur le plan international (notamment l'histoire des Internationales ouvrières) qui totalise 75 travaux ;
- par ailleurs, de nouveaux secteurs attirent les chercheurs, ce qui montre que la BDIC comble là un vide réel, dans son domaine, au sein des bibliothèques françaises : l'Afrique totalise 242 travaux en cours (grâce à l'apport de la Bibliothèque africaine et malgache), les questions économiques internationales et l'étude des pays en voie de développement suscitent plus de 200 travaux ; enfin l'Amérique latine, dont le fonds d'origine récente s'est beaucoup développé grâce à des dons, totalise 165 travaux ;
- il faut signaler que le fonds constitutif de la BDIC, à savoir l'histoire des deux guerres mondiales, reste très étudié, avec 120 travaux au total (dont 9 études comparatives, 41 études de la Première Guerre et 70 études de la Seconde Guerre) et avec une proportion notable de chercheurs, écrivains et journalistes (69).
On a mis en parallèle à la fois les thèmes des travaux et les nationalités des lecteurs pour voir, dit de façon sommaire, « qui vient chercher quoi ». On peut constater que, souvent, les nationaux d'un pays travaillent sur leur pays (par exemple, sur 41 travaux sur le Maroc, 37 sont faits par des Marocains) ; c'est le cas, notamment, pour les pays en voie de développement dont les bibliothèques n'offrent pas des ressources très abondantes et que la BDIC complète ainsi, d'une certaine manière.
On peut voir aussi, par exemple, que beaucoup d'Italiens, d'Américains, de Soviétiques et d'Allemands travaillent sur l'URSS et l'on se rend mieux compte de la place que la BDIC occupe sur le plan international. En annexe, sont reproduits quelques exemples de ces relations entre les nationalités des lecteurs et les thèmes de recherche.
Ce tableau des thèmes de recherche indique aussi, en creux, les lacunes et les insuffisances de la BDIC (par exemple, en ce qui concerne l'Asie, l'absence de documentation en langues orientales).
Il montre aussi quel est le visage actuel de la BDIC qui, confrontée aux exigences de l'histoire contemporaine, se voit contrainte d'élargir son champ de documentation avec des moyens qui n'augmentent pas en proportion tant au niveau des crédits qu'au niveau du personnel (rappelons que le personnel scientifique de la BDIC n'a pas augmenté depuis 1945).
Parce qu'elle se voit dans l'obligation de « couvrir » des secteurs nouveaux, la BDIC ne peut plus étudier de la même façon, en proportion, qu'il y a vingt ans, ses secteurs traditionnels (tels l'Allemagne, l'Italie, les USA...) ; ceux-ci se trouvent donc sacrifiés, ce qui entraîne un déséquilibre général du fonds. Par ailleurs, le dépouillement de périodiques fait depuis 50 ans, a dû être abandonné et, aujourd'hui, la lourdeur des dépenses liées à son bâtiment ne permet plus l'achat de livres. L'insuffisance du nombre de volumes achetés était déjà très grande, ces dernières années, par rapport à l'ampleur du domaine couvert, mais, en novembre 1979, les achats ont été complètement arrêtés ; plusieurs milliers de fiches d'ouvrages restent en attente, malgré une sélection très sévère qui a toujours présidé aux achats de la BDIC.
En outre, les fonds « anciens », concernant les années d'avant la Seconde Guerre Mondiale, ne sont pas des fonds morts ; et, s'ils ne s'enrichissent pas par achats, faute de moyens, ils continuent de s'enrichir énormément par dons, ce qui demande au personnel beaucoup de travail, de temps et de compétences, tant pour susciter ces dons que pour les traiter (signalons que, certaines années, plus de 500 titres de périodiques « morts » sont entrés par dons à la BDIC et que cette question des dons mériterait à elle seule une étude particulière).
Cette étude du public et des thèmes de recherche a permis de mettre l'accent sur quelques aspects essentiels de la BDIC ; on pourrait la compléter, de façon plus précise encore, par un examen des demandes d'ouvrages et de périodiques faites chaque jour par les lecteurs, afin de suivre l'évolution des méthodes et des outils de travail ; mais ceci sera pour une prochaine étape.