La lettre ornée
Jonathan J.G. Alexander
C'est un grand plaisir pour les yeux que de regarder les quarante planches en couleurs qu'a choisies M. Alexander pour réaliser cette anthologie de la lettre ornée, telle qu'elle se présente dans les manuscrits occidentaux du Moyen âge. On reste confondu par la virtuosité des enlumineurs médiévaux qui font toujours preuve d'un sens très aigu de l'effet décoratif. Leur invention artistique jamais à court s'est pleinement exprimée dans la conception et la réalisation de cet élément du livre, spécialement pendant les premiers siècles du Moyen âge jusqu'à l'époque romane. Postérieurement, l'apparition de recueils de modèles de lettres, puis leur diffusion par l'imprimerie ont quelque peu contribué à stéréotyper les formes. En guise d'introduction, M. Alexander a retracé les différentes étapes de cette évolution, qui s'est accomplie sous l'influence des grands courants artistiques ayant fleuri dans l'Europe médiévale. La lettre ornée en est un très bon reflet. Il convenait donc d'y consacrer un volume particulier, dans la série de ceux que le même éditeur publie depuis quelques années sur les grandes époques de l'enluminure. On regrettera toutefois que la traduction française, certes méritoire, n'ait pas été revue par un spécialiste. Ainsi, les paléographes de langue française parlent de la panse d'une lettre et non de son ventre. D'autre part, une fâcheuse coquille typographique, p. 7, place en 1556 l'impression de la Bible de Gutenberg.