Muslim peoples

a world ethnographic survey

par Joseph Cuoq
ed. Richard V. Weekes. - Westport, CT ; London : Greenwood press, 1978. - [XLI]-546 p. ; 24 cm. Index p. 536-546. - ISBN 0-8371-9880-1 : 22.50 £

Cet ouvrage se présente sous forme d'une encyclopédie, examinant un par un 96 groupes comptant plus de 100 000 musulmans, ce qui recouvre 92 % du monde islamique, estimé à quelque 720 millions d'âmes. A cette œuvre, nécessairement collective, ont collaboré 71 spécialistes sous la direction de Richard Weekes. L'éditeur avertit dans sa préface que l'ouvrage est destiné au public cultivé anglophone non-spécialisé, ce qui, à notre avis, ne saurait justifier l'exclusion systématique dans la bibliographie de tout ouvrage fondamental écrit dans une autre langue que l'anglais. Certains musulmans ne manqueront pas de faire à l'ouvrage un procès d'intention en l'accusant de « tribalisme », puisque pour eux le cadre normal de la vie politique est désormais la nation, dans laquelle les gouvernants cherchent à fondre les diverses ethnies. On peut s'interroger sur le profit que peut retirer le lecteur « non-spécialisé » de ce puzzle du monde islamique. N'eût-il pas été préférable, comme le font beaucoup d'annuaires, de procéder par États, quitte à multiplier les renvois quand les ethnies chevauchent sur les pays voisins ? Autre difficulté : à partir de quels critères peut-on dire que telle ethnie est musulmane ? Bien habile qui peut le dire en certains cas. Aussi l'ouvrage s'avance-t-il bien un peu vite pour les Mossi, par exemple, dont un quart seulement de la population est islamisée, ou pour les Tigrinya d'Éthiopie, dont seulement 10 % relèvent de l'Islam, le reste étant chrétien abyssin depuis des siècles. En fin d'ouvrage, l'éditeur présente des statistiques par pays en détaillant les divers groupes. Les chiffres avancés sont généralement ceux que l'on retient. Cependant, en observant les chiffres du Maghreb, on trouve des anomalies étranges. Ainsi la Tunisie aurait 8 % de non-musulmans, soit 480 000 individus. On aurait plaisir à savoir où résident ces Tunisiens. Bien plus, l'Arabie Séoudite, pays totalement fermé à des habitants non-musulmans depuis le VIIIe siècle, aurait 5 % de citoyens qui seraient étrangers à l'Islam. Des chiffres sont à revoir de très près, d'autant plus que, souvent, les pourcentages ne correspondent pas toujours au décompte par ethnies.