Festival international du livre de Nice - 1-6 mai 1976

Table ronde bibliothécaires-documentalistes, éditeurs, libraires

Le Festival international du livre de Nice est devenu l'occasion de rencontres interprofessionnelles du monde de l'imprimé. C'est pourquoi des associations de bibliothécaires et de documentalistes 1 ont tenu à organiser cette année, dans le cadre de ce festival, une rencontre avec les éditeurs et les libraires sur le thème de l'information et des relations professionnelles. Trois sujets furent abordés : l'information reçue par les bibliothécaires-documentalistes et les libraires de la part des éditeurs, le rôle des libraires dans les circuits de distribution, le rôle des bibliothécaires et des documentalistes vis-à-vis des éditeurs et des libraires.

I. L'information reçue de la part des éditeurs. M. Daumas, directeur de la Bibliothèque de l'Université de Nice, animateur de cette table ronde, présenta les conclusions d'enquêtes menées auprès d'un certain nombre de bibliothèques en France et à l'étranger 2 sur l'information reçue des éditeurs et passa en revue les différentes formes de cette information : feuilles volantes, encarts, fiches, catalogues partiels, catalogues généraux, bibliographie courante française.

Ces enquêtes démontrent une régularité encore trop précaire de l'information, manifestent le besoin d'une amélioration de l'information de base diffusée notamment par la Bibliographie de la France-Biblio, et le souhait des bibliothécaires, documentalistes et libraires de recevoir des documents.

Le débat fut ouvert sur ces résultats. Si d'aucuns trouvèrent les demandes exprimées irréalistes, d'autres formulèrent des suggestions pour améliorer l'information : regroupement des catalogues de petits éditeurs, publication de catalogues généraux d'éditeurs, effort et qualité de la publicité pour les livres français, publication de recensions et de critiques de spécialistes, services de presse des libraires, indication de vedettes-matières et du niveau dans la partie officielle de la Bibliographie de la France.

II. Le rôle des libraires dans les circuits de distribution. Le rôle du libraire dans les circuits de distribution fut affirmé avec force. Le libraire est considéré par les bibliothécaires et documentalistes comme un maillon indispensable du circuit de distribution, comme un conseiller qualifié et comme un intermédiaire commercial normal. Aussi, les relations entre les bibliothécaires-documentalistes et les libraires sont-elles perçues en termes de services et non comme une rivalité ou une concurrence. Si bien qu'il faut considérer comme satisfaisante l'existence en France d'un réseau de libraires assez étoffé et composé de personnes compétentes. La comparaison avec certains pays étrangers (États-Unis, Grande-Bretagne, pays germaniques) montre cependant la précarité de la situation française actuelle et combien pour une bonne santé du marché du livre, il faudra repenser au rôle du libraire dans l'ensemble production,co mmercialisation, diffusion, usage du livre.

III. Le rôle des bibliothécaires et documentalistes vis-à-vis des éditeurs et des libraires. Les bibliothécaires et documentalistes qui doivent répondre aux besoins de documentation des usagers et lecteurs constituent un lien entre ceux-ci et les éditeurs (il en est de même des libraires). Aussi, sont-ils bien placés pour connaître les lacunes de l'édition française. Des enquêtes ont aussi été effectuées dans ce domaine. De celles-ci et du débat, il ressort qu'il faut inventorier les lacunes en liaison avec les chercheurs et créer un organisme centralisateur des besoins, organiser le marché d'occasion, évaluer le coût des rééditions et réimpressions, familiariser les lecteurs avec les micro-éditions. Mais il ne faut pas se limiter à ce secteur, il faut explorer et élargir le marché à d'autres domaines, à d'autres catégories tels les mal-voyants et les mal-lisants, ainsi que cela se pratique en Grande-Bretagne par exemple.

Les questions financières ne furent pas exclues des discussions. Si selon les statistiques de l'Institut National de la Statistique et des Études économiques, les livres n'ont pas subi une augmentation aussi forte que les autres produits, le marché des bibliothèques ne tend pas à croître, malheureusement pour tous, et les bibliothécaires sont contraints à des choix rigoureux.

En conclusion, le principe d'une réunion annuelle interprofessionnelle dans le cadre du Festival international du Livre à Nice fit l'unanimité des participants.

La création du Centre bibliographique national et sa fonction auprès des éditeurs, l'action des groupes de travail du Bureau national de l'information scientifique et technique, la création de groupes techniques interprdfessionnels devraient contribuer à améliorer la qualité des relations professionnelles avec le souci d'une meilleure adaptation des uns et des autres aux besoins de leur clientèle.

Cette table ronde doit maintenant être suivie d'effets qui seront mesurés à la prochaine rencontre. Il importe donc que le travail s'organise dans les meilleurs délais.

Le nombre de participants et l'intérêt manifesté laissent augurer une collaboration efficace entre les diverses professions.

  1. (retour)↑  Association de l'École nationale supérieure de bibliothécaires; Association des diplômés de l'École de bibliothécaires-documentalistes; Association des documentalistes-bibliothécaires spécialisés; Amicale des directeurs de bibliothèques universitaires.
  2. (retour)↑  Voir « Bulletin des Bibliothèques de France », n° 4, avril 1976, p. 157-170.