L'annuaire des organisations internationales - 1974 présentation

Ceux qui ont l'habitude des contacts internationaux savent que le français n'est plus langue diplomatique et que l'anglais tend à devenir, non seulement dans les réunions officielles mais dans les colloques scientifiques, une sorte de langue véhiculaire et universelle. Une telle situation n'est pas très agréable pour défenseurs de la francophonie mais elle présente aussi l'inconvénient de restreindre, pour la partie du public qui pratique peu ou mal l'anglais, l'accès à des documents ou à des instruments de travail qui sont de nature à faciliter la connaissance et la compréhension des mécanismes internationaux.

C'est pourquoi il faut se réjouir de la publication en français de la 15e édition de l'Annuaire des organisations internationales 1. Ce recueil, bien connu des spécialistes, offre une masse d'informations sans équivalent sur le phénomène des organisations internationales. Il faut entendre par là les organisations intergouvernementales (O.N.U., U.N.E.S.C.O. etc.), mais aussi et surtout les organisations privées qui couvrent le monde d'un réseau de plus en plus dense. Le nouvel Annuaire, qui ne comporte pas moins de 4310 notices, révèle que sont actuellement en activité 2 470 associations ou organisations privées, fondées et animées par des particuliers dans tous les secteurs de l'activité internationale : documentation, religion, politique, science, éducation, sports etc. Sur chacun de ces groupes, l'Annuaire fournit des renseignements précieux : origine, date de fondation, localisation et nature des activités, composition et ressources. C'est tout un monde aux innombrables facettes qui s'ouvre ainsi au lecteur. La recherche est facilitée par une série d'index qui fournissent de multiples accès à cette forêt de sigles et de dénominations où s'expriment tant d'initiatives méconnues, mais qui permettent aussi d'esquisser une typologie. Déjà le recours à l'ordinateur a permis aux responsables de l'Annuaire d'élaborer des données statistiques grâce auxquelles on peut évaluer la progression quantitative, l'implantation géographique ou sectorielle et le dynamisme de ces associations. Mais les recherches pourraient être poussées beaucoup plus loin à partir des matériaux rassemblés. La liste des Fondations et des Centres de recherche qui s'intéressent, un peu partout dans le monde, au phénomène de l'organisation internationale, ainsi qu'une bibliographie substantielle, complètent d'ailleurs l'Annuaire et fournissent aux curieux les points d'appui et les points de repère qui pourraient guider leurs travaux.

Ce volume n'est donc pas seulement un instrument de documentation, mais un outil de travail qui mérite de figurer dans les bibliothèques des universités, des administrations et de tous les organismes, publics ou privés, où l'on s'intéresse aux problèmes internationaux.

On regrettera simplement deux choses. La première est que l'usage de l'ordinateur ait conduit à utiliser la langue anglaise pour les listes de pays qui figurent dans les notices. La seconde, beaucoup plus sérieuse, est l'abandon d'une tentative qui avait été effectuée dans les précédentes éditions pour intégrer dans l'Annuaire, au moins sous forme de statistiques globales, le phénomène des firmes multinationales. Certes, il convient de ne pas confondre, sous la même étiquette, des organisations scientifiques ou humanitaires avec des sociétés à but lucratif. Mais à l'heure où les gouvernements et l'opinion publique se préoccupent de canaliser ou de contrôler l'action de ce type de firmes, il serait souhaitable de disposer de données statistiques annuelles, qui soient établies avec la même rigueur et la même objectivité que celles qui ont présidé à l'étude des associations à but non lucratif. Peut-être est-ce trop demander à l'Union des Associations internationales, dont les moyens ne sont pas extensibles et dont l'œuvre constitue déjà une contribution de premier plan à la cause de la coopération internationale. Mais il faudra bien que, d'une manière ou de l'autre, ce problème soit un jour résolu.

Tel quel, l'Annuaire de 1974 mérite en tout cas que le public français et, d'une manière plus générale, le public francophone auxquels il est destiné, lui réservent le meilleur et le plus large accueil.