Le bureau pour l'automatisation des bibliothèques. Bilan pour 1971-1972

Anne-Marie Motais De Narbonne

Le Bureau pour l'automatisation des bibliothèques (B.A.B.) a été créé en janvier 1971 avec pour mission d'étudier et d'aider à résoudre les problèmes posés par l'introduction de l'automatisation dans les bibliothèques. L'action du B.A.B. s'est organisée sur la base des trois impératifs suivants : définition concertée d'un plan d'action par l'organisation de stages d'information et de formation des bibliothécaires ; établissement d'un plan cohérent autour de l'étude des grands problèmes bibliothéconomiques définis par les responsables de bibliothèque et portant d'une part sur le catalogage national centralisé et d'autre part sur l'acquisition et la communication des documents ainsi que sur la gestion des périodiques; réalisation de ce plan à l'écoute et à l'image des réalisations étrangères. Parallèlement un groupe d'informaticiens du B.A.B. a conduit une étude sur le matériel informatique nécessaire aux bibliothèques. Enfin les services du B.A.B. sont intervenus dans trois expériences en cours menées pour la création de la Bibliothèque des Halles, l'automatisation du prêt à la Bibliothèque publique de Massy et la mécanisation des services de la Bibliographie de la France à la Bibliothèque nationale.

Le B.A.B., ou Bureau pour l'automatisation des bibliothèques, a été créé en janvier 1971 par le Directeur des bibliothèques et de la lecture publique. Ce bureau a pour mission d'étudier et d'aider à résoudre les problèmes posés par l'introduction, dans les bibliothèques, des méthodes nouvelles de gestion fondées principalement sur l'informatique et les technologies modernes, et de proposer un plan général d'automatisation.

A. - Organisation et méthodes de travail

Le B.A.B. est un service commun de la Direction des bibliothèques bien qu'il soit rattaché à la Bibliothèque nationale dans des locaux situés 4, rue Louvois à Paris.

L'ampleur de la tâche et la diversité de la demande expliquent que ce bureau ait connu, au cours de ses deux premières années d'existence et de mise en place, un développement extrêmement rapide.

L'une des conséquences de cette croissance rapide est la part importante prise par les problèmes d'organisation et de réorganisation interne souvent remises en cause par l'arrivée successive des membres de l'équipe et la répartition des inforticiens entre Paris et Grenoble.

Cette organisation a porté tout aussi bien sur le plan matériel que sur l'étude des schémas de décision, des circuits d'information internes et externes, sur la définition des méthodes d'intervention et des responsabilités du contrôle.

C'est ainsi, par exemple, que pour chaque opération il a été décidé de déléguer les responsabilités à un chef de chantier, après définition précise des objectifs par le directeur du B.A.B. et l'étude des moyens à mettre en œuvre par les personnes concernées. Ce système s'est révélé jusqu'à présent satisfaisant mais il nécessite de fiabiliser la circulation des informations sur les chantiers en cours, de façon à éviter les cloisonnements étanches qui conduiraient à la négation même du travail d'équipe et à une lourdeur administrative paralysante.

Il a semblé nécessaire, par ailleurs, d'exercer un auto-contrôle qui permette de vérifier que les investissements faits en temps de personnel et en dépenses de déplacement, de service ou de matériel ne soient pas disproportionnés par rapport à l'importance de l'opération en cours. Ce contrôle est en train de se mettre en place sous la forme d'une comptabilité analytique du travail par chantier.

B. - Actions du B.A.B.

La mission du B.A.B. est une mission à long terme puisque l'automatisation des bibliothèques est plus un processus en constante évolution qu'une action déterminée dans le temps. Le schéma idéal serait celui qui pourrait insérer les actions locales et particulières dans un programme unique qui conserverait une cohérence nécessaire. C'est pourquoi l'action du B.A.B. s'est organisée, en plus de quelques applications immédiates (notamment l'automatisation de la Bibliographie de la France et celle des nouveaux services de la Bibliothèque des Halles) sur la base des trois impératifs suivants :

a) aboutir à la définition concertée d'un plan d'action cohérent. L'une des premières réalisations concrètes du B.A.B. a donc été un effort de formation et d'information des bibliothécaires désireux de se préparer à l'utilisation des nouveaux moyens;

b) établir ce plan cohérent autour de l'étude des grands problèmes bibliothéconomiques définie par les bibliothécaires, le B.A.B. ayant la possibilité de leur offrir un cadre de travail et la force de réalisation;

c) enfin, établir ce plan en veillant à obtenir la compatibilité de nos réalisations avec les réalisations étrangères, qui sont souvent génératrices de contraintes (les normes bien connues, mais aussi les contraintes technologiques), faute de quoi l'expérience française pourrait certes se développer mais ne resterait pas longtemps viable : l'organisation des bibliothèques a en effet une forte tendance à se développer à l'échelle mondiale, à l'image de tous les circuits d'information actuellement mis en place (médecine, chimie, etc.).

I. - Stages et séminaires

Une des premières tâches du B.A.B. a donc porté sur la préparation du personnel qui devra introduire et utiliser dans les bibliothèques les techniques informatiques. C'est dans ce but qu'ont été organisés trois stages de formation en 197I et 1972.

a) Stage de Grenoble, septembre 197I :

Sur 69 candidatures, le Directeur des bibliothèques en a retenu 30 (13 pour la Bibliothèque nationale, 8 pour les bibliothèques universitaires de province, 3 pour les bibliothèques universitaires de Paris, 4 pour les bibliothèques municipales, 2 pour les bibliothèques centrales de prêt). A ces 30 personnes se joignirent II personnes exerçant des fonctions de bibliothécaire ou documentaliste dans des organismes ne dépendant pas de la Direction des bibliothèques.

Le stage était organisé dans le but d'amener les participants à une pratique de l'analyse fonctionnelle et à une expérience d'un dialogue efficace avec les informaticiens.

Dans cet esprit, les deux premières semaines furent essentiellement consacrées aux méthodes d'analyse avec des travaux pratiques dans une vingtaine de bibliothèques de Grenoble et les deux autres semaines réservées à l'initiation à la programmation, les travaux pratiques étant alors destinés à tester les analyses élaborées et la programmation faite selon ces analyses.

Parallèlement à ces deux pôles essentiels, des informations furent données sur les réalisations actuelles et opérationnelles dans les domaines d'automatisation des bibliothèques et sur les problèmes de la documentation automatique et des tables rondes réunirent les stagiaires, des bibliothécaires et documentalistes ayant déjà acquis une expérience dans le domaine de l'automatisation.

L'organisation du stage de Grenoble 197I fut une très lourde charge pour le B.A.B. et les services grenoblois qui l'assuraient, d'autant plus que le stage était de longue durée, avec un programme chargé et que les stagiaires étaient nombreux. Les rapports de ces derniers, par leurs critiques constructives sur la forme et le fond ont beaucoup aidé à une meilleure connaissance des besoins, de la façon dont ils étaient perçus par les stagiaires et des moyens de les mieux satisfaire.

b) Séminaire de Fontainebleau, juin 1972 :

Préparer l'automatisation d'un secteur est une tâche importante et difficile à laquelle devraient pouvoir faire face les bibliothécaires en fonction, mais décider de l'automatisation de l'ensemble d'une bibliothèque ne peut se faire qu'après une étude longue, délicate, lourde de conséquences. Cette étude préalable est le résultat d'un travail collectif animé, dirigé par le chef d'établissement qui doit prendre la décision finale.

C'est pour répondre à ces préoccupations que le Bureau pour l'automatisation des bibliothèques a organisé un séminaire destiné aux chefs d'établissements, qui s'est tenu du 12 au 16 juin 1972 à Fontainebleau avec le concours du Centre de Calcul de l'École des mines de Paris et dont le compte rendu a été donné dans le Bulletin des Bibliothèques de France  1.

c) Stage de Marseille-Luminy, septembre 1972 :

Le nombre élevé des candidatures au stage de Grenoble et le pourcentage relativement faible de celles qui ont pu être retenues ont montré le besoin d'offrir régulièrement de tels stages. Celui de Marseille-Luminy a été organisé en septembre 1972 avec la collaboration de l'École supérieure d'organisation du travail et des sciences humaines de Marseille-Luminy, pour l'enseignement et les travaux pratiques, et de la Bibliothèque interuniversitaire d'Aix-Marseille, section de Luminy, pour les conditions de séjour.

Sur 74 candidatures, le Directeur des bibliothèques et de la lecture publique en a retenu 32 qui se répartissaient ainsi :

Bibliothèque nationale 14, bibliothèques universitaires de Paris : 7, Bibliothèqu< nationale et universitaire de Strasbourg : I, bibliothèques universitaires de province : 5, bibliothèques municipales : 3, bibliothèques centrales de prêt : I, Direction des bibliothèques et de la lecture publique : I, auxquelles s'était joint ur conservateur de la Bibliothèque nationale de Serbie.

Le but de ce stage était le même que celui de Grenoble; sa durée fut de trois semaines seulement et les méthodes utilisées différentes : elles prirent la forme d'exposés et de travail en groupe.

II. - Analyse des fonctions à automatiser.

L'étude des principaux problèmes bibliothéconomiques, dans la perspective d'une automatisation, ne pouvait être prise en charge par la seule équipe du B.A.B. La méthode suivie pour cet objectif est la suivante : ce ne sont pas, en prin cipe les bibliothécaires du B.A.B. qui réalisent l'analyse fonctionnelle : ceux-ci, en effet, s'ils sont bien des bibliothécaires de formation, ne sont pas des bibliothécaires en fonction : ils n'ont plus le contact direct avec les questions à étudier. Aussi, l'analyse fonctionnelle est-elle confiée à des groupes de travail, comprenant essentiellement des bibliothécaires en fonction, spécialement intéressés par les problèmes à analyser; les bibliothécaires ou informaticiens du B.A.B. jouent, dans ces groupes, les rôles d'animateurs et de rapporteurs.

C'est dans cet esprit qu'a été créé un Comité d'étude pour le catalogage national centralisé dans le cadre duquel fonctionnent plusieurs groupes de travail spécialisée et un Groupe technique pour l'automatisation des bibliothèques, lui aussi structuré en groupes de travail sur des points particuliers.

a) Catalogage national centralisé :

Le Comité d'étude pour le catalogage national centralisé fonctionne depuis février 1972; il est présidé par Mme Honoré, conservateur en chef du département des Entrées à la Bibliothèque nationale et comprend :

Mlle Bossuat (I.P.P.E.C.), Mlle Garrigoux (D.B.L.P.), M. Guichard (B. N. Bibliographie de la France), M. Meyriat (Fondation nationale des sciences politiques, services de documentation), M. Nortier (Service du prêt inter-bibliothèques), M. Pierrot, (B.N., Département des imprimés), M. Boisset (B.A.B.).

Ses travaux devraient aboutir à la proposition d'un système permettant la production et la diffusion de fiches bibliographiques et des catalogues de bibliothèques.

Dans une première étape, la priorité a été donnée à l'étude des problèmes suivants, confiée à des groupes de travail distincts :
- préparation des données statistiques qui permettront de concevoir et d'évaluer le système de distribution des fiches;
- définition précise des produits que devra fournir le futur service : composition des fiches, choix et forme des vedettes, règles de classement pour les bibliothèques publiques et scientifiques;
- calcul du coût actuel du catalogage dans les bibliothèques de France;
- possibilités et problèmes d'exploitation des bandes de données bibliographiques étrangères telles que celles de la « British National Bibliography » ou de la Bibliothèque du Congrès.

D'autres problèmes devront aussi être étudiés dans le cadre du catalogage national centralisé et des groupes de travail devront être mis en place, notamment sur l'indexation et le catalogage rétrospectif.

Toutes les études devant conduire à la création d'un service de catalogage national centralisé sont menées avec le soutien de la Délégation à l'informatique. Grâce à une subvention de cette Délégation, un contrat a été passé par la Bibliothèque nationale avec la Compagnie d'études et de réalisations de cybernétique industrielle, dont la principale tâche est de concevoir un système fiable de production et de distribution des fiches et d'aider le B.A.B. à la préparation d'un dossier appelé Schéma directeur pour l'automatisation des bibliothèques, dans lequel des principes seront proposés à la Direction des bibliothèques et de la lecture publique pour l'automatisation progressive des différentes bibliothèques relevant de son autorité.

En ce qui concerne le système de production et de distribution des fiches, ce travail est sur le point d'être terminé. Le fonctionnement presque totalement automatique de ce service sera présenté ultérieurement dans ce bulletin.

On ne peut dissocier les produits du Catalogage national centralisé de l'automatisation des catalogues collectifs. Le Bibliothèque nationale a reçu, pour l'étude préliminaire de cette automatisation, une subvention de la Délégation à la recherche scientifique et technique. Cette étude devrait être terminée pour le 3I mars 1973. Les conclusions en seront présentées ultérieurement dans ce bulletin.

b) Groupe technique pour l'automatisation des bibliothèques :

Le Groupe technique pour l'automatisation des bibliothèques a été créé pour l'analyse des fonctions bibliothéconomiques dans la perspective de leur automatisation. L'objectif de ce groupe est de parvenir à la définition des procédures normalisées qui pourraient convenir à toutes les bibliothèques. Ainsi, les programmes informatiques réalisés formeraient un catalogue de modules, dans lequel pourraient puiser les bibliothèques. Les avantages d'un tel processus sont les suivants :
- cohérence des systèmes locaux;
- possibilité de coordination du travail;
- échanges possibles de données et de résultats;
- et surtout, garantie sur la maintenance et l'évolution ultérieure de leur programmation.

Le Groupe technique a été divisé en trois groupes de travail :
- Groupe de travail pour l'acquisition des documents;
- Groupe de travail pour la gestion des périodiques;
- Groupe de travail pour la communication.

I. - Groupe de travail sur les acquisitions.

Il a été décidé que le Groupe de travail sur les acquisitions mènerait son étude sur la base du fonctionnement automatisé des acquisitions à la Bibliothèque des Halles. En effet, les délais impartis à cette bibliothèque ne permettaient pas d'aboutir, comme dans les autres domaines, à une analyse et à une programmation communes à l'ensemble des bibliothèques. Mais il semblait qu'il y aurait une duplication inutile des efforts si cette analyse du problème d'ensemble était menée indépendamment de l'analyse faite pour la Bibliothèque des Halles. Cette analyse, peut-être particulière, mais en tout cas complète puisqu'elle aboutit à un système opérationnel, doit donc servir de point de départ aux travaux du futur groupe.

La chaîne d'acquisitions de la Bibliothèque des Halles étant maintenant mise en exploitation, il est prévu de réunir le Groupe de travail sur les acquisitions au cours du premier trimestre 1973 afin qu'il définisse ses méthodes et son planning pour l'année 1973.

2. Groupe de travail pour la gestion des périodiques.

Le Groupe de travail pour la gestion des périodiques a commencé ses travaux au début de l'année 1972. Après une étude comparée des différents systèmes décrits dans des articles et une discussion sur les conclusions du rapport ERIC (Educational Ressources Information Center), il a été décidé de faire une analyse complète du problème et les participants se sont entendus sur la liste des II modules suivants : sélection et contrôle avant acquisition; commande; réabonnement; comptabilité (y compris la comptabilité prévisionnelle); bulletinage; distribution et circulation; contrôles; réclamations; reliure, conservation, microfilmage; statistiques; communications. Les problèmes de catalogage devront être traités par le Comité d'étude pour le catalogage national centralisé, la liaison étant assurée par l'appartenance de certains membres aux deux groupes de travail.

Une répartition du travail de l'analyse de ces modules a été faite entre différentes personnes ou organismes participants et une méthode de travail a été choisie pour que le rassemblement des analyses de chaque module puisse conduire sans difficultés insurmontables à une analyse de l'ensemble du problème des périodiques. Il a été spécifié en outre que ces analyses ne porteraient pas sur la manière dont fonctionne actuellement tel ou tel service, mais sur le système idéal de fonctionnement des modules en tenant compte des analyses déjà connues et des observations qui ont pu déjà être formulées à leur sujet. Le but de ces recommandations est que le fonctionnement envisagé tienne compte, dans la mesure du possible, de toutes les variétés de gestion des périodiques. Le plan de travail prévoit aussi des études sur les problèmes suivants : définition des informations utiles à la gestion, volume d'information à traiter, fréquence des opérations, processus de fonctionnement d'un service futur.

Une fois ces analyses faites, elles sont mises en forme par le B.A.B. pour obtenir la cohérence souhaitable entre les différents travaux et distribuées ensuite à chaque membre du groupe, pour étude et critique, afin d'aboutir, dans la mesure du possible, à des spécifications et des procédures répondant aux problèmes des participants.

En raison de l'importance du travail demandé, la réalisation du document de synthèse des différentes analyses modulaires a été décalée par rapport au planning initialement prévu mais il semble possible qu'il soit distribué aux membres du groupe et discuté lors d'une réunion de travail qui pourrait se tenir au cours du premier trimestre 1973, permettant également de déterminer le planning de 1973.

3. Groupe de travail pour la communication des documents.

Le Groupe de travail pour la communication des documents a lui aussi commencé ses travaux au printemps 1972 par une étude des systèmes existants, étude directe lorsque la chose était possible ou étude de la littérature publiée sur ces sujets. A la suite de cette enquête, partagée entre les différents membres du groupe, il a été décidé que l'étude se ferait sur la base des expériences en cours dans les bibliothèques de Massy et Antony, en se référant aussi aux réalisations de Southampton, Berlin, Columbus (Ohio College Library Center).

Il est apparu que dans une première étape la subdivision du problème général en problèmes particuliers ne pouvait être faite, comme dans le cas des périodiques, d'une façon purement séquentielle, celle d'une chaîne de travail par exemple. L'éventail des possibilités techniques, au niveau en particulier de la saisie des données, fait que les problèmes de la communication peuvent être très différents d'une bibliothèque à l'autre. Il a été plutôt décidé de faire des analyses particulières selon chaque type et d'établir ensuite, à partir de ces analyses, un système qui permette de satisfaire toutes les exigences ainsi définies; c'est ainsi qu'il a été demandé aux membres du groupe de préparer des analyses sur le problème de la communication dans une grande bibliothèque municipale, dans une bibliothèque de lecture publique, dans une bibliothèque universitaire, en tenant compte des différences pouvant exister selon les disciplines, le B.A.B. se chargeant pour sa part de la rédaction du document de synthèse ainsi que d'une étude sur les principaux systèmes de saisie de données.

Ces documents seront présentés au cours d'une journée d'étude sur la communication qui aura lieu à Massy au début de l'année 1973.

Au moment où ces différents groupes de travail se sont constitués, il a été décidé de les ouvrir à toute personne désirant collaborer pourvu qu'il s'agisse d'une participation effective à l'élaboration des analyses, condition indispensable d'un travail efficace. Pour les mêmes raisons d'efficacité, il n'était pourtant pas envisageable de faire participer toutes les bibliothèques à cette première étape du travail. Par contre, une fois constitués par les différents groupes qui y auront travaillé, les dossiers d'analyse seront soumis au Directeur des bibliothèques qui pourra éventuellement les proposer aux commentaires de l'ensemble des intéressés. Ce n'est que dans un stade ultérieur que l'écriture des programmes selon ces analyses pourra être commencée.

Les programmes écrits et testés, le travail du groupe technique pour l'automatisation des bibliothèques ne sera pas achevé pour autant. Il devra alors assurer la maintenance des analyses tout aussi nécessaire que la maintenance des programmes au niveau des informaticiens. Pour le faire efficacement, les contacts avec les utilisateurs devront être nombreux et constants. Il s'agira en particulier de tenir à jour l'inventaire des problèmes posés et des modifications demandées, d'étudier la cohérence et les répercussions possibles de telles modifications et de préparer aussi les versions successives des analyses correspondant aux versions successives des programmes.

III. - Matériel et problèmes informatiques.

Parallèlement aux travaux des groupes spécialisés du Groupe technique pour l'automatisation des bibliothèques qui comprennent au moins un informaticien parmi leurs membres, un groupe d'informaticiens du B.A.B. a conduit une étude sur le matériel informatique nécessaire à l'automatisation des fonctions bibliothéconomiques ainsi définies.

Dans la perspective future d'un ordinateur spécialisé dans les problèmes des bibliothèques et de la documentation, auquel serait connecté l'ensemble des bibliothèques de France et qu'il reste encore à définir techniquement, les premiers matériels actuellement nécessaires apparaîtront comme des ordinateurs satellites et doivent donc être étudiés en fonction de cette possibilité d'avenir.

Une première série de consultations auprès de quelques constructeurs (mars, juillet, septembre 1971) a permis de mieux connaître les points clés du problème technique, compte tenu du volume des données à saisir, de la nature des traitements (mise à jour, interrogation de fichiers, édition de listes), des possibilités de correction; l'étude des premières propositions a permis la rédaction d'un cahier des charges précis pour lancer un appel d'offres.

L'analyse détaillée des propositions faites en réponse à l'appel d'offres a été menée parallèlement à la recherche et à l'étude des organes périphériques actuellement disponibles et susceptibles de convenir à nos problèmes particuliers : écrans cathodiques, imprimantes et claviers disposant des caractères minuscules, dispositifs pour microfilm, appareils de saisie.

Toute cette étude a été longue et difficile, compliquée de deux façons : les remaniements que les constructeurs avaient tendance à faire sur leurs propositions initiales, compte tenu de l'importance du marché, et la difficulté d'obtenir des documents ou à défaut des informations sur le software de base des ordinateurs proposés. Les conclusions de cette étude n'ont pu être présentées que le 20 mars 1972 à la Commission des Équipements du Ministère de l'Éducation nationale, laquelle a alors approuvé le choix d'un ordinateur C.I.I. du type MITRA 15, l'un des plus récents sur le marché.

Ce n'est qu'à cette date qu'a pu être établie la proposition de marché; elle a été soumise au visa du groupe spécialisé du ministère des Finances qui l'a accordé; aussi le premier ordinateur au service des bibliothèques devrait être implanté au début de l'année 1973 à la Bibliothèque nationale et la partie officielle de la Bibliographie de la France devrait pouvoir paraître dans sa forme imprimée et sous forme d'enregistrement magnétique dans les meilleurs délais.

C. - Actions et réalisations particulières

Sans attendre que fût définie une politique générale pour l'automatisation des bibliothèques, le B.A.B. a dû intervenir dans trois opérations en cours :
- la création de la Bibliothèque des Halles,
- l'automatisation du prêt à la Bibliothèque publique de Massy,
- la mécanisation de la Bibliographie de la France.

I. - La Bibliothèque des Halles 1.

Le concours du B.A.B. à l'automatisation de la Bibliothèque des Halles s'est appliqué aux processus d'acquisition et aux essais de recherche documentaire.

a) Acquisitions :

Au moment où la bibliothèque des Halles a commencé l'étude de l'organisation de ses services pour l'acquisition des 500 ooo ouvrages qui constitueront son fonds à la date de l'ouverture, le B.A.B. n'avait pas encore son équipe d'informaticiens. Aussi a-t-il confié la charge de l'automatisation des acquisitions aux informaticiens de l'École nationale supérieure des mines de Paris. Ces travaux ont été plus longs que prévus. A l'heure actuelle, les commandes d'ouvrages, leur réception (vérification des factures, attribution d'un numéro d'inventaire, comptabilité), leur catalogage sont réalisés automatiquement.

b) Essais de recherche documentaire :

Dans le cadre d'une convention avec la Délégation à l'informatique, un contrat a été traité par le B.A.B. avec l'Institut de recherche en économie et planification de Grenoble en vue de mettre au point un prototype de système documentaire à l'usage des bibliothèques. Ce système repose sur l'analyse qui avait été faite par l'équipe de la Bibliothèque des Halles et qui prend pour base l'utilisation des indices C.D.U.

Après la fin du contrat, en avril 1972, le B.A.B. a vu son équipe renforcée par l'arrivée des informaticiens de Grenoble, ceux-là mêmes qui avaient animé les travaux de mise au point du prototype. Ils ont poursuivi les efforts de programmation dans le but de mettre en fonctionnement à la Bibliothèque des Halles une partie de cette chaîne de programmes.

Cette partie concerne la création d'un thesaurus C.D.U. dans lequel sont consignées les équivalences entre les indices et les termes du vocabulaire naturel. La Bibliothèque des Halles pourra disposer de ces programmes au début de 1973.

II. - Prêt automatisé à la Bibliothèque publique de Massy.

La Bibliothèque publique de Massy, ouverte au début de l'année 1971, fonctionne avec un service de prêt automatisé. La saisie des informations se fait à la bibliothèque elle-même et le traitement informatique des données s'est fait successivement à l'Institut de recherche en informatique appliquée puis au Centre de calcul de l'École nationale supérieure des mines de Paris selon des programmes établis et testés à l'I.R.I.A.

Le B.A.B. apporte depuis peu son assistance technique à la Bibliothèque publique de Massy et tout récemment l'aide de ses informaticiens pour résoudre les problèmes de programmation dus au changement de centre de traitement.

Parallèlement, l'analyse faite à Massy du problème du prêt dans une bibliothèque publique ainsi que celle faite à Antony, ont servi de base de départ aux travaux du Groupe sur la communication des documents.

III. - Bibliographie de la France.

Depuis plus de cent ans, la Bibliographie de la France paraît régulièrement. Elle est l'œuvre commune de la Bibliothèque nationale qui fournit pour la Partie officielle les notices bibliographiques des livres reçus par dépôt légal et du Cercle de la librairie responsable des parties Chronique et Annonces qui assure l'édition de l'ensemble

Cette répartition du travail entre les deux établissements ne sera pas modifiée par l'automatisation mais la Bibliothèque nationale fournira alors les notices sur support magnétique et le Cercle de la librairie éditera le bulletin à partir de cette bande.

Si la Bibliographie de la France est encore fabriquée de la façon traditionnelle, la Bibliothèque nationale produit dès maintenant la bande magnétique des notices bibliographiques des livres français. Un service nouvellement créé fonctionne normalement depuis plusieurs mois et transforme les notices fournies par les services de catalogage traditionnel de façon à les rendre lisibles en machine. Pour cette réalisation le B.A.B. utilise les programmes mis au point par des informaticiens de Grenoble sous la responsabilité de M. Chauveinc 2, conservateur à la Bibliothèque interuniversitaire de Grenoble - section Sciences.

Le système a été mis en place à la Bibliothèque nationale avec l'aide du Centre de calcul de l'École nationale supérieure des mines où tous les traitements sont effectués pour le moment.

Le Cercle de la librairie a la responsabilité de la préparation des programmes qui permettront l'édition des notices bibliographiques et leur classement. Il en a confié la responsabilité de réalisation à l'École nationale supérieure des mines sur la base des analyses faites par la Bibliothèque nationale:

Les premiers résultats de photocomposition seront présentés au début de février 1973. L'ensemble de la chaîne de production automatique de la Bibliographie de la France en est donc au stade des tests de vérification.

Il reste maintenant à amener les services catalographiques de la Bibliographie de la France à la Bibliothèque nationale à entrer directement les informations bibliographiques sur support informatique, cette automatisation devant réduire les délais de production de trois mois à trois semaines en moyenne. L'opération est à présent en cours et, si l'ordinateur de la Bibliothèque nationale est mis en place dans les délais voulus, on peut raisonnablement estimer qu'elle sera terminée avant le Ier janvier 1974.

La bande hebdomadaire de la Bibliographie de la France servira en outre, d'une part à l'échange bibliographique international, d'autre part, à la production des fiches distribuées par le Catalogue national centralisé.

Le bilan du B.A.B. pour 197I et 1972 est déjà éloquent. L'importance des moyens mis en œuvre devrait permettre au cours des années suivantes - et dès 1973 - la réalisation progressive d'un service français de catalogage national centralisé.