Association des bibliothécaires français
Journées d'étude des bibliothécaires de la région d'Aquitaine-Languedoc
Les journées d'étude des bibliothécaires de la région d'Aquitaine-Languedoc, qui groupe les trois ressorts académiques de Bordeaux, Montpellier et Toulouse, ont eu lieu à Narbonne, les 4 et 5 juin 1966. M. l'Inspecteur général Caillet avait accepté de présider ces journées; M. Pitangue, conservateur en chef de la Bibliothèque universitaire de Montpellier, et M. Bertrand, bibliothécaire de la ville de Narbonne, en avaient assuré l'organisation. Une cinquantaine de participants appartenant aux différents types de bibliothèques se réunirent donc dans la salle des consuls de l'Hôtel de ville (ancien palais des archevêques) et, sur l'invitation de M. Pitangue, décidèrent de se constituer en association d'étude, sous le régime de la loi de 190I.
L'après-midi de cette première journée fut consacré à une large discussion dont le point de départ devait être le rapport présenté par M. Monteil, bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire de Montpellier, intitulé La coopération des bibliothèques. Après avoir évoqué quelques exemples fructueux d'assistance fournie à de petites bibliothèques par la bibliothèque municipale du chef-lieu, et la coopération entre bibliothèques universitaires, bibliothèques municipales et bibliothèques centrales de prêt, M. Monteil souhaita que fussent mieux définis le rôle et les attributions de chaque bibliothèque dans une aire géographique donnée.
Il fut alors amené à poser le problème de la coopération dans les acquisitions et la répartitition des achats spécialisés - à propos duquel se trouva naturellement évoqué le système de la « Deutsche Forschungsgemeinschaft » - et celui de la coopération par l'intermédiaire du prêt inter-bibliothèques et de l'information bibliographique.
Chacun des points évoqués dans ce rapport fut repris lors de la discussion. La difficulté de délimiter strictement les tâches des bibliothèques universitaires et des bibliothèques municipales se fit jour lorsque Mlle Arduin, conservateur en chef de la Bibliothèque universitaire de Toulouse, souligna que, de plus en plus, les étudiants demandent, à la bibliothèque municipale de leur lieu de résidence, des usuels qui se trouvent, par ailleurs, à la bibliothèque universitaire. Inversement, les étudiants résidant dans les « campus universitaires » ont tendance à souhaiter la création, à la bibliothèque universitaire, d'un « fonds de délassement »; des expériences sont en cours sur ce point dans certaines bibliothèques universitaires nouvelles. Si l'on pense, d'autre part, à organiser une collaboration entre les bibliothèques universitaires et les bibliothèques centrales de prêt, par exemple, comme l'expérience en fut tentée à Toulouse où les deux bâtiments sont voisins, on peut craindre une dispersion des crédits qui serait préjudiciable aux utilisateurs « prioritaires ». En réalité, l'insuffisance du personnel et des crédits est la seule entrave à une coopération efficace entre les bibliothèques universitaires, les bibliothèques municipales et les bibliothèques centrales de prêt.
L'échange des informations appela des suggestions qui, sur la demande de M. Caillet, feront l'objet d'études plus appronfondies. Ainsi Mme Bouyssi, conservateur en chef de la Bibliothèque municipale de Toulouse, examinera-t-elle les possibilités de diffusion des nouvelles acquisitions par fiches multigraphiées, cependant que M. Desgraves, conservateur de la Bibliothèque municipale de Bordeaux, envisagera une sorte de mise à jour régionale du Répertoire des bibliothèques. Mme Bouyssi et M. Pitangue, de leur côté, étudieront dans quelle mesure chaque bibliothèque universitaire pourrait devenir un centre de documentation régional. Il suffirait pour cela d'envoyer aux bibliothèques municipales les listes d'acquisitions qu'à Montpellier, par exemple, la bibliothèque universitaire diffuse auprès des professeurs, et de leur procurer également, si elles le désirent, les photocopies des sommaires de revues. Quant au prêt inter-bibliothèques, il se trouverait grandement amélioré, si, comme le proposa M. Caillet, chaque bibliothèque universitaire pouvait associer spécialisation et information en réunissant, sur un sujet donné, les fiches d'acquisitions des autres bibliothèques aux siennes propres.
Pour ce qui est de l'usage du Télex, dont M. Monteil avait souligné, dans son rapport, tout l'intérêt, M. Caillet rappela qu'il fait actuellement l'objet d'une étude au Service technique de la Direction des bibliothèques.
Diverses questions furent ensuite abordées, dont plusieurs se rapportaient à la reproduction des documents dont on souhaiterait qu'elle se substituât le plus possible au prêt des originaux. A propos de la restauration des fonds anciens, il fut rappelé que, seul avec celui de la Bibliothèque nationale, l'atelier de la Bibliothèque municipale de Toulouse est à même de suivre une politique de restauration au service des bibliothèques du Midi. A partir de 1967 cet atelier sera à jour et pourra accepter d'autres travaux. M. Caillet signala de son côté qu'un projet d'étuve mobile est à l'étude à la Bibliothèque nationale. Cette étuve pouvant contenir 400 à 500 volumes de format moyen, circulerait dans toute la France et pourrait ainsi traiter les livres sur place. Il rappela également la mise au point, par le Centre de recherches sur la protection des documents graphiques, d'une cire anti-champignons et anti-insectes fournie par le CNRS 1.
A 20 h, un dîner-débat réunit, avec les bibliothécaires, plusieurs personnalités de la ville et de la région. Le thème en était le plan d'aménagement touristique de la région littorale Languedoc-Roussillon, dans lequel on entend faire une place aux bibliothèques. De l'exposé de M. Bonnaud, urbaniste en chef, directeur de la Mission Racine, M. Pitangue retint surtout le projet d'implanter des bibliothèques dans les centres culturels à construire, que ce soit à la Grande Motte (Hérault), à Leucate (Aude) ou à Barcarès (Pyrénées-orientales). M. Poindron, inspecteur général des bibliothèques, adjoint au directeur des bibliothèques et de la lecture publique - venu, de Perpignan, rejoindre les participants - put assurer les personnalités présentes de la participation active de la Direction des bibliothèques.
Cette discussion devait d'ailleurs se poursuivre le lendemain 5 juin, sur le terrain même, à Leucate, où M. Bonnaud, plans en mains devant les chantiers déjà engagés, expliqua ce que devait être particulièrement cette station. Un déjeûner fournit l'occasion au maire de cette ville, M. Vals, également conseiller général, d'exposer ses projets et d'adresser un appel souriant aux représentants de la Direction des bibliothèques.
Les bibliothécaires se séparèrent bientôt après, se donnant rendez-vous au printemps de 1967, à Pau, où les questions de relations et de coopération entre bibliothèques seront à nouveau évoquées dans la discussion des rapports décidés au cours de la séance de travail du samedi après-midi.