L'atelier photographique de la Bibliothèque universitaire de Nancy

René Nouat

Mis en service en février 1960, l'atelier photographique de la Bibliothèque universitaire de Nancy s'est perfectionné peu à peu afin de répondre au maximum aux demandes des usagers. Exposé des services demandés. Description des différentes salles de l'atelier et des appareils qui y fonctionnent (prises de vues de microfilms, agrandisseurs, tireuses par contact, développeuses, laveurs d'épreuves...)

Cet atelier fonctionne très régulièrement depuis février 1960. Tout d'abord, il s'agissait d'un simple service en mesure de fournir des microfilms d'articles ou d'extraits d'ouvrages à des lecteurs ou à des institutions universitaires, mais, très vite, ce service muni seulement à l'origine d'une caméra Debrie « Microstyle » et d'un petit agrandisseur Rob a été dans la nécessité de se transformer pour répondre à d'autres exigences.

Le matériel a été acquis peu à peu en évitant avec le soin le plus extrême les doubles emplois. Chaque appareil a une fonction bien déterminée et ne demeure jamais inutilisé pendant une longue période. La méthode qui a présidé au développement de cet atelier a été essentiellement empirique, il fallait rendre service au maximum d'usagers en correspondant chaque année de mieux en mieux à leurs besoins les plus divers.

Par besoins les plus divers, il faut entendre :
- microfilms d'articles de revues introuvables ou d'ouvrages rares que la Bibliothèque universitaire emprunte à une autre bibliothèque;
- reproduction soignée de manuscrits anciens de la Bibliothèque municipale ou des Archives;
- reproduction très fidèle de cartes géographiques ou historiques et agrandissement aux formats les plus divers de telle ou telle partie de ces mêmes cartes;
- reproduction sur papier photographique des différents types d'illustrations contenues dans les livres;
- composition de planches illustrées destinées à compléter les thèses de médecine ou de sciences à partir des négatifs fournis par l'auteur;
- reproduction de graphiques ou diagrammes sur diapositives noir et blanc;
- confection des diapositives couleurs spécialement en vue d'illustrer les cours d'histoire de l'art ou de la civilisation;
- reproduction sur papier recto-verso de certains fascicules de revues anciennes, de tables des matières, de pages de titre en vue de compléter un volume de périodique avant de l'envoyer à la reliure.

Tous ces travaux sont effectués dans un atelier d'environ 60 m2 dont les pièces sont disposées tout en longueur, ce qui a permis une ventilation suffisante par un système d'auvents ménagés dans les cloisons. Un aérateur qui donne sur un large passage complète ce dispositif.

Les murs sont peints en couleur claire (vert) et les pièces de développement sont carrelées jusqu'à une bonne hauteur. La tuyauterie d'alimentation est en cuivre et celle d'évacuation en plastique, l'écoulement d'eau au sol, n'a pas semblé nécessaire puisque chaque installation a un conduit d'écoulement.

Un chauffe-eau au gaz installé sur évier donne toute l'eau chaude destinée à la préparation des bains. Ces mêmes bains sont réchauffés par un chauffe-eau à accumulation. Un second appareil de même type est indispensable pour le développement des films en couleurs pratiqué dans une petite pièce annexe.

L'installation électrique dans un atelier de ce genre doit présenter de sérieuses garanties : pas de fils apparents ou de prises volantes de courant, une prise de terre pour chaque appareil et de très nombreux fusibles. La puissance a été calculée largement en fonction du matériel installé et en prévoyant le branchement possible d'autres appareils. Le courant force est au tableau et toute l'installation repose sur deux lignes dont l'une alimente les appareils optiques et l'autre la glaceuse, la sécheuse, ainsi que les chauffe-eau.

Le morcellement voulu de l'ensemble de l'atelier pourrait permettre à plusieurs opérateurs de travailler à des tâches différentes. Pour l'heure, nous disposons d'un seul opérateur polyvalent muni de son C. A. P. d'ouvrier photographe 1 aidé par un jeune apprenti.

L'atelier comprend une salle de prise de vues, une salle des agrandisseurs, des laboratoires avec annexes.

Salle de prise de vues.

Cette salle a été réduite parce que nous avons organisé à sa suite une autre salle dite des agrandisseurs. Les deux salles réunies disposent de 22 m2 de surface et les plafonds sont très élevés (plus de trois mètres).

L'appareil essentiel est la caméra Debrie « Microstyle » type « B 120 » pour films 35 mm à double perforation. Les rapports de réduction vont de 1/3 à I/25. Le déclenchement est manuel mais comme ce type de déclenchement provoque à la longue une fatigue de l'opérateur, un dispositif spécial a été adapté sur la machine permettant de rendre le déclenchement automatique. Le temps de pose est variable; en outre, on dispose d'un survolteur-dévolteur installé sur un pupitre de commande, cet instrument assure une légère variation de l'éclairage.

Un jeu de filtres colorés est éventuellement utilisé suivant la nature du document à microfilmer : parchemin, papier à fond coloré ou de lecture difficile; de même, différents films sont employés en fonction de la reproduction désirée : film orthochromatique ou panchromatique, plus X, ektachrome.

Comme chacun sait, le porte-documents est indispensable pour accomplir un travail soigné et rapide. Par chance, l'atelier a pu se procurer hors commerce un porte-documents mobile monté sur rail, d'un format d'environ 50 × 80 cm. Naturellement, le mobilier de cette pièce est complété par la non moins indispensable armoire de sûreté.

La salle de prise de vues, de même que la salle suivante, comporte un éclairage normal et un éclairage spécial donné par des lanternes munies de filtres colorés (vert et rouge).

Salle des agrandisseurs.

L'atelier dispose de trois agrandisseurs, chacun ayant sa fonction bien déterminée. Cette salle contient encore trois types de tireuses par contact qui complètent l'équipement général.

L'agrandisseur Rob à éclairage ponctuel qui avait été acheté aux premiers temps de l'atelier s'est révélé très vite insuffisant bien qu'il serve encore fréquemment pour les petits agrandissements au trait de microfilms négatifs, ces agrandissements ne dépassant pas le format 21 X 27 cm.

Au delà de ce format, la netteté du travail obtenu est insuffisante. L'agrandisseur Reinhel également à éclairage ponctuel est nécessaire pour les dimensions supérieures, il peut à l'occasion réaliser des agrandissements géants de 2 m sur 1 m en utilisant de préférence dans ce cas un négatif 4,5 X 4,5 cm ou 6 × 6 cm (cas des cartes géographiques, graphiques et plans destinés à l'affichage agrandies à une échelle inférieure à celle de l'original).

Cet excellent appareil fournit seulement des reproductions au trait, c'est pourquoi il nous a paru utile de le compléter par un autre agrandisseur : l'Ampliator Color S qui permet tous travaux (trait, demi-teintes, couleurs) à partir de négatifs allant du microfilm 24 × 36 mm aux plan-films 9 X 12 cm, 10 × 12,5 cm, 13. X 18 cm. L'Ampliator Color S a trois sources d'éclairage : ponctuel, opale, électronique. Sa tourelle pourvue de trois objectifs de focales différentes permet à tout le système focal de pivoter sur son axe aux fins d'obtenir des agrandissements sur une surface verticale lorsque le rapport demandé dépasse les possibilités de l'appareil sur le plateau horizontal. L'Ampliator fonctionne également comme appareil de prises de vues et par une inversion des opérations réalise des plan-films, ces plan-films qui sont absolument indispensables si l'on désire des reproductions de grande finesse.

Plusieurs tireuses par contact donnent la possibilité de réaliser des travaux plus particuliers et de donner ainsi satisfaction aux demandes les plus délicates.

La tireuse « Colorcontact » d'un fonctionnement très simple est employée pour obtenir les diapositives noir et blanc ou des contre-types 24 × 36 mm.

Une autre tireuse fabriquée par Priox permet d'effectuer dans les meilleures conditions tous les contre-types ou tirages contact sur papier ou film, les formats pouvant aller jusqu'au 13 × 18 cm. De maniement assez simple, la tireuse Priox exige de l'opérateur une longue habitude si ce dernier veut d'excellents résultats.

Le service photographique de la Bibliothèque universitaire de Nancy s'est procuré deux autres appareils qu'il utilise dans des buts particuliers : la tireuse-développeuse Photorapid (Combi-livre A 2) et la développeuse Exacop Lumière.

L'appareil Photorapid (procédé inversion-transfert) n'est utilisé à la bibliothèque que comme tireuse (une boîte à lumière et un couvercle presseur) à partir de documents en feuilles. Il sert principalement à reproduire par contact des cartes géographiques en noir et blanc ou en couleurs et aucun procédé en service à l'atelier n'est capable de les restituer avec autant de fidélité. Dans ce cas le négatif est établi par contact sur un film très sensible (développement photographique traditionnel). Le format maximum est le format 50 × 75 cm. Suivant le nombre d'épreuves sur papier nécessaire on tire celles-ci soit directement sur papier photographique (pour une ou deux copies et lorsqu'on souhaite notamment que l'original soit restitué avec la plus grande précision), soit indirectement sur papier diazo par l'intermédiaire d'un positif sur film (pour plusieurs copies, le tirage diazo est fait en dehors de l'atelier, celui-ci ne disposant pas de tireuses diazo).

La développeuse Exacop lumière (procédé à développement accéléré) apporte un complément à la tireuse Photorapid. Cet appareil d'un format maximum de 42 cm de largeur est destiné au développement ultra rapide des tirages par contact et des agrandissements de microfilms. Pour les tirages par contact la boîte à lumière de la Photorapid est utilisée avec un papier Exacopy, papier également employé pour les agrandissements microfilms. Le négatif est développé en quelques secondes dans la développeuse Exacop lumière. L'opération est renouvelée en partant du négatif comme original et on obtient un positif lisible directement. Le négatif de l'Exacop est archivable contrairement à celui de la Photorapid et c'est la raison pour laquelle l'appareil Photorapid n'est pas utilisé comme développeuse dans notre atelier.

Cet appareil économique, puisque quelques centimètres cubes de révélateur et de stabilisateur suffisent pour le traitement de 125 tirages 21 X 27 cm, offre encore la possibilité d'exécuter des tirages sur film.

Laboratoires de développement.

Il s'agit en réalité d'une seule grande salle répartie en trois laboratoires dont le plus grand donne sur un passage très aéré. Cette disposition peut permettre à deux opérateurs de travailler aisément.

Le laboratoire pour le développement des films 24 X 36 mm est muni essentiellement d'un appareil aussi simple que pratique : la développeuse Arhuero. Elle se compose d'un tambour (capacité maximum de 30 m) tournant autour de son axe dans la cuve de développement. A chaque instant l'opérateur peut surveiller le développement du film et interrompre l'opération au moment voulu, contrairement aux cuves hermétiques où tout se déroule sans contrôle véritable. Le fixage et le lavage se font simultanément dans la même cuve, le film est ensuite bobiné sur un cylindre placé au-dessus de la développeuse; il est essoré et séché dans un air ambiant chaud.

L'atelier photographique possède encore deux chambres noires : l'une destinée au développement des papiers allant jusqu'au format 30 × 4° cm, l'autre réservée au traitement des agrandissements géants. Une installation pratique de réchauffage des bains a été réalisée sous les cinq cuves habituelles au moyen d'un courant d'eau chaude qui, en quelques instants, porte ces bains à leur température d'utilisation.

Le lavage des épreuves s'effectue dans le laveur Deville, appareil ingénieux muni de nombreux jets d'eau circulaires qui entraînent les épreuves sans les détériorer. Ce laveur rince en une heure 100 épreuves 2I X 27 cm ou 200 épreuves 13 X 18 cm.

Annexes des laboratoires.

L'une des annexes est réservée au séchage et glaçage, l'autre au développement des diapositives couleurs. La sécheuse Gerster est robuste et permet de sécher à cadence rapide tous les papiers de surface mate à une seule face émulsionnée ou les papiers recto-verso à deux faces émulsionnées. La glaceuse Viva Sprint rend les services demandés mais le rendement est faible et le glaçage est satisfaisant à condition d'utiliser un agent mouillant dans l'eau de lavage.

Ces deux appareils (sécheuse et glaceuse) occupent la première annexe, la seconde plus réduite et obscure convient au développement des diapositives couleurs obtenues avec la caméra Debrie à temps de pose variables. Un chauffe-eau à accumulation fournit l'eau chaude nécessaire, la cuve de développement peut contenir huit films 24 X 36 mm de 22 diapositives (176 au total).

Il convient de souligner qu'un opérateur peu expérimenté ne saurait réaliser de bonnes diapositives couleurs. Ce travail est délicat et bien des difficultés doivent être surmontées avant d'obtenir la diapositive parfaite qui sera livrée sous cache plastique.

L'atelier photographique de la Bibliothèque universitaire, après trois ans d'existence, donne satisfaction aux professeurs et étudiants de toutes les facultés de Nancy sans négliger pour autant le travail répondant aux besoins des deux grandes bibliothèques de Nancy (la Bibliothèque municipale et la Bibliothèque universitaire).

Illustration
Plan

  1. (retour)↑  Mr Jean Maure qui a contribué très largement à la rédaction de cet article.