Système d'acquisition des bibliothèques du Danemark
Dès 1848 on envisage de répartir les acquisitions entre les deux principales bibliothèques de Copenhague : Bibliothèque Royale, Bibliothèque universitaire. Décision en 1924 d'étendre ce système de coopération aux bibliothèques spécialisées déjà existantes désormais chargées d'acquérir les ouvrages concernant leur spécialités. Liste de répartition des différentes sciences. Difficultés causées par l'éparpillement des fonds résolues par une étroite coopération entre les bibliothèques
Le système d'acquisition des bibliothèques de Copenhague n'est pas le résultat d'un plan dressé une fois pour toutes, mais d'une évolution progressive. Certes le premier projet d'une coordination des acquisitions de la Bibliothèque royale et de la Bibliothèque universitaire fut déjà envisagé en 1848, mais sans conséquence immédiate; d'après ce projet, la Bibliothèque royale se spécialiserait dans les humanités et la Bibliothèque universitaire dans les sciences. Jusqu'alors les deux bibliothèques avaient évolué indépendamment l'une de l'autre, la Bibliothèque royale étant en principe la propriété privée du roi - ouverte cependant au public depuis 1793 -, la bibliothèque universitaire dépendant des autorités universitaires. Après la Constitution de 1849, les deux bibliothèques dépendaient du ministère du Culte et de l'Instruction (aujourd'hui le ministère est divisé en trois : le ministère du Culte, le ministère de l'Instruction et - depuis l'année dernière - le ministère des Affaires culturelles. Il faut ajouter que la bibliothèque universitaire, depuis 1930, est indépendante de l'administration de l'Université, mais forme un tout administratif avec la Bibliothèque royale sous la direction, depuis 1943, d'un administrateur général qui dépend directement du ministère).
Bien que le programme de 1848 n'ait pas été aussitôt réalisé, les tendances qui s'y exprimaient se manifestèrent dans les années suivantes de plus en plus clairement. Une coopération de fait, dans le sens indiqué, aboutit, en 1918, à l'échange du fonds entier de médecine étrangère de la Bibliothèque royale contre les collections de jurisprudence étrangère de la Bibliothèque universitaire; une contribution décisive fut l'acquisition par la Bibliothèque universitaire, en 1867, de la bibliothèque Classen, une collection dominée surtout par les sciences naturelles. Ainsi l'usage a devancé la loi qui n'est pas, d'ailleurs, une loi proprement dite, mais le rapport de la commission des bibliothèques de 1924; ce rapport reste encore la loi fondamentale de l'administration et du développement des bibliothèques 1.
La Bibliothèque royale et la Bibliothèque universitaire ne se partagèrent pas tout l'empire, car il existait, en partie depuis des siècles, un certain nombre de bibliothèques spécialisées dans différents domaines, dont les fonds ne faisaient pas double emploi avec ceux des deux grandes bibliothèques, par exemple pour la botanique, les beaux-arts et la médecine vétérinaire. A chacune de ces bibliothèques furent attribuées une ou plusieurs spécialités qui pourraient ainsi être plus ou moins abandonnées par les autres bibliothèques. L'ensemble des bibliothèques coopérantes comprend des bibliothèques de première importance ainsi que des collections ayant un nombre fort restreint de livres; on peut parfois être amené à voir dans cet ensemble un trop grand éparpillement des fonds, mais il faut également admettre que, si une petite institution cultive une spécialité très étroite, il n'y a pas de raison de ne pas en tirer profit pour l'ensemble des bibliothèques.
Selon un petit guide des bibliothèques savantes de Copenhague, paru en 1961 2, les bibliothèques se sont spécialisées comme suit :
Bibliothèque royale : théologie, religions, jurisprudence, sciences politiques et sociales, philosophie, psychologie, histoire, ethnographie, anthropologie (dans ses rapports avec l'histoire), folklore, archéologie, géographie humaine et régionale, voyages, linguistique, philologie, esthétique, histoire littéraire, histoire du théâtre, musicologie, cahiers de musique, histoire du livre, belles-lettres.
Bibliothèque de l'École nationale de bibliothéconomie : bibliothéconomie.
Bibliothèque et archives du mouvement ouvrier : mouvement ouvrier.
Bibliothèque de l'Ordre des assureurs : assurances.
Bibliothèque du ministère des Affaires sociales : travail, politique sociale.
Bibliothèque du Département de statistique : statistique.
Bibliothèque du Parlement : actes de parlement.
Collections pédagogiques de l'État : pédagogie, instruction publique (primaire et secondaire), psychologie infantile et juvénile.
Cinémathèque danoise : cinéma.
Cabinet royal des estampes : arts graphiques d'Europe.
Bibliothèque de l'Académie des beaux-arts : beaux-arts, architecture.
Bibliothèque du Musée des arts décoratifs : arts décoratifs.
Bibliothèque de la Glyptothèque Ny Carlsberg : arts égyptien et copte, portraits antiques.
Musée national : numismatique.
Institut d'archéologie de l'Université : gemmologie, typologie antique d'images.
Bibliothèque universitaire, 2e section : sciences naturelles en général, médecine, astronomie, biologie, pharmacie, physique, anthropologie physique, géographie physique, géologie, chimie, mathématiques, odontologie, zoologie.
Château de Charlottenlund (centre d'études océanographiques, etc. : pêches, océanographie.
Institut météorologique : météorologie, hydrographie, magnétisme terrestre.
Bibliothèque centrale botanique de l'Université : botanique.
Bibliothèque de l'École des hautes études commerciales : sciences commerciales.
Bibliothèque de la marine marchande : navigation (civile).
Bibliothèque nationale des techniques : sciences techniques.
Direction des inventions : brevets d'invention.
Bibliothèque de l'Institut de technologie : technique artisanale.
Bibliothèque de l'Institut royal vétérinaire et agricole : médecine vétérinaire, agronomie, technique laitière, horticulture, sylviculture, phytopathologie, arpentage.
Bibliothèque de l'Armée de l'air : aviation.
Bibliothèque centrale militaire : histoire et science militaires.
Bibliothèque de la Marine : sciences navale, nautique et arctique.
Musée de l'Arsenal : armes (après 1400), uniformes, drapeaux.
Il faut ajouter que la première section de la Bibliothèque universitaire est une collection de sciences humaines conçue spécialement pour les besoins des étudiants de l'université et sert ainsi à alléger la Bibliothèque royale; elle n'a pas de domaine spécial, mais acquiert surtout des aperçus et des manuels dans toutes les sciences où la Bibliothèque royale acquiert des traités plus approfondis et spécialisés.
Jusqu'ici on n'a parlé que de Copenhague; il faut savoir qu'il n'existe hors de la capitale qu'une bibliothèque d'étude de grande importance : la Bibliothèque nationale et universitaire d'Aarhus, qui est une bibliothèque encyclopédique, la seule que nous possédons.
Les bibliothèques mentionnées ci-dessus n'ont aucun lien administratif; il y en a même qui appartiennent à des organisme privés : ainsi, le Musée des arts décoratifs. De cette façon, la coopération repose sur la liberté et la bonne volonté mutuelle. La répartition des tâches entre un grand nombre de participants peut engendrer, dans certains cas, des difficultés; ainsi la littérature psychologique se trouve répartie dans plusieurs collections. Dans un cas pareil, on a organisé des consultations régulières, mais en ce qui concerne la plus grande partie des sciences, les traditions d'acquisitions se sont fixées de telle manière que les doutes et les hésitations sont assez rares. A la Bibliothèque royale, par exemple, il n'arrive en moyenne qu'une fois par jour qu'on se demande si un certain ouvrage relève de la Bibliothèque royale ou d'une collection spéciale; dans ce cas, l'affaire est souvent réglée par un coup de téléphone (le responsable d'une certaine science connaît toujours les spécialistes des bibliothèques apparentées) ou par une carte postale imprimée spécialement dans ce but. Quand la Bibliothèque royale reçoit un livre en communication d'une librairie et juge qu'il est du ressort d'une autre bibliothèque, elle renvoie le livre à la librairie en la priant d'en proposer l'achat à cette autre bibliothèque.