La conférence sur les échanges de publications en Europe
Budapest, 13-19 septembre 1960
La Conférence sur les échanges internationaux de publications en Europe, convoquée par l'Unesco sur l'invitation de la Commission nationale hongroise pour l'Unesco, s'est tenue à Budapest du 13 au 19 septembre 1960. Les pays suivants étaient représentés : Allemagne (République fédérale), Autriche, Biélorussie, Bulgarie, Danemark, Finlande, France, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Suisse, Tchécoslovaquie, Ukraine, U. R. S. S., Yougoslavie. La France était représentée par Mme Honoré, chef du Service des publications officielles de la Bibliothèque nationale, et Mlle Courtois, chef du Service des échanges internationaux. Le Bureau de la Conférence était constitué comme suit : présidente, Mme Joboru, directrice de la Bibliothèque nationale Széchenyi, présidente de la Commission nationale hongroise pour l'Unesco; vice-présidents, MM. Bourgeois (Suisse) et Kanevsky (U. R. S. S.); rapporteur général, M. Allardyce (Royaume-Uni); rapporteurs, Mme Honoré (France) et M. Dontchak (Ukraine). L'Unesco était représentée par MM. Petersen et Maller. M. Bourgeois était également observateur pour la F. I. A. B.
L'objet de la conférence était de développer la coopération entre les centres d'échanges européens et notamment d'aplanir les difficultés qui pouvaient demeurer en ce domaine entre l'Est et l'Ouest. Cette conférence était donc pour l'Europe le pendant de celles qui s'étaient précédemment tenues en 1956 à la Havane et en 1957 à Damas et Tokyo.
Douze documents de travail avaient été établis; l'un, dressé par l'Unesco sur la base d'un questionnaire envoyé à tous les centres d'échanges européens, présentait un tableau permettant d'utiles comparaisons. Ces rapports ont servi de base aux discussions, dont l'esprit a été condensé dans le rapport final que publiera l'Unesco.
Il ne saurait être ici question de résumer les débats de la conférence. Au reste, comme c'est généralement le cas dans les réunions de ce genre, ce sont les contacts personnels, les conversations en marge des débats dont on tire le plus de profit. Il faut noter cependant l'excellente tenue de la conférence, la grande majorité des résolutions ayant été adoptée à l'unanimité ou avec un petit nombre d'abstentions.
La Conférence a recommandé l'adoption des deux conventions nouvelles concernant les échanges internationaux de publications et les échanges entre États de publications officielles et documents gouvernementaux; notre pays ayant déjà, l'un des tout premiers, ratifié ces deux conventions, la tâche des représentants de la France était aisée en cette partie. Les délégués, tout en reconnaissant que les publications des institutions scientifiques et savantes et les publications officielles (qui se trouvent difficilement dans le commerce) sont la base même des échanges, ont été unanimes à reconnaître que les publications commerciales ne sauraient cependant en être exclues. La conférence unanime a été d'avis que la coordination des échanges sur le plan national est l'une des plus importantes fonctions du centre d'échanges, mais que cette coordination si souhaitable ne doit jamais apparaître comme un contrôle ou une centralisation; la libre initiative des partenaires doit demeurer intacte. La conférence a invité l'Unesco à poursuivre ses efforts en vue d'obtenir les tarifs les plus favorables pour le transport par voie postale et aérienne du matériel d'échange; à établir des centres modèles; à publier des études sur les échanges. Elle a demandé aux États membres de pourvoir les centres en crédits et en personnel qualifié et de permettre l'échange de visites entre les responsables pour la mise en commun de leur expérience.
En matière de publications officielles, la Conférence a suivi la suggestion que j'avais faite invitant chaque État à dresser la liste analytique des principales publications officielles régulières (périodiques, collections, rapports annuels, etc.) qui sont disponibles aux fins d'échange - ce qui faciliterait grandement le choix de publications officielles que l'on souhaite recevoir des autres pays; une telle liste est en préparation en Grande-Bretagne et en France. La conférence a demandé la publication d'une bibliographie nationale des publications officielles par pays, ainsi que d'un annuaire des administrations de l'État.
L'échange des doubles a fourni l'occasion d'un débat intéressant sur les difficultés de mise en œuvre propres à un tel échange. Les participants ont formulé le souhait que l'Unesco accepte de se charger à nouveau de la distribution des listes sur le plan international, car c'est là une tâche trop lourde pour des centres nationaux.
Une contribution mineure, mais incontestablement utile, de la Conférence aura été l'examen des renseignements statistiques à fournir annuellement à l'Unesco par les centres d'échange d'après les nouvelles conventions. Nous l'avons déjà dit, l'Unesco avait adressé à chaque centre un questionnaire comportant une partie statistique. A plusieurs reprises, la discussion a buté sur ce sujet, et un groupe de travail a été constitué pour étudier le problème, sous la présidence de Mme Honoré. Les renseignements demandés étaient trop vagues pour permettre une comparaison effective du travail des centres, dont certains pratiquent des envois directs pour le compte d'une ou de plusieurs bibliothèques, dont d'autres au contraire se contentent d'un simple rôle de transmission de paquets. L'accord s'est réalisé très facilement et le projet de formulaire statistique à remplir a reçu l'agrément général; il sera diffusé plus largement par l'Unesco pour enquête approfondie.
Mais en dehors de ces résolutions, je voudrais formuler ici à titre personnel quelques-unes des impressions que j'ai retirées des entretiens de Budapest. Si le désir d'échange est partout très vif, il y a cependant entre pays de l'Est et de l'Ouest des différences fondamentales qui tiennent à la nature des institutions et à la base même de la vie économique. A l'Est, pour des raisons monétaires ou budgétaires, l'échange est le moyen fondamental d'acquisition des ouvrages étrangers ; à l'Ouest, l'échange est un moyen d'accroissement qui n'est pas considéré comme particulièrement avantageux, car, s'il offre d'apparentes facilités, il demande autant, sinon plus de travail et de personnel que l'achat dans le commerce. C'est un moyen d'acquisition parmi d'autres, et son importance relative varie considérablement selon les pays.
Autre différence entre l'Est et l'Ouest : tout le monde est d'avis que les échanges aient lieu directement entre les institutions intéressées, pour des raisons de rapidité, et aussi pour que chaque institution scientifique bénéficie des contacts directs dont l'accord d'échange n'est qu'un aspect. Mais il est visiblement difficile à nos collègues de l'Est d'imaginer ce qu'est une institution privée; un échange direct, dans nos pays, échappe à tout contrôle, à toute statistique, à toute coordination ; son existence même est généralement ignorée. Le seul moyen de mise en commun du matériel échangé est constitué par les catalogues collectifs, quand ils existent et que les diverses institutions veulent bien y collaborer. A l'Est au contraire, nos collègues sont, semble-t-il, en état de connaître ces échanges directs, de les contrôler dans une certaine mesure et même d'en dresser des statistiques...
La dernière résolution, votée à l'unanimité par la Conférence, remerciait le gouvernement de la Hongrie, la Commission nationale hongroise pour l'Unesco et les bibliothèques hongroises de leur généreuse hospitalité et de l'excellente organisation de la réunion.