Conférence internationale de catalogage
Réunion préliminaire à Londres (19-25 Juillet 1959)
Myriam Foncin
I. En 1957 le Conseil de la F.I.A.B. a adopté une proposition relative à la convocation dès que possible d'une conférence mondiale en vue de rechercher un accord de base sur les principes du catalogage. A la réunion de Madrid des 12-16 octobre 1958 le Conseil a été informé de l'octroi d'une subvention du « Council of Library Ressource » (Washington D.C.) qui rendait possible une Réunion préliminaire pour organiser une telle conférence. Le Conseil de la F.I.A.B. accueillit favorablement la possibilité qui lui était offerte et demanda à son groupe de travail sur la coordination des principes de catalogage, institué en 1954, de préparer la Réunion préliminaire avec les directives suivantes :
a) déterminer et définir les problèmes de catalogage à discuter et les buts à atteindre par la Conférence Internationale;
b) fixer la date et le lieu de la conférence ainsi que les grandes lignes de son programme;
c) organiser la préparation et la distribution des documents de travail;
d) régler les questions de représentation et de participation, de budget et de responsabilité permanente de l'organisation de la Conférence.
Le président du groupe fut autorisé à élargir celui-ci dans la limite d'une vingtaine de membres, en étendant les invitations à un certain nombre d'experts en catalogage de différentes parties du monde.
2. Le groupe ainsi élargi pour la Réunion préliminaire comprenait :
Mr. F. C. Francis, British Museum London, Président du groupe.
M. Keitaro Amano, Bibliothèque de l'Université Kansai, Senriyama, Japon.
Dr. Fernanda Ascarelli, Biblioteca Universitaria Alessandrina, Roma.
Dr. Hellmut Braun, Staats-u. Universitatsbibliothek, Hamburg.
Sra. Maria Luisa Monteiro da Cunha, Bibliothèque universitaire, Sâo Paulo.
M. Pavle Kalan, Bibliothèque nationale et universitaire, Ljubljana.
Srta. Emma Linares, Pan-American Union, Washington.
Dr. Helene Loebenstein, Oesterreichsche Nationalbibliothek, Vienna.
Mr. Seymour Lubetzky, Library of Congress, Washington.
Miss P. Mander Jones, N.S.W. Government Office, London (Public Library of New South Wales).
Dr. Andrew Osborn, University Library, Sydney.
Dr. Gösta Otterwik, Stadsbibliotek, Göteborg.
M. Roger Pierrot, Bibliothèque nationale, Paris.
M. Paul Poindron, Direction des Bibliothèques de France, Paris.
Shri Benoyendra Sengupta, National Library, Calcutta.
Mr. Wyllis E. Wright, Williams College Library, Williamstown, U.S.A.
(Mme V. Vasilevskaya de la Bibliothèque d'État Lénine de Moscou ne put y assister pour cause de maladie).
Secrétariat exécutif :
Mr. A. H. Chaplin, Department of Printed Books, British Museum, London.
Dr. L. Sickmann, Bibliotekar-Lehrinstitut des Landes Nordrhein-Westfalen, Köln.
3. Quinze documents de travail rédigés par les membres du groupe ou soumis par d'autres personnes ou organisations intéressées furent préparés pour être examinés par la Réunion (Annexe I). Les frais de la préparation de ces documents furent couverts grâce à un contrat avec l'Unesco pour continuer les premiers travaux du groupe sur les problèmes de catalogage. Entre novembre 1958 et juillet 1959 cinq Bulletins décrivant le travail du groupe et les buts de la Réunion préliminaire furent largement distribués.
4. La Réunion préliminaire eut lieu à Londres du 19 au 25 juillet. Grâce à l'obligeance de la Library Association les sessions se tinrent à Chaucer House, siège de l'Association. Outre les membres cités plus haut, y assistaient en tant qu'observateurs :
Miss Katharine L. Ball, Library School, Ontario College of Education.
Mme T. Beliaeva, Bibliothèque de l'Unesco.
Mr. K. B. Gardner, Department of Oriental Printed Books and Manuscripts, British Museum.
Miss S. Haskins, Harvard University Library.
Srta. E. Isava, Association vénézuelienne de bibliothécaires.
Mr. G. A. Lloyd, British Standards Institution, représentant le Comité technique ISO/TC/46. Documentation.
Mr. S. Maller, Division des bibliothèques, Unesco.
Mr. J. D. Pearson, Library School of Oriental and African studies, London.
Miss Mary Piggott, représentant le Sous-comité des règles de catalogage de la Library Association.
Dr. Heinrich Roloff, Deutsche Staatsbibliothek, Berlin.
Dr. Nasser Sharify, Section du développement des bibliothèques, Unesco.
Miss A. Thompson, India Office Library.
Mr. F. W. Torrington, Australia House, London (Commonwealth National Library of Australia).
L'organisation de la Réunion était assurée par Mme Dorothy Anderson, Secrétaire responsable de l'organisation, assistée de Mme Mary Welch. Mr J. W. Jolliffe et Mr. S. Myamoto y assistaient en tant qu'interprètes.
5. Les sessions furent consacrées à discuter deux thèmes principaux :
i) le but et l'objet de la Conférence internationale de catalogage proposée, et les sujets qu'elle devait examiner;
ii) la composition et l'organisation de la Conférence.
Les conclusions auxquelles on aboutit sont données ci-dessous.
Sujets à prendre en considération par la conférence internationale
6. En conclusion la Réunion préliminaire reconnut unanimement l'existence de bases permettant un accord large sur les principes du catalogage. La Réunion affirma alors sa conviction qu'une Conférence internationale de catalogage devait se tenir, et qu'une telle Conférence pouvait atteindre des résultats pratiques qui faciliteraient effectivement l'accès à l'information bibliographique et à l'échange international de celle-ci.
7. Pour assurer le succès de la Conférence celle-ci doit être limitée à un objectif précis. Son but pourrait être d'arriver à un accord sur les principes de base réglant le choix et la forme de la vedette dans le catalogue alphabétique d'auteurs et de titres. Pour l'examen de ces principes on admettra en outre :
a) que le catalogue doit servir deux buts :
i) localiser une publication déterminée par le nom de son auteur ou son titre tels qu'ils sont donnés dans la publication;
ii) regrouper les notices se rapportant à toutes les éditions et traductions d'un même ouvrage et à tous les ouvrages d'un même auteur.
b) que le catalogue comportera une entrée principale pour chaque document avec des entrées secondaires et des renvois si nécessaire.
8. La Conférence fixerait son attention sur les problèmes importants de la pratique du catalogage à propos desquels on note des différences notables entre les divers systèmes de catalogage. Les questions sur lesquelles des accords substantiels existent déjà n'apparaîtront pas dans son programme. En conséquence la Réunion proposa la liste suivante des questions sur lesquelles un accord devait être recherché :
A. Rôle de l'entrée principale.
Le rôle de l'entrée principale est en relation avec les deux cas admis ci-dessus (a) (i) et (ii).
B. Choix de la vedette principale.
i) emploi du nom de l'auteur ou du titre comme vedette principale pour les ouvrages dont l'auteur est connu mais qui ont été publiés anonymement.
ii) choix d'une vedette principale pour les ouvrages à plusieurs auteurs avec renvoi particulier :
a) aux différentes formes d'auteur multiple (collaboration, contributions séparées, collections);
b) à l'emploi du titre comme vedette quand les auteurs excèdent un certain nombre (par exemple 3).
C. Auteurs personnes physiques.
i) choix d'un nom pour un auteur qui a employé ou est connu sous plusieurs noms;
ii) adoption d'une seule forme d'un nom qui varie par son orthographe ou existe sous différentes formes linguistiques;
iii) partie du nom à employer comme mot-vedette :
a) pour les noms composés et noms avec préfixes d'origine européenne;
b) pour les noms non-européens.
D. Collectivités-auteurs.
i) fera-t-on, et dans quels cas, des vedettes aux noms de collectivités;
ii) emploi des noms de collectivités dépendant d'autres collectivités :
a) comme vedettes indépendantes;
b) comme sous-vedettes des noms de collectivités mères.
iii) emploi des noms géographiques comme mots-vedettes pour des collectivités autres que les collectivités de caractère territorial (états, provinces, villes, etc.).
E. Vedettes de titres.
i) choix de la vedette pour les œuvres anonymes parues sous des titres variés;
ii) vedettes de publications formant série dont les titres ont changé.
F. Vedettes de formes.
Emploi des vedettes de forme et des sous-vedettes de forme pour certains types de publications.
Composition et organisation de la conférence.
9. La Conférence devrait se tenir à Paris en 1961 de préférence en avril ou en septembre et devrait durer 10 jours.
10. a) La Conférence devrait être largement représentative d'organisations des types suivants :
i) associations nationales et régionales de bibliothécaires;
ii) organisations internationales de bibliothéconomie, de bibliographie et du commerce du livre;
iii) bibliothèques nationales dont les catalogues ont une importante influence sur la pratique du catalogage;
iv) services responsables des bibliographies nationales et des catalogues collectifs ;
v) organisations gouvernementales pour le contrôle des bibliothèques et de l'activité bibliographique et l'aide à leur apporter.
Les délégués devront avoir le pouvoir de parler et de voter au nom de l'organisation qui les aura mandatés. Des experts individuels pourront aussi être invités à participer à la Conférence.
b) Le travail de la Conférence sera facilité si, dans les pays où il existe plusieurs organisations intéressées, des discussions en commun ont eu lieu sur les questions à examiner à la Conférence. Là où les organisations qualifiées ne sont pas très développées, plusieurs pays peuvent utilement se réunir pour de telles discussions.
c) Les décisions finales en ce qui concerne la participation et la représentation seront prises par le Comité d'organisation (voir § II ci-dessous) selon les ressources financières disponibles.
II. Toute la préparation de la Conférence et les dispositions administratives sont confiées à un Secrétariat exécutif (qui sera pourvu du personnel nécessaire) et à un petit comité d'organisation réglant les mesures à prendre. Le Comité comprendra les personnes suivantes (si toutefois rien ne s'y oppose) :
Mr A. H. Chaplin (agissant aussi en tant que secrétaire exécutif),
M. Paul Poindron,
Dr Ludwig Sickman.
L'organisation qualifiée de l'U.R.S.S. sera invitée à nommer un quatrième membre.
12. Pour la préparation de la Conférence, des documents sur des problèmes particuliers peuvent être établis par des personnalités à titre individuel, assistées dans certains cas par des groupes spéciaux de travail (voir Annexe 2). Chaque document doit analyser brièvement le problème, discuter les diverses solutions et faire des recommandations. On devra faire largement circuler ces documents pour commentaire avant de leur donner leur forme définitive. Un projet d'exposé des principes, fondé sur les recommandations des documents de travail, sera alors préparé pour être soumis à la Conférence.
13. La bonne organisation de la Conférence internationale doit dépendre dans une grande mesure des facilités pratiques offertes par le lieu de la réunion. Elles doivent comporter, outre des salles de réunions convenables et des services de traduction et de reproduction, la possibilité d'avoir des interprètes en plusieurs langues. La Réunion préliminaire demande alors au Conseil de la F.I.A.B. d'intervenir auprès du Directeur général de l'Unesco pour savoir si le siège de l'Unesco à Paris pourrait loger la Conférence et fournir les services techniques, le coût de ceux-ci étant supporté par la F.I.A.B.
14. La Réunion invite aussi le Conseil de la F.I.A.B. à prendre des mesures pour obtenir une aide financière suffisante, s'ajoutant à toute autre ressource déjà disponible dans ce but, pour couvrir le coût de la Conférence. Le Comité d'organisation devra préparer, dès que possible, un budget destiné à assurer le succès complet des buts de la Conférence selon le plan défini ci-dessus.
F. C. Francis, Président du groupe de travail.
A. H. Chaplin, Secrétariat exécutif.
L. Sickmann, ecrétarlat exécutif.
Date : 5 août 1959.
Annexe 1
Documents de travail soumis à la réunion préliminaire
I. Questions à examiner par une Conférence internationale de catalogage, par Ludwig Sickmann.
2. Principes pour l'élaboration d'un code de catalogage, par Wyllis E. Wright et par Seymour Lubetzky.
3. Points de discussion, par S. R. Ranganathan.
4. Suggestions concernant la coordination des principes de catalogage. Soumis par l'Association des archivistes, bibliothécaires et conservateurs de musées de Belgique.
5. Les noms composés et les noms avec préfixe, par Fernanda Ascarelli.
6. Choix de la vedette pour les auteurs dont les noms varient, par Pavle Kalan.
7. Comment rendre les noms asiatiques employés comme vedettes dans les catalogues en caractères latins, par Benoyendra Sengupta.
8. Le catalogage des œuvres comportant plus d'un auteur dans le catalogue alphabétique, par Hellmut Braun.
9. Rapport préliminaire sur quelques problèmes relatifs aux collectivités-auteurs, par Paul Poindron.
10. Œuvres anonymes prises sous des vedettes de regroupement et des vedettes de forme, par Roger Pierrot.
II. Objet et organisation de la Conférence internationale de catalogage, par A. H. Chaplin.
12. Projet de programme.
13. Grandes lignes d'un projet de catalogue collectif de la littérature juive.
14. Rapport sur la situation et les problèmes de catalogage en Amérique latine, par Maria Luisa Monteiro da Cunha.
15. Les pratiques japonaises de catalogage. Soumis par l'Association japonaise de bibliothécaires.
Annexe 2
Études spéciales à entreprendre pour la conférence internationale de catalogage
Outre les documents de travail concernant les problèmes dont il a été question au paragraphe 8 du rapport, la Réunion préliminaire a décidé que les études suivantes devaient être entreprises en marge du travail de la Conférence :
I. Une étude des relations existant entre les principes du catalogage dans les bibliothèques et ceux qui règlent les autres formes d'information bibliographique.
2. La compilation d'une série de définitions des concepts nécessaires pour un exposé des principes de catalogage avec les termes équivalents en différentes langues.
3. Des études sur différents types de noms non-européens, en particulier de noms arabes, des différents groupes de noms indiens, en vue de coordonner les formes de ces noms employées dans les catalogues. Ces études devront être menées avcc l'aide de groupes spéciaux de travail formés dans les pays et régions intéressés.
4. Un rapport sur le problème de translittération dans la mesure où elle affecte les vedettes dans les catalogues de bibliothèque.
5. Des études sur les vedettes de noms composés et des noms avec préfixes en vue d'établir des usages agréés dans chaque langue importante d'Europe. Ces études devront se fonder sur la consultation d'experts de différents pays employant la même langue.
6. Une étude des problèmes posés par le catalogage des livres liturgiques et d'autres textes religieux dans le catalogue alphabétique.
7. Un étude des problèmes posés par les publications formant série.
D'un astrolabe perdu et retrouvé
Le II août 1836, Jomard achetait pour le Dépôt géographique de la Bibliothèque nationale un astrolabe arabo-coufique trouvé à Constantinople par le Dr Schultz (Registre B. 1607).
Cette saphea en cuivre de 224 mm de diamètre, très finement gravée, l'une des plus anciennes que l'on connaisse 2 fut décrite presque aussitôt par Sédillot 3 qui en indique l'auteur, Muhammad b. Fattuh al Khamairi, le lieu d'origine, Séville, et la date, 615 de l'Hégire (1218 de l'ère chrétienne). A son tour Woepcke lui consacre une étude où il donne un schéma de construction de l'instrument 4. Celui-ci a été inscrit au registre d'inventaire du Département des cartes et plans sous le numéro 26, a figuré à l'exposition de 1875 5 et à celle de 1889 6, n'a pas figuré à l'exposition de 1912 7, n'a pas été évacué en juin 1918 avec les autres instruments anciens 8 et, en 1923, lorsque tous les objets ont été inscrits au registre d'inventaire de la série Ge.A., n'a pas été retrouvé et a été porté manquant. Il a donc disparu des collections de la Bibliothèque nationale sûrement entre 1889 et 1923, très probablement entre 1889 et 1912, probablement en 1889, à la fermeture de l'exposition.
Cependant, cette disparition, constatée de façon certaine seulement en 1923, n'étant mentionnée que sur les registres d'inventaire du Département et n'étant pas connue dans les milieux scientifiques, les spécialistes qui ont étudié les instruments arabes, utilisant les travaux de Sédillot et de Woepcke, ont continué à indiquer l'astrolabe comme figurant toujours à la Bibliothèque nationale 9.
Mais en 1939, le Répertoire d'épigraphie arabe 10, après avoir longuement décrit l'astrolabe de la Bibliothèque nationale, toujours d'après les études antérieures 11, en signale un autre identique dans la Collection de Cattaoui Pacha. En 1956, Meyer reprend cette information 12.
En février 1959, un catalogue, établi par Sotheby pour une vente qui devait avoir lieu à Londres le 5 mars 13, propose un astrolabe de Muhammad b. Fattuh, daté de l'an 615 de l'Hégire et indique, en fin de notice, que Muhammad b. Fattuh a construit au moins deux astrolabes en l'an 615 de l'Hégire, dont un est à la Bibliothèque nationale (Meyer n° III) et qu'il est possible que celui mis en vente à Londres soit l'autre exemplaire signalé par Meyer comme appartenant à la collection de Cattaoui Pacha (Meyer n° IV). Il nous est immédiatement apparu que si l'astrolabe mis en vente à Londres était celui de la collection de Cattaoui Pacha, c'était aussi, et d'abord, celui de la Bibliothèque nationale. Il était facile, en effet, de reconstituer l'enchaînement des faits. L'astrolabe disparu du Département des cartes et plans après 1889 passe en Égypte, entre dans la collection de Cattaoui Pacha où le Répertoire d'épigraphie arabe le signale en 1839. Comme la disparition de la Bibliothèque nationale n'est pas connue, les savants croient à l'existence de deux pièces identiques, alors qu'en réalité, il n'y en a qu'une. Nous avons tout de suite désiré que l'astrolabe de Muhammad b. Fattuh al Khamari vienne reprendre sa place dans nos collections. A notre demande, avec une bonne grâce dont nous leur sommes très reconnaissants, nos collègues anglais de Londres, de Greenwich ou d'Oxford, qui auraient pu souhaiter faire entrer cette très belle pièce dans l'un de leurs musées, ne se sont pas portés acquéreurs aux enchères du 5 mars et ont ainsi grandement facilité le retour rue de Richelieu de l'astrolabe perdu et retrouvé.