Journées d'étude des bibliothèques de France

Les Journées d'étude organisées en 1958 par la Direction des Bibliothèques de France ont réuni à Paris, pour la quatrième fois depuis 1949 1, les bibliothécaires des universités françaises.

Deux thèmes essentiels furent au centre des discussions : l'édition du livre d'étude en France, qui fit l'objet de la séance d'ouverture, et les problèmes de l'information bibliographique dans les bibliothèques universitaires, auxquels trois séances entières furent consacrées.

L'acuité avec laquelle se posent actuellement à l'échelon international les questions de bibliographie, avait orienté le Service technique dans le choix de ce thème qui fit l'objet d'une enquête préliminaire auprès des bibliothécaires des universités. Deux questionnaires avaient été préparés en juillet 1958 : le premier (A), envoyé aux chefs d'établissements était destiné à donner un aperçu de l'équipement bibliographique des bibliothèques universitaires et de l'aide que celles-ci peuvent apporter à leurs lecteurs dans ce sens; le deuxième (B), de caractère plus général, en s'adressant à l'ensemble des bibliothécaires travaillant dans les bibliothèques universitaires, devait recueillir des avis et des informations sur les divers types de bibliographies existantes 2.

Le questionnaire A, établi plutôt en fonction de l'activité des bibliothèques universitaires des départements, n'avait été envoyé aux conservateurs en chef et conservateurs des bibliothèques de l'Université de Paris qu'à titre d'information. Cependant, deux réponses de Paris (Sorbonne, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine) vinrent utilement compléter l'ensemble des réponses reçues des universités de province.

Le questionnaire B avait été adressé à 152 bibliothécaires (76 en province et 76 à Paris, dont 65 bibliothécaires de l'Université et II bibliothécaires de bibliothèques d'étude spécialisées, plus ou moins liées au « circuit universitaire »). Soixante-dix-huit réponses sont parvenues au Service technique, soit un peu plus de 50 %. Les réponses des départements ont été les plus nombreuses : 54, soit 71 %, contre 24 à Paris, soit 31 %. Quelques chefs de service n'ont répondu qu'au seul questionnaire A. D'autre part, des bibliothécaires stagiaires ont estimé qu'ils avaient encore trop peu d'expérience pour exprimer leur avis. Cependant il convient de noter que les jeunes bibliothécaires récemment reçus au concours ont été nombreux à envoyer des réponses et souvent sous une forme développée et originale. L'ensemble des réponses A et B se présentaient de façon assez différente : les unes très sommaires, les autres constituant de véritables rapports sur chacune des questions évoquées; certains bibliothécaires enfin, au moins pour le questionnaire B, se sont bornés à traiter les points concernant soit leur spécialisation professionnelle, soit leur spécialité.

Du dépouillement et de l'analyse des réponses devaient se dégager un ensemble d'observations qui, reprises dans les exposés d'introduction des trois séances consacrées à ces questions, servirent de point de départ aux discussions.

Les Journées d'étude ont eu lieu à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (Université de Paris) sous la présidence de M. Julien CAIN, directeur général des Bibliothèques de France. L'ordre du jour des séances avait été établi comme suit :
Jeudi 18 décembre.
9 h. 30 - Allocution d'ouverture.
- Les problèmes de l'édition du livre d'étude. - Le point de vue des éditeurs.
14 h. 30 - Rôle de la bibliothèque universitaire dans l'organisation bibliographique. Guide du lecteur. - Conférences d'initiation bibliographique à l'intention des étudiants. - Salles de bibliographie. - Renseignements bibliographiques aux étudiants, aux professeurs et aux chercheurs.
Vendredi 19 décembre.
9 h. 30 - Les problèmes de la bibliographie nationale et de la bibliographie spécialisée :
- les bibliographies nationales du point de vue du bibliothécaire et du point de vue des chercheurs;
- les bibliographies spécialisées;
- le problème de la sélection mécanique.
14 h. 30 - Questions diverses.
Samedi 20 décembre.
9 h. 30 - La bibliothèque universitaire et la bibliographie régionale.
- L'information professionnelle du bibliothécaire. - Revues professionnelles.
- Bulletin des bibliothèques de France.
- Rôle de la bibliothèque universitaire dans la formation professionnelle.
- Conclusion.

La Direction des Bibliothèques avait convoqué à Paris tous les chefs d'établissements ainsi que les conservateurs et bibliothécaires chargés de sections dans les bibliothèques des universités des départements, tout en invitant l'ensemble des bibliothécaires de ces universités à participer s'ils le désiraient aux Journées d'étude, dans la mesure où la possibilité leur en serait donnée. Furent excusés : M. Koelbert, conservateur en chef de la Bibliothèque universitaire d'Alger, Mlle Bruchet, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Lille, Mlle Kœst, bibliothécaire de la Section médecine de Nancy et Mlle Loubatières, bibliothécaire de la Section médecine-sciences de Toulouse. L'ensemble des chefs de service des bibliothèques de l'Université de Paris avaient bien entendu été priés d'assister aux séances et de permettre aux bibliothécaires travaillant sous leurs ordres d'y venir nombreux.

Furent également représentées aux Journées d'étude : la Bibliothèque nationale, la Bibliothèque de l'Institut, la Bibliothèque Mazarine, les bibliothèques du Muséum national d'histoire naturelle, du Musée de l'homme, de l'École nationale des langues orientales vivantes et de l'Académie de médecine. Avaient été conviés en outre, à titre personnel, des bibliothécaires appartenant aux établissements suivants : Centre international de l'enfance, Conservatoire national des arts et métiers, École nationale supérieure des mines, Institut Henri Poincaré, Institut pédagogique national (Service d'accueil et de liaison), Observatoire; des bibliothécaires étrangers : M. Torben Nielsen, de la Bibliothèque royale de Copenhague, bibliothécaire à la Bibliothèque nordique de Paris, Mme Kossogonowa, de la Bibliothèque universitaire de Varsovie, Mlle Chamerska, de la Bibliothèque nationale polonaise, Mlle Molina, de l'École nationale de bibliothécaires de Buenos-Aires.

M. Petersen, directeur de la Division des bibliothèques de l'Unesco, s'était fait représenter par M. J. F. Fino. M. Maurice Bayen, directeur-adjoint de l'Enseignement supérieur, M. Jean Sarrailh, recteur de l'Académie de Paris, ainsi que M. Corlieu, secrétaire généra de la Caisse nationale des lettres, s'étaient excusés. Le Centre national de la recherche scientifique était représenté à la première séance par M. Andreu, administrateur civil, l'Association des bibliothécaires français par M. Lethève, secrétaire général. Les inspecteurs généraux des bibliothèques, à l'exception de M. Masson, excusé, et les membres du Service technique, notamment M. Poindron, conservateur en chef, Mlles Salvan et Ruyssen, conservateurs, étaient présents aux réunions. M. Paul et M. Kilian, administrateurs civils, chefs du 1er et du 2e Bureaux participèrent à la quatrième séance.

1re séance (jeudi 18 décembre à 9 h. 30). - L'édition du livre d'étude.

Dans son allocution d'ouverture, M. Julien CAIN, directeur général des bibliothèques de France, après avoir rappelé la participation des bibliothèques universitaires, tous les trois ans, au cycle des journées d'étude, retrace brièvement l'historique des échanges de vues entre bibliothécaires et éditeurs. Au cours des Journées d'étude de 1956 qui réunirent à Paris les chefs de l'ensemble des établissements relevant de la Direction, à la fin de la séance consacrée à l'édition française 3, une discussion était amorcée concernant plus spécialement le livre d'étude. Le succès de cette prise de contact montra tout l'intérêt que pourraient avoir des échanges de vues réguliers entre les éditeurs et « ces utilisateurs souvent exigeants et difficiles que sont les bibliothécaires ». Le point de vue des bibliothécaires des universités devait s'exprimer plus complètement au cours de l'enquête menée en 1957 par le Service technique sur « les lacunes de l'édition scientifique française 4 ».

« Les bibliothécaires ont fait entendre leur voix et exposé leurs souhaits inspirés par le souci très vif qu'ils ont de fournir aux professeurs et aux étudiants les instruments de travail les mieux adaptés à l'enseignement et à la recherche... Nous avons aujourd'hui demandé aux éditeurs d'exposer leur propre point de vue 5». M. Julien Cain souhaite alors la bienvenue à M. Rodolphe-Rousseau, président du Cercle de la librairie, et aux représentants de diverses maisons d'édition présents dans la salle 6. Il rappelle également le rôle joué par le Centre national de la recherche scientifique dont le directeur-adjoint, M. Lejeune, a bien voulu déléguer M. Andreu à cette séance, et par la Caisse nationale des lettres. Il expose d'autre part l'orientation générale qu'on a voulu donner aux réunions de 1958 en choisissant comme thème d'étude l'organisation bibliographique.

« Quelles que soient les techniques savantes à l'étude à l'heure actuelle pour apporter aux chercheurs des réponses plus précises, plus complètes et plus rapides aux problèmes scientifiques, la bibliographie imprimée, sous sa forme traditionnelle périodiquement diffusée, conserve jusqu'à nouvel ordre sa valeur. Nous savons tous l'aide que les bibliothécaires peuvent, grâce à elle, apporter aux chercheurs et aux érudits dont l'information est souvent insuffisante. Donc améliorer l'outillage bibliographique est une des tâches les plus urgentes qui s'imposent à tous. »

Pour terminer, M. Julien Cain se félicite de la présence dans la salle de quelques-uns de nos collègues étrangers. Après avoir salué le représentant de l'Unesco, il excuse les personnalités absentes ainsi que les membres du personnel scientifique des bibliothèques qui ne peuvent assister aux journées d'étude.

Mlle SALVAN, conservateur au Service technique, remercie ensuite les bibliothécaires dont les réponses précises à l'enquête de 1957 permirent de dresser un véritable inventaire de textes et d'instruments de travail dont l'édition ou la réédition paraissait souhaitable. Du point de vue des bibliothèques, bien qu'un certain nombre de lacunes signalées alors soient sans doute comblées aujourd'hui, des problèmes importants demeurent posés : concernant par exemple les ouvrages généraux (dictionnaire encyclopédique de la langue française, encyclopédie française du type Encyclopaedia Britannica, grands atlas) et les bibliographies courantes (littérature, droit, médecine). Pour les étudiants, où en est la question des manuels et celle des guides bibliographiques ? Des rééditions de textes classiques grecs et latins, des éditions bilingues de textes modernes, en russe notamment, des éditions critiques sont-elles envisagées ? Peut-on songer à reproduire certains corpus littéraires ou juridiques ? Une collaboration est-elle possible ?

C'est à M. RODOLPHE-ROUSSEAU que revient le soin d'introduire dans la discussion générale le point de vue des éditeurs. Ses principales remarques portent sur la difficulté d'équilibrer une opération en matière d'édition : « des ouvrages importants et nécessaires ne sont pas toujours rentables », et sur les entraves apportées à la publication et à la diffusion : comment faire admettre aux pouvoirs publics que le livre, étant donné son rôle en France et à l'étranger, n'est pas une marchandise comme une autre et qu'il ne devrait pas être soumis aux mêmes impératifs économiques ? Au cours de la discussion, M. Rodolphe-Rousseau aura l'occasion de développer ces différentes idées en insistant sur le fait que l'évolution des circonstances économiques oblige l'édition a obéir à des règles absolument nouvelles.

Ces deux remarques se trouveront d'ailleurs confirmées par l'exposé de M. ANGOULVENT, directeur des Presses universitaires de France, sur les problèmes généraux de l'édition envisagés sous l'angle économique. Les bibliothécaires et les éditeurs du secteur public qui disposent d' « un crédit budgétaire net et intégral » ignorent en général les difficultés propres aux éditeurs du secteur privé qui doivent préserver et accroître le capital sans lequel ils ne peuvent rien entreprendre et se trouvent « menacés dans leur existence même » par les dévaluations, les blocages des prix, les charges fiscales, la concurrence des autres maisons d'édition et celle, enfin, du secteur public. La notion de risque intervient ici; et c'est la cause des reproches encourus par les éditeurs : prix trop élevés, manque d'audace, refus de réimprimer, etc... M. Angoulvent estime néanmoins que des améliorations pourraient être apportées et suggère : 1° que le secteur public n'intervienne « qu'après constat officiel de carence des producteurs privés pour chaque cas où un besoin reste à satisfaire »; 2° « que les bibliothèques publiques passent leurs commandes avant tirage au vu d'annonces préalables », donnant ainsi aux éditeurs « une base ferme d'appréciation du risque ». Il préconiserait en outre une politique financière qui permettrait un partage du risque entre le capital de l'entrepreneur et ses emprunts au crédit.

M. Julien Cain répond d'abord à M. Angoulvent en ce qui concerne la possibilité, pour les bibliothèques, de passer leurs commandes avant tirage. Malheureusement le nombre de bibliothèques disposant en France d'un budget suffisant pour leur permettre d'envisager à l'avance des achats particulièrement onéreux demeure limité.

Au cours de la discussion, M. LELIÈVRE, inspecteur général des bibliothèques, fera observer que le tableau de M. Angoulvent, opposant le secteur public et le secteur privé, est trop schématique et ne correspond pas exactement à la réalité. D'une part certains ouvrages édités par le secteur privé reçoivent une subvention de l'État. D'autre part, on constate dans certains domaines combien il est difficile d'intéresser les éditeurs à certaines publications; et, si l'administration les prend en charge, onne peut plus alors parler de concurrence.

M. Rodolphe-Rousseau indique les conditions générales dans lesquelles la Caisse nationale des lettres et le Centre national de la recherche scientifique sont amenés à aider le secteur privé; il s'agit, le plus souvent, d'avances remboursables, donc d'opérations de crédit, non de subventions. Les publications non rentables devraient à son avis faire l'objet de véritables subventions.

M. ANDREU précise ensuite le rôle du C. N. R. S. dans l'édition scientifique. Après examen des demandes des auteurs accompagnées d'un devis d'éditeur, le C. N. R. S. accorde soit une avance à fonds perdu qui équivaut en fait à une subvention (30 à 60 % du devis pour un ouvrage tiré à moins de 1.000 exemplaires), soit une avance remboursable pour les tirages à 1.000 exemplaires et au-dessus. Il existe aussi un régime de co-édition, par contrat. Le C. N. R. S. ne prend à son compte que l'édition d'ouvrages refusés par les éditeurs ou dont le devis paraît trop onéreux.

De la discussion entre M. Angoulvent et M. Andreu, il ressort que, d'un côté, l'éditeur refuse d'éditer certains ouvrages même avec une avance lorsqu'il estime que l'opération n'est pas rentable et, de l'autre, que le C. N. R. S. refuse son aide pour l'édition de certains ouvrages (tirage à 3.000 exemplaires). Cette discussion fait apparaître la notion d'un seuil de rentabilité au-dessous duquel l'éditeur ne peut descendre sans risque. Si au C. N. R. S. on estime qu'un tirage à 1.000 exemplaires peut déjà être commercialement valable, pour M. Angoulvent le secteur public subventionne des ouvrages qui ne devraient pas être édités. « Il y a, dit-il, en France un attachement excessif à des recherches, à des activités dont l'intérêt est périmé... une tendance à laisser survivre les diligences ». M. Julien Cain et ensuite M. Lelièvre font observer néanmoins que le problème des petits tirages ne peut pas ne pas se poser pour des ouvrages très spécialisés ou pour des textes épuisés. M. Angoulvent précise que le seuil de rentabilité augmente sans cesse. Un tirage de 150 à 200 exemplaires suffisait en 1914; ce seuil est passé de 700 exemplaires en 1920 à 1.800 ou 2.000 en 1937. Il est aujourd'hui de 3.000 exemplaires en typographie simple, de 10.000 à 15.000 avec illustrations. M. HOLLIER-LAROUSSE fait observer que bien des réimpressions souhaitées par le public ne sont pas non plus rentables. Pour l'offset, le seuil est de 14 à 16.ooo exemplaires, pour l'héliogravure de 18 à 22.000. M. Lelièvre maintient le point de vue du public et celui du bibliothécaire. Que leur édition ou leur réimpression soit ou non une opération rentable, certains livres à petits tirages nous seront toujours indispensables. Le problème n'a d'ailleurs été posé que sous l'angle économique. N'y aurait-il pas de solutions techniques à rechercher permettant de réaliser à moindre frais des tirages limités ? Par exemple des machines plus simples fonctionnant dans les grandes imprimeries ou, comme le suggère M. Hollier-Larousse, des ateliers équipés seulement pour de petits tirages, comme on en trouve en province.

M. Rodolphe-Rousseau répond en outre à deux critiques d'ordre général formulées par les bibliothécaires : le prix élevé des livres et la médiocrité de la présentation. Mais précisément une présentation moins luxueuse permet des prix plus bas. M. Rodolphe-Rousseau estime en effet que le prix de vente du livre français, malgré un prix de revient supérieur, est inférieur généralement à celui des livres étrangers. Seulement le système des prix imposés ne laisse plus aux éditeurs la possibilité de pratiquer une politique de compensation permettant une plus grande souplesse dans l'établissement des prix suivant la nature des livres et la clientèle intéressée.

Parmi les suggestions faites par les bibliothécaires lors de l'enquête, certaines ont particulièrement retenu l'attention des éditeurs. M. Hollier-Larousse reprend tout d'abord la question des atlas et annonce que la maison Larousse est en train d'en préparer un qui, en tant qu'atlas historique, apportera quelque chose de nouveau. Les grands atlas géographiques posent un problème plus grave. Il faudrait préciser très exactement l'importance des besoins car l'édition d'un atlas exige une mise de fonds considérable. Peut-on continuer vraiment à envisager l'édition en France, sur le plan national, de grands atlas? Il semble que l'on doive s'orienter plutôt vers des entreprises de caractère international : la maison Larousse en a fait l'expérience récemment et actuellement une maison allemande essaie de trouver à l'étranger des co-éditeurs pour une entreprise de ce genre. Mais le problème des atlas internationaux ne pourrait-il être étudié par l'Unesco ?

La question de l'édition d'une encyclopédie nationale du type Encyclopaedia Britannica donne lieu à une assez longue et vive discussion. Pour M. Hollier, l'entreprise paraît actuellement irréalisable avec des capitaux privés. Le principal obstacle serait dû à l'insuffisance du « marché de langue française, même en y comprenant la Suisse, la Belgique, le Canada », qui ne permettrait pas un tirage assez important; l'ouvrage reviendrait très cher en comparaison de l'Encyclopaedia Britannica dont 100.000 exemplaires sont vendus chaque année. M. Angoulvent aura l'occasion de préciser en outre que l'instabilité monétaire, en rendant hasardeuses les opérations de crédit à long terme, ne permet guère une entreprise dont on peut évaluer le coût à 5 milliards. D'ailleurs cette forme d'encyclopédie est-elle encore valable au xxe siècle étant donné la rapidité du développement des connaissances ? M. Julien Cain rappelle d'autre part qu'en 1931 M. de Monzie, qui fut à l'origine de l'Encyclopédie française dirigée par M. Lucien Febvre, avait d'abord envisagé une encyclopédie alphabétique, mais y avait renoncé par la suite.

Dans la discussion, trois questions se trouvent ainsi posées : l'entreprise est-elle valable ? Une telle encyclopédie a-t-elle vraiment son utilité en France ? Quel succès trouverait-elle à l'étranger? M. MIRONNEAU, bibliothécaire de la Bibliothèque universitaire de Besançon, paraît bien traduire l'opinion unanime de ses collègues des universités et leur expérience de la question en prenant vigoureusement la défense d'une encyclopédie alphabétique avec références bibliographiques, fixant à un moment donné l'état des connaissances et donnant sur celles-ci le point de vue français. Mlle Salvan estime qu'un tel ouvrage ne vieillit pas dans son ensemble aussi vite qu'on le pense généralement. Il peut même, dans un grand nombre de domaines, conserver un intérêt permanent, comme La Grande Encyclopédie publiée sous la direction de Marcellin Berthelot et qui continue d'être partout consultée. M. Mironneau montre à quel point les encyclopédies anglaise, italienne, espagnole, de type alphabétique, sont constamment utilisées dans une bibliothèque universitaire alors qu'on se sert rarement de l'Encyclopédie française. En fait, la présentation de celle-ci trouve surtout ses défenseurs dans des bibliothèques très spécialisées qui acquièrent le volume qui les intéresse, comme une sorte de traité général (M. Belgodère, bibliothécaire à l'Institut Poincaré). En outre, le système des mises à jour est peu pratique et les expériences qu'on en a faites en France sont peu concluantes (M. Mironneau, M. Hollier). Enfin, M. Lelièvre confirme absolument l'avis des bibliothécaires exprimé par M. Mironneau et signale que, faute d'une encyclopédie française alphabétique, les grandes bibliothèques municipales se voient elles-mêmes obligées d'acquérir l'Encyclopaedia Britannica ou l'Enciclopedia italiana.

M. Julien Cain souligne d'autre part combien l'on doit déplorer l'absence d'une véritable encyclopédie française au côté de ces grandes encyclopédies sur les rayons des bibliothèques étrangères. L'édition d'un tel ouvrage aurait certainement le plus large succès et marquerait utilement la présence française à l'étranger. M. Lelièvre, sur ce point, estime trop restreintes les vues de M. Hollier sur le marché français à l'étranger. Ce ne sont pas seulement les pays de langue française qui seraient susceptibles de s'intéresser à une telle publication.

M. Julien Cain conclut que la discussion traduit un désir unanime qui devrait être pris en considération. Les éditeurs ne pourraient-ils pas étudier en commun ce problème et présenter un projet aux pouvoirs publics ?

M. Hollier demande que soit précisé ce qu'on doit entendre par « dictionnaire encyclopédique de la langue » : ces deux notions doivent-elles être confondues dans le même ouvrage ou faire l'objet de deux publications ? La maison Larousse prépare actuellement un dictionnaire de la langue dans lequel on essaiera de faire « un recensement de la langue moderne », M. Julien Cain signale que la maison Hachette prépare également un dictionnaire. M. GuiNARD, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Bordeaux, insiste sur la nécessité d'un « dictionnaire linguistique de valeur scientifique durable » comme Oxford English dictionary ou le Deutsches Wörterbuch de J. et W. Grimm.

A M. POINDRON, conservateur en chef au Service technique, qui exprime le vœu unanime des bibliothécaires de voir reprendre la publication de la Bibliographie des sciences juridique de Grandin, M. Rodolphe-Rousseau répond qu'il y a là en effet une lacune regrettable mais que, jusqu'ici, personne n'a voulu accepter de se charger de ce travail.

Un débat s'engage ensuite sur les dictionnaires scientifiques et techniques. Mlle ARDUIN, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Toulouse, dénonce l'insuffisance des dictionnaires techniques existants. Pour M. Hollier, la meilleure formule serait d'éditer un tel dictionnaire par spécialité, comme on l'a fait en Suisse. La difficulté est de définir le niveau de ces ouvrages par rapport aux utilisateurs qui vont de l'ingénieur polytechnicien à l'élève du collège technique. M. GARNIER, conservateur de la Bibliothèque de la Faculté de pharmacie de Paris, précise que les bibliothécaires ont besoin en fait de deux sortes d'ouvrages : les dictionnaires techniques de langue donnant la traduction des termes et les dictionnaires expliquant la valeur des termes dans une langue donnée. Les dictionnaires polyglottes sont sans doute les plus urgents. Quelques professeurs étudient actuellement avec la maison Hermann la publication d'un important dictionnaire technique de botanique en plusieurs langues. Avec M. Garnier, M. Guinard souligne plus particulièrement l'absence de dictionnaire technique pour le russe. M. Hollier pense que ce dernier point soulève encore de grandes difficultés, la composition en caractères cyrilliques et le faible tirage à prévoir rendant les devis trop onéreux.

A la question posée par M. Guinard sur la reprise du Catalogue de la librairie française de Lorenz, M. Rodolphe-Rousseau répond que les publications du Cercle de la librairie représentent le maximum de ce qui peut être fait actuellement; et, en ce qui concerne la réimpression de la Collection Glotz souhaitée par M. LE CHAPELAIN, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Clermont-Ferrand, M. Angoulvent déclare qu'il y a là une impossibilité car les auteurs sont presque tous morts et les historiens actuels n'ont plus la même vision des choses que leurs devanciers.

M. LETHÈVE, bibliothécaire au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, soulève ensuite le problème des livres d'art. Il existe beaucoup d'albums de reproductions, même des ouvrages luxueux, mais le texte en est souvent très restreint ou médiocre. Nous manquons de livres sur les techniques, et de biographies d'artistes sérieusement établies. L'Angleterre, l'Allemagne éditent des livres de poche dont le texte est plus important. Pour M. MIGNOT, de la Librairie Armand Colin, le goût du grand public, avec lequel il faut compter pour assurer la vente, est gâté par l'album d'images et on ne peut réimprimer les manuels d'histoire de l'art sans en tenir compte. Pour un ouvrage en quatre volumes, il en faudrait huit désormais. De son côté, M. Lelièvre a constaté que, si la production française dans ce domaine a été très riche, elle ne l'est plus aujourd'hui : c'est ainsi que les Manuels d'histoire de l'art de la collection Pelican sont sans équivalent en langue française. M. Angoulvent annonce cependant qu'une Histoire générale de l'architecture est préparée actuellement aux Presses universitaires de France.

M. Mignot signale qu'en matière de livres d'étude, il existe un problème des « invendus » dont il faudrait pouvoir discuter également avec des libraires.

M. Julien Cain demande enfin à M. LIOTARD comment évolue actuellement la question qui fut abordée en 1956 et discutée au cours de l'enquête de 1957, des cours polycopiés et des manuels pour les étudiants. M. Liotard rappelle qu'avant la guerre les manuels français avaient des tirages relativement importants (8.000 à 10.000 exemplaires pour les précis médicaux) et se vendaient bien dans les universités françaises et, pour une moitié, à l'étranger. Certains facteurs ont totalement modifié la situation : l'évolution plus rapide des sciences et la concurrence à l'étranger d'un type de manuel « allégé », moins riche que nos manuels français, mais moins cher; la guerre, avec le rationnement de l'édition en France, qui a rendu nécessaires les cours polycopiés dont l'utilisation se généralise. Comment lutter contre cela, compte tenu de la perte du marché étranger pour les manuels français ? Les éditeurs en sont eux-mêmes venus à perfectionner au point de vue technique le cours polycopié. Cependant, il fallait revoir entièrement les méthodes d'édition de manuels. Ceux-ci tendent aujourd'hui à reprendre leurs droits; mais ils ont beaucoup pris au cours polycopiés et se sont eux-mêmes allégés. Sans doute faut-il regretter les ouvrages plus complets, plus riches de références. Mais cette évolution était sans doute inévitable. M. Liotard annonce pour finir que les éditions Masson préparent pour janvier 1959 un traité de biochimie générale en deux volumes, depuis longtemps demandé, et que d'autres ouvrages importants sont en chantier.

M. Julien Cain clot la séance en remerciant les éditeurs d'avoir apporté leur point de vue et en souhaitant que s'organise une fructueuse collaboration.

2e séance (jeudi 18 décembre, à 14 h. 30). - L'Organisation bibliographique.

M., Julien CAIN donne immédiatement la parole à Mlle RUYSSEN, conservateur au Service technique, chargée d'exposer les résultats de l'enquête sur les points à l'ordre du jour de cette séance : guide du lecteur, initiation bibliographique des étudiants, salles de bibliographie, rôle documentaire de la bibliothèque universitaire.

Après avoir donné quelques indications sur la préparation des Journées d'étude, les conditions de l'enquête, les statistiques et les principales caractéristiques des réponses aux deux questionnaires 7, Mlle Ruyssen rappelle que la Direction des bibliothèques avait dès 1952 recommandé aux bibliothécaires d'université la publication d'un « guide du lecteur ». Pour le moment, deux bibliothèques (Alger, Lille) disposent encore d'une brochure, imprimée il y a cinq ans; ailleurs, outre les indications très sommaires qui figurent dans le Livret de l'étudiant édité par les Universités, on signale des notices sommaires, de une à trois pages, généralement multigraphiées et distribuées aux lecteurs. Brochures ou notices donnent l'essentiel du règlement de la bibliothèque, des renseignements concernant l'accès aux différentes salles, la consultation et le prêt des livres et des indications plus ou moins détaillées sur les divers catalogues et leur utilisation, jamais rien toutefois sur les ressources bibliographiques de la bibliothèque.

En fait, s'il ne s'agit que du schéma d'une « visite guidée », d'une introduction destinée à l'étudiant qui vient pour la première fois à la bibliothèque universitaire, on peut être d'accord avec le voeu exprimé par les étudiants de Rennes d'avoir une notice aussi simple et brève que possible.

Mais ne pourrait-on envisager une sorte de petit manuel, utile à l'étudiant à tous les niveaux, auquel se référeraient aussi le professeur et le chercheur et destiné à intéresser les uns et les autres à la vie de la bibliothèque. On y répondrait directement à leurs problèmes en évitant de présenter de façon trop abstraite les questions techniques. Guide élémentaire sans doute mais non sommaire, de présentation simple, vivante, donnant, outre les indications détaillées sur la bibliothèque et la manière d'en utiliser les divers services, des renseignements sur les ressources auxquelles le lecteur peut faire appel à l'extérieur. Cependant, la description des instruments de travail mis à sa disposition, des notions de classification et de bibliographie générale devraient y tenir une large place. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un guide de bibliothèque et qu'il s'adresse à des étudiants d'une spécialité donnée, un bon exemple à citer dans ce sens est celui des Notions élémentaires de bibliographie médicale de Geneviève Koest et Claude Franck (Paris, Le François, 1955).

Mlle Ruyssen insiste ensuite sur l'importance de la présentation matérielle d'un ouvrage de ce genre. Si l'on ne peut éviter la multigraphie, on devrait au moins concevoir une présentation attrayante et durable, une mise en page aérée, des illustrations, un bon papier, une couverture solide et élégante. Toutefois l'impression demeure toujours préférable. Deux suggestions du Service technique sont ensuite présentées : 1° Composer une sorte d'agenda du lecteur en laissant des pages blanches pour des observations complémentaires, des références, des notes personnelles, afin que ce guide devienne un outil de travail quotidien; 2° concevoir un guide en deux parties : une partie « généralités » dont la rédaction pourrait être commune à plusieurs bibliothèques, préparée par une équipe de bibliothécaires et imprimée ainsi à meilleur compte avec un tirage plus important; une partie rédigée localement et adaptée à une bibliothèque universitaire déterminée.

Pour le Dr HAHN, conservateur de la Bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris, qui prend ensuite la parole, le guide du lecteur fait partie d'un ensemble : salles d'accueil, visites de la bibliothèque sous la direction d'un personnel compétent. Sa présentation doit être attrayante et il doit offrir les renseignements les plus complets sur la bibliothèque, son histoire, le maniement des catalogues, l'emplacement des livres, l'indication des principales bibliographies médicales, et des grands traités par spécialité, sans compter des reproductions de beaux livres illustrant une histoire sommaire de la médecine.

M. SANSEN, bibliothécaire de la Bibliothèque universitaire de Rennes, reconnaît qu'une notice multigraphiée ne suffit pas aux personnes qui veulent utiliser à fond les ressources de la bibliothèque. Mais comment envisager la diffusion du guide sous sa forme développée? Peut-on le mettre en vente ? Mlle Ruyssen craint que, dans ce cas, il atteigne seulement ceux des usagers qui sont déjà persuadés de l'intérêt que la bibliothèque universitaire présente pour eux. Or le but est de gagner les étudiants qui n'ont pas encore pris réellement contact avec la bibliothèque. Mlle RIMBERT, bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire d'Alger, signale que le guide imprimé d'Alger est en vente, mais qu'on ne l'achète guère, alors que l'exemplaire mis à la disposition du public dans la salle de lecture est très consulté. M. POINDRON pense qu'il faudrait envisager une diffusion très large et sous l'angle d'une véritable propagande, dès que l'étudiant s'inscrit à l'Université. Il ne faut pas craindre d'employer des méthodes publicitaires. En outre, plus l'ouvrage aura d'importance, plus on y prêtera attention. Pour M. Poindron, il y a place en fait pour deux solutions qui pourraient être utilisées parallèlement : la notice multigraphiée d'une ou deux pages formant éventuellement dépliant; le guide tel qu'il a été défini et comprenant des éléments de bibliographie, édité en brochure.

Mlle Ruyssen fait ensuite remarquer, en citant le rapport de Mlle Giraud conservateur de la Bibliothèque universitaire de Poitiers, que le guide du lecteur reflétera l'expérience du bibliothécaire dans la mesure où celui-ci aura pu prendre contact avec ses lecteurs, surtout avec les étudiants, et connaître avec précision les problèmes qui se posent à eux et les difficultés que présente pour eux le travail à la bibliothèque. Ce sont les visites commentées de la bibliothèque et les conférences d'initiation bibliographique qui en fournissent la meilleure occasion.

A propos des expériences actuellement poursuivies dans quelques bibliothèques universitaires des départements, on insiste sur le caractère essentiellement pratique, concret, de telles séances, destinées le plus souvent à aider l'étudiant débutant à se familiariser avec les différents services de la bibliothèque universitaire et les principaux instruments de travail qu'elle lui offre et à le mettre en confiance vis-à-vis du personnel de la bibliothèque. Deux expériences, pour les lettres à Lille, pour la médecine à Clermont-Ferrand, ont permis de pousser plus loin l'initiation bibliographique proprement dite et par discipline. Mlle VIARD, actuellement bibliothécaire à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, mais qui organisa en 1954, sous la direction de Mlle Bruchet, conservateur, l'enseignement à la Bibliothèque universitaire de Lille, et Mlle PETITMENGIN, bibliothécaire, qui lui a succédé, purent exposer en détail à leurs collègues l'organisation de cet enseignement. Celui-ci se fait d'ailleurs en plein accord avec les professeurs de la Faculté et non seulement pour les étudiants préparant un diplôme, mais dès le niveau du premier certificat de licence. Neuf séries de séances sont actuellement organisées (langues anciennes, littérature française, littérature comparée, allemand, anglais, philosophie, histoire, histoire de l'art, géographie), d'autres sont en projet. Chaque bibliothécaire est chargé des séries qui conviennent à sa formation ou à ses goûts. Le plan d'enseignement est assez général pour être adaptable à toutes les disciplines et le programme rédigé de façon très souple pour permettre une mise à jour chaque année. Les séances ont lieu dans la salle de bibliographie où l'on explique le classement, l'utilisation des fichiers et des manuels de bibliographie. Les bibliographies spéciales à une discipline sont ensuite présentées aux étudiants ainsi que les principaux périodiques; puis, pour les identifications et les recherches plus poussées, on explique le maniement des bibliographies nationales; on traite ensuite des usuels de la salle de lecture et de l'utilisation des catalogues. Chaque séance dure deux heures, après laquelle on laisse aux étudiants la libre consultation des ouvrages à étudier.

A Clermont-Ferrand, l'expérience faite par M. ARCHIMBAUD, bibliothécaire de la Section médecine, est un peu différente : limitée aux candidats docteurs en médecine, elle comporte une série de cinq cours destinés, d'une part, à aider l'étudiant dans ses recherches en lui montrant les instruments de travail dont il dispose à la bibliothèque et les resssources que lui offrent les différents services et, d'autre part, à lui donner des conseils pour la rédaction de sa thèse et pour la constitution d'un fichier personnel. Comme le Dr Hahn, M. Archimbaud insiste sur le caractère particulier du public des facultés de médecine. Dans les premières années, les étudiants ont peu recours à la bibliographie et n'utilisent qu'un nombre très restreint de répertoires. Ensuite, même au niveau de la thèse, ils n'accordent généralement à la bibliographie qu'un intérêt pratique tout à fait temporaire. Pour les sciences également, ce n'est guère qu'au moment du diplôme d'études supérieures que les étudiants commencent à s'y intéresser nous dit Mlle Chevalier, conservateur à la Bibliothèque universitaire de Clermont-Ferrand.

Sans doute les étudiants en lettres sont-ils plus « réceptifs » à l'enseignement de la bibliographie, et cela dès le début de leurs études. L'expérience de quatre années faite à Lille semble le confirmer. Mlle Viard estime que les initiations bibliographiques créent chez les étudiants des dispositions d'esprit dont bénéficie leur travail par la suite. Même s'ils retiennent peu de chose des leçons d'initiation proprement dite, ils connaissent l'existence des bibliographies, savent qu'ils peuvent y recourir, et n'ignorent aucune des possibilités que leur offrent les divers services de la bibliothèque. Ils prennent peu à peu l'habitude de la recherche et commencent leur bibliographie avant de rédiger leur diplôme d'études supérieures ou leur thèse.

Cependant, comme le fait remarquer Mme Marix-Spire, conservateur à la Bibliothèque de la Sorbonne, un des problèmes qui se posent pour cet enseignement est celui du nombre. Les visites commentées ne peuvent avoir lieu que par petits groupes, les séances de bibliographie ne peuvent s'adresser qu'à un nombre restreint d'étudiants : à Lille, 20 étudiants en moyenne, 3o au maximum. Une telle organisation paraît pratiquement impossible pour le moment au niveau de l'Université de Paris et notamment à la Sorbonne où, comme le souligne M. Calmette, conservateur en chef, on ne dispose pas encore d'un véritable centre bibliographique.

Dans une très intéressante intervention, Mme KOSSOGONOWA, bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire de Varsovie, expose ce qui est fait actuellement dans les universités polonaises. A Varsovie, on exige dès les premières années que tous les étudiants des diverses facultés suivent les conférences et les travaux pratiques organisés par la bibliothèque; plusieurs séances de deux heures consacrées d'abord au fonctionnement de la bibliothèque, aux catalogues et aux usuels de la salle de lecture, puis à la bibliographie polonaise courante et rétrospective, enfin à des exercices sur les bibliographies spéciales à chaque discipline. Ces causeries s'adressent à 1.200 étudiants. Elles sont faites au début de l'année par groupes de 20 à 25, de 8 heures à 10 heures avant l'ouverture de la bibliothèque au public. Mme Kossogonowa indique en outre que des départements spéciaux d'information bibliographique fonctionnent dans les bibliothèques des universités et dans les bibliothèques des grandes écoles.

M. Julien Cain pose alors quelques questions concernant les cours de bibliographie faits par les professeurs à leurs étudiants. C'est une tradition très ancienne. Les réponses à l'enquête faisaient état de tels cours dans la plupart des universités et, comme l'a noté Mlle Ruyssen, les bibliothécaires eux-mêmes sont de plus en plus appelés à participer à cet enseignement, soit directement, soit pour fournir les ouvrages que les étudiants auront à consulter. Mais il n'en demeure pas moins que les professeurs s'intéressent généralement aux efforts des bibliothécaires, encouragent leurs étudiants à assister aux visites commentées ou aux séances d'initiation à la bibliothèque et parfois participent à ces séances, comme l'a fait remarquer Mlle Viard, surtout lorsqu'ils sont eux-mêmes chargés d'un enseignement bibliographique. C'est là un point qu'il est intéressant de souligner de la collaboration entre les membres de l'enseignement supérieur et les bibliothécaires.

Mlle Ruyssen, après avoir rappelé que l'existence d'une salle de bibliographie est nécessairement au centre de tous les problèmes posés, surtout dans les bibliothèques universitaires françaises où le lecteur, à quelques exceptions près, n'a pas l'accès direct aux magasins, expose brièvement la situation actuelle. De grands progrès ont pu être réalisés à la faveur de réaménagements d'anciens locaux. Cependant, là où se trouvent des salles de bibliographie (Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Toulouse), on se plaint généralement de leurs dimensions insuffisantes et de la nécessité d'en exclure une grande partie de la bibliographie courante. La salle de bibliographie de la Sorbonne, si riche soit-elle, n'échappe pas à cette critique et, comme M. CALMETTE le soulignera au cours de la discussion, il est paradoxal qu'elle doive en même temps servir de salle de consultation pour les ouvrages de la Réserve. Ailleurs on a recours à des palliatifs : les bibliographies occupent les quelques rayonnages des salles de catalogues (Besançon, Clermont-Ferrand) ; le plus souvent elles se partagent avec les usuels les rayons des salles de lecture, salle des professeurs ou salle des étudiants, parfois les deux.

Le classement généralement adopté est un classement systématique par grandes disciplines (de 9 à 12 divisions). C'est seulement à Toulouse que la classification décimale a pu être utilisée pour la salle de bibliographie créée en 1954. Cette question de classement devrait actuellement être étudiée de très près, elle se pose ou va se poser de façon très précise dans les nouvelles constructions et, pour le présent, à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, à la Bibliothèque de la Faculté de droit de Paris, dans les bibliothèques de Caen, d'Aix et de Marseille. A Aix, les spécialistes des différentes disciplines du droit et des lettres ont été appelés par la Commission de la bibliothèque à donner leur avis sur le contenu de la salle. A la section des sciences de Marseille, on envisage le regroupement dans une même salle des périodiques et des bibliographies, ce qui se conçoit très bien étant donné que la bibliographie scientifique paraît pour l'essentiel sous forme de périodiques. Et ceci fait apparaître la nécessité de solutions différentes suivant que la bibliothèque est commune à plusieurs facultés ou qu'il s'agit d'une bibliothèque de section. Ces solutions sont évidemment liées en outre aux problèmes qui se posent pour chaque établissement : locaux, ressources, personnel.

Mlle ARDUIN précise que, si la classification décimale donne d'excellents résultats pour les usuels de la salle de lecture, il n'en va pas de même pour les ouvrages de la salle de bibliographie ; non que la classification soit mauvaise, mais les lecteurs la comprennent mal et il en résulte un très grand désordre. M. LELIÈVRE pense que ces difficultés viennent du caractère très complet que Mlle Arduin a voulu donner, à juste titre, à la salle de bibliographie de Toulouse, ce qui en rend le maniement plus compliqué. Il répond ensuite à une question de M. Sansen sur l'opportunité de mettre les bibliographies dans une salle de lecture d'étudiants. Il faut distinguer deux degrés dans l'initiation bibliographique des étudiants et en fait deux sortes de documents : d'un côté les usuels, et les grands répertoires de bibliographie courante, générale ou spéciale, auxquels les étudiants doivent avoir accès dans tous les cas; de l'autre les bibliographies de haute spécialisation exploitées par les seuls chercheurs. L'avantage des salles de référence est de rassembler ces deux groupes d'ouvrages. « Tout ce qui a été fait en matière d'aménagement de bibliothèques anciennes et de constructions nouvelles, l'a été dans cette perspective. »

Mlle Ruyssen rappelle les points suivants du questionnaire A : « En dehors de l'orientation ou des recherches simples à partir d'une référence donnée, êtes-vous sollicité de fournir aux spécialistes des bibliographies sur un sujet déterminé (donner éventuellement des exemples)? Ces demandes émanent-elles de professeurs, de candidats docteurs, de chercheurs (recherche fondamentale ou recherche appliquée), d'érudits locaux ? » Ainsi se trouvait posée en termes concrets la question du rôle de la bibliothèque universitaire comme centre de documentation, question déjà abordée en 1955 à propos des bibliothèques médicales 8.

Les réponses à l'enquête de 1958 pourraient être ainsi résumées, sous une forme très schématique : 1° les bibliothèques universitaires sont quelquefois sollicitées de fournir des bibliographies sur une question; 2° sauf exception, répondre à ce genre de demandes est matériellement impossible; 3° établir des bibliographies n'est pas le rôle d'un bibliothécaire d'université; 4° le public habituel des bibliothèques universitaires ne sollicite qu'exceptionnellement une aide de ce genre... On peut se demander si les bibliothécaires estiment que ce genre de travail ne peut entrer actuellement dans leurs attributions seulement en raison d'un manque de temps et de moyens, ou bien si c'est affaire de principe, et s'ils considèrent que le bibliothécaire d'université doit se refuser à être un « documentaliste »; si cela vient de ce qu'ils envisagent que leur public habituel ne requiert ou ne doit pas requérir ce genre de service. En fait, il convient de poser le problème un peu différemment et de se demander s'il est souhaitable que la bibliothèque universitaire acquière les moyens de répondre largement à ce genre de questions et qu'elle en arrive par là-même à étendre son rayon d'action en tant qu'organisme d'information et de recherche, sans négliger pour autant son public traditionnel dont les exigences sont différentes mais primordiales. La question se pose d'ailleurs de façon plus aiguë en province où la bibliothèque universitaire demeure généralement, à un certain niveau, le seul organisme vers lequel puisse s'orienter le chercheur isolé.

Actuellement aucune bibliothèque universitaire en France, à l'exception de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine et, à certains égards, la Bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris, ne fonctionne comme centre de documentation. A travers les réponses à l'enquête, Mlle Ruyssen définit ensuite à grands traits les services que les bibliothécaires des universités rendent à leur public traditionnel, professeurs et chercheurs, étudiants et, plus rarement, érudits locaux, ceux-ci travaillant plutôt à la bibliothèque municipale. Dans l'ensemble, ces trois catégories de lecteurs font eux-mêmes (ou devraient faire, dans le cas des étudiants préparant des thèses ou des diplômes) la plus grande partie de leurs recherches, le bibliothécaire n'intervenant que pour orienter celles-ci ou pour répondre à des questions particulièrement complexes. Les demandes de recherches bibliographiques plus étendues émanent surtout de chercheurs et d'étudiants étrangers, de personnalités officielles, d'autodidactes et plus généralement de personnes étrangères à l'université. Beaucoup de ces demandes sont faites par correspondance, certaines provenant de l'étranger. L'analyse des exemples fournis montre qu'il s'agit le plus souvent de recherches assez complexes mais précises, plutôt que de documentation générale sur un sujet donné. Si, dans l'état actuel des choses, fournir la bibliographie d'une question paraît impossible dans la plupart des cas, certains bibliothécaires estiment souhaitable cependant que cet aspect du rôle de leur bibliothèque puisse se développer, notamment pour les sciences (Mlle Bruchet). Encore faudra-t-il distinguer pour cela les besoins de la recherche fondamentale et ceux de la recherche appliquée, la documentation médicale avec son caractère de particulière urgence demeurant au premier plan de nos préoccupations.

Dans la discussion se trouvent ensuite confrontés ces deux aspects du rôle de la bibliothèque universitaire : celui de l'orientation des recherches pour le public traditionnel que constituent les professeurs et les étudiants, auxquels le bibliothécaire n'entend pas se substituer pour le travail de bibliographie (M. Archimbaud); celui de l'extension du rôle documentaire de la bibliothèque universitaire. Pour le Dr Hahn une évolution paraît inévitable. Mais le problème des bibliothèques spécialisées possédant tous les éléments nécessaires pour organiser un véritable centre de documentation est lié, à son avis, à celui de la formation de bibliothécaires spécialistes capables de jouer ce rôle de « documentalistes qui aujourd'hui n'entre pas exactement dans les attributions du bibliothécaire.

D'autre part, les objections faites par les chefs d'établissements de province concernant le rôle documentaire de la bibliothèque universitaire ne se présentent nullement, semble-t-il, comme des objections de principe. C'est surtout une question de moyens (M. Sansen, M. Mironneau); et à ce propos se trouvent évoquées les réalisations des bibliothèques anglaises, comme la .Régence Library de Birmingham qui dispose d'effectifs dont l'ordre de grandeur ne peut se comparer avec les nôtres, qui sont parmi les plus réduits qui existent. M. FINO cite l'exemple des bibliothèques américaines, souvent dotées, il est vrai, de subventions considérables par le secteur privé. M. MIRONNEAU estime que les bibliothécaires français ont en fait les mêmes tâches que leurs collègues étrangers et que ces tâches, avec le développement des connaissances et de l'activité des universités, ne cessent de s'accroître sans que soient prévus les moyens d'y faire face. Les bibliothèques d'université risquent, faute de moyens, de se voir dépossédées d'une partie importante du travail bibliographique qui devrait être le leur, par d'autres organismes disposant de moyens beaucoup plus considérables, comme certains instituts de l'Enseignement supérieur.

M. Poindron résume ensuite le débat et précise l'esprit dans lequel il a été préparé. On ne saurait actuellement demander aux bibliothèques universitaires de jouer le rôle de centres de documentation si on ne leur en donne pas les moyens. Et, même dans ce cas, il y aurait à fixer une limite à ce rôle. La bibliothèque universitaire n'aura jamais à se substituer aux centres de documentation spécialisée existants et mieux outillés qu'elle, notamment pour les sciences appliquées, mais à orienter les chercheurs vers ces centres. Cependant, il y a une évolution dont il faut bien tenir compte et des exigences croissantes en matière de bibliographie. Le documentaliste doit-il l'emporter sur le bibliothécaire? C'est là un faux problème : ces deux termes ne doivent nullement s'opposer. Il serait regrettable en outre, sous prétexte que les moyens manquent actuellement, de penser que les bibliothécaires doivent limiter leur rôle de bibliographes. C'est une position de retrait inacceptable pour eux. Nous manquons effectivement de bibliothécaires spécialistes et il nous faut envisager cette situation dans une perspective d'avenir.

3e séance (vendredi 19 décembre, 9 h. 30). - Bibliographies nationales et bibliographies spécialisées.

M. Julien CAIN donne la parole à M. POINDRON qui se charge de résumer les résultats des réponses au questionnaire B concernant la bibliographie nationale, et d'introduire la discussion sur ce sujet. M. Poindron constate la très grande richesse de ces réponses; et, si le temps manque pour faire état de toutes les critiques et de toutes les propositions qu'elles contenaient, tous les détails en ont été notés et seront étudiés par ceux qui ont la charge de ces bibliographies.

M. Poindron après avoir salué la présence de Mlle Gouverneur, chef du service bibliographique Biblio (Hachette), de Mlle Dougnac, conservateur en chef du Département des entrées et de Mlle Cannac, conservateur, qui ont la charge à la Bibliothèque nationale de la partie officielle de la Bibliographie de la France, excuse M. Monnet, directeur des services du Cercle de la librairie, qui ne peut assister à cette séance mais qui a manifesté le plus grand intérêt pour l'enquête et accordé toute son attention aux voeux formulés par les bibliothécaires 9

Les deux principales qualités requises pour nos deux grandes bibliographies nationales sont l'exhaustivité, en ce qui concerne les publications de langue française, et la rapidité de leur signalisation. D'autre part, on estime généralement que le système actuel, assez complexe, mériterait d'être simplifié.

Bibliographie de la France. - Première remarque : la présentation assez confuse des fascicules, qu'un sommaire pourrait rendre plus claire. Deuxième remarque : l'emploi de deux classifications différentes pour la partie « Annonces » (classification décimale) et pour la partie « officielle » (classification de la Bibliothèque nationale).

Pour la partie « Annonces », les principales observations portent sur leur retard par rapport à la mise en vente des ouvrages, sur le décalage entre les annonces proprement dites et les Livres de la semaine ; sur la confusion entre nouveaux tirages et rééditions réelles; sur les lacunes souvent constatées. Certaines améliorations pourront être apportées dans la mesure où l'on peut intervenir dans une publication de caractère publicitaire.

D'une manière générale, le système de tables existant (hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles, semestrielles) est apprécié. Sur les Livres de l'année, les avis sont partagés. Cependant, il convient de signaler que ce volume n'est pas une simple refonte des Livres du mois, qu'on y ajoute les éléments trouvés dans la partie officielle et dans Biblio, y compris les ouvrages de langue française publiés à l'étranger.

Si la partie « Annonces est régulièrement utilisée dans les bibliothèques universitaires pour les achats courants, la partie officielle, à cause de son retard considérable, ne peut y rendre les mêmes services. Elle est même trop en retard pour que ses notices puissent aider à la rédaction des catalogues. Dans ces conditions, la fragmentation en fascicules hebdomadaires n'est peut-être pas utile; une présentation globale, mensuelle ou même semestrielle faciliterait les recherches.

On a fait remarquer aussi que les indications de prix manquent assez souvent et l'on aimerait d'autre part que les ouvrages paraissant en collections fassent l'objet d'une notice secondaire au titre de la collection. Ce système de la « double entrée » est pratiqué dans certaines bibliographies étrangères, notamment la Deutsche Nationalbibliographie, et rend de très grands services dans les bibliothèques. Quant aux lacunes signalées, elles sont évidemment inhérentes aux imperfections du Dépôt légal dont les dispositions ne sont pas toujours respectées. De même, le retard apporté à la publication est dû en partie au système de dépôt de certains éditeurs qui groupent leurs envois. Il ne faut pas perdre de vue que la rédaction de la Bibliographie de la France est lié aussi à la préparation du catalogue de la Bibliothèque nationale.

En ce qui concerne les « Suppléments » de la Bibliographie de la France, certains bibliothécaires souhaiteraient pour chacun d'eux une publication régulière et globale.

Les principales observations portent sur le Supplément D (thèses françaises). Le retard signalé tient à ce que ce supplément suit le plan du Catalogue des thèses. Ne gagnerait-on pas à rendre indépendantes les deux publications : la Bibliographie de la France signalant les thèses au fur et à mesure de leur soutenance. Cela supposerait évidemment une modification dans le système des envois adopté par les bibliothèques universitaires. M. Poindron annonce d'autre part que le Catalogue des thèses de 1957 comprendra une table par auteurs et qu'on envisage pour 1959-1960 une table alphabétique matières pour cinq années en attendant la reprise des tranches quinquennales antérieures, depuis 1929.

Des voeux ont été exprimés enfin concernant la publication de nouveaux suppléments : pour les publications de congrès, colloques, etc... (mais pour M. Poindron cette question devrait être traitée plutôt sur le plan international) et aussi pour les disques. N'y a-t-il pas quelque inconvénient à multiplier les suppléments ?

Biblio. - Cette bibliographie est généralement très appréciée comme instrument de travail pour la recherche des ouvrages de langue française. La formule catalogue-dictionnaire est pratique et les volumes annuels sont très consultés. M. Poindron résume ensuite quelques critiques de détail : notamment les renvois « en chaîne », quelques inexactitudes et, comme pour la Bibliographie de la France, l'absence de la «double entrée » pour les ouvrages parus dans des collections. Enfin, on aimerait que Biblio pût éditer, tous les cinq ans par exemple, des tables cumulatives. A ce propos, on a beaucoup apprécié les derniers volumes de La Librairie française (1946-1955), mais sans cesser de souhaiter la reprise du Lorenz.

D'après l'ensemble des réponses reçues, conclut M. Poindron, ces deux bibliographies ne paraissent pas faire double emploi, à l'exception peut-être (c'est du moins l'avis de quelques-uns) des Livres de l'année et de l'édition annuelle de Biblio. Peut-être y a-t-il des améliorations à y apporter. Cependant leurs deux classements systématique et alphabétique de matières se complètent, tandis que la partie officielle de la Bibliographie de la France n'offre qu'une table alphabétique d'auteurs. On peut suggérer un accord entre le service de Biblio et le Cercle de la librairie pour qu'ils s'assurent que leurs deux publications soient également complètes et, peut-être, pour une simplification du travail, si l'on pense par exemple que la table des auteurs est faite par trois services différents.

M. Poindron termine par une brève remarque sur la bibliographie nationale sélective et note l'attention qu'un certain nombre de bibliothécaires des universités paraissent apporter au Bulletin critique du livre français.

M. Julien Cain ouvre ensuite la discussion. En ce qui concerne les deux classifications systématiques de la Bibliographie de la France, si Mlle JACQUIN, bibliothécaire à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, estime que les deux sont utiles, Mlle VIARD pense que le classement systématique de la partie officielle n'a qu'un intérêt très relatif pour les bibliothèques universitaires. M. ARCHIMBAUD fait de l'unité de classement une question de principe et choisirait la classification décimale, universellement connue, et souvent employée par les bibliographes étrangers. Pour Mlle GOUVERNEUR, cette classification est aussi plus familière aux libraires qui demeurent les principaux utilisateurs des Livres de la semaine et des Livres du mois.

Mlle DOUGNAC explique que la classification de la partie officielle correspond au classement traditionnel de la Bibliothèque nationale. Elle montre ensuite comment le retard apporté à la rédaction et à la publication de la Bibliographie de la France et qui provient en partie du Dépôt légal, est aggravé par la complexité des services de la Bibliothèque nationale et les délais d'impression. Mlle Dougnac est d'accord cependant pour étudier des solutions permettant de réduire ce retard.

La question de la « double entrée » pour les ouvrages parus dans des collections est ensuite défendue par M. GUINARD et par M. BELGODÈRE. Mlle Gouverneur signale qu'un essai a été fait par Biblio, mais qu'il entraîne trop de frais supplémentaires. Elle estime en outre qu'il faut mettre à part les grandes collections éditées par certains corps scientifiques ou par des sociétés savantes : pour celles-ci, Biblio donne le nom des collectivités responsables, ce qui permet de les repérer facilement; pour les très nombreuses collections d'éditeurs, on peut se reporter aux annonces. Cependant M. GARNIER fait remarquer le manque de précision des annonces sur ce point. Comme beaucoup de ses collègues, il souhaiterait y voir des regroupements de titres parus dans des collections. M. Julien Cain pense que l'on pourrait résoudre la question de la « double entrée » à l'aide d'un supplément semestriel à la partie officielle de la Bibliographie de la France qui pourrait être rédigé avec l'aide du Service des suites de la Bibliothèque nationale. Mme DUPRAT, conservateur de la Bibliothèque du Muséum national d'histoire naturelle, souhaiterait que ce supplément pût donner aussi l'état des ouvrages à suite, signalés par ailleurs à leur place alphabétique normale dans la bibliographie. M. Belgodère suggère que ces listes paraissent sous forme de tables renvoyant aux notices de la partie officielle, de même que pour certains ouvrages du type compte rendu de congrès ou recueil d'articles, non périodiques. Mlle Dougnac pense que des regroupements de ce genre pourraient en effet être envisagés annuellement.

A M. Guinard qui aimerait voir la Bibliographie de la France mentionner les ouvrages de langue française publiés à l'étranger, M. Julien Cain répond qu'il pourrait s'agir seulement d'un supplément auquel la Bibliothèque nationale apporterait son concours, mais nécessairement en dehors de la partie officielle, liée au Dépôt légal. Une conversation pourra être envisagée sur ce point avec le Cercle de la librairie. En ce qui concerne les lacunes reprochées à Biblio, Mlle Gouverneur affirme que le dépouillement des bibliographies belges, suisses et canadiennes est fait systématiquement pour tous les livres de langue française. Elle souhaite cependant une meilleure coordination entre Biblio et la Bibliographie de la France pour éviter que le même travail soit fait plusieurs fois. Elle demande en outre aux bibliothécaires s'ils estiment qu'en donnant les titres des nouveaux périodiques Biblio fait double emploi avec le Supplément A de la Bibliographie de la France. M. RAUX, conservateur au Département des périodiques de la Bibliothèque nationale, ne le pense pas car Biblio sert de table alphabétique de matières à la Bibliographie de la France qui n'en comporte pas. Mlle Gouverneur objecte cependant que la recherche dans plusieurs répertoires fait perdre du temps et que ce double travail coûte cher en définitive. Elle aimerait donc qu'il y ait une entente sur cette question.

Mme MESSONNIER, conservateur de la Biblitohèque universitaire de Lyon, paraît traduire l'opinion générale des bibliothécaires d'université en souhaitant que les thèses soient signalées dans la Bibliographie de la France (Supplément D) au fur et à mesure des soutenances. D'autre part, comme M. Mironneau, elle exprime le regret de ne pas voir les thèses qu'on publie sous forme d'ouvrages signalées dans la Bibliographie de la France en tant que thèses. D'un côté, on risque d'acheter un ouvrage dont on recevra ensuite un exemplaire par le Service des thèses; de l'autre, certaines thèses imprimées après soutenance risquent d'échapper au contrôle des universités et de n'être jamais déposées. Mlle Gouverneur signale à ce sujet que Biblio mentionne presque toujours cette indication en note. M. Poindron doute que l'on puisse obtenir des éditeurs eux-mêmes cette mention dans leurs annonces.

Ensuite M. Poindron passe rapidement en revue les principales suggestions relatives à la création de nouveaux services bibliographiques. Beaucoup de bibliothécaires d'université réaffirment leur désir maintes fois exprimé d'un dépouillement à l'échelon national des grandes revues générales françaises.

La question des catalogues collectifs a également été reprise. On souhaiterait en particulier un catalogue collectif des ouvrages des grandes bibliothèques d'étude de Paris.Mais le Catalogue collectif des ouvrages étrangers est déjà une entreprise assez lourde et qui en est tout de même encore à ses débuts. On ne peut lancer tout de suite de nouvelles entreprises. M. Poindron rappelle que l'on continue la mise sur fiches de l'ancien catalogue dit de Montpellier et qu'il faudra sans doute d'abord envisager de combler la lacune des années 1938-1951. D'autre part, c'est à dessein que l'on n'a pas fait figurer les thèses étrangères au catalogue collectif, puisque l'on a par ailleurs les moyens de savoir quelles thèses reçoit chaque université. Cependant, le catalogage à l'échelon national des thèses étrangères vient d'être entrepris par le Service de multigraphie que dirige Mme Delsaux; trois fiches pour chaque thèse seront envoyées aux bibliothèques.

Quant au vœu exprimé de voir créér un service analogue à celui de l'Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours (I. P. P. E. C.) pour les périodiques français, il ne peut pas actuellement être pris en considération.

M. Julien Cain donne ensuite la parole à Mlle SALVAN. Rendant compte des résultats de l'enquête sur les bibliographies spécialisées, Mlle Salvan insiste sur l'importance de la bibliographie imprimée. Les bibliographies internationales spécialisées ont figuré à l'ordre du jour de la Commission nationale de bibliographie qui a encouragé notamment l'élaboration du rapport de Mlle L.-N. Malclès, actuellement réédité 10.

La question de la sélection mécanique a été posée dans le questionnaire B parce que c'est un problème auquel on ne peut rester indifférent. Toutefois, la solution de ce problème intéresse l'avenir; dans l'immédiat, les bibliographies spécialisées imprimées conservent toute leur efficacité.

Si l'on envisage les lacunes des bibliographies spécialisées, on estime généralement que les services ne forment pas un ensemble organiquement conçu pour couvrir tout le champ de la documentation; on dénonce le manque de coordination qui aboutit à des lacunes et à des doubles emplois, et on fait valoir d'autre part que certains services sont mal adaptés aux besoins scientifiques nouveaux. La bibliographie n'a pas atteint, selon certains spécialistes, peut-être pour des raisons d'ordre commercial, au même degré de spécialisation que les disciplines correspondantes. D'autre part, les délais de publication sont trop longs : trois ans parfois s'écoulent entre la publication de la bibliographie et la date d'édition des travaux recensés.

L'insuffisance du recensement des documents par aire linguistique est bien connue des bibliothécaires et des chercheurs. Si le manque d'information concernant les domaines slave et extrême oriental est déploré, si l'on réclame, notamment pour la documentation russe, des traductions et des analyses, on fait valoir que d'autres aires linguistiques sont également négligées : c'est le cas des domaines scandinave, hispano-américain et arabe.

Si l'on en vient au recensement des documents par spécialité, la situation paraît assez satisfaisante sur le plan des sciences fondamentales où un effort particulier a été fait. On souhaiterait en revanche une organisation plus systématique de la bibliographie médicale où certaines branches sont négligées et, dans l'ensemble, les bibliothécaires appellent de leurs voeux une bibliographie générale courante française pour la médecine - soit la création d'un nouveau service, soit l'extension aux disciplines médicales du recensement effectué par le Bulletin signalétique du C. N. R. S.

Pour les sciences humaines, les critiques rejoignent celles qui ont été formulées depuis des années par les spécialistes de la Commission nationale de bibliographie et qui restent valables : insuffisance des répertoires concernant les langues romanes, la littérature française du Moyen âge et de l'époque contemporaine et, surtout, les écrivains français vivants; absence d'un guide pour l'étudiant (dont on préconise l'établissement sous forme de bibliographie sélective donnant une place aux thèmes et aux genres littéraires).

En ce qui concerne l'histoire, si l'on se félicite de la publication de la Bibliographie annuelle de l'histoire de France (reprise du « Caron »), on souhaiterait certains compléments, par exemple une bibliographie critique courante des sources de l'histoire de France et des guides pour les étudiants, en particulier pour les étudiants d'histoire ancienne.

Certains géographes paraissent considérer comme insuffisante et mal adaptée aux besoins nouveaux la Bibliographie géographique internationale et expriment le voeu de voir le recensement du Bulletin du C. N. R. S. s'étendre aux disciplines géographiques.

Enfin, on déplore unanimement l'interruption du « Grandin » et on souhaite la création d'une bibliographie juridique courante.

M. Julien Cain insiste à son tour sur le rôle joué par la Commission nationale de bibliographie et sur l'importance de l'aide apportée par le C. N. R. S. et, sur le plan international, de la contribution de l'Unesco et du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines. Malgré les progrès déjà réalisés en matière de bibliographie grâce à ces divers concours, nous avons le devoir de signaler ce qu'il serait encore utile d'entreprendre et d'en faire part au C. N. R. S. ainsi qu'aux organisations non gouvernementales qui reçoivent des subventions de l'Unesco.

M. Garnier rappelle le vœu généralement exprimé de l'extension du Bulletin signalétique du C. N. R. S. à d'autres disciplines. Cependant, il faudrait sans doute améliorer d'abord le Bulletin tel qu'il existe et lui donner un index par matières. Actuellement le Bulletin permet aux chercheurs d'être régulièrement informés des travaux qui les intéressent, mais seulement pour l'année courante, aucune recherche rétrospective n'étant possible. M. Julien Cain donne raison à M. Garnier mais fait état des difficultés du C. N. R. S. pour lequel cette publication représente déjà une charge très lourde. Amélioration et extension sont liées à des questions de crédits. M. Julien Cain se propose néanmoins de transmettre le voeu des bibliothécaires à la Direction du C. N. R. S. en même temps qu'à M. Wyart, directeur du Bulletin signalétique. Mlle GÉRÔME-GEORGES, bibliothécaire à l'Université de Paris, puis Mlle GARNIER, chef du Centre de documentation du Centre international de l'enfance, signalent l'effort actuel du C. N. R. S. pour remédier à l'absence de table des matières en utilisant un système de sélection. M. Gamier pense d'autre part que l'on pourrait sans doute accorder des subventions à d'autres organismes. Il cite l'exemple de la Société botanique de France dont le Bulletin contient une partie bibliographique qui rend compte des travaux étrangers et possède un index. M. Julien Cain estime qu'il ne faut peut-être pas en effet chercher à alourdir encore la tâche du C. N. R. S. qui est déjà considérable. Il suggère néanmoins que M. Poindron réunisse ceux que ces questions intéressent et promet de transmettre leurs desiderata.

Mlle Salvan reprend son exposé en abordant les résultats de l'enquête sur le type idéal de bibliographie spécialisée courante.

Ce « type idéal » se dégage des réponses formulées qui préconisent une présentation aérée, normalisée, mettant l'essentiel en valeur, des références bibliographiques très complètes. La majorité des suffrages s'orientent vers une bibliographie sélective offrant de brèves analyses classées systématiquement et munie d'un index alphabétique d'auteurs et de matières ou d'un index-dictionnaire. Toutefois, l'enquête fait apparaître que les exigences des bibliothécaires spécialisés (sections de médecine) appellent un équipement plus riche, comportant parallèlement des répertoires exhaustifs et signalétiques, et des bibliographies analytiques « en profondeur ».

Parmi les bibliographies les plus appréciées, répondant le mieux - semble-t-il - au voeu des utilisateurs, figurent en premier lieu L'Année philologique, en second lieu, le Répertoire d'art et d'archéologie. Viennent ensuite la Bibliographie géographique internationale malgré les réserves formulées plus haut, la Bibliographie annuelle de l'histoire de France, La Documentation économique, Population, le Bulletin analytique de documentation économique et sociale.

En sciences fondamentales, malgré les critiques portant sur l'absence d'index et la quasi-impossibilité d'une consultation rétrospective, le Bulletin signalétique du C. N. R. S. est apprécié à cause de l'ampleur de son recensement. Les grandes bibliographies médicales étrangères (Excerpta medica, Index medicus et Current list) font également l'objet d'éloges.

Quelques suggestions d'ordre général rejoignant souvent les conclusions de la Commission nationale de bibliographie sont proposées pour l'amélioration des services : 1° création d'entreprises groupant des spécialités voisines, du type Excerpta medica; 2° développement de la coopération internationale et des initiatives de l'Unesco; 3° formation de bibliothécaires-bibliographes rompus aux méthodes rigoureuses et conservant un sens encyclopédique qui manque de plus en plus aux spécialistes.

S'il est toutefois légitime de proposer certaines améliorations des services, il conviendrait parallèlement de s'assurer que les ressources existantes sont pleinement exploitées. Or, il ressort de l'enquête que l'équipement bibliographique des bibliothèques universitaires provinciales est notoirement insuffisant; en particulier pour les petites universités où la pauvreté des fonds devrait être compensée par l'abondance des instruments de travail.

Le pointage d'une liste type a permis de constater la valeur de l'équipement de Paris et de Strasbourg, mais a révélé l'insuffisance de la plupart des fonds bibliographiques provinciaux : ici, la commission de la bibliothèque est intervenue pour faire malencontreusement suspendre des collections jugées trop onéreuses; ailleurs, on s'est jugé dispensé d'acquérir telle ou telle bibliographie que possédait déjà une bibliothèque d'institut. Il est bien évident cependant que la commission de la bibliothèque ne devrait pas intervenir dans l'acquisition d'instruments de travail de base; que, par ailleurs, la bibliothèque d'institut étant souvent peu accessible, la bibliothèque centrale doit posséder en tout état de cause un équipement complet pour l'ensemble de ses lecteurs et, éventuellement, pour les stagiaires qui préparent en province leur examen professionnel de bibliothécaire.

Il y a donc un gros effort à faire, non seulement pour acquérir, mais pour faire connaître les répertoires bibliographiques. D'une façon générale, il convient d'admettre que les effectifs actuels du personnel scientifique ont été jusqu'ici trop faibles pour permettre le développement des services de référence, encore embryonnaires en France il faut bien le dire. Il serait urgent de préparer ce développement si l'on veut que la bibliothèque universitaire puisse être en mesure d'assurer vraiment son rôle auprès de l'enseignement et de la recherche.

M. Julien Cain demande qu'un effort soit fait pour améliorer l'équipement bibliographique des bibliothèques universitaires. M. Guinard pense que les lacunes pourront être peu à peu comblées. Mlle CHEVALIER fait observer que ce genre d'acquisitions est souvent lié à l'activité des spécialistes de l'université et au changement fréquent du personnel enseignant. Cependant, comme l'affirme M. Julien Cain, l'acquisition des instruments de base que sont les bibliographies ne doit pas dépendre de telles contingences. Pour M. Mironneau les professeurs (à l'exclusion des chercheurs spécialisés) consultent relativement peu les bibliographies proprement dites et, d'autre part, se procurent directement les revues qui les intéressent, dans leurs bibliothèques d'instituts. C'est aussi l'avis de M. Belgodère : à Paris, les mathématiciens vont peu à la bibliothèque universitaire et ont obtenu des crédits pour leurs instituts. M. Julien Cain pense que professeurs et spécialistes iront d'autant plus dans les bibliothèques universitaires et reconnaîtront d'autant mieux leur utilité que celles-ci seront mieux outillées en instruments fondamentaux de recherche. M. Gamier soutient ce point de vue et pense que le meilleur moyen d'entretenir chez les lecteurs l'esprit de recherche en matière de documentation, c'est de donner aux bibliothèques universitaires un bon équipement bibliographique. Que penser d'une bibliothèque qui négligerait par exemple la documentation bibliographique en langue allemande, qui est en général excellente, sous prétexte que les lecteurs lisent plus aisément l'anglais ? Si le lecteur va d'abord au plus pressé - et sans doute au plus facile pour lui - il n'est pas rare qu'il doive ensuite compléter sa documentation. Et M. Julien Cain estime que c'est le devoir absolu des bibliothécaires de lui en fournir les moyens. Mlle ARDUIN réaffirme le point de vue de quelques-uns des chefs d'établissements qui se heurtent, pour l'acquisition des revues bibliographiques, à des objections ou à des refus de la commission de la bibliothèque. Les professeurs possèdent parfois les bibliographies spécialisées dans leurs laboratoires ou leurs instituts, et ne jugent pas utile que la bibliothèque universitaire en fasse l'achat. M. Julien Cain estime toutefois que l'équipement bibliographique de l'établissement regarde le conservateur et ne devrait pas être soumis à la commission.

M. Poindron attire ensuite l'attention des bibliothécaires sur la nécessité de prévoir rapidement l'équipement en publications soviétiques. Si, faute de connaître le russe, on ne s'intéresse pas encore beaucoup à ces publications, il faut prévoir que, d'ici peu d'années, il y aura énormément de demandes et la bibliothèque universitaire ne doit pas prendre de retard dans ce domaine.

M. Poindron aborde, pour terminer, la question de la « sélection mécanique » telle qu'elle avait été posée dans le questionnaire B. L'avis général qui se dégage des réponses reçues est que la sélection mécanique n'a pas sa place dans une bibliothèque universitaire et que rien ne peut remplacer l'aspect pédagogique de la recherche bibliographique - et, bien entendu, il ne peut s'agir de sélection mécanique au niveau de l'étudiant. Mais la bibliothèque universitaire doit-elle être uniquement envisagée sous l'angle de l'enseignement ? De plus en plus, elle sera appelée à jouer un rôle dans la recherche appliquée. Dans une politique de décentralisation industrielle, les université de province et leurs bibliothèques seront les seuls centres de travail possibles. On envisage seulement la sélection mécanique comme un instrument de recherche courante. Mais elle peut aussi intéresser la recherche rétrospective. On y a pensé au C. N. R. S. par exemple.

Jusqu'ici, c'est surtout dans des domaines très spécialisés que la sélection mécanique a été utilisée (chimie, pharmacie) et pour des masses très limitées de documents. Ils ne semble donc pas que les systèmes à cartes perforées, obligeant à un préclassement, soient des solutions d'avenir. C'est une solution pour des millions de fiches qu'il faudra trouver. C'est affaire de calculateurs électroniques, mais aucune expérience concluante n'a encore été faite dans des bibliothèques ou des centres de documentation. En France des travaux se poursuivent néanmoins : ceux du Dr Samain par exemple, et M. Poindron cite l'expérience du Centre de documentation de Péchiney sur lequel une note sera publiée.

Il n'est pas question de faire de telles expériences dans les bibliothèques universitaires, conclut M. Poindron. Cependant, il faut que les bibliothécaires s'intéressent à ces questions, si ardues qu'elles leur paraissent. Car ce n'est pas l'affaire des seuls techniciens : ceux-ci ignorent tout des problèmes propres aux bibliothèques. Et M. Poindron fait appel aux bibliothécaires dont les connaissances scientifiques leur permettraient d'étudier eux-mêmes les possibilités offertes notamment par l'électronique pour l'utilisation du matériel bibliographique.

Mme DELSAUX, conservateur chargé du service de multigraphie, demande que le Bulletin des bibliothèques de France tienne ses lecteurs au courant des expériences qui seront faites. M. Julien Cain promet qu'il continuera d'y avoir des articles et des notes sur cette question.

4e séance (vendredi 19 décembre, 14 h. 30). - Questions diverses.

Cette réunion, strictement réservée aux bibliothécaires des universités, fut présidée par M. Pierre LELIÈVRE, inspecteur général, adjoint au Directeur. M. POINDRON y évoqua tout d'abord la possibilité d'une entente entre les bibliothèques universitaires pour l'acquisition des traductions intégrales en langue anglaise de périodiques soviétiques; les questions posées par la bibliographie des publications soviétiques et par les échanges avec l'U. R. S. S. firent l'objet d'une discussion à laquelle Mlle COURTOIS, conservateur chargée du Service des échanges internationaux, avait été appelée à participer.

M. BLETON, conservateur au Service technique, exposa ensuite brièvement l'état actuel des travaux dans les bibliothèques universitaires. A un certain nombre de questions d'ordre administratif posées par des bibliothécaires d'université (recrutement du personnel de service, « emplois réservés »; recrutement de personnel spécialisé pour les ateliers de photographie et gestion financière de ces ateliers; établissement à l'échelon national des états de traitement, exécution des formalités relatives aux carrières des membres du personnel), M. PAUL et M. KILIAN, administrateurs civils, apportèrent leur réponse ainsi qu'aux divers points soulevés au cours de la discussion (concours de magasiniers, recrutement du personnel administratif, rôle du stage dans le recrutement, uniforme des gardiens, etc...). Divers problèmes firent ensuite l'objet d'interventions de la part des membres du Service technique : la date des Journées d'étude, le rapport annuel du bibliothécaire et les commentaires des statistiques des bibliothèques universitaires, le prêt entre bibliothèques, l'utilisation des systèmes de télescripteurs ; les conditions dans lesquelles les diplômes d'études supérieures non imprimés, en dépôt à la bibliothèque universitaire, peuvent être communiqués au public; la diffusion régulière dans les bibliothèques universitaires des programmes des concours de l'enseignement secondaire; les instructions pour la rédaction des fiches de thèses.

Au sujet de la reprise éventuelle du Gesamtkatalog der Wiegendrucke, M. BRUN, inspecteur général et président de la Commission du livre ancien de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires, donne l'état de la question, qui fut évoquée en 1958 au Colloque des bibliothèques nationales à Vienne, puis au Conseil de la F. I. A. B. à Madrid. M. Lelièvre répond à une intervention de M. PITANGUE, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Montpellier, sur les bibliothèques des centres pédagogiques régionaux et leurs relations avec la bibliothèque universitaire. Le problème des bibliothèques des instituts de préparation à l'enseignement secondaire (I. P. E. S.) et des bibliothèques de l'enseignement du 3e cycle est ensuite évoqué. Pour répondre au voeu formulé par de nombreux bibliothécaires d'un service national de fiches imprimées pour les ouvrages édités en France, M. Lelièvre rend compte brièvement d'une expérience tentée au cours de l'année 1958 avec le concours de six bibliothèques municipales et annonce son intention de reprendre cette expérience dans la perspective des acquisitions françaises d'une bibliothèque universitaire.

5e séance (samedi 20 décembre, 9 h. 30). - Bibliographie régionale. Information professionnelle.

M. Julien CAIN annonce que l'étude des problèmes bibliographiques doit se terminer à cette séance par la question de la bibliographie régionale telle qu'elle peut se poser dans les bibliothèques universitaires. Mlle SALVAN est chargée d'introduire la discussion. Elle rappelle l'importance de l'information régionale pour les bibliothèques de province : il a toujours paru naturel de concevoir ce problème dans la perspective des bibliothèques municipales, mais il intéresse aussi les bibliothèques universitaires. En 1957, la question donna lieu à des échanges de vues aux Journées d'étude des bibliothèques municipales 11.

En novembre 1958, une réunion de la Commission nationale de bibliographie fut consacrée à l'organisation de la bibliographie régionale 12 : d'abord à l'étude des moyens existants, ensuite à ce qui serait théoriquement souhaitable. Parmi les moyens existants, dont l'ensemble ne suffit pas à couvrir toute la documentation régionale, la commission a accordé une attention particulière au dépouillement effectué par le Centre bibliographique Duportet. Ce travail de « mine » a abouti à 500.000 fiches de base (dépouillement de revues régionales de 51 départements et de revues générales importantes). L'entreprise Duportet est en mesure de fournir des fiches destinées à alimenter divers fichiers régionaux et a mis à l'étude d'autre part un « bulletin des sommaires » (Informations bibliographiques) qui permettrait de tenir à jour les fichiers et de renseigner les chercheurs. D'autre part, les intéressantes suggestions de M. Rocher, bibliothécaire à la Bibliothèque municipale de Lyon, ont fait l'objet d'un rapport, puis d'un article dans le Bulletin 13. L'organisation systématique de la documentation régionale appellerait la création de centres régionaux reliés à un centre national. Mais comment définir la région ? La Commission nationale de bibliographie a retenu provisoirement l'idée de prendre pour unité le ressort académique.

Mlle Salvan précise qu'il ne s'agit pas de demander aux bibliothèques universitaires de recueillir la documentation régionale. Sans doute celles-ci possèdent-elles déjà d'importants éléments : certaines sont particulièrement riches en revues régionales reçues par échange ou provenant du dépôt de sociétés savantes; beaucoup d'entre elles ont recueilli une documentation scientifique intéressant'leur région. Toutefois c'est généralement la bibliothèque municipale qui paraît le mieux en mesure de traiter les problèmes de la documentation régionale. Une solution satisfaisante consisterait à charger la bibliothèque municipale du siège de la région académique de recueillir et de tenir à jour ce qui est publié dans la région et ce qui paraît sur la région. Ce n'est là qu'un projet, mais il a paru indispensable d'en informer les bibliothécaires des universités puisque, en tout état de cause, une collaboration qui devrait s'étendre à d'autres organismes régionaux, comme les chambres de commerce, doit s'instaurer et se développer.

M. POINDRON demande aux bibliothécaires d'université dans quelle mesure ils estiment pouvoir apporter leur contribution à ce travail et collaborer avec les bibliothèques municipales. Mme LANG, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, estime que cette collaboration est possible. A Strasbourg, la situation est évidemment particulière du fait que le fonds ancien le plus important se trouve, non pas à la Bibliothèque municipale, mais à la Bibliothèque nationale et universitaire qui joue le rôle d'un centre de documentation pour l'Alsace et répond régulièrement à des demandes de toutes provenances. Mme Lang, chargée de ce service, dépouille tous les ans plus de 5oo revues, outre la production régionale et les apports du dépôt légal alsacien. Au cours de ces dépouillements, elle trouve fréquemment des articles concernant d'autres régions et qui ont échappé à la bibliographie faite localement. Les bibliothèques municipales sont généralement beaucoup moins riches en périodiques que les bibliothèques universitaires, aussi des échanges de renseignements dans ce domaine seraient certainement fructueux.

Pour M. GUINARD, cette question s'intègre dans le problème du rôle de la bibliothèque universitaire comme centre de documentation. Il pense que la documentation régionale doit être confiée à la bibliothèque municipale mais qu'il peut en résulter une confusion, la bibliothèque universitaire devant nécessairement conserver la place qu'elle seule peut avoir dans le domaine scientifique. M. LELIÈVRE croit qu'il peut en effet y avoir équivoque lorsqu'on parle de documentation régionale. Il faut préciser qu'il ne s'agit pas de la documentation générale envisagée à l'échelon régional et pour laquelle la bibliothèque universitaire est certainement beaucoup mieux équipée. En revanche, la documentation régionale, au sens strictement géographique du terme, est nettement du ressort des bibliothèques municipales et cela pour deux raisons : la richesse de leur fonds ancien au service de l'érudition locale traditionnelle ; l'orientation de ces bibliothèques vers les domaines économique et social, telle qu'elle a pu être définie au cours des Journées d'étude de 1957. Mais il est évident qu'une collaboration devrait exister dans ce domaine entre bibliothèque municipale et bibliothèque universitaire, d'autant plus qu'à l'université certaines chaires d'enseignement général ont recours aux divers aspects de la documentation régionale. M. MIRONNEAU qui dirige à la fois une bibliothèque universitaire et une bibliothèque municipale, précise qu'à Besançon où il existe un fichier de documentation comtoise, celui-ci se trouve normalement à la bibliothèque municipale.

M. Julien Cain donne alors la parole à M. Poindron qui rappelle brièvement l'aide apportée aux bibliothécaires par les publications de la Direction des bibliothèques et en premier lieu par le Bulletin des bibliothèques de France. M. Poindron définit les principaux objectifs de cette publication : donner aux bibliothécaires français une série d'informations professionnelles concernant les différentes catégories de bibliothèques et les tenir au courant des problèmes nouveaux; faire connaître à l'étranger l'activité de nos bibliothèques et le point de vue des bibliothécaires français. Il donne ensuite quelques éléments de détail sur la diffusion du Bulletin et sur l'accueil encourageant que celui-ci a rencontré, notamment à l'étranger.

Le questionnaire B demandait aux bibliothécaires des universités d'exprimer leur avis et leurs suggestions concernant la deuxième partie du Bulletin des bibliothèques de France (Bulletin de documentation bibliographique). Toutefois, quelques remarques ont été présentées sur l'ensemble de la publication. Tout d'abord une critique du plan général adopté et le voeu de voir rejeter à la fin de chaque fascicule les informations officielles et la chronique comme des éléments de moindre importance pour l'étranger. L'expérience montre cependant que ces rubriques ne sont pas sans intérêt pour nos collègues étrangers. D'autre part, une telle modification entraînerait un changement total dans la structure et le caractère du Bulletin dont les deux parties, qui font suite à deux publications d'origine différente, répondent chacune à des objectifs bien définis. On a proposé également - et ce sera sans doute possible - de paginer séparément ces deux parties pour permettre ensuite de relier chacune avec ses propres tables.

Après avoir donné quelques indications sur les articles prévus pour les mois à venir, M. Poindron rappelle aux bibliothécaires toute l'importance de l'information professionnelle et regrette que l'enquête de 1958 révèle à ce point de vue des lacunes importantes dans les bibliothèques universitaires qui devraient cependan recevoir l'essentiel des grandes revues étrangères concernant la documentation et la bibliothéconomie.

M. Julien Cain fait alors appel aux bibliothécaires présents pour qu'ils adressent régulièrement au Service technique toutes les informations destinées à enrichir le Bulletin, pour que celui-ci donne une idée de plus en plus complète de la vie des bibliothèques françaises. Après avoir rappelé que la deuxième partie du Bulletin des bibliothèques de France est venue remplacer le Bulletin de documentation bibliographique multigraphié, rédigé à la Bibliothèque nationale depuis 1934 par les soins de Mme S. Briet, M. Julien Cain donne la parole à Mlle Salvan qui a la charge de l'actuel Bulletin de documentation bibliographique.

Mlle Salvan rend compte des jugements portés sur le Bulletin de documentation bibliographique dont on s'accorde presque toujours à reconnaître l'utilité, soit pour l'information générale, soir pour les acquisitions. Beaucoup de réponses expriment une satisfaction totale, certaines se bornent à souhaiter que la partie bibliographique prenne plus d'importance. Quant aux critiques et aux suggestions, elles portent soit sur l'ensemble du Bulletin de documentation bibliographique, soit sur la partie signalétique, soit sur la partie analytique.

Écartant la proposition relative à une fusion éventuelle de ces deux parties, ormulée dans certaines réponses, Mlle Salvan rappelle les origines de la disposition adoptée. La partie signalétique, en principe exhaustive, de contenu français, est établie sur la base du Dépôt légal à la Bibliothèque nationale. La partie analytique est sélective, de contenu international; elle est établie sous la responsabilité du Service technique; elle recense des ouvrages reçus au Service technique ou dans les grandes bibliothèques parisiennes, soit par achat, soit en service de presse. Il y a lieu d'adresser en passant des remerciements aux organismes français et étrangers qui se montrent le plus souvent très généreux en ce qui concerne les envois gracieux de publications. Il faut signaler que le recensement des documents ainsi effectué permet une coordination satisfaisante des acquisitions étrangères dans le domaine professionnel. Il convient enfin de rendre hommage aux collaborateurs bénévoles, à l'heure actuelle plus de 150 bibliothécaires ou spécialistes.

Quelques critiques s'adressent à la présentation du Bulletin de documentation bibliographique. On sait que des motifs d'ordre économique ont entraîné le choix d'une disposition correcte mais quelque peu sévère. Les mêmes motifs s'opposent à certaines des innovations suggérées tendant par exemple : 1° à offrir aux abonnés des notices à découper ou des services de fiches; 2° à annexer à chaque fascicule un index alphabétique de matières. On peut accueillir plus favorablement, ou en tout cas étudier, les propositions relatives à l'établissement de tables cumulatives, peut-être aussi celles qui tendent à inclure dans les notices l'indication du prix.

Mlle Salvan constate avec satisfaction que les critiques visent rarement le champ de recensement du Bulletin de documentation bibliographique, conçu très largement à l'origine par Mme Briet; l'élargissement de l'horizon professionnel justifie pleinement cette conception et seules quelques réponses expriment le voeu de voir le Bulletin limiter son recensement à la bibliographie générale et à la bibliothéconomie.

Le contenu de la partie signalétique est généralement apprécié; elle est « irremplaçable » disent certains. On remarque qu'elle dépouille des revues que les bibliothèques de province ne possèdent pas, qu'elle signale les « titres et travaux » qui échappent facilement aux bibliothécaires, les mises au point du type « acquisitions médicales », les numéros spéciaux de revues, les brochures hors commerce, les suites et collections et enfin les « bibliographies cachées si précieuses pour l'information du lecteur. Toute bibliographie signalétique de ce type, en principe exhaustive, observe Mlle Salvan, doit apporter en fait une sélection de qualité. Sur ce délicat problème du choix, le Bulletin de documentation bibliographique a donné prise notamment aux critiques des bibliothécaires médicaux qui lui reprochent une certaine tendance à isoler arbitrairement (pour des caractères purement formels) tel article très spécialisé, et qui souhaiteraient que l'on recherchât systématiquement les groupes importants d'articles sur un sujet donné, voire les colloques et les grands congrès internationaux. Cette suggestion sera étudiée et, par ailleurs, la rédaction espère, précisément avec l'aide des bibliothécaires médicaux, développer le recensement des documents importants pour l'information des chercheurs. Le classement fait aussi l'objet de deux séries de suggestions : la première, qu i préconise un double classement (ouvrages et articles), ne peut être retenue car elle compromettrait l'unité de l'ensemble; la seconde, qui recommande l'adoption d'une classification plus détaillée, pourra en revanche être mise à l'étude.

Il ressort de l'ensemble des réponses que la partie analytique considérée comme « intéressante et vivante »..., « ouverte à ce qui se fait à l'étranger », est appréciée et lue avec beaucoup d'intérêt. Quelques bibliothécaires cependant la jugent « trop technique..., mal adaptée aux tâches quotidiennes d'une bibliothèque universitaire ». Mlle Salvan précise que, même si certains ouvrages analysés ne doivent pas être acquis, il est bon que les bibliothécaires en connaissent néanmoins le contenu. Il a d'ailleurs été maintes fois constaté que les bibliothèques universitaires sont assez pauvres en matière de documentation professionnelle et qu'un effort doit être fait à cet égard. La plupart des réponses reconnaissent cependant l'utilité du Bulletin de documentation bibliographique, soit pour renseigner sur les ouvrages qu'on ne peut envisager d'acquérir, soit pour les acquisitions elles-mêmes. On souhaite en général que la partie analytique prenne encore plus d'ampleur, surtout dans le domaine des sciences fondamentales. Mlle Salvan termine en faisant appel à la collaboration des bibliothécaires universitaires parisiens et provinciaux qui peuvent, dans leur spécialité propre, aider le Service technique à recenser les documents importants et à rédiger des comptes rendus.

M. Julien Cain adresse ses remerciements à Mlle Salvan, à M. Poindron et à leurs collaborateurs qui assurent en équipe les tâches de rédaction du Bulletin des bibliothèques de France. Il remercie également les nombreux collaborateurs du Bulletin pour les articles et leurs comptes rendus et souhaite que cette collaboration fructueuse soit encore étendue.

M. LETHÈVE, secrétaire général de l'Association des bibliothécaires français, attire alors l'attention des bibliothécaires sur le Bulletin d'informations de l'Association des bibliothécaires français dont l'impression, depuis 1951, a permis d'étendre la diffusion en France et à l'étranger. Il souhaiterait que les bibliothécaires des universités lui apportent également leur concours. M. Julien Cain saisit cette occasion pour féliciter l'Association des bibliothécaires français de l'effort qu'elle a fait au cours de ces dernières années.

M. Julien Cain remercie ensuite les organisateurs de ces réunions et souhaite que la tradition des Journées d'étude puisse se continuer dans les années à venir. Il est particulièrement heureux que les rencontres de 1958 aient permis d'utiles échanges de vues, non seulement sur la vie quotidienne des bibliothèques universitaires, mais aussi sur des problèmes qui dépassent le cadre de nos bibliothèques, comme ceux que pose actuellement la bibliographie et que la Commission nationale de bibliographie doit résoudre sur le plan national tout en apportant sa contribution à un programme international.

Annexe

Questionnaire A

I. - Information bibliographique des lecteurs.

- Avez-vous récemment établi un guide du lecteur ? (joindre éventuellement un spécimen).

Si vous avez organisé des conférences ou des travaux pratiques d'initiation bibliographique en début d'année à l'usage des étudiants, veuillez donner des précisions sur cet enseignement.

- Les moyens dont vous disposez (locaux, personnel et crédits) vous ont-ils permis d'équiper une ou plusieurs salles de bibliographie (section centrale et éventuellement autre section) ?

Donnez des renseignements généraux sur le genre de répertoires mis à la disposition des chercheurs et sur leur nombre. Indiquez le mode de classement choisi. Donnez si possible des précisions sur l'utilisation qui est faite par les lecteurs de ces fonds de libre accès.

- Recevez-vous des bibliographies courantes spécialisées ? Sont-elles consultées par les lecteurs ?

Pointez sur la liste ci-jointe, donnée à titre purement indicatif, les revues que vous recevez en précisant la date de départ de votre collection. Indiquez, si possible, l'utilisation qui en est faite par vos lecteurs.

- Les spécialistes de votre université consultent-ils régulièrement les mises au point généralement intitulées Recent advances, Annual reviews, Progress in etc... ?

- En dehors de l'orientation ou des recherches simples à partir d'une référence donnée, êtes-vous sollicité de fournir aux spécialistes des bibliographies sur un sujet déterminé (donner éventuellement des exemples) ?

- Ces demandes émanent-elles :
de professeurs;
de candidats docteurs;
de chercheurs (recherche fondamentale ou recherche appliquée); d'érudits locaux ?

II. - Information professionnelle du personnel scientifique.

- En dehors des bibliographies proprement dites (nationales, spécialisées, etc.), quels sont les moyens d'information que vous utilisez en pratique pour vos acquisitions (en particulier, utilisez-vous des revues publiant des comptes rendus) ?

Donnez éventuellement des exemples.

- Recevez-vous des revues professionnelles ?

Ex. Library science abstracts ;
Revue de la documentation ;
Journal of documentation, etc.

- Estimez-vous que le personnel scientifique de votre établissement est suffisamment équipé pour guider les stagiaires du D.S.B. ?

Questionnaire B

- Consultez-vous des revues professionnelles ? Le Bulletin de documentation bibliographique du Bulletin des bibliothèques de France vous est-il utile ?

Avez-vous des suggestions à présenter relativement à l'amélioration de ce Bulletin (parti signalétique ou partie analytique) ?

- Êtes-vous satisfait par les services existants de bibliographie nationale courante (exhaustive, sélective, etc.) ? Quelles améliorations devraient, à votre avis, être apportées à ces services (Bibliographie de la France, Biblio, etc.) ?

Quel services nouveaux jugez-vous souhaitable de créer ?

- Quelles lacunes graves vous paraissent comporter les services de bibliographie spécialisée,

du point de vue linguistique,

du point de vue de la spécialité ?

- Quel est, selon vous, le type idéal de la bibliographie spécialisée courante : type de notices (signalétique, analytique, etc.);

présentation des notices;

classement des notices, etc. ?

- Le problème de la section mécanique a-t-il retenu votre attention ?

Connaissez-vous, dans les centres de documentation de votre région, des entreprises bibliographiques de ce type ?

- Participez-vous à des entreprises bibliographiques ? Lesquelles ?

Apporteriez-vous éventuellement votre collaboration à l'une de ces entreprises ?

  1. (retour)↑  Le compte rendu multigraphié des journées d'étude de 1949 n'a eu qu'un tirage limité. Des comptes rendus sommaires des journées de 1952 et de 1955 ont été publiés en leur temps (B. Inf. Dir. Bibl. France. Ire année, n° 12, déc. 1952, pp. 9-13 ; B. Bibl. France. 1re année, n° 1, janv. 1956, pp. 6-26) et, d'autre part, ces journées ont été à l'origine de deux volumes des Cahiers des bibliothèques de France, parus respectivement en 1954 et 1957 (I. Bibliothèques universitaires, 1953; III. Les Bibliothèques et l'Université, 1955).
  2. (retour)↑  Pour le texte des questionnaires, voir en annexe pp. 52-53.
  3. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. Ire année, n° 12, décembre 1956, pp. 871-877.
  4. (retour)↑  Les résultats de l'enquête ont été publiés dans une suite d'articles parus dans le Bulletin des bibliothèques de France (2e année, 1957, pp. 271-291 ; 549-566 ; 865-877) et que la Direction des bibliothèques de France adressa aux éditeurs parisiens de livres d'étude en manifestant le désir de voir s'exprimer leur point de vue. Les Journées d'étude de 1958 devaient en fournir l'occasion.
  5. (retour)↑  En décembre 1958, des contacts purent être repris, d'une part, avec M. Rodolphe-Rousseau, qui n'avait cessé d'accorder toute son attention aux demandes et aux avis formulés par les bibliothécaires et qui voulut bien se charger d'intervenir lui-même auprès de certains directeurs d'éditions pour organiser cette séance; d'autre part, avec neuf grandes maisons d'édition de livres d'étude auxquelles la Direction adressa une circulaire reprenant quelques-uns des problèmes soulevés par l'enquête de 1957 et sur lesquels une discussion et une mise au point paraissaient utiles.
  6. (retour)↑  M. Angoulvent (Presses universitaires de France), M. Liotard (Masson et Cie), M. Mignot (Armand Colin), M. Hollier-Larousse (Larousse), M. Rey (Hachette).
  7. (retour)↑  Voir pp. 21-22.
  8. (retour)↑  Voir sur cette question : HAHN (Dr André). - Les Bibliothèques des universités et la recherche médicale (In : Cahiers des bibliothèques de France. III. Les bibliothèques et l'Université. - Paris, 1957, pp. 25-50).
  9. (retour)↑  M. Monnet vient de porter à notre connaissance une circulaire en date du 2 février 1959 adressée par le Cercle de la librairie à l'ensemble des éditeurs au sujet de la rédaction des « annonces » de la Bibliographie de la France. Nous sommes particulièrement heureux de souligner ici que cette circulaire attire leur attention sur les points les plus importants qui avaient fait l'objet d'observations et de suggestions de la part des bibliothécaires des universités.
  10. (retour)↑  FRANCE. Bibliothèques (Direction). Commission nationale de bibliographie. - Les Bibliographies internationales spécialisées courantes françaises ou à participation française [Texte préparé par Andrée Lhéritier,... avec le concours des membres de la Commission nationale de bibliographie]. - Paris, 1958. - 24 cm, 96 p.
  11. (retour)↑  La Bibliothèque municipale, centre de documentation technique, économique et social (In : B. Bibl. France. 2e année, n° 12, déc. 1957, pp. 886-890).
  12. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 3e année, n° 11, nov. 1958, pp. 812-814.
  13. (retour)↑  Rocher (Jean-Louis). - Bibliographie et documentation régionales (Ibid., pp. 783-792).