Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Rapport 1952-1955.

Le Journal officiel du 27 décembre 1958 contient, en annexe (Document administratif), le Rapport sur le fonctionnement des divers services de la Réunion des bibliothèques nationales de Paris pendant les années 1952 à 1955 établi par M. Julien Cain, administrateur général. Cet important document, de près de cent pages sur deux colonnes, sera publié également en volume.

Expositions prévues en 1959.

Parmi les projets d'exposition qui se présentent à la Bibliothèque nationale pour l'année 1959, on peut dès maintenant signaler la commémoration de Marceline Desbordes Valmore, pour le centenaire de la mort du poète, et une exposition consacrée à « Mireille, Mistral et le Félibrige » pour le centenaire de la publication de Mireille.

Exposition Francis Jammes.

Le 19 décembre 1958, une exposition s'est ouverte dans le Salon d'honneur de la Bibliothèque nationale pour commémorer le vingtième anniversaire de la mort de Francis Jammes survenue le Ier novembre 1938. Les organisateurs se sont efforcés d'évoquer le poète tel qu'il apparut aux deux versants de sa vie, successivement « cygne d'Orthez » et « patriarche d'Hasparren ».

Mme Francis Jammes qui conserve, dans la dernière maison qu'habita le poète à Hasparren, au Pays basque, les plus précieux souvenirs de l'auteur de Clara d'Ellébeuse, nous a généreusement confié un choix exceptionnel de manuscrits, de lettres et d'objets personnels. De nombreux « Jammistes » ont eu également l'obligeance de prêter des autographes et des éditions rares. Enfin, la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet nous a ouvert très largement ses collections. Grâce à tous ces concours, il a été possible de présenter une vue assez complète de la vie et de l'œuvre de Francis Jammes. C'est ainsi que l'on peut voir entre autres reliques : le fameux makhila (canne régionale); la canne sur laquelle le poète inscrivit au couteau plusieurs vers, et qu'il offrit à André Gide en 1896; un herbier de plantes aquatiques; sa carnassière de chasseur; son dernier porte-plume; enfin, le hochet de corail rose ramené par son père de la Guadeloupe, objet qu'il aimait au point de vouloir l'emporter avec lui dans la tombe, mais qu'il jugea préférable peu avant sa mort de léguer à sa fille Bernadette.

Parmi les œuvres on remarque : le premier carnet autographe intitulé « Moi » qui contient un certain nombre de poèmes encore inédits; les différents états du manuscrit de Clara d'Ellébeuse dont l'un est somptueusement relié par P. Legrain; plusieurs poèmes publiés dans De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir; divers brouillons ou ébauches d'articles et de conférences consacrés à Baudelaire, Mallarmé, Duparc.

Des éditions rares ont pu être réunies : il faut citer tout particulièrement les 5 premières plaquettes de vers tirées à un très petit nombre d'exemplaires, imprimées à Orthez et qui lui valurent, ainsi qu'en témoigne une abondante correspondance, les félicitations et encouragements d'écrivains tels que Mallarmé, Régnier, Gide et Claudel; un exemplaire unique du Poète rustique contenant les gouaches originales de Madeleine Luka, accompagné de la maquette d'éditeur revêtue d'une magnifique reliure de Paul Bonet.

Il faut faire une place à part aux nombreuses lettres qui furent échangées entre Francis Jammes et ses amis ou admirateurs : Samain, Colette, Anna de Noailles, Mauriac, dont certains n'eurent jamais l'occasion de le rencontrer.

Quelques tableaux illustrent cette exposition : un portrait du poète par Jacques-Émile Blanche, provenant du Musée des beaux-arts de Rouen; l'Apothéose du patriarche, allégorie composée par Madeleine Luka, qui fait partie des collections du Musée Francisque Mandet de Riom; deux paysages des Pyrénées que peignit Charles Lacoste, condisciple et grand ami de l'écrivain. Enfin de nombreuses photographies représentent Francis Jammes à toutes les époques de sa vie, seul ou entouré de sa famille et de ses amis.

Département des manuscrits.

Acquisitions et dons importants en 1958. - Le Département a acquis un certain nombre de manuscrits, correspondances et documents intéressant l'histoire littéraire. La pièce la plus « spectaculaire » a été signalée dans la presse : ce sont les manuscrits d'Arthur Rimbaud : Illuminations, Prose, Les mains de Jeanne Marie.

Pour le XVIIIe siècle, un document important pour la Bibliothèque nationale, puisqu'il s'agit d'une lettre de Leibnitz à l'abbé Bignon, garde de la Bibliothèque royale et un dossier concernant l'édition des Lettres persanes de Montesquieu, remarques critiques, corrections et modifications envisagées, en partie de la main de l'auteur. Ce dossier, joint aux épreuves annotées de L'Esprit des Lois acquises il y a 20 ans, constitue un bel ensemble pour l'étude de la pensée et des procédés de composition de Montesquieu.

Le fonds français s'est notablement enrichi en ce qui concerne la littérature du XIXe siècle. Des lettres d'Alfred de Vigny, et le manuscrit de « Dolorida »; « Passion et vertu », de Flaubert; Premières poésies, de Leconte de Lisle; un Agenda (Journal intime) de Jules Laforgue pour 1883.

Le début de notre siècle est représenté par l'étude de Charles Péguy sur Israël Zangwill (et quelques autres sujets, annexes) et par des lettres de Robert de Montesquiou. Enfin, les contemporains commencent à entrer dans notre Panthéon : Marcel Jouhandeau a fait don d'un manuscrit : « Le bien aimé », et l'on a acquis des documents surréalistes, contenant des textes d'Aragon et d'André Breton, le dossier de « l'Affaire Aragon », et du « Banquet de Saint-Pol Roux ».

L'accroissement du fonds latin est naturellement beaucoup moins rapide que celui du fonds français. Nous pouvons cependant signaler l'acquisition d'un beau manuscrit provenant de la collection Ratisbonne de Ravenel, écrit sans doute dans un monastère cistercien de Bavière dans la seconde moitié du XIVe siècle. Il contient une série de textes de théologie et d'histoire religieuse dont certains sont inédits. D'après la nature de ces textes, cet exemplaire doit reproduire un apographe de la fin du XIIe siècle. Ce volume a conservé sa reliure originale en peau de truie sur ais de bois.

Les fonds orientaux se sont également accrus. Un lot de 26 manuscrits hébraïques (XVIIIe-XIXe siècles) provenant d'Afrique du Nord, contient principalement des poésies liturgiques en hébreu et judéo-arabe.

En turc, un ouvrage sur le soufisme, intitulé Murâd name, qui semble non seulement inédit, mais inconnu jusqu'lci : cette copie est datée de 902 de l'Hégire (1496-7) et un Divan (recueil de poèmes) de 'Umar Efendi, copié trois ans après la mort du poète (1047 Hég. = 1637-8).

Un manuscrit arabe transcrit au XIIe ou au XIIIe de notre ère contient deux oeuvres d'astronomie d'auteurs célèbres : le traité sur l'astrolabe d'al-Biruni, et un traité d'astrologie d'Abu Mashar, l'Albumasar des Latins, ornés de figures très finement dessinées.

Pour le fonds malayo-polynésien, on a acquis, grâce à la complaisance du conservateur des fonds orientaux de la Bibliothèque universitaire de Leyde, le Dr Voorhoeve, un manuscrit battak sur liber d'agalloche originaire de Pakanten qui contient une prière (Tonggo-Tonggo), adressée à l'encens, dont nous avons déjà une autre recension.

Département des estampes.

Le Cabinet des estampes a acheté toute une série d'albums humoristiques, parus à l'étranger cette année; considérant que sa série sur la caricature qui a son origine dans la collection Marolles (1666) et qui s'est continuée sans interruption jusqu'en 1880, est, depuis, à peu près interrompue, le conservateur en chef, depuis une dizaine d'années fait découper systématiquement les journaux illustrés, et constitue ainsi des œuvres d'humoristes.

En France, on voit très rarement ces dessins réunis en albums. Les Américains en ont eu l'idée; de plus en plus, depuis la guerre, les Allemands, les Suisses, les Anglais, les Espagnols les ont imités; il faut donc, si l'on veut réunir des exemples de cette forme de dessins, acheter des albums étrangers. Beaucoup de ceux-ci et parmi les meilleurs, sont consacrés à des artistes français : citons les Cartoons de Dubout (Londres, Neville Spearman, 1957), the Halfnaked knight d'André François (Londres, A. Deutsch, 1958), les amoureux de Peynet (The Lovers'bedside book, Londres, Perpetua, 1956; The Lovers Keepsake, Londres, Perpetua, 1958), Clementine de Jean Bellus (Clementine and her men, Londres, A. Banker, 1958).

Mais il faut citer aussi des albums plus généraux ou des suites de dessins d'artistes anglais et américains : Cartoon Cavalcade, a selection ed. by Ralph E. Shiker (Londres, Th. Brun, 1958), un nouvel album d'Eloise d'Hilary Knight (Eloise at Christmas times, New York, Random House, 1958) et une réédition du précédent (Kay Thompson's Eloise..., a book for precocicus grown up, chez M. Reinhardt, 1957), une nouvelle sélection de dessins parus entre 1930 et 1958 dans le New Yorker (The New-Yorker Album of sports and games, New York, Harper, 1958), des albums de Peter Koeebone (Sexes and seven, réédité encore bien que paru en 1953), d'Herb Lebowitz (Automation, Londres, 1958), d'Osbert Lancaster (Etudes. The year of the comet), de Geoffrey Williams et Ronald Searl (The Complet wolesworth. The Dog's ear book).

La 4e édition de The Bristish Character by Pont of Punch a paru en 1958, et son éditeur, Coolins, rappelle que ce jeune humoriste mort à 32 ans en 1939 a été le premier (1938) à donner ainsi un livre composé seulement de dessins humoristiques.

Les albums que nous venons de citer acquis par le Cabinet des estampes permettront à nos successeurs de trouver des exemples des meilleures réalisations de l'humour graphique contemporain.

Le Cabinet des estampes a acquis, à la vente du 2 décembre dirigée par Me Ader, une magnifique épreuve de l'œuvre maîtresse de Louis Marin Bonnet : La Tête de Flore, exécutée en 1769 d'après François Boucher. Il s'agit du premier état, en manière de pastel, obtenu par l'impression superposée de huit planches, alors que le second état n'en a plus que trois. L'artiste n'a essayé que cette fois d'un procédé d'application trop difficile et trop dispendieux. On ne connaît plus aujourd'hui que quelques épreuves de ce premier état, qui doit être toujours assez rare et la plupart sont fort altérées par la lumière. L'épreuve acquise par le Cabinet des estampes est, elle, de toute fraîcheur, bien qu'un peu courte de marges, comme c'est d'ailleurs le cas général. Elle est munie d'un splendide cadre d'époque en bois sculpté à jour et doré.

Département des cartes et plans.

Le Département des cartes et plans a acheté l'été dernier à un libraire parisien une paire de globes de Blaeu. Ces globes, qui sont dans un remarquable état de conservation, proviendraient d'une collection particulière des environs d'Avignon. Mlle Foncin, conservateur en chef du Département des cartes et plans, a bien voulu nous donner sur cette acquisition les précisions suivantes :

Blaeu comme la plupart des anciens cartographes a construit ses globes par paire, faisant correspondre à un globe terrestre un globe céleste de mêmes dimensions, de même facture et ayant même monture. Mais la taille de ses globes a varié avec les années et on peut ainsi distinguer différents types dont voici les principaux :
I° Type A. 33 cm. de diamètre (Globes de 1598-1603).
2° Type B. 23 cm. de diamètre (Globes de 1602).
3° Type C. 13 cm. de diamètre (Globes de 1606).
4° Type D. 68 cm. de diamètre (Globes de 1622) qui a eu de nombreuses rééditions.

Les globes qui viennent d'entrer à la Bibliothèque nationale sont du type B. Ils ont rejoint deux autres paires de globes de Blaeu, l'une de type A, l'autre de type C qui font partie des collections de la Bibliothèque de la Société de géographie.Qu'ils appartiennent à l'un ou à l'autre de ces trois types, ces globes sont tous très rares et sont les seuls actuellement connus en France. Par contre, différentes bibliothèques parisiennes ou provinciales possèdent des globes du type D.

Les globes de Blaeu désormais conservés rue Richelieu posent une question de date. Bien que portant respectivement les millésimes 1598, 1602 et 1606, ils n'ont certainement été montés qu'après 162I. En effet, c'est à partir de cette année que le grand cartographe hollandais a usé du nom de Blaeu dans sa signature. D'autre part, les trois globes terrestres font état dans le dessin et la nomenclature des côtes de l'extrémité sud de l'Amérique, des découvertes faites par Van Schouten au cours de son voyage de 1615-1619. Il faut donc admettre que les fuseaux qui ont été utilisés pour ces globes sont une réimpression, après retouches de détail, de la planche originale.

Il n'est pas possible d'indiquer ici l'intérêt scientifique que présentent les globes achetés par le Département des cartes et plans, mais on peut signaler leur valeur artistique. Tous deux dédiés aux trois princes des Provinces Unies, ils sont richement décorés. Le globe céleste, notamment, est une véritable œuvre d'art. Les constellations sont représentées, suivant la coutume, par les animaux ou les personnages dont elles portent les noms. Ces figures, d'une charmante fantaisie, piquetées d'étoiles dorées, ont été rehaussées à la main de couleurs qui ont gardé toute leur fraîcheur. Elles composent une savante harmonie où se retrouvent ces bleus profonds particuliers aux cartes de Blaeu.

Bibliothèques universitaires.

Bibliothèque de la Faculté de droit. Paris

Inauguration. - C'est entouré de MM. Gaston Berger, directeur général de l'Enseignement supérieur, Jean Sarrailh, recteur de l'Académie de Paris, Pierre Donzelot, directeur général de l'Équipement scolaire, universitaire et sportif, et à la demande de M. Joseph Hamel, doyen de la Faculté de droit, que M. Julien Cain, directeur général des Bibliothèques de France, présenta, le II décembre 1958, aux membres de la faculté et aux lauréats des concours de l'année, la nouvelle bibliothèque de cette faculté édifiée en bordure de la rue Cujas entre le lycée Louis le Grand, le collège Sainte-Barbe et la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

Dans son allocution, M. Julien Cain rappela d'abord tout l'appui que ce projet avait trouvé dès l'origine de la part de M. Donzelot, alors directeur général de l'Enseignement supérieur, et de M. Julliot de la Morandière, alors doyen de la Faculté de droit. Il indiqua brièvement l'ampleur du programme proposé à l'architecte, M. Raymond Detolle (magasin pour un million de volumes, salle de lecture pour 450 places au moins), les servitudes du terrain, la complexité et le nombre des problèmes architecturaux et techniques à résoudre. Grâce aux efforts de tous, aussi bien des doyens déjà nominés que du personnel de la bibliothèque, de l'architecte et des entrepreneurs, cette bibliothèque a pu être ouverte aux étudiants le 24 novembre. Après avoir souligné le talent et la ténacité qu'avait montrés l'architecte pour venir à bout de multiples difficultés, le Directeur général des bibliothèques ajouta : « Quelques semaines encore seront nécessaires pour « roder » cet instrument qui n'est mis à la disposition des étudiants que depuis quelques jours. Je suis persuadé qu'il pourra leur rendre tous les services qu'ils en attendent. Le personnel tout entier, depuis le conservateur, chef de service, M. Thomas, jusqu'aux magasiniers, a eu un très gros effort à fournir depuis ces derniers mois pour assurer - et dans quelles conditions pénibles! - le déménagement des collections et des services eux-mêmes. Il convient de l'en remercier et de l'en féliciter. On peut être assuré que dans ce bâtiment tout neuf qui est prêt d'être achevé, ils continueront d'œuvrer pour rendre cette bibliothèque aussi accueillante et efficace que possible. »

Il évoqua ensuite les travaux déjà effectués, en cours, ou envisagés à Paris, au profit des bibliothèques universitaires, en particulier de celles des facultés de médecine et de pharmacie, de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine et de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, travaux représentant plus d'un milliard et demi de francs engagés entre 1949 et 1958. « Ces chiffres, précisa M. Julien Cain, ne suffisent pas, je le sais, à rassurer, lorsqu'on connaît l'accroissement du nombre des étudiants durant cette même période. Et le problème de la Bibliothèque de la Sorbonne notamment reste entier. Ce qui est prévu à Orsay, à la Halle aux vins, dans l'ancien Ludo, dans l'immeuble à construire place Lucien Herr, palliera en partie l'absence de place que les étudiants constatent chaque jour à la Sorbonne. Ces questions sont suivies attentivement par l'Université de Paris en liaison étroite avec la Direction des bibliothèques, mais on ne saurait, sans risquer de faire naître de faux espoirs, promettre aujourd'hui l'ouverture de nouvelles salles de lecture au cours de l'année 1959. »

Fut dressé ensuite un bilan des réalisations et des projets pour les universités de province. Enfin quelques chiffres furent donnés sur la situation dans laquelle se trouvaient les bibliothèques universitaires en 1945 en ce qui concerne leurs crédits de fonctionnement et leur personnel, sur ce qui a pu leur être accordé depuis, ce qui est acquis à cet égard au budget de 1959. Et de conclure : « Devant l'œuvre qui reste à accomplir, une collaboration permanente entre les diverses directions s'impose. Ces nouveaux bâtiments, accueillants et judicieusement conçus, n'offrent-ils pas justement un témoignage de ce qui peut résulter d'une coordination d'efforts plus que jamais nécessaire. »

M. le Doyen Hamel répondit à M. Julien Cain en remerciant à son tour tous les artisans de cette belle réalisation et se félicita de voir les étudiants de la Faculté de droit de Paris disposer enfin d'une bibliothèque moderne, vaste, claire, accueillante. Elle ne devait pas cependant faire oublier l'ancienne bibliothèque où il avait lui-même travaillé, qui avait rendu tant de services et formé un grand nombre de juristes éminents. Il rappela également qu'à l'emplacement de cette bibliothèque se trouvait la fameuse « cour rose » décrite par les frères Tharaud et qu'avaient arpentée si souvent Charles Péguy et ses condisciples du collège Sainte-Barbe.

Bibliothèques municipales.

Marseille (Bouches-du-Rhône).

Une salle de prêt avec libre accès aux rayons vient d'être aménagée à la Bibliothèque municipale de Marseille.

Mulhouse (Haut-Rhin).

Expositions. - Deux expositions ont été organisées par la Bibliothèque municipale de Mulhouse au cours du dernier trimestre.

En octobre et en novembre, elle a montré un intéressant essai de reconstitution (plans et perspectives) des portes et des fortifications du Mulhouse médiéval réalisé d'après les plans anciens et à l'aide de relevés faits sur vestiges encore existants par un architecte de la ville. Le 10 décembre 1958, les autorités locales ont ouvert pour la 7e fois la traditionnelle exposition des œuvres des graveurs mulhousiens. Neuf artistes exposent une quarantaine de planches, eaux-fortes, pointes-sèches et lithographies, exécutés au cours de l'année 1958.

Nancy (Meurthe-et-Moselle).

La campagne de diffusion artistique organisée sous le patronage de l'Unesco sur le thème : « Romantiques et réalistes » 1 a été présentée à Nancy, à la fin du mois de novembre. La Bibliothèque municipale de Nancy y a participé en tirant de ses réserves quelques-unes de ses richesses qui permettront aux visiteurs d'apprécier l'évolution de la reliure et de l'illustration au XIXe siècle.

Nice (Alpes-Maritimes).

Legs Louis Guimbaud. - Au cours de l'année 1958, la Bibliothèque municipale de Nice s'est enrichie de divers objets d'art, autographes et pièces diverses relatifs à Victor Hugo et à deux de ses maîtresses les plus célèbres, Juliette Drouet et Madame Biard, qui lui ont été légués par leur érudit biographe Louis Guimbaud, décédé à Nice le 24. novembre 1957.

Parmi les souvenirs les plus précieux, les plus émouvants ou les plus curieux, on relève des brouillons de Victor Hugo, trois billets de Juliette Drouet au poète destinés à être déposés dans le vieux châtaignier qui leur servait de boîte aux lettres, le manuscrit de Notre prière quotidienne qui fut dicté à sa vieille maîtresse par Hugo le Ier janvier 1873 et qu'ils récitaient en commun chaque jour, des photos de la prison de femmes Saint-Lazare, où Mme Biard fut incarcérée après le constat de flagrant délit d'adultère dressé à la demande de son mari, ou encore une lettre que le fils de Mme Biard adressait à Louis Guimbaud pour le dissuader d'écrire un livre sur sa mère et qui se trouve aujourd'hui insérée dans l'exemplaire d'auteur de l'étude que Guimbaud consacra néanmoins à la liaison de Mme Biard avec Hugo.

La donation comprend également des oeuvres d'art, peintures, dessins, sculptures et notamment le masque original de Victor Hugo exécuté quelque temps avant sa mort par Rodin, un buste en terre cuite de Juliette Drouet par le sculpteur Victor Vilain (1846), divers portraits de Juliette Drouet, de Mme Biard et de Victor Hugo, un dessin à la plume de Prosper Mérimée, représentant Eugénie de Montijo en visite chez Victor Hugo et feuilletant l'album de Mme Hugo.

Reims (Marne).

Dans le cadre des cérémonies qui ont marqué la réouverture, après restauration, du chœur de la Basilique Saint-Remi, s'est tenue, du 8 au 31 octobre 1958, dans les bâtiments de l'ancien monastère, une exposition consacrée à « Saint-Remi, son église, son abbaye, son bourg ». Organisée en commun par la Bibliothèque municipale, les archives et les musées de Reims, cette présentation a notamment réuni un grand nombre de manuscrits, évoquant l'activité spirituelle et intellectuelle de l'abbaye au Moyen âge, des documents aussi vénérables que la bulle délivrée par Léon IV lors de la consécration de la Basilique en 1049, de remarquables objets d'art (ivoire du XIe siècle représentant le baptême de Clovis, tête sculptée provenant de la statue du roi Lothaire, fragment découvert en 1918 du tombeau de l'abbé Odon, calice du XIIe siècle, ayant servi aux cérémonies des sacres), ainsi que d'insignes souvenirs, tel le coussin de soie, brodé d'or, sur lequel était appuyée la tête du saint évêque dans le sarcophage exécuté au IXe siècle.

Stains (Seine).

Inauguration. - La Bibliothèque municipale de Stains vient d'être transférée au rez-de-chaussée un grand immeuble d'habitations situé place du Colonel Fabien. Les nouveaux locaux très accueillants, très clairs, comportant une bibliothèque pour adultes avec accès libre aux rayons et coin de lecture sur place et une bibliothèque pour enfants, ont été inaugurés le 13 décembre 1958 dans l'après-midi en présence de M. Waldeck-Rochet, député de la Seine, et de M. Louis Aragon qui ont prononcé des discours ainsi que M. Louis Bordes, maire de Stains et M.Thonet, conservateur de la Bibliothèque et du Musée de Saint-Denis, chargé du contrôle technique de cette bibliothèque municipale.

La Direction des bibliothèques de France était représentée à cette cérémonie par M. Bleton, conservateur au Service technique, et la Direction des beaux-arts et de l'architecture de la Préfecture de la Seine par Mme Larue, chef du Bureau des bibliothèques.

Thuir (Pyrénées-Orientales).

Inauguration. - La Bibliothèque municipale, installée dans les locaux du groupe scolaire de Thuir qui abritait déjà le Service départemental de lecture publique des Pyrénées-Orientales 2 a été inaugurée le 14 décembre 1958 sous la présidence de M. Grégory, sénateur-maire de Thuir, et en présence de nombreuses personnalités. Cette bibliothèque, qui est déjà riche de près de I.500 volumes, bénéficiera en outre des dépôts du Service départemental de lecture publique des Pyrénées-Orientales. Elle a été ouverte au public à partir du mercredi 17 décembre 1958, le mercredi de 18 à 20 heures et le samedi de 15 à 18 heures. Une séance spéciale pour le corps enseignant est prévue le lundi de 13 à 14 heures.

Troyes (Aube).

Le samedi 6 décembre 1958, à II heures, a été inaugurée à la Bibliothèque municipale de Troyes une exposition consacrée à la Société académique de l'Aube, à l'occasion de la publication du 10Ie volume de ses Mémoires.

Elle consiste en médailles, photographies, diplômes, série de publications de la société depuis 160 ans, ainsi que bulletins envoyés par les sociétés correspondantes de tous les pays.

Bibliothèques centrales de prêt.

Deux-Sèvres.

La Bibliothèque centrale de prêt des Deux-Sèvres a fait paraître un supplément 3 au catalogue des ouvrages d'agriculture qu'elle avait publié en 1956 4.

Loir-et-Cher.

Instructions pour le dépouillement des périodiques, tel est le titre d'une brochure que vient de faire paraître la Bibliothèque centrale de prêt du Loir-et-Cher à l'intention de ceux de ses dépositaires et de ses amis qui voudraient collaborer avec elle pour la constitution de fichiers d'articles de revue 5. La bibliothèque centrale de prêt se propose en effet d'établir deux fichiers de dépouillement des périodiques : un fichier systématique, classé selon la classification décimale, un fichier alphabétique de matières. Les Instructions rappellent quelques règles simples relatives au choix des vedettes et à l'établissement d'un catalogue systématique.

Bulletins de bibliobus.

Loiret.

La variété des articles qu'il contient fait du n° 8 du Bulletin des bibliobus du Loiret un numéro spécial de rentrée. Mlle Perrot, responsable du dépôt de Crottes en-Pithiverais, dresse le bilan de ses trois années de collaboration avec le bibliobus et en tire les conclusions suivantes qui sont à retenir : « C'est tout d'abord que la création d'un bibliobus était une nécessité. Il y avait dans le département des dizaines de villages semblables au nôtre où, malgré la radio et la télévision, des gens avaient le temps et le goût du livre. D'autre part, c'est que nous, les instituteurs, nous sommes les intermédiaires tout trouvés entre le bibliobus et les lecteurs. Ce n'est même pas pour nous un travail supplémentaire, c'est simplement l'extension de notre tâche d'éducateurs, car à l'école, nous nous efforçons de donner aux enfants le goût de la lecture, non seulement pour leur temps de classe, mais pour leur vie entière. Il est normal que plus tard, quand ils auront grandi, nous continuions à les aider en les conseillant dans leurs lectures. »

Ce numéro comprend encore, outre les chroniques habituelles, un article de Mme Cadou, de la Bibliothèque municipale d'Orléans, sur « L'Enfance et la poésie », ainsi que la fin de l'étude de M. Le Maire, ancien président de la Société archéologique du Loiret, sur la vie et l'histoire du département, comportant, en appendice, une liste des livres et des brochures que possède, sur ce sujet, le Bibliobus du Loiret.

  1. (retour)↑  Cf. B. Bibl. France. 3e année, n° 6, juin 1958, pp. 442-443.
  2. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 2e année, n° 11, novembre 1957, pp. 811-812.
  3. (retour)↑  Bibliothèque centrale de prêt des Deux-Sèvres. Niort. - Catalogue des ouvrages d'agriculture. Supplément 1958. - Niort, Bibliothèque centrale de prêt des Deux-Sèvres, 1958. - 27 cm, 7 p. multigr.
  4. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. Ire année, n° 4, avril 1956, p. 291.
  5. (retour)↑  Association des amis du bibliobus. - Instructions pour le dépouillement des périodiques. - Blois, Bibliothèque centrale de prêt du Loir-et-Cher [1958]. - 27 cm, II p, n. c., multigr.