Chronique des bibliothèques
Bibliothèque nationale.
Exposition « Choix de pièces remarquables entrées récemment dans les collections ».
A l'occasion du XXIIIe conseil de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires, tenu à Paris cette année, la Bibliothèque nationale a exposé à partir du 22 septembre, dans le salon d'honneur, quelques-unes des pièces les plus précieuses entrées récemment dans ses collections. Pour cette exposition, M. Julien Cain a demandé à MM. les conservateurs en chef des divers départements de la Bibliothèque nationale de faire parmi les « entrées » des dix dernières années un choix susceptible d'intéresser particulièrement leurs collègues étrangers; il répondait ainsi, du reste, au voeu de l'Association des bibliothécaires français exprimé par son secrétaire général, M. Jacques Lethève. Cette présentation devait permettre aux visiteurs de « juger de la variété presque infinie et de la qualité de ses enrichissements 1 ». Parmi ceux-ci, les uns proviennent de dons ou de legs, dont l'importance doit être soulignée, les autres sont dus à des acquisitions qui représentent un effort peut-être unique en Europe aujourd'hui.
Les limites de cette exposition avaient imposé un choix sévère : on dut notamment écarter les donations exceptionnelles comme la collection Henri de Rothschild et la collection Curtis, qui avaient déjà fait l'objet de grandes expositions avec catalogues détaillés. Cependant la centaine de pièces rassemblées couvrait un grand nombre de siècles et des domaines très divers, ainsi qu'on peut en juger par les exemples qui suivent : on remarquait le camée d'Octavie, sœur d'Auguste, de 39 avant Jésus-Christ, et dans la même vitrine, le trésor de Chécy, trouvé par des ouvriers draguant la Loire, monnaies d'or et boucle de ceinturon en argent du ve siècle. Le Moyen âge était représenté par une pièce exceptionnelle, le manuscrit des Très belles heures de Notre-Dame, exécuté pour Jean de Berry vers 1400-1405. Trois livres d'heures imprimés et ornés de gravures sur bois et sur métal en relief et le manuscrit de l'Histoire de la destruction de Troie la grand, décoré de peintures de Jean et François Colombe, nous amenaient au seuil du XVIe siècle. L'humanisme était représenté en particulier par un volume de la « librairie » de Montaigne et par trois reliures de la bibliothèque des Pillone dont les tranches furent peintes par un cousin du Titien, Vecellio, tandis qu'un portulan et un petit atlas très décoratif évoquaient les grandes navigations de l'époque. Pour la période classique, on relevait les éditions originales rarissimes d'une fable de La Fontaine et d'une pièce de Molière, ainsi que la collection, dite de Louis XIV, de cartes manuscrites enluminées au lavis et richement reliées. Le tome XIII des Archives de la Bastille, venu récemment retrouver la collection de l'Arsenal, le manuscrit de la Religieuse de Diderot, représentant le fonds Vandeul, série de 77 volumes qui fut l'objet d'une restauration minutieuse, deux épreuves uniques de Goya et deux planches populaires orléanaises tout à fait exceptionnelles, devaient être retenus spécialement pour le XVIIIe siècle. Venaient ensuite, parmi d'autres pièces, deux éditions de Pierre Didot l'aîné, enrichies des dessins originaux d'après lesquels les planches furent gravées, des lettres de Victor Hugo à Juliette Drouet, des notes autographes de Napoléon sur un exemplaire des Mémoires de Fouché, un manuscrit de Chopin, un autre de Debussy, les corrections typographiques de Verlaine sur sa préface aux Poésies complètes de Rimbaud, enfin Littérature, cette revue d'avant-garde des années 1919-1924, exemplaire truffé de notes autographes d'Aragon, Breton, Paulhan, etc.
Pour finir, sans oublier un remarquable buste de Daumier par lui-même et une vitrine d' « incunables » de la photographie présentés par le Cabinet des estampes, on admirait un portrait d'Ambroise Vollard par Picasso, « Colette écrivant » par Dunoyer de Segonzac, des planches d'Édouard Goerg, Lucien Coutaud, Roger Vieillard, ainsi que des dessins de Chagall et de riches reliures exécutées pour la Bibliothèque nationale par les plus grands relieurs de notre époque.
Bibliothèques municipales.
Bourg-en-Bresse
Le 9 juillet 1957 fut inaugurée à la Bibliothèque municipale la salle « Eugène Dubois » en souvenir de cet érudit local qui fit don à la ville de Bourg-en-Bresse d'une documentation très importante intéressant le département de l'Ain.
La Bibliothèque municipale prit possession de ce legs en août 1955; il comprend : des manuscrits d'ouvrages inédits : histoire des pays qui ont formé le département de l'Ain, volumes reliés in-4°; - des manuscrits d'ouvrages édités: histoire de la Révolution dans l'Ain, histoire de l'enseignement dans l'Ain, histoire des Hospices de Bourg...; - des monographies communales au nombre de 400 environ; - des fichiers qui lui ont permis d'établir les deux volumes consacrés à la biographie du département et où l'on trouve mentionnées toutes les personnes ayant figuré dans un acte public quelconque; - des manuscrits divers concernant des sujets les plus variés touchant le département; - enfin, les deux bibliothèques dans lesquelles sont classés ces ouvrages. Mme Veuve Dubois ajouta à ce legs un certain nombre de livres traitant de l'histoire du département qui viennent compléter un fonds local déjà riche de 3.000 numéros.
Louviers
Le 28 septembre a été inaugurée à la Bibliothèque municipale de Louviers, en présence des représentants de la Préfecture de l'Eure et de la municipalité, et de M. Brun, inspecteur général des bibliothèques, une exposition consacrée à l'Histoire du Livre.
Elle retrace l'évolution de l'art et de la technique du livre depuis les origines jusqu'à nos jours, en utilisant des livres anciens conservés à la bibliothèque et quelques documents graphiques tels que photos et fac-similés. Cette exposition a également bénéficié d'un prêt important consenti par la Société du livre contemporain illustré. Elle restera ouverte jusqu'à la fin novembre.
Narbonne
La Bibliothèque municipale de Narbonne a organisé du 1er août au 15 septembre une exposition destinée à mettre en valeur Pierre et Maria Sire, écrivains audois dont l'œuvre est consacrée à la terre d'Aude. Parmi les œuvres exposées figuraient les trois principaux romans de P. et M. Sire, de nombreuses études inédites concernant la geste albigeoise et le folklore languedocien, et le témoignage du travail remarquable qu'ils ont accompli au sein de l'équipe des Cahiers du Sud.
Une vitrine est réservée au cadre dans lequel P. et M. Sire conçurent et réalisèrent leur œuvre. Enfin des souvenirs personnels complètent l'ensemble et permettent de mieux apprécier l'œuvre de ces deux écrivains audois.