Deux étudiantes de l’Enssib sont allées à la rencontre des participants à la 4e édition de l’école d’été internationale francophone en sciences de l’information et des bibliothèques (2eif-sib) à Montréal.
Philippe
Qu'est-ce que signifie pour vous être bibliothécaire aujourd'hui ?
C’est un gestionnaire, de collection, de personnel, de ressources. Le bibliothécaire est de moins en moins la première ligne, il planifie et fait vivre sa bibliothèque à distance, dans un autre édifice, de plus en plus déconnecté de la réalité du terrain. Le bibliothécaire, c’est l’étudiant qui a une vision de la bibliothèque, mais qui n’y a jamais réellement travaillé, il connaît et respecte le symbole, sans en connaître les défis et les réalités. Et cette réalité est la même pour tous les citoyens.
Comment voyez-vous la place du numérique en bibliothèque ?
La bibliothèque peut ne devenir qu’un lieu numérique, où les technologies de pointe sont reines, accessibles par tous et pour tous, et où des serveurs font office de références et de banques du savoir. Malgré une modification aussi drastique de son lieu, et l’absence de tout livre, elle aura tout de même besoin d’un personnel formé, capable, et selon moi, l’espace physique de la bibliothèque portera le flambeau symbolique de cette institution. Est-ce qu’un tel avenir est souhaitable ? Peu m’importe.
Quelle est votre ambition pour la bibliothèque de demain ?
L’abolition pure et simple de tous les frais, quels qu’ils soient, parce qu’ils représentent un frein à la connaissance, à l’appropriation des lieux et des ressources. L’abandon des limites territoriales factices, l’inscription pour tous, y compris les personnes à risques, où à défaut, accepter toute preuve de résidence et ne pas limiter artificiellement le service en alourdissant la bureaucratie lors de l’inscription de cas particuliers.
Pourquoi avez-vous choisi de suivre cette école d'été ?
J’ai choisi de suivre cette école d’été pour obtenir des outils afin de modifier la perception des autorités administratives et politiques sur la place de la bibliothèque et la place du bibliothécaire dans celle-ci. La promotion des bibliothèques ne peut se faire que vers le bas, elle doit avant tout convaincre ceux qui ont les moyens d’enrichir leurs milieux.