La grande mutation des médiathèques

Horaires, numérique, accueil d'un public toujours plus large : de nombreux défis attendent les « médiathèques du futur ». Comment comptent-elles les relever et s’adapter aux nouveaux usages ? Pour répondre à ces questions, Anne Verneuil, présidente de l’ABF, était le 21 mai dernier l'invitée de l’émission « Dossier du jour » de France Musique.

Selon elle, si les bibliothèques avaient autrefois pour habitude d’être articulées autour de leurs collections (livres puis CD, DVD), elles se construisent davantage aujourd’hui autour des usagers en proposant de nombreux services en plus des collections. Véritables « lieux de vie », on y trouve désormais des usages qui n’étaient pas tolérés auparavant. Avec une pointe d’humour, Anne Verneuil rajoute que « le syndrome de la bibliothécaire à chignon et lunettes qui dit -chut- c’est terminé ». La présidente de l’ABF revient également sur le concept du 3e lieu, sorte d’intermédiaire entre le domicile et le travail où les gens peuvent se retrouver sans « entrave sociale ». Proposer un endroit de rencontres ouvert sur la cité reste en effet essentiel. Anne Verneuil affirme également que depuis vingt ans, les établissements se trouvent dans un état « de transition totale ». De nos jours, lors de l’ouverture d’une médiathèque, il faut essayer de prévoir au mieux comment elle évoluera et ainsi la rendre la plus mobile et la plus flexible possible.

Le tournant numérique

Si le tournant numérique des établissements est nécessaire,  cette « réflexion complexe » est liée à des questions économiques et juridiques. Pour la présidente de l’ABF, le modèle idéal est de proposer des ressources numériques libres, favorisant « les droits des usagers qui les utilisent » : la médiathèque doit pouvoir prêter des ressources que les personnes utiliseront chez elles.  Si « l’offre numérique est encore assez limitée », notamment au niveau des livres, elle se développe et des solutions se mettront progressivement en place dans les bibliothèques, qui, dans la mesure de leurs moyens, ont tout intérêt à se tourner vers le numérique.

L’avenir

Quel est et quel sera l’impact des nouveaux usages (et notamment des possibilités de recherches et de  téléchargements en ligne) sur le métier de bibliothécaire ? Se dirige-t-on vers une disparition des prêts de livres, CD, DVD ? A cette question, Anne Verneuil répond qu’on se trouve dans une cohabitation des usages, entre utilisateurs des bibliothèques et utilisateurs d’internet. La présidente de l’ABF souligne d’ailleurs que le rôle des bibliothécaires tend davantage aujourd’hui à être dans la médiation : « il ne suffit pas d’avoir des fonds, il faut aussi le conseil », car c’est ce que le public vient chercher dans les établissements.

Enfin, concernant la question de l’ouverture des bibliothèques, l’ABF se positionne en faveur de l’extension des horaires d’ouverture « au moment où les gens sont disponibles » : à certains endroits, un réaménagement est nécessaire le week-end ; dans d’autres, l’extension doit se faire en semaine. Le rapport confié par Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, à la sénatrice Sylvie Robert sur « l’adaptation des horaires d’ouverture des bibliothèques de lecture publique aux rythmes de vie des Français », devrait éclairer la profession sur cette question.