Journées LIBER

Sciences-Po – 17-19 mai 2017

Cécile Swiatek

En mai 2017, Paris accueillait à Sciences-Po pour la seconde fois les Journées LIBER, destinées aux directeurs de bibliothèque. En 2018, le congrès annuel LIBER se tiendra au Lilliad Learning Center Innovation de Lille. L’engagement français dans les actions de la Ligue des bibliothèques européennes de recherche se confirme au fil des ans, et se renforce à la veille d’une période de cinq années qui sera consacrée à la nouvelle stratégie LIBER 2018-2022, présentée lors du congrès annuel 2017 1à Patras en Grèce - Knowledge in the Digital Age.

Des bibliothèques et services de documentation académiques français de plus en plus présents dans les actions de LIBER, mais peu engagés dans le pilotage

Le bilan LIBER 2016 révèle que les BU françaises sont très représentées parmi les membres de LIBER. Nombreux sont leurs représentants à participer au congrès annuel : leurs projets, réalisations, réflexions sont de plus en plus présentes dans le programme des communications, pitchs et posters du congrès. La revue Liber Quarterly compte dans son comité éditorial M. Marc Martinez (université Jean Moulin Lyon 3), et quatre membres du comité de programmation des congrès, chargés de sélectionner et d’organiser le contenu des programmes annuels, mais également de modérer les sessions, viennent d’établissements français : Emilie Barthet (université Jean Moulin Lyon 3), Julien Roche (LILLIAD – Université de Lille Sciences et technologie), Bruno Sagna (Bibliothèque nationale de France), Cécile Swiatek (université Paris Panthéon-Assas et Association des Bibliothécaires de France). Enfin, plusieurs français sont membres des forums et des Working groups de LIBER. Ces groupes seront redéfinis en janvier 2018, à l’occasion de la mise en place de la nouvelle stratégie LIBER 2018-2022 – nous y reviendrons plus loin.

Deux programmes de formation liés aux questions de Leadership, l’un des grands axes de travail de LIBER, attirent également la participation régulière de collègues de l’Hexagone :

- Depuis son lancement en 2011, des Français participent au Leadership Seminar, un programme bisannuel de formation et de co-développement destiné aux cadres intermédiaires des bibliothèques souhaitant se destiner à des fonctions de Leadership. Cette année, pour la quatrième édition du Leadership Seminar, Frédéric Blin (BNUS), Laure Delrue (LILLIAD) et Raphaële Mouren (Warburg Institute – University of London), figurent au nombre des participants.

- En mai 2015 puis en mai 2017, François Cavalier (directeur de la Bibliothèque de Sciences-Po Paris), a accueilli avec générosité et excellence les LIBER Journées for Library Directors, un programme très spécifique exclusivement destiné à des directrices et directeurs confirmés, à la programmation scientifique duquel il a participé aux côtés du groupe de travail de LIBER consacré au Leadership. Les témoignages filmés des orateurs et des organisateurs sont visionnables ici.

A l’opposé de ce dynamisme et de cette régularité, la faiblesse de la représentation française est cependant notable sous deux aspects : la BnF est nettement sous-représentée à LIBER depuis des années, et l’on ne peut que remarquer l’absence actuelle de Français élus au Board (Conseil d’Administration) de LIBER – ainsi que de candidats pour y siéger. Pour connaître l’activité récente du Board, on peut se reporter aux rapports qui figurent sur le site. Dans sa composition actuelle : un seul Français y est actuellement représenté, Julien Roche (directeur de LILLIAD), en qualité de conseiller spécial depuis 2016 sur les questions de Leadership, marque de fabrique de LIBER depuis plusieurs années. On peut concevoir certains regrets de cette faible présence française ou, plus généralement, latine : la forte représentation de pays anglo-saxons et scandinaves ne permet pas de se faire une image exacte et satisfaisante des bibliothèques de recherche, nationales et universitaires, de l’Europe aujourd’hui ; elle réduit la visibilité d’initiatives ou de modèles d’organisation du travail, pourtant dignes d’intérêt, à l’œuvre dans certains pays où les bibliothèques ont du mal à émerger dans le paysage académique ; elle affaiblit enfin les chances d’amorcer une dynamique vertueuse qui inciterait les gouvernements d’autres parties de l’Europe, leurs réseaux universitaires et, pour commencer, les bibliothèques académiques elles-mêmes, à poser un regard différent sur les missions des établissements et services documentaires, leurs priorités, et les programmes d’action qui doivent y être légitimement rattachés. Il peut s’avérer difficile de promouvoir des visions à long terme sur la documentation libre et ouverte, ou de positionner l’action des bibliothèques dans le cadre – par exemple – de l’OpenScience si l’on n’est ni représenté dans ce type d’instance multinationale, ni intégré aux avancées européennes. Par notre absence d’engagement, nous contribuons à creuser un écart déjà très net entre deux Europes du savoir académique.