Congrès ABF 2013

La fabrique du citoyen

Reine Bürki

Julia Morineau

Cécile Touitou

Le 59e congrès de l’ABF s’est déroulé du 6 au 8 juin 2013 au centre des congrès de Lyon sur le thème « La bibliothèque, fabrique du citoyen ». Cette thématique a inspiré un programme éclectique : des ateliers autour des nouveaux usages et des démarches participatives (ou comment les usagers fabriquent leur bibliothèque) ; des présentations sur le rôle social des bibliothèques dans des pays durement touchés par la crise ; des réflexions sur le lien entre bibliothèque, citoyenneté et immigration ; la question de l’accueil des citoyens handicapés ; la restitution d’une enquête sur les attentes sociales des citoyens vis-à-vis de leur bibliothèque… En marge de cette thématique centrale, le numérique a réussi à s’imposer dans la plupart des rencontres et « ateliers d’échange de savoir ». Certains ont été notamment consacrés aux rapports entre numérique et lecture, et à la valorisation des ressources numériques en bibliothèque.

Devant la diversité du programme proposé aux participants, le BBF a sollicité l’œil et l’oreille de plusieurs auditeurs pour rapporter un aperçu à facettes -et non exhaustif- de ces trois journées bien remplies…

La citoyenneté, un chantier historique

Pour introduire cet ambitieux programme, le sociologue Michel Wieviorka (administrateur de la Fondation Maison des sciences de l’homme) a rappelé  1 ce qui fondait la citoyenneté : de l’émergence des droits civils au XVe siècle, puis des droits politiques au XIXe, jusqu’à l’apparition, un siècle plus tard, des droits sociaux sous l’égide de l’État-providence. Où se situent les droits culturels dans ce contexte ? « Doivent-ils être confiés à des minorités en tant que telles, et gérés alors par les instances dont elles se dotent, ou doivent-ils être référés aux individus, qui peuvent choisir d’en bénéficier ? » Pour les professionnels des bibliothèques qui souhaitent adhérer à cette idée d’un établissement contribuant à « fabriquer du citoyen », il convient de comprendre le contexte historique et politique dans lequel ils évoluent. L’usager de la bibliothèque vit dans une période « post-démocratique » où la représentation politique est en crise, où des valeurs supranationales rendent difficilement lisibles la place du citoyen au sein de sa collectivité. Cependant, des mouvements de fond dessinent un avenir où la participation et la co-construction seront des vecteurs d’accomplissement et d’émancipation individuels du citoyen moderne. La bibliothèque a un rôle à jouer pour permettre à ses usagers de se forger leurs « capabilities » – capacités individuelles à se construire et à maîtriser son destin –, problématisées par Amartya Sen (prix Nobel d’économie). Michel Wieviorka ajoute que « [la bibliothèque] contribue à le faire dans un esprit citoyen, en veillant à faire en sorte que chacun, et pas seulement certaines parties de la population, puisse accéder aux services qu’elle offre. À accéder à l’information sur une base égalitaire ».

Un désir de bibliothèque

À l’occasion d’un atelier animé par Renaud Aïoutz (médiathèque départementale du Puy-de-Dôme) sur les nouveaux usages et les démarches participatives, les intervenants étaient invités à faire un bilan de la résidence de « design de services » portée par la 27e Région  2 pour le projet de future médiathèque intercommunale de Lezoux (Puy-de-Dôme). Sur une période de six mois, une équipe de quatre intervenants s’est ainsi immergée dans le territoire pour recueillir les besoins, les envies, et les idées des habitants, puis pour les modéliser et les tester sous forme de maquettes ou d’expérimentations (Damien Roffat, cabinet Design-Territoire-Alternatives). Il en a résulté la formalisation d’un plan fonctionnel de la médiathèque  3 organisant dans l’espace les différents usages identifiés pendant cette résidence  4 (voir l’illustration ci-dessous).

Illustration
Plan d’usage de la médiathèque intercommunale et de son écosystème, réalisé par la 27e Région pour la communauté de commune de Lezoux.

Pour Jean-Christophe Lacas (chef de projet), il importait lors de cette expérience de « donner la parole au passant, au citoyen », et d’aborder la pratique et les usages de la population dans une approche qui ne soit pas biblio-centrée. Françoise Dubosclard (Le Transfo – Art et Culture en région Auvergne) a également souligné l’intérêt de rendre le territoire attractif par la médiathèque. Certains usages plutôt inattendus ont émergé, comme un atelier vidéo-son ou un atelier de reliure, qui pourraient trouver leur ancrage en suscitant des partenariats avec des artistes et créateurs locaux. Les notions de participation et de partage sont souvent revenues dans ces nouveaux usages expérimentés à petite échelle : développement d’un fonds participatif de livres de cuisine à partir des collections personnelles des habitants, projet d’une malle médiathèque itinérante de foyer en foyer, bibliobox et cabine de téléchargement 24 heures sur 24 d’un fonds numérique commun composé de documents en libre diffusion… Ce projet, qui se veut non figé, invite à repenser l’inscription de la médiathèque dans le territoire, en imaginant des nouveaux modes de gouvernance de l’équipement, mais également en repensant la politique documentaire, la circulation et la mise en espace des collections, ainsi qu’une plus grande médiation en direction des usagers. Un désir de bibliothèque qui devrait prochainement sortir de terre !

Les bibliothèques européennes face à la crise

Lors de la session animée par Raphaëlle Bats (relations internationales, Enssib), des bibliothécaires européens étaient invités à témoigner de la situation de leurs établissements dans un contexte fortement marqué par la crise économique et sociale. Despina Mellou (bibliothèque municipale de Haidari, Grèce) a insisté sur l’importance de la bibliothèque en tant que lieu au service de l’individu : un espace neutre, non marchand, gratuit et ouvert à tous. Elle a notamment présenté les pistes explorées à la recherche de nouveaux modèles pour offrir un service de qualité avec des moyens limités : coopération locale et internationale, crowdfunding, dons d’ouvrages et de fournitures par les habitants (mais également par des librairies et des supermarchés), braderies… Bruno Duarte-Eiras (bibliothèque publique de Oeiras) est revenu sur la situation du Portugal dont le réseau de lecture publique est entièrement à la charge des municipalités. Il en résulte de très fortes disparités géographiques, et un impact direct des réductions budgétaires sur les collections et les personnels. Tout comme en Grèce, les bibliothécaires se tournent vers des partenariats et des mécènes pour essayer de maintenir leur activité, comme dans l’exemple du financement de manuels scolaires par des banques, ou bien vers des initiatives originales comme la location des espaces de la bibliothèque en échange de livres qui viennent enrichir les collections. Paolo Messina (directeur des bibliothèques de Turin) a exposé la situation italienne, soit la réduction de 50 % du budget d’acquisition des bibliothèques suite à la loi de rationalisation administrative de 2012 visant « les dépenses non essentielles ». Il n’existe pas de loi-cadre sur les bibliothèques publiques en Italie et chaque région est donc maîtresse de sa gestion. On assiste ainsi au non-remplacement des personnels, et la menace pèse également sur l’Institut central du catalogue. Face à cette précarisation, des campagnes de sensibilisation des citoyens se mettent en place, des pistes pour des logiciels open source sont explorées, des bénévoles se mobilisent (notamment dans le cadre d’un « service senior »). Dans ce contexte difficile, la bibliothèque reste proche des gens et assume un service social tout autant que culturel : espace d’insertion et de socialisation, groupes de lecture pour les personnes âgées, services en direction de la petite enfance, cours de langue italienne et de citoyenneté, rencontres et temps d’échange en d’autres langues étrangères… Ces situations difficiles trouvent également un écho dans le cas du Royaume-Uni exposé par Ian Anstice : les fermetures de bibliothèque s’enchaînent depuis plusieurs années, parallèlement à des coupes budgétaires massives. La population se mobilise et met en place des actions de protestation à l’échelle nationale relayées par de nombreuses organisations (Voices for the library  8, Cilip  9, Unison  10, The Wi  11), et les bibliothèques imaginent des solutions : appel à bénévoles (« la bibliothèque vous appartient »), colocation des espaces et des personnels avec d’autres services, mise en place de bibliothèques self-services, outsourcing… Face à la crise, l’inventivité devient un mot d’ordre pour défendre et valoriser le rôle des bibliothèques.

Le numérique, le lecteur, et la lecture

Claire Bélisle (CNRS) est intervenue à l’occasion d’un atelier modéré par Pascal Wagner (médiathèque de Saint-Jean-de-Védas) sur les implications du numérique dans nos pratiques de lecture  9. Elle est notamment revenue sur les transformations de la lecture occasionnées par le passage du papier à l’écran. La technologie redéfinit le rôle et les modalités de « la lecture », notion évolutive et complexe qui recouvre différents rapports au texte selon les supports : lecture profonde dans une relation au papier calquée sur le modèle réflexif hérité de la Renaissance, lecture dynamique accompagnée d’outils devant l’écran, lecture immersive induite par la littérature numérique… Franck Queyraud a soulevé la question de ce qu’est aujourd’hui un lecteur – mais aussi un auteur – dans les nouvelles dimensions de lecture/écriture ouvertes par le numérique, notamment sur le web perçu comme « territoire littéraire ». Partant de sa propre expérience de lecteur et de bibliothécaire, il a pris l’exemple d’un livre imprimé (Franck d’Anne Savelli, aux Éditions Stock) qui trouve des extensions et des prolongements sur un site associant photographies et fichiers sonores  10. Une multidimensionnalité du livre qui transcende le périmètre traditionnel de l’écrit imprimé pour rentrer en interaction avec d’autres écritures (photographiques, audiovisuelles), et réinterroger les pratiques (écriture collaborative, interaction avec d’autres auteurs, partage et mise en ligne de traductions de textes…). Le retour d’expérience en département jeunesse rapporté par Violaine Kanmacher (BmL) a permis de mesurer les apports du numérique dans le rapport de l’enfant au livre, lui permettant notamment une implication corporelle plus enrichie (œil, ouïe, toucher) : une approche tactile et ludique sur tablettes qui s’est révélée convaincante, avec des retournements de situation lorsque l’enfant – plus intuitif et spontané face au support numérique- devient lui-même médiateur de son livre pour l’adulte !

Bibliothèque et biens communs

La rencontre animée par Lionel Dujol (médiathèques du Pays de Romans), Silvère Mercier (BPI) et Thomas Fourmeux (bibliothèques d’Aulnay-sous-Bois) – tous trois membres du collectif SavoirsCom1 – se proposait de « renouveler la réflexion et l’action en bibliothèque autour de la notion de biens communs ». Après une présentation du collectif SavoirCom1  11 et de ses principes fondateurs, les intervenants ont évoqué plusieurs questions impliquant quotidiennement les bibliothécaires : légalisation du partage des ressources, barrières des « enclosures », numérisation du domaine public, open data

Pour que la politique déployée dans la bibliothèque soutienne l’accès de tous aux biens communs de la connaissance, les bibliothécaires peuvent développer différentes actions : soutenir l’accès à internet en bibliothèque (dans le respect de la loi obligeant le stockage des données de connexion pendant un an) ; proposer une sélection de contenus issus du domaine public ou en licence Creative Commons via des « biblio box » (ou « pirates box » : ce dispositif se signale comme une borne wifi et permet de « documenter l’espace » en proposant des ressources qui accompagnent une actualité ou des évènements culturels dans la ville) ; informer sur les possibilités de copier légalement certaines ressources mises à disposition par les bibliothèques (c’est notamment l’objet de copy party comme celle organisée en 2012 à la Roche-sur-Yon  12), proposer une veille sur les œuvres tombées dans le domaine public (comme par exemple le calendrier de l’Avent de SavoirsCom1)… Plus qu’un simple diffuseur, SavoirCom1 défend l’idée que la bibliothèque peut être un acteur et un intermédiaire engagé dans l’accès au savoir.

Opencat, une « preuve de concept »

Gildas Ilien et Marianne Clatin (département de l’Information bibliographique et numérique de la BnF) ont présenté le projet Opencat lors d’une rencontre faisant salle comble. Le projet correspond à une expérimentation de la BnF afin de tester la faisabilité et l’intérêt de nouveaux catalogues de bibliothèque sur le web sémantique.

À l’heure où les usagers passent d’abord par des moteurs de recherche pour localiser une information – y compris bibliographique –, il convient de repenser les catalogues, leurs accès et leur présence sur le web.

Le projet data.bnf.fr (en amont au projet Opencat) visait plusieurs objectifs : permettre aux données « invisibles » de la BnF de sortir de leurs silos pour être exposées sur le web ; faire cohabiter des réservoirs de structures différentes qui abritent des données aux formats hétérogènes (Marc, EAD, par exemple) ; inventer un ciment qui permette d’architecturer l’ensemble de ces données hétérogènes pour finalement être un « pivot » documentaire qui rassemble données numériques et données descriptives de différents catalogues de la Bibliothèque. L’expérimentation data.bnf.fr répond au nouveau credo des bibliothèques qui, comme le dit Richard Wallis de l’OCLC, « are moving from cataloguing to catalinking 13 » et peuvent exploiter le trésor des métadonnées qu’elles détiennent grâce au web sémantique : arrêtons donc de copier, commençons à relier, dit encore R. Wallis.

On cherchait au départ « une preuve de concept » ou la vérification de la faisabilité de cette idée d’ouverture des données sur le web. La preuve est aujourd’hui faite : 20 % des données de la BnF sont dans data.bnf.fr. L’interrogation de ressources rares permet de faire « remonter » les données de Data en tête de liste des résultats de la recherche.

Dans ce contexte, en 2012, la BnF a répondu avec succès à un « appel à projets innovants » lancé par le ministère de la Culture et de la Communication. Les pilotes visaient à travailler sur une preuve de concept en vérifiant la faisabilité de la mise à disposition des données de la BnF (celles de data.bnf.fr) dans le catalogue d’une « petite » bibliothèque. C’est la bibliothèque municipale de Fresnes qui s’est associée au projet. Marianne Clatin a résumé l’enjeu en ces termes : comment, sans changer de SIGB ni de format, proposer d’autres ressources aux lecteurs en restant dans l’environnement de la bibliothèque locale. Grâce au pivot des identifiants BnF, Opencat gère des alignements qui permettent l’enrichissement des notices d’auteurs ou d’œuvres. On offre ainsi des informations contextuelles autour d’informations issues de Data (des vignettes de couverture, des résumés, des contenus divers). Une étude d’usage a été faite auprès des utilisateurs de la BM de Fresnes invités à naviguer dans leur catalogue local. Les usagers ont constaté que leur Opac n’est plus un « cul-de-sac » mais un catalogue encyclopédique qui s’ouvre sur le monde (celui du web). Et Marianne Clatin a ouvert la porte à de nouvelles collaborations avec les bibliothèques : la BDP de Saône-et-Loire est déjà sur les rangs.

La bibliothèque fabriquée par le citoyen

Par un jeu de miroir inversé, la dernière session du congrès modérée par Xavier Galaup (médiathèque départementale du Haut-Rhin) a interrogé la question de la bibliothèque fabriquée par le citoyen. Il ne s’agissait pas d’observer la bibliothèque sous l’angle de la passivité mais bien de voir comment se mettent en place des mécanismes de co-construction de la bibliothèque quand on laisse le citoyen participer activement à son fonctionnement. Il s’agissait également de s’interroger sur la façon dont, dans ce contexte, doivent évoluer les missions culturelles, éducatives et sociales de la bibliothèque.

Invité à introduire cette table ronde, Philippe Corcuff (sociologue) s’est attaché à développer quelques réflexions sur la sociologie de l’individualisme contemporain et la philosophie politique de l’émancipation. Adaptée au contexte, il ressort deux idées de cette démonstration :

  • Les singularités individuelles et les espaces communs ont besoin de supports sociaux pour s’articuler, et la bibliothèque peut être un de ces supports.
  • Le temps où l’on émancipait autrui a laissé place à une époque où les individus s’émancipent.

Philippe Corcuff parle de « bricolage de soi » et par conséquent de l’urgence de penser la bibliothèque créée avec le citoyen.

Après cette approche théorique, trois intervenants ont témoigné de leurs expériences en France, en Belgique et en Suisse.

Xavier de La Selle est venu en voisin parler du Rize  14 qu’il dirige et qui déroule depuis 2008 son projet « Avec nos mémoires, faisons société ». Ce lieu patrimonial dédié à la mémoire de la ville de Villeurbanne a deux têtes : les archives municipales et une bibliothèque de proximité. L’ambition de ce projet est de contribuer à la cohésion sociale par le travail de mémoire en apprenant à connaître et reconnaître les mémoires des Villeurbannais et en construisant un récit collaboratif qui puisse être partagé. Le Rize étant un réservoir de ressources où le citoyen peut se construire lui-même et permettant à chacun de se situer dans le monde grâce à des ressources patrimoniales et culturelles.

Françoise Dury, présidente de l’association professionnelle de bibliothécaires-documentalistes en Wallonie (APBD), a dressé un portrait de la situation de la lecture publique en Belgique francophone en articulant son propos autour de : citoyenneté, législation et bibliothèque publique. Les bibliothèques belges francophones sont épargnées par la crise grâce à la dernière loi de 2009 sur la bibliothèque publique. Avant 2009, les bibliothèques étaient le parent pauvre. Désormais, leurs budgets ont notablement augmenté. Cette loi a également permis d’établir des critères de « qualité » qui doivent déterminer le fonctionnement des équipements et leurs subsides. Les textes reconnaissent désormais à la bibliothèque une fonction d’éducation permanente permettant à chacun l’exercice de la citoyenneté. En d’autres termes, la bibliothèque doit être fabriquée par des citoyens et doit produire des C.R.A.C.S. : Citoyens Responsables Actifs Critiques et Solidaires.

Monica Prodon, de la bibliothèque Globlivres  15 à Renens en Suisse, a témoigné d’une aventure de bibliothèque multiculturelle fondée depuis son origine sur le bénévolat et l’implication citoyenne. Depuis 1988, Globlivres défend en effet l’idée que cultiver sa langue et sa culture maternelles favorisent l’intégration et le respect mutuel. Aujourd’hui, l’équipe (un responsable, cinq employés et vingt bénévoles) évolue dans un établissement de 200 mètres carrés, propose des ouvrages en plus de 100 langues et Globlivres compte 12 000 adhérents. L’action culturelle se fait en concertation avec les usagers, ce qui favorise les échanges entre migrants et locaux mais aussi entre migrants et migrants. Pour les responsables, il s’agit d’un lieu de transition pour les populations migrantes avant d’aller fréquenter les bibliothèques publiques en langue française.

L’échange s’est conclu sur les mots de Philippe Corcuff. Un conseil à méditer d’abord : dans l’imaginaire public, le collectif prime sur l’individuel mais il faut penser les débordements. Une mise en garde ensuite : attention aux beaux mots, aujourd’hui « citoyenneté » vient peut-être remplacer « démocratisation » comme un nouveau label. Ce qui est important, ce ne sont pas les mots mais le déplacement du vocabulaire ; déplacement qui parfois débloque les pratiques.

C’est donc le souvenir d’un salon miraculeusement ensoleillé, socialement engagé, numériquement branché et accueillant (dans un site magnifiquement bien situé entre les berges du Rhône et le parc de la Tête d’Or) qu’ont pu emporter les 700 professionnels présents lors de ce 59e congrès et qui, en cœur, ont entonné le Chant des Canuts  16, invités qu’ils étaient à le faire par le groupe ABF Rhône-Alpes :

« C’est nous les canuts

Nous sommes tout nus

Mais notre règne arrivera

Quand votre règne finira :

Nous tisserons le linceul du vieux monde,

Car on entend déjà la tempête qui gronde. »