Naissance d'un institut

Anne-Marie Filiole

L'INIST (Institut de l'information scientifique et technique) a été créé en mars 88 pour remplacer le CDST et le CDSH du CNRS et développer l'ensemble des activités d'information scientifique et technique de cette institution. Sa création est intervenue à la suite d'une décision prise en 1984 de transférer le CDST à Nancy, ce qui entraînait une réorganisation générale. Elle s'inscrit dans le cadre de la mise en place, au niveau national, d'un dispositif d'information scientifique et technique, spécialisé dans le domaine des sciences, des techniques, de la médecine, des sciences de l'homme et de la société, à l'intention des chercheurs et des industriels.

Il va de soi que les activités traditionnelles des deux centres seront poursuivies - création des bases de données PASCAL et FRANCIS, fourniture de documents primaires, fabrication de produits bibliographiques et documentaires -, mais aussi étendues. L'INIST ne sera pas, en effet, une simple juxtaposition des deux centres, mais devra développer de nouveaux services : services d'information plus personnalisés et produits adaptés à des demandes particulières...

Politique

L'Institut se veut un exemple d'intégration à tous les niveaux :
- disciplines couvertes: multidisciplinaire, il offrira, dans les champs retenus, une information complète allant de la science pure à la technologie, la technique, l'économie, l'environnement juridique, économique et social ;
- formes d'informations: du document primaire brut à l'information la plus élaborée, comme les analyses statistiques, bibliométriques, banques factuelles et numériques, en passant par les bases de données qui constituent le coeur du système ;
- direction technique : qui permettra l'harmonisation des bases de données issues des deux centres et la mise au point de politiques communes de recherche et de développement.

Un schéma directeur informatique intégrera par ailleurs toutes les fonctions de l'Institut, notamment l'automatisation de la bibliothèque et la fourniture rapide - à terme, la consultation directe - des documents stockés sur disques optiques numériques.

Services

La bibliothèque est l'élément essentiel du nouveau centre, puisqu'elle sélectionne, acquiert, traite et conserve les documents primaires qui sont à l'origine de l'ensemble des produits et services documentaires qu'il propose. Ses collections seront composées de 16 000 titres de périodiques - 12 000 périodiques scientifiques, techniques et médicaux et 4 000 en sciences humaines et sociales -, dont la gestion sera automatisée et dont l'acquisition fera l'objet d'une coordination nationale avec les CADIST, les BU et autres organismes concernés ; elle abritera également des thèses de sciences, des rapports de recherche, des actes de congrès et des ouvrages. Leur stockage sera limité aux 30 km linéaires des collections vivantes, plus une prévision de dix ans d'extension. La partie la plus demandée du fonds pourra faire l'objet d'un archivage électronique et d'une diffusion en plusieurs modes : papier, télécopie, CD-ROM ou transmission en ligne par réseau haut débit.

Début 89, les bases PASCAL et FRANCIS, déjà interrogeables sur Minitel, auront un accès direct, destiné plus particulièrement aux chercheurs, enseignants, étudiants, PME/PMI et professions libérales, pour lequel il ne sera plus nécessaire de prendre un contrat avec un serveur. L'utilisateur n'aura plus besoin de formation préalable et sera guidé par des menus.

Ouverture et projets

L'INIST a des projets ambitieux d'ouverture vers l'extérieur : les coopérations traditionnelles seront élargies et une filiale chargée de la commercialisation devra permettre à l'INIST de s'ouvrir vers de nouveaux partenaires français (centrales documentaires ou éditeurs) et européens, désireux de participer au lancement de nouveaux produits élaborés en commun. Une politique élaborée avec la DBMIST devra permettre la fourniture de documents originaux aux organismes universitaires et de recherche.

A vocation européenne et internationale, l'INIST s'appuiera sur les politiques multilingues et d'ouverture déjà menées par les deux anciens centres de documentation du CNRS : coopérations scientifiques débouchant sur un partage des tâches dans la constitution de bases de données communes comme SIGLE (System for information on grey literature in Europe) ou ICONDA (Conseil international du bâtiment). D'autres coopérations sont à l'étude ou en cours de négociation, par exemple avec le serveur STN. Par ailleurs, la base PASCAL sera chargée sur le serveur DIALOG aux États-Unis.

Les relations bilatérales qu'il entretient avec des organismes homologués non européens tels que le JICST (Japan information center for science and technology) au Japon ou l'ISTIC (Institute of scientific and technical information of China) en Chine seront également conservées.

Membre du groupe non institutionnel EUROSPES, qui réunit des centres de documentation en sciences politiques, économiques et sociales en France, Belgique et Espagne et permet des échanges d'informations et des réflexions communes, l'Institut vient de réaliser un annuaire des banques de données en sciences politiques, économiques et sociales. Il participe aussi activement aux projets MEDATAROM (mise sur CD-ROM d'Excerpta medica, de Medline et de la partie bio-médicale de Pascal) et ADONIS * de la CEE, et a d'ores et déjà fait de nouvelles propositions de projets communes avec de nombreux partenaires européens.

L'installation à Nancy-Brabois est prévue pour juillet 89 ; l'ouverture du Centre aura lieu à l'automne. D'ici là, les services de l'ex-CDST et de l'ex-CDSH doivent avoir fusionné. Le défi d'une implantation provinciale est lancé. Sera-t-il relevé ?