Journée d’étude BnF/Afnor CG46

Métadonnées et confiance : quelles normes pour les échanges entre communautés ?

Cécile Kattnig

Avec cette journée d’étude organisée dans le grand auditorium de la Bibliothèque nationale de France, la commission générale Afnor CG 46 du 27 juin 2014   1 a affiché sa volonté d’aborder les conditions d’échanges de données entre communautés (archivistes, bibliothécaires, documentalistes, éditeurs, records managers…) par un état des lieux des outils normatifs et par des illustrations de projets. Le rappel historique et la présentation des tendances du comité technique ISO/TC 46 et de la commission de normalisation Afnor/CN 46 ont été judicieusement exposés en ouverture (révision de normes, importance des identifiants, processus de normalisation raccourci…).

L’interopérabilité sémantique et organisationnelle : perspectives et enjeux pour les producteurs de données

Katell Briatte   2, forte de son expérience de coordinatrice du programme HADOC (harmonisation de la production des données culturelles), insiste sur la nécessité d’élaborer un cadre interopérable de production des données culturelles permettant de jouer sur les deux niveaux d’interopérabilité sémantique : les contenants (schémas de métadonnées, modèles de données) et les contenus (référentiels, normes et bonnes pratiques existantes). Ainsi, la diversité des pratiques « métier » d’un domaine donné serait prise en compte. La mise en place d’outils de modernisation est illustrée par l’exemple de GINCO, l’outil normalisé et mutualisé de gestion de vocabulaires contrôlés. Son propos sur « complémentarité, complétude et gouvernance  » met l’accent sur le besoin de renforcer la collaboration entre acteurs pour rationaliser les processus de production en amont et établir des espaces de confiance.

Des outils normatifs pour faciliter l’échange de données

Le spectre large des travaux normatifs est illustré par la présentation de deux normes opérant l’une dans le secteur de l’édition, ONIX, l’autre dans celui de l’archivage, MEDONA, et d’une troisième, ISNI, ciblée sur l’identification des personnes et des collectivités, d’utilisation transversale.

ONIX (ONline Information eXchange) a déjà fait l’objet d’une présentation lors de la précédente journée Afnor/BnF. Véronique Backert   3 revient sur ce standard pour faire un état des lieux de son application en France par les divers acteurs de la chaîne du livre notamment le SNE   4, la CLIL   5, Électre, DILICOM et la BnF. ONIX s’impose comme une norme pour communiquer entre les différentes familles professionnelles représentées par ces acteurs.

MEDONA (Modélisation des Échanges de DONnées pour l’Archivage), norme NF Z44-022 depuis janvier 2014 (proposée également à l’ISO pour une reprise en norme internationale) a été présentée par Claire Sibille-de Grimoüard  6 . Très attendue de l’ensemble des acteurs du domaine de l’archivage, elle répond aux besoins de la normalisation des échanges de données (définition des diagrammes d’activités, modèles de données, messages formalisés par des schémas XML). Historiquement développée pour les acteurs publics, sa modélisation prend en compte les besoins des acteurs privés.

ISNI (International Standard Name Identifier), norme ISO 27729 depuis 2012, s’impose comme l’identifiant de tout contributeur à des contenus culturels, intellectuels, scientifiques… C’est avec clarté et humour que Pauline Chougnet   7 nous en a exposé les enjeux. La BnF est agence d’enregistrement ISNI en janvier 2014 et une stratégie nationale est en cours de construction en France où l’ISNI jouera un rôle pivot entre jeux de données culturelles, scientifiques et commerciales.

Quels projets pour répondre aux usages des différentes communautés ?

Si les nouvelles technologies ouvrent des perspectives sans précédent pour l’échange et la réutilisation des données, illustrées ici par le projet du hub de métadonnées de l’Abes, elles confirment l’importance de la qualité des données source basées sur des normes interopérables issues des travaux normatifs entre les communautés de professionnels.

Avec le hub de métadonnées, l’Abes s’inscrit dans le prolongement de la logique de mutualisation et de partage des données tel qu’introduite dès la conception du Sudoc. Face à l’accroissement exponentiel de l’offre éditoriale électronique ainsi qu’à l’hétérogénéité des sources et des formes de fourniture des informations, l’Abes élabore des outils à destination du réseau. Il s’agit de faciliter l’agrégation des données, tout en assurant leur vérification et leur enrichissement. C’est le cas de l’outil Métarevue dont la démarche a été présentée par Yann Nicolas  8  et Illem Addoun Poliakow  9. Par la confrontation de l’offre éditeur avec les signalements dans le Sudoc, l’outil permet de tracer la vie des périodiques, de les identifier via l’exploitation des ISSN et de reconstituer l’arborescence des « familles » pour la rationalisation de la gestion des collections dans l’ensemble du réseau. Le besoin d’un identifiant relatif à chaque famille de périodiques est soulevé – question à aborder lors de la prochaine révision de la norme ISSN ISO 3297.

Dans le domaine du records management, Charlotte Maday   10 insiste sur l’importance des métadonnées dans un contexte métier où celles-ci confèrent une valeur de preuve au document. La norme ISO 15489 sur le records management est en effet en cours de révision. Mais l’intervenante met l’accent sur la nécessité d’améliorer la norme 23081-1 (qui traite des métadonnées) pour prendre en compte les incidences sécuritaires qu’ont certaines informations. Un set de métadonnées minimales est à définir. Une option serait même d’élaborer une norme française.

L’appel à candidatures est lancé par le groupe d’experts Afnor CN46-9 GE4 Données d’autorité pour participer aux travaux d’élaboration d’une norme française sur tout ce qui a trait aux « agents » (personnes, collectivités ou familles), entités communes à tous les secteurs de l’information et de la documentation. Anila Angjeli  11  argumente son propos par la nécessité d’une démarche globale et d’une collaboration intersectorielle pour répondre aux besoins de l’interopérabilité, le contexte technologique nous étant favorable.