Biblio Pitch 2015
Arald – livre et lecture en Rhône-Alpes Lyon – 10 décembre 2015
L’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (Arald) a lancé début décembre une invitation aux professionnels rhône-alpins pour participer à un Biblio Pitch, rendez-vous fédérateur orienté sur la lecture publique à l’échelle de la région. Ce fut pour tous les participants –intervenants comme auditeurs- l’occasion d’échanger sur leur métier et de mettre en lumière des projets locaux, en cours ou à venir.
Biblio Pitch, mode d’emploi ? Le principe du Biblio Pitch proposé par l’Arald est simple : 5 minutes de présentation et trois visuels pour faire un retour d’expérience, lancer un débat, ou recueillir idées et cas pratiques auprès du public. Pari réussi ce jeudi 10 décembre dans le petit amphithéâtre de la Villa Gillet, où se sont réunis dans une ambiance conviviale des professionnels de la région invités par Delphine Guigues (chargée de mission Bibliothèques et patrimoine écrit) à présenter leurs projets, à débattre et à s’enrichir les uns les autres de leurs expériences. Bien que difficile à tenir, le format « top chrono » s’est révélé stimulant pour le public comme pour les intervenants, invitant à la synthèse et à l’efficacité, sans pour autant nuire à la richesse et à la variété des projets présentés. Au total, une vingtaine de présentations se sont ainsi réparties sur la journée, toujours suivies d’un échange enrichissant avec la salle.
La présentation du Tremplin poétique (Michel Reynaud – Le Bachut / BM de Lyon) a lancé la journée sur une tonalité participative commune à de nombreux projets. Partant du constat que la poésie peut être un biais privilégié vers l’écriture et la lecture, cette initiative -qui connaissait en 2015 sa cinquième édition- vise à faire émerger une écriture poétique en suscitant la créativité du public. Le dispositif s’appuie sur des ateliers d’écriture avec un poète intervenant, ainsi qu’une mallette pédagogique à destination du jeune public. Les usagers sont invités à participer et à déposer un poème dans des boites mises à leur disposition dans plusieurs bibliothèques du réseau. Un comité de sélection choisit ensuite les œuvres qui seront lues et mises en musique par des musiciens du conservatoire.
Plusieurs présentations ont abordé des projets encore en gestation, et les échanges avec le public ont permis d’en affiner les objectifs et de recueillir des pistes de mise en œuvre.
Ce fut le cas pour le projet de Club de lecture des 8-12 ans porté par Delphine Sicard et Myriam Sarahoui (le Bachut / BM de Lyon), avec l’envie de valoriser la lecture auprès de cette tranche d’âge, mais aussi d’aider les enfants à se construire un parcours de lecteur et à tisser des liens autour du livre. Plusieurs idées ont émergé dans la salle, notamment celle de positionner l’enfant comme ambassadeur de ses lectures à partir de petites notices critiques apposées sur les livres ou publiées sur un blog. Beatrice Bienvenu (BM de Grenoble) est à son tour intervenue pour présenter le cycle de conférences « Tout comprendre » qui propose au public une rencontre avec un spécialiste pour éclairer un point d’actualité ou une question scientifique, et dont on peut regarder les enregistrements en ligne sur le site de la bibliothèque. Autre initiative grenobloise qui rencontre un grand succès depuis sa mise en œuvre en 2013 : l’aide en mathématiques programmée à la bibliothèque Kateb Yacine pendant les révisions du baccalauréat. Cet accompagnement, qui repose sur un partenariat avec l’Apmep (association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public) et le volontariat des enseignants engagés, est très apprécié par les jeunes pour lesquels la bibliothèque se révèle un lieu important en période d’examen.
Camille Fortin (Sainte Foy lès Lyon) et Melody Calcagni (Médiathèque de Brignais) sont venues présenter, dans le prolongement du blog « Papier bulles » créé en 2012, un projet de lieu numérique dédié à la BD, porté par des bibliothécaires en association avec différents acteurs de la bande dessinée. Le principe repose sur l’accès, à partir d’un identifiant, à une mine d’information dans ce domaine (actualités, veille éditoriale, agenda, annuaire, etc.) qui sera alimentée par chacun des membres de ce réseau de coopération autour de la BD.
Autre projet fédérateur, dédié à la fiction et porté par la Médiathèque de Tassin (Fabienne Berger-Forray et Karen Charnay) : l’atelier d’écriture collaborative mis en œuvre avec deux classes de 4ème, sur le principe d’un « cadavre exquis numérique ». Cette initiative repose sur une étroite interaction entre un auteur, les enseignants et les élèves, invités à utiliser des outils d’écriture collaborative comme Framapad. Au final, ce sont deux nouvelles qui ont pu être publiées en 2014 dans le cadre de la Fête du livre.
Offre documentaire et valorisation étaient également au rendez-vous de ce Biblio Pitch avec une question sur l’actualité de PNB posée par Karen Charnay (Médiathèque de Tassin –La-Demi-Lune), abordant l’intégration des e-books dans le catalogue des petites bibliothèques et l’exemple du site Bibook (BM de Grenoble). Sara Bidas (BM de Lyon) a pour sa part présenté un projet de création d’un fonds en langue arabe accompagné d’un travail de médiation autour des collections. Le partage d’expérience rapporté par Thierry Maillot (BM de Grenoble) a permis aux participants de découvrir la plateforme de films en streaming de la Bibliothèque numérique de Grenoble, et tout particulièrement l’offre d’archives filmées et de productions locales (« conférences », « vues d’ici ») proposées en accès libre.
Elodie Gérard (la Part-Dieu / BM de Lyon) a partagé avec la salle ses questionnements sur la mise en oeuvre d’une grainothèque, dispositif inspiré par des bibliothèques anglo-saxonnes et en plein essor en France : quelles implications concrètes pour la bibliothèque, quels partenariats et quelle médiation autour d’un tel service ; mais également quelle réception et quelle pérennité pour une initiative qui repose sur l’engagement et la participation du public?
L’implication des usagers était aussi au cœur de la présentation de Bruno Fouillet (Bibliothèque d’agglomération Bonlieu – Annecy), en préparation à l’ouverture d’une bibliothèque de quartier à l’horizon 2017. Le projet est envisagé avec la collaboration du public (et des bénévoles, associations, comités de lecteurs), pour collecter leurs attentes et envisager le futur équipement et l’évolution des services offerts.
Partenariat et collaboration guident également le projet de la Médiathèque d’Andrézieu-Bouthéon -en préfiguration pour avril 2016- présenté par Thierry Bokhobza. En partenariat avec le conservatoire de musique et danse dont elle partagera les locaux au centre d’un Pôle culturel, la médiathèque développera un fonds axé sur la musique et les arts du spectacle, enrichi par des collections de partitions. Elle proposera également un fonds multilingue envisagé suite à une étude des publics potentiels qui a permis de mesurer la diversité des langues parlées dans la ville.
D’autres projets encore étaient orientés sur la participation du public dans le quotidien de la bibliothèque, telle l’initiative portée par Laurence Guillemin (BM de Grenoble), axée sur les échanges avec un public adolescent pour le développement d’un fonds de mangas (conseils de lecture, sélections d’acquisitions), avec pour perspective un voyage à la Japan Expo de Paris.
Les expériences rapportées par Annie Vuillermoz (BM de Grenoble) ont illustré avec conviction les actions que peut mener la bibliothèque hors de ses murs pour promouvoir la lecture, par exemple en s’impliquant dans la formation d’ATSEM et d’éducateurs jeunes enfants autour du livre comme objet de médiation, mais également en créant du lien avec ceux qui ne viennent pas jusqu’à elle, que ce soit dans la rue ou dans les lieux d’urgence sociale, auprès des personnes en grande précarité.
Le public, au cœur de nombreux projets et retours d’expérience, motive aussi l’évolution des espaces et des services.
A partir de l’équation « petit budget / réimplantation réussie », Mélanie Petit (BM Lyon) a ainsi sollicité des pistes sur le réaménagement d’un espace pour accueillir avec convivialité les publics tout en conciliant la cohabitation de profils aux usages variés (étudiants, familles…).
La BU Lyon1 est la première bibliothèque universitaire française à avoir obtenu la certification qualité ISO 9001-2008. Cette certification présentée par Isabelle Bontemps a été reçue en 2015 pour une durée de 3 ans, et atteste notamment d’un engagement fort en direction de l’accueil et d’un souci constant d’adéquation entre les besoins des publics et les services rendus.
Les services aux (petits) lecteurs sont envisagés sous l’angle de la médiation numérique dans la démarche exposée par Claire Schneider et Myriam Salomon (Bibliothèque des deux mondes, La Motte-Servolex) : il s’agit de faire connaître les ressources numériques disponibles, et notamment une sélection d’applications ciblées pour les tous jeunes lecteurs et leurs parents.
Le numérique est également le socle des rendez-vous informatifs proposés par le réseau de lecture publique de Bourg-en-Bresse. Cette initiative récente présentée par Yoann Escuit réfléchit au format le plus adapté (ni conférence, ni atelier), et à la façon d’atteindre les différents publics dans une ambiance qui reste conviviale.
Pitch de fin : le rayon Bestseller de la Médiathèque centrale de Tarentaize (Saint Etienne). Cette offre documentaire présentée par Iris Petit a été mise en oeuvre en septembre 2015, et n’a laissé de marbre ni le public, ni la presse, ni les professionnels. Succès immédiat en ce qui concerne les lecteurs qui ont rapidement intégré le fonctionnement du rayon : présentation en facing d’une cinquantaine de titres sans classement spécifique (sur un fonds -amené à croître chaque mois- de 432 documents achetés en double exemplaire), pas de réservation ni prolongation sur le principe du premier arrivé/premier servi, avec à la clef des statistiques de prêt convaincantes. Les acquisitions s’appuient sur un budget de 8000 euros annuel et la sélection se base sur la liste des 200 premiers bestsellers identifiés par Edistat. Une initiative qui a trouvé un écho local (Le Progrès) et national (Livres Hebdo), mais qui a également suscité des débats parmi les bibliothécaires sur leur positionnement, entre fournisseur et prescripteur.
Ce premier Biblio Pitch -dont on peut espérer de prochaines éditions- s’est avéré une façon à la fois originale et dynamique pour recueillir et échanger les expériences d’un réseau de professionnels dont les projets et les questions se recoupent, se complètent, et témoignent de belles initiatives au service de la lecture publique.