7émes journées Science Ouverte Couperin. 100 % open access : initiatives pour une transition réussie
Paris, ENSAM – 22-24 janvier 2018
Si l'édition 2018 des Journées Science Ouverte (JSO) 1 était bien le septième événement organisé par Couperin, c’était aussi le premier à porter ce titre. Dans son mot d'accueil, Jean-Pierre Finance, président de Couperin, a retracé l'évolution du concept, depuis la première journée d'étude en 2005, consacrée aux archives ouvertes (AO), journée qui prendra de l'ampleur pour se transformer en 2013 en Journées Open Access (JOA), et dont l'avant-dernière édition, en 2015, avait pour titre – prémonitoire, selon Jean-Pierre Finance – « la science ouverte en marche ».
La science ouverte doit devenir la stratégie par défaut
Il revenait à Vanessa Proudman, directrice de SPARC Europe, de prononcer la conférence introductive. Démarrant par un proverbe hollandais, « quand le vent du changement souffle, certains construisent des murs, d'autres des moulins à vent », elle a brossé un panorama du contexte juridique, économique et politique européen, qu'elle juge favorable au développement de la science ouverte. Son exposé s'est achevé par une adresse à la salle : « vous avez déjà bien avancé pour que la science ouverte devienne l'option par défaut en France. Que pouvez-vous faire pour aller encore plus vite ? »
Jean-Pierre Finance a ensuite présenté les actions de promotion de la science ouverte au niveau européen. L'Europe est la seule région du monde à traiter cette question au niveau continental, dans le but de faire évoluer les pratiques vers un équilibre entre la coopération et la concurrence, l'interdisciplinarité, l'intégrité, la transparence et la reprise d'une souveraineté scientifique publique. Conscient de la complexité de l'entreprise, il a insisté sur la nécessité de convaincre les chercheurs de leur implication indispensable à cette démarche.
Alain Beretz, directeur général de la recherche et de l’innovation au ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a parlé avec enthousiasme de la politique française en faveur de la science ouverte (tout en évitant d'en dire trop, la ministre devant prochainement faire des annonces à ce sujet). Selon lui, le ministère a la volonté de saisir l'opportunité de la science ouverte à bras le corps, comme l'illustre la mission confiée en 2017 à Marin Dacos. La science ouverte doit devenir la stratégie par défaut : publications, logiciels, données, évaluation. Le ministère est d'abord intéressé par la science ouverte pour une raison d'efficacité de la dépense publique. La publication représente une faible part du coût de la recherche, et la longue route de la science ne doit pas être barrée dans les derniers kilomètres. Alain Beretz espère reprendre le contrôle d'un processus éditorial qui a dérivé, pour arriver à 100 % de publications en accès ouvert, sauf exceptions motivées. Pour lui, l’Appel de Jussieu est une belle intention, mais il faut aujourd'hui passer aux actions, sans compter uniquement sur le top down du ministère. L'ensemble des acteurs doit contribuer au financement : « il faut sortir du modèle propriétaire. Nous devons travailler ensemble : chercheurs, bibliothécaires, informaticiens, juristes ». Conscient d’être dans un changement systémique, au-delà de la seule évolution de l'édition, il a estimé qu’il y avait probablement assez d'argent dans le système, mais pas au bon endroit : « le système doit réorienter nos dépenses de la science fermée vers la science ouverte. »
Les représentants des conférences (Conférence des Présidents d’Universités, Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d'Ingénieurs et Conférence des Grandes Ecoles) ont rappelé que les étudiants avaient besoin d'un accès direct aux articles scientifiques et qu'il leur revenait de se saisir de la question pour promouvoir des politiques d'établissement et des dispositifs d'évaluation qui prennent en compte la science ouverte.
La première journée s'est achevée par la présentation par Louise Béraud-Le Franc, de l'Université de la Rochelle, de l’enquête réalisée en 2017 par Couperin sur les AO en France. Sur 121 réponses exploitables, 82 % des répondants ont une AO en production ou en cours de réalisation, contre 62 % en 2014. On constate cependant que, si beaucoup d'établissements encouragent le dépôt en AO, quasiment aucun ne l'a rendu obligatoire, tous regrettant une implication trop faible des chercheurs. Enfin, seuls six établissements, tous dotés d'une AO institutionnelle, ont plus de 99 % de texte intégral.
Pour un accès ouvert équilibré : un combat de tous les acteurs scientifiques
La matinée du deuxième jour était consacrée aux stratégies de conversion, du modèle de l’abonnement à un bouquet des revues numériques à celui de l’accès ouvert immédiat.
Sandrine Malotaux, directrice du SCD de l’INP de Toulouse et responsable du département des négociations de Couperin, a commencé par brosser un panorama européen. Depuis 2013, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Autriche ont fait le choix du modèle auteur-payeur (frais de publications – Articles processing charges, APC – pris en charge par l’institution). D’autres pays, essentiellement dans le nord du continent, orientent leurs négociations avec les éditeurs dans la même direction. Cette approche ne semble cependant pas intéresser le reste du monde.
Koen Becking, président de l’Université de Tilburg et responsable des négociations pour l’open access à l’association néerlandaise des universités (VSNU), a utilisé une petite vidéo très pédagogique pour rappeler les enjeux de l’Open Access (Open Access Explained !). Puis il a présenté la stratégie de son pays à l’horizon 2020 : faire des big deals un véhicule permettant d’aboutir à 100 % de gold OA, pour un coût moins élevé que les anciens abonnements, qu’il a résumé en « we don't want dinners and talks, just OA for less money ». Les 14 universités des Pays-Bas sont toutes membres de VSNU, qui sert de consortium. Les négociations avec les gros éditeurs sont menées par un membre du bureau, tandis que celles avec les plus petits le sont par un directeur de BU. Les huit plus gros éditeurs représentent 70 % du marché, soit 7,6 millions d’euros, d’où un APC moyen de 3 800 €. L’objectif est de parvenir à un coût total de 4 millions d’euros, soit un APC moyen de 2 000 €. En 2018, 57 % de l’offre des sept plus gros éditeurs étaient en gold OA, alors que les objectifs du gouvernement, qui appuie cette voie négociée, n’étaient que de 30 %. Koen Becking a appelé les autres pays à rejoindre les Pays-Bas dans cette voie.
Ralf Schimmer, directeur adjoint de la bibliothèque de la Société Max-Planck de Munich, a présenté la stratégie de l’Open Access 2020 Alliance (OA2020). Il a rappelé que, malgré de nombreuses déclarations de principe en faveur de l’OA, plus de 85 % de la production scientifique ne pouvait être lue que sur abonnement. Le green OA n’a, pour l’instant, pas représenté une menace pour les profits des principaux éditeurs, dont les marges atteignent 30 à 40%. Le procès qu’ACS a intenté à Sci-Hub a mis en lumière qu’un article lui rapportait en moyenne 150 000 dollars. À la différence du green OA, Sci-Hub inquiète réellement les éditeurs. La stratégie de l’OA2020, le PAR (Publish And Read) model, adoptée par tous les organismes de recherche allemands, est similaire à celle des Pays-Bas : remplacer les abonnements par des APC à un coût transparent et soutenable, pour une publication généralisée en gold OA CC-by pour toutes les publications des auteurs des organismes concernés. De fermes négociations, avec menace de désabonnement, sont en cours avec les principaux éditeurs pour le marché allemand. Ralf Schimmer a conclu sur le fait que ce sont les chercheurs qui doivent mener le combat, au sein d’une union de toutes les communautés nationales de recherche.
Lluis Anglada, directeur du consortium des universités de Catalogne (CSUC) a décrit, en français, la situation espagnole. À la différence des Pays-Bas et de l’Allemagne, l'Espagne s’est engagée dans la voie verte. L’article 37 de la loi pour la science de 2011 rend obligatoire la publication des articles scientifiques, issus d'une recherche réalisée avec des fonds publics, dans des dépôts thématiques ou institutionnels, le plus tôt possible et au plus tard douze mois après la date de publication. Cependant, deux limites importantes restreignent les effets de ce texte : les politiques des éditeurs ont priorité sur la loi, et aucune mesure n’a été prévue pour s’assurer du respect de l’article 37. De ce fait, bien que la quasi-totalité des universités espagnoles aient créé leur propre AO, seulement 9 % des publications relevant de l’article 37 y ont été déposées. La commission de suivi de l’article 37 a publié des recommandations pour progresser, autour de la mesure du taux de dépôt en AO, de la facilité du dépôt, de l’évaluation des chercheurs, de la transparence sur le coût des abonnements et des APC. Pour l’Espagne, la seule voie dorée aboutirait à une augmentation des coûts. Pour Lluis Anglada, l’OA, première réalisation de la science ouverte, sera atteint par une route hybride incluant le green, le gold, les réseaux sociaux et la pression des chercheurs pour changer les modes d'évaluation.
Lidia Borrell-Damian, directrice de la Recherche et de l’Innovation à l’Association européenne des Universités a présenté la position de son organisation, favorable tant au green qu’au gold. Une enquête réalisée en 2017, à laquelle ont répondu 338 universités issues de 39 pays, a montré qu’un peu plus de la moitié d’entre elles avaient une politique d’OA, la quasi-totalité des autres y réfléchissant à plus ou moins long terme. Cependant, il s’agissait très majoritairement d’encouragement à l’OA et beaucoup plus rarement d’obligation.
Initiatives des communautés disciplinaires
Au début de l’après-midi de la deuxième journée, Johan Rooryck, professeur de linguistique française à l’université de Leiden (Pays-Bas) et président de la Fair open access (FOA) alliance, a montré comment on pouvait transformer une revue contrôlée par un éditeur en une nouvelle revue contrôlée par sa communauté scientifique, tout en en conservant la réputation et le prestige. Le FOA, dont l'objectif est de permettre aux chercheurs de reprendre le contrôle de leurs moyens de production, repose sur cinq principes concernant la propriété du titre de la revue et des droits d’auteurs, l’open access, la publication non conditionnée au versement d’APC et la transparence sur les coûts, qui doivent rester raisonnables. En 2015, après des négociations infructueuses pour convertir la revue Lingua d'Elsevier aux principes du FOA, le comité de rédaction a démissionné en bloc et a créé son propre comité, LingOA pour fonder une nouvelle revue, Glossa. Celle-ci a récupéré la réputation de Lingua – que la communauté appelle maintenant « zombi Lingua ». Deux autres comités ont été fondés sur le même principe, MathOA et PsyOA. The Open Library of Humanities (OLH), éditeur à but non lucratif, a également adopté le FOA. Le modèle est économiquement soutenable. En adoptant le FOA, pour les universités, le coût d’une revue réputée qui publie 100 articles par an passerait de 800 000 euros (4 000 bibliothèques abonnées chacune à 2 000€) à 100 000 euros (100 articles fois 1 000 € d'APC).
Québécois, exerçant à l'université d'Amsterdam comme professeur de physique théorique, Jean-Sébastien Caux a rappelé les nombreuses déclarations en faveur de l’OA, mais a regretté la lenteur de son développement. Pour accélérer le cours des choses, il a créé la fondation Scipost, dont il est président. Scipost propose un portail intégré de publication scientifique contrôlé par les chercheurs, ayant pour objectifs l’accessibilité, la qualité, l’utilité, la liberté et l’impact. Scipost repose sur la séparation de la science – qui doit être gratuite pour les lecteurs comme pour les auteurs – de son financement, fourni par des supporting partners, qui peuvent être des agences de financement nationales ou internationales, des universités et leurs bibliothèques, des États, des fondations ou des mécènes. Jean-Sébastien Caux a conclu en invitant les chercheurs à cesser de travailler pour des éditeurs qui font 40 % de profit et les financeurs à changer leurs critères d'évaluation et à soutenir les alternatives ouvertes.
Thierry Galli, directeur de recherche à l’INSERM, a présenté ASAPBio, initiative inspirée d’arXiv. La science étant à la fois collaborative et compétitive, ASAPBio permet aux biologistes de publier leur preprint rapidement, afin de récolter du feedback de leur communauté. Ces preprints sont permanents, versionnés et citables (par un Digital Object Identifier - DOI). Thierry Galli a insisté sur la nécessité de modifier notre façon d'évaluer, par exemple en faisant ressortir les trois à cinq principales réalisations du chercheur au lieu de faire de la bibliométrie sur de longues listes de publications.
Knowledge Unlatched a été présenté par son directeur général, Sven Fund. Cofinancé par des éditeurs et des bibliothèques, il s’agit d’un intermédiaire de financement de l'OA, surtout pour les monographies en anglais en SHS, mais aussi les revues. Les éditeurs présentent leurs titres au comité de sélection. Les bibliothèques choisissent les titres qui les intéressent. Si un titre recueille suffisamment de souscripteurs, Knowledge Unlatched le rachète définitivement à l’éditeur, afin qu’il passe en OA. En 2016, le catalogue de titres ainsi libérés comprenait 40 revues et 2 450 livres. En France, OpenEdition fait partie de ses partenaires.
Benoît Kloeckner, professeur en mathématiques à l'Université Paris-Est Créteil, membre du bureau du Réseau National des Bibliothèques de Mathématiques et membre fondateur de la fondation MathOA, s’est fait le porte-parole de sa communauté. Longtemps attachés au papier et au livre, les mathématiciens ont adopté la voie verte dès les années 1990 en déposant dans arXiv, de façon importante mais pas exhaustive. Ils sont fortement réticents face aux APC, autant pour des raisons d’efficacité que d’éthique. Sur le modèle de LingOA, le comité de rédaction du Journal of Algebraic Combinatorics (JACo) a démissionné de Springer-Nature pour créer la revue Algebraic Combinatorics en FOA et la fondation MathOA.
L’après-midi s’est achevée par la présentation, par Jacques Lafait, directeur de recherche émérite et chargé de mission à l’Université Pierre et Marie Curie, de l’Appel de Jussieu pour la science ouverte et la bibliodiversité, dont il est le coordinateur. L'Appel a germé au sein d'un groupe de travail de la Bibliothèque scientifique numérique (BSN), devenu depuis le Comité pour la Science Ouverte (CoSO), à partir de trois convictions : pour la Science Ouverte, pour, et par la bibliodiversité. On notera que ces deux expressions sont entrées dans la langue française avec l'Appel de Jussieu. Signé début 2018 par 90 organismes, originaires de France, d’Europe, d’Amérique et d’Asie, l’Appel insiste sur l'évaluation des chercheurs, qui est à la source de l'inflation des publications. Il ne refuse pas le modèle de transfert des abonnements vers les APC, mais considère qu'il ne doit pas être la voie exclusive. Il donne la priorité aux modèles non payés par les auteurs ni par les lecteurs : soutien institutionnel, freemium, financement participatif, archives ouvertes.
Et, toujours, l’évaluation de la recherche et des chercheurs et le facteur d’impact
Au début de la matinée du troisième jour, Bernard Rentier, vice-président du Conseil Fédéral belge de la Politique scientifique, recteur honoraire de l'Université de Liège et invité habituel des journées Couperin, venait cette année exposer la synthèse du rapport de la Commission européenne, Evaluation of Research Careers fully acknowledging Open Science practices. Il s’est vigoureusement attaqué au « Publish (in high impact journals) or perish ». Prenant l’exemple du facteur d'impact de Nature, qui était de 40 en 2014, il a montré qu’en fait seuls 14 % des articles étaient cités plus de 40 fois, ce qui en fait donc un indicateur scientifiquement injustifiable. Malgré la Declaration On Research Assesment (DORA), également connue sous le nom de Déclaration de San Francisco – signée par 433 institutions et organisations et par plus de 12 000 individus – qui récuse le facteur d'impact comme indicateur de qualité d’une revue, celui-ci reste très largement employé comme critère d’évaluation. La publication traditionnelle, qui est la sous-traitance commerciale de la publication scientifique, est dans une impasse, due à la recherche de profits toujours croissants et à la dépendance liée au prestige. Pour Bernard Rentier, la solution ne peut venir que d'en haut. Mais par quoi remplacer le facteur d'impact ? Le rapport propose de passer d'un indicateur unique, simple mais trompeur, à une approche multicritères (23 critères en 6 catégories), avec des poids différents. On obtient une matrice en deux dimensions (OS-CAM) ou trois (OS-CAC). Plus complexe, cette tentative d’objectivation ne doit pas faire perdre de vue que, de toutes façons, l’évaluation reste un exercice subjectif.
Mark Patterson, directeur exécutif de eLife, a présenté l’Initiative for Open Citations (I4OC), dont il est membre fondateur. Soutenue à la fois par des chercheurs et par des éditeurs, I4OC vise à structurer les données de citation, afin de faciliter leur partage. Aujourd’hui, la moitié des références de Crossref sont au format OpenCitation, l’objectif étant d’arriver à la totalité. Mark Patterson a conclu par la nécessité de remplacer « publish or perish » par « share and shine ».
Horst Hippler, président de la conférence des recteurs d’universités allemandes, a affirmé, en français et sans diaporama, qu’il fallait publier pour être lu et non pour allonger son CV, 20 % des publications mondiales n’étant jamais citées. L’Allemagne paie 100 millions d’euros par an aux trois principaux éditeurs (Elsevier, Springer, Wiley), soit 3 000 à 4 000 euros par article, alors que leur coût réel de publication est de l’ordre de 1000 €. Pourtant, il y a de nombreuses alternatives d'accès à la littérature scientifique, légales ou illégales. C’est pourquoi les institutions allemandes ont proposé des accords aux principaux éditeurs : publication en gold OA de tous les articles des chercheurs allemands et accès illimité à toute la littérature des éditeurs. Afin d’exercer une pression, 200 institutions n'ont pas prolongé leur contrat avec ces éditeurs, qui ont cependant maintenu les accès ouverts pendant les négociations. Avec une grande solidarité, la communauté scientifique allemande espère aboutir à un modèle de contribution proportionnel au nombre de publications.
Un accouchement difficile
La matinée s’est achevée avec les principales instances françaises d’évaluation. Michel Cosnard, président du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES), a expliqué le rôle de son institution. Le HCERES évalue les établissements et les unités de recherche, mais pas les chercheurs. Il éclaire les décideurs, mais ne prend pas de décision, avec une volonté d'évaluation bienveillante mais exigeante. Les établissements doivent être évalués mais choisissent leur évaluateur. Jusqu'à présent, ils ont toujours choisi le HCERES. L'évaluation est qualitative, fondée sur le rapport d'auto-évaluation, dans lequel l'établissement ou l'unité de recherche doit sélectionner ce qui lui parait significatif dans ses productions. Elle est documentée par des guides, différenciés selon les disciplines. Le HCERES recommande le dépôt dans HAL. Il envisage lui-même d’ouvrir en 2019 un portail HAL comprenant l'ensemble de ses rapports d'évaluation. Interrogé par Bernard Rentier sur son attitude face aux biais de WOS et de Scopus, Michel Cosnard a répondu qu’on ne pouvait néanmoins pas ignorer ces outils.
L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) est chargée de mettre en place le financement de la recherche sur projet et de faire émerger les meilleurs projets. Environ 9 000 projets sont déposés chaque année, 15 % sont acceptés. L’ANR était représentée par son directeur des opérations scientifiques, Yves Fort, qui a indiqué que le développement de l’OA faisait partie du plan d’action de l’ANR. Cependant, il n’est pas retranscrit formellement dans les critères de sélection des projets.
Plusieurs interventions depuis la salle ont exprimé le regret que la publication en AO soit seulement encouragée par le HCERES et l’ANR, sans être pour autant un critère d’évaluation impératif. Bernard Rentier a renchéri en disant aux chercheurs : « vous êtes enceint d'un article pendant neuf mois. Vous accouchez. Est-ce qu'aller le déclarer à la mairie est une atteinte à votre liberté ? »
Didier Torny, sociologue, directeur adjoint scientifique à l’Institut national des sciences humaines et sociales du CNRS – qui portait un T-shirt « I'am more than my H-index » – a fait un brillant exposé sur l’évaluation dans le contexte de la science ouverte. Sa première partie était consacrée à l’histoire de l’OA, qui a exploré plusieurs solutions pour donner un accès sans barrières aux publications, mais sans remettre en question les modèles économiques des grands éditeurs. Suivait un interlude sur l’ascension et la chute du facteur d’impact des revues. Cet algorithme propriétaire, apparu en 1963, parmi d'autres, est devenu prédominant à la fin des années 1990, mais a perdu toute pertinence avec le développement de la publication numérique, qui fait de l’article un objet indépendant de la revue. L’exposé s’est achevé par un focus sur la communauté des économistes, qui publie des working papers dans RePEc, permettant ainsi une vraie science ouverte.
À l’heure de se quitter, Grégory Colcanap, coordonnateur du consortium Couperin, a déclaré avec optimisme : « nous savons où nous voulons aller et nous sommes en marche vers ces objectifs ». Il a remercié les participants pour la qualité de ces journées, très denses comme les précédentes, sans donner de date pour une prochaine édition, en raison de l’importance du temps nécessaire à sa préparation.