Le rijksstudio
Ici, on peut toucher les œuvres !
L’auteur, responsable du département des publications au Rijksmuseum d’Amsterdam, a assuré la conception et le développement du site du musée (www.rijksmuseum.nl) ainsi que de celui du Rijksstudio, présenté dans cet article. Ce site présente une partie des œuvres du musée. L’ambition du projet est de diffuser très largement ce patrimoine universel à partir d’images de grande qualité diffusées en ligne, en invitant l’usager à vivre une nouvelle expérience sensible tout en lui permettant une appropriation totalement libre des contenus choisis (œuvre entière ou détail sélectionné), qu’il pourra conserver et partager dans son « studio » personnel.
Martijn Pronk, head of publications at the Rijksmuseum in Amsterdam, designed and developed the websites for the museum (www.rijksmuseum.nl) and the Rijksstudio, which is the focus of the present article. The site presents a selection of works from the museum. The project’s key aim is to make this rich cultural heritage accessible to as wide an audience as possible by means of high-
Der Autor, Verantwortlicher der Publikationsabteilung am Rijksmuseum Amsterdam, hat die Konzeption und die Entwicklung der Webseite des Museums (www.rijksmuseum.nl) sowie jene des Rijksstudios , welche in diesem Artikel vorgestellt wird, gewährleistet. Diese Webseite stellt einen Teil der Werke des Museums dar. Der Wunsch des Projektes ist es, dieses universelle Kulturerbe in weitem Umfang zu verbreiten, ausgehend von hochwertigen Bildern, die online verbreitet werden und den Benutzer einladen, eine neue spürbare Erfahrung zu erleben, wobei ihm eine völlig freie Aneignung der ausgewählten Inhalte (Gesamtwerk oder ausgewählten Ausschnitt) ermöglicht wird, die er in seinem persönlichen „Studio“ konservieren und weitervermitteln kann.
El autor, responsable del departamento de las publicaciones en el Rijksmuseum de Amsterdam, ha garantizado el diseño y el desarrollo del site del museo (www.rijksmuseum.nl) así como el del Rijksstudio, presentado en este artículo. Este site presenta una parte de las obras del museo. La ambición del proyecto es difundir muy ampliamente este patrimonio universal a partir de imágenes de gran calidad difundidas en línea, invitando al usuario a vivir una nueva experiencia sensible permitiéndole al mismo tiempo una apropiación totalmente libre de los contenidos escogidos (obra entera o detalle seleccionado), que podrá conservar y compartir en su “estudio” personal.
Travaillant à sa réouverture prévue alors en avril 2013, le Rijksmuseum 1 d’Amsterdam a lancé son nouveau site web dès octobre 2012. Le Rijksstudio 2 est la partie la plus innovante du nouveau site. On peut y trouver plus de 145 000 images à consulter, aimer (« liker » en langage Facebook), partager, zoomer et télécharger gratuitement.
Le Rijksmuseum présente sa collection au monde entier et invite chacun à se servir de ses ressources iconographiques de la façon dont il le souhaite. Il est ainsi possible de créer un objet absolument unique à partir des images du musée : imprimer son propre T-shirt, une tasse de café, un set de table ou tout autre chose. Les amateurs de Rembrandt ou de Vermeer, de peinture ou de sculpture, ceux qui aiment les chiens ou les ciels nuageux, les amoureux de bateaux ou les collectionneurs de bijoux y trouveront toujours quelque chose à leur goût.
Une des innovations les plus remarquables du Rijksstudio est la possibilité de sélectionner n’importe quel détail des images proposées. On peut ainsi rassembler ses œuvres préférées ou des détails de ces œuvres dans son propre Rijksstudio personnel et les partager avec d’autres. Il est possible de commander des produits personnalisés sur le site ou de télécharger des images proposées par le Rijksstudio pour y travailler soi-même. Le site web est accessible en mobilité : il est donc possible d’y accéder que l’on soit connecté sur son ordinateur de bureau, sa tablette ou son smartphone. On peut ainsi s’initier au plaisir de véritablement « toucher » l’art sur sa tablette. Plus proche que jamais auparavant, souvent en beaucoup plus grand que dans la vie réelle, l’offre du Rijksstudio est là pour être mise en « œuvre » et utilisée. On peut consulter les compositions déjà réalisées dans près de 100 000 Rijksstudio 3 composés par des visiteurs du musée en ligne.
Quelques chiffres
Après les sept premiers mois du Rijksstudio :
- 92 000 Rijksstudios personnels créés et un total de 110 000 collections
- 270 000 images téléchargées
- 3 180 000 visites pour 2 330 000 visiteurs uniques
- Durée moyenne de visite : 9,15 minutes (et plus de 11 minutes sur tablette !)
Plus près, plus proche…
Le Rijksstudio a pour objectif d’apporter la collection du musée au plus près des usagers. Ce concept se déploie à différents niveaux. Le site est structuré pour satisfaire aux besoins de 80 % de ses visiteurs, et on remarque que partout des choix (parfois audacieux) ont été faits pour le rendre aussi clair et concis que possible. Ceci signifie que la majorité des visiteurs aura accès immédiatement à du contenu qui répondra à ses attentes. Celui qui souhaite plus doit fournir un effort supplémentaire. La page de présentation de l’œuvre contient uniquement l’image et les données de base la concernant. Pour en savoir plus, un clic permet d’accéder à des informations supplémentaires (onglet « object data ») issues du dossier d’œuvre (notice de l’œuvre avec la liste des expositions où elle a été présentée, des renvois bibliographiques, etc.). La plupart des visites cependant sont motivées par l’intérêt pour de beaux objets d’art et d’histoire. Ces visiteurs-là ne veulent pas de cette information supplémentaire. Pour ces internautes, il est suffisant de savoir que l’information est disponible un clic plus loin, s’ils en ont besoin. Le Rijksstudio est avant tout conçu autour de l’image.
Le Rijksstudio a d’abord été pensé pour la tablette. Bien entendu, le site web fonctionne également sur un ordinateur de bureau et sur un smartphone, mais c’est sur tablette que l’expérience est la plus aboutie.
En zoomant du bout des doigts sur l’objet désiré, on l’obtient littéralement dans ses mains. La durée moyenne d’une visite sur tablette est de plus de onze minutes. Ceci signifie qu’il y a des internautes qui passent leurs soirées sur leur canapé, la tablette posée sur les genoux, surfant sur la collection de Rijksmuseum. C’est d’ailleurs une manière très agréable de passer une soirée. Certains pourraient ainsi dire que le Rijksstudio est hautement addictif ! Qui aurait pu penser que la consultation en ligne de l’art pourrait être tellement amusante ? La tablette apporte la collection au plus près de l’usager comme cela n’a jamais été possible auparavant.
Les images proposées dans le Rijksstudio peuvent être appréciées en haute résolution. On peut zoomer au point d’avoir l’objet extrêmement près de soi. Si près qu’on a l’impression d’avoir collé son nez sur la peinture. De plus, on peut sauvegarder les détails de toutes ses sélections. Ceci inaugure une nouvelle définition du mot « proche ». Pour ceux qui ne sont pas particulièrement intéressés par l’art mais qui adorent les chats, ils pourront découvrir dans le Rijksstudio que le musée possède des centaines d’images de chats parmi les plus belles au monde ! Il est facile de sauvegarder des détails de ces illustrations. Le Rijksmuseum est venu beaucoup plus près de ces utilisateurs-là aussi, même si, au départ, ils pensaient que le musée n’était pas fait pour eux.
Partager
Tout en surfant dans la collection du Rijksmuseum, l’utilisateur peut sauvegarder toutes les œuvres qu’il a sélectionnées (ou des détails de ces œuvres) dans son Rijksstudio personnel. Ces fonctionnalités sont gratuites et ne nécessitent qu’une adresse électronique et un mot de passe. Il y a actuellement près de 100 000 Rijksstudios. On peut également partager sa collection personnelle avec ses amis. Naturellement, le Rijksstudio est présent sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Pinterest). Il constitue une excellente porte d’entrée à la collection du musée. Les visiteurs sont invités à télécharger les images des travaux qu’ils ont réalisés à partir de leur sélection dans la collection (sélection d’un détail, etc.). Ces images sont alors déposées dans leur Rijksstudio pour inspirer d’autres utilisateurs. Afin de montrer ce qu’il était possible de faire, le musée a demandé à plusieurs designers néerlandais bien connus de concevoir des produits à partir des collections du musée. Ces produits ont servi à la campagne de communication pour le lancement du Rijksstudio. On peut voir la proposition réalisée par Christiaan Borstlap sur YouTube 4.
Free for all
Le fait que le Rijksmuseum donne accès à sa collection gratuitement a causé un grand émoi dans le monde des musées. Comme l’a remarqué le directeur des collections, Taco Dibbits, dans un entretien, « notre collection n’est pas notre propriété personnelle, elle appartient aux Pays-Bas, et donc à tous les Néerlandais, et donc au monde ». C’est pourquoi le musée ouvre ses collections à tout le monde et en particulier à ceux qui ne peuvent pas venir le visiter. Comme évoqué précédemment, la collection s’adresse à tout le monde, et pas uniquement aux professionnels de l’art, aux amoureux des musées et aux visiteurs chevronnés. Le Rijksstudio est conçu pour permettre de découvrir en quoi le Rijksmuseum s’adresse à chacun d’entre nous. Si quelqu’un choisit de rassembler des meubles parisiens dans son propre Rijksstudio, ou les détails d’images représentant des singes, ou des dessins de l’Age d’Or hollandais, ou simplement s’il choisit de sélectionner les coins inférieurs des peintures, le Rijksstudio lui permet, comme à chacun de ses utilisateurs, d’appréhender gratuitement la collection selon l’angle qu’il souhaite adopter. Grâce au Rijksstudio, chacun devient directeur de musée !
L’utilisateur peut rassembler des images de deux manières différentes : les stocker dans des répertoires que l’on crée dans son propre Rijksstudio ou les télécharger sur son ordinateur. Une fois que l’image a été téléchargée, elle est à lui ! Il peut en faire ce qu’il veut ! Il peut l’utiliser pour illustrer un livre, pour décorer des objets, ou l’envoyer à une entreprise d’impression qui réalise toutes sortes d’objets à partir des images qu’on leur fournit. De cette façon, on peut avoir un petit morceau du Rijksmuseum dans sa vie.
Il nous est souvent demandé ce que nous ferons lorsque nos images seront utilisées d’une manière que nous n’aimerons pas. La réponse est simple : cela nous est égal. Si quelqu’un souhaite imprimer du papier de toilette avec la reproduction de la Laitière de Vermeer, nous préférons que ce soit notre image de la Laitière qui soit utilisée plutôt qu’une autre. Nous ne pensons pas que cela puisse dégrader l’image de l’art en quelque façon que ce soit (comme l’a dit Walter Benjamin dans son fameux essai publié en 1936 L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique). Il est démontré chaque jour par les plus grands musées du monde que la rencontre individuelle avec une œuvre d’art originale constitue une émotion forte et puissante qui n’est en rien affadie par des rencontres antérieures avec ses reproductions. •
* Article traduit de l’anglais par Cécile Touitou.
quality online reproductions. Users are invited to enjoy a new tactile experience by downloading the works in question – or selected details from them – to keep and use in their own personal “studios”.