La querelle des livres

Petit essai sur le livre à l’âge numérique

par Christelle Petit

Olivier Larizza


Paris, Buchet Chastel, 2012

125 p., 21 cm

ISBN 978-2-283-02583-3 : 13, 20 €

Écrivain, universitaire et essayiste touche-à-tout, Olivier Larizza prolonge par La querelle des livres une communication donnée lors d’un colloque international intitulé « La médiatisation de l’écrit » en octobre 2010.

La querelle des livres ouvre le dialogue entre les différentes voies/x du moment autour du livre numérique, donnant à entendre et à débattre les arguments des pessimistes (Alain Finkielkraut), des plus optimistes (Robert Darnton), des plus hostiles au livre numérique (Frédéric Beigbeder) ou des résolument favorables (François Bon). D’innombrables citations, références, éléments de précision appuient la lecture et font progresser le raisonnement, pour « s’interroger sur les déterminants fondamentaux qui fragilisent ou au contraire consolident le désir de livre tel qu’il se manifeste depuis plus de cinq siècles » : « En quoi le livre papier nous est-il indispensable ou, à l’inverse, pourquoi pourrions-nous nous passer de lui ? »

La première partie cherche à savoir ce que peut devenir le désir de livre dans la civilisation du numérique, en analysant la fascination exercée par le virtuel, les atouts du numérique en termes de culture, d’écologie et d’économie, et les fantasmes en jeu : pérennité des supports, gratuité, interactivité, totalité et fragmentation, rapidité... Chaque qualité technique mise en avant pour le livre numérique est décortiquée avec finesse, modérée, contredite ou confirmée – ce qui permet une meilleure compréhension des oppositions. « À la facilité, l’immédiateté, l’impulsivité, le superficiel, s’opposent la décantation, le surplomb ou la profondeur. »

Prolongeant la similitude avec la querelle des Anciens et des Modernes, une seconde partie davantage pragmatique fait le point sur l’état des forces en présence, à partir d’une étude de cas (le Kindle d’Amazon).

Néanmoins, la force de cet essai est de ne pas se cantonner à d’épuisantes et interminables comparaisons techniques, mais de faire entendre les problématiques liées au désir et au mystère de l’acte de la lecture : selon l’auteur, « du combat entre livre papier et livre numérique on pourrait donc tirer un roman moderne, au sens où l’entendait Hegel, d’un conflit entre la poésie du cœur et la prose des circonstances ». Pour preuve, entre autres pages excellentes, celles sur l’arobase, dont l’origine et la forme mystérieuses renforcent le caractère quasi religieux de son utilisation, symptomatique d’un internet comme « nouveau mythe post-moderne ».

Voilà donc un ouvrage agréable à lire qui permet un recul salutaire sur cette « querelle des livres ».