La bibliothèque Sainte-Geneviève à travers les siècles

par Sarah Toulouse

Yves Peyré

Paris, Gallimard, 2001, 127 p., 18 cm
Collection Découvertes Gallimard
ISBN 978-2-07-013241-6 : 13,20 €

Après la Bibliothèque nationale de France, la bibliothèque Sainte-Geneviève est la seconde bibliothèque à faire l’objet d’un volume dans la collection « Découvertes Gallimard ». C’est son directeur Yves Peyré qui conte la riche histoire de cette vénérable institution, de ses origines mérovingiennes à nos jours, abordant tout à la fois l’histoire des collections, de l’institution et de l’architecture de la « BSG ». Comme on pourrait s’y attendre, l’ouvrage déroule chronologiquement les différentes époques de la bibliothèque. L’auteur évoque d’abord rapidement la période médiévale, avec les premiers manuscrits liturgiques possédés par la basilique fondée par Clovis au début du VIe siècle, le scriptorium de l’abbaye qui naît aux temps des Carolingiens, puis la grande bibliothèque de la fin du Moyen Âge. Cependant, cette première collection est presque entièrement dispersée au XVIe siècle, au moment où l’abbaye connaît un certain déclin, et ne doit donc plus être recherchée dans les fonds d’aujourd’hui.

C’est surtout à partir du XVIIe siècle que la bibliothèque Sainte-Geneviève connaît son véritable développement, devenant, grâce à des bibliothécaires savants et érudits et des donateurs prestigieux et généreux, la deuxième bibliothèque de France après celle du roi. Bibliothèque publique avant l’heure, elle ouvre ses portes au public à partir du milieu du XVIIIe siècle, et reçoit même un financement important de la ville de Paris dès cette époque.

Les temps troublés de la Révolution auraient pu en avoir raison, comme cela a été le cas pour bien des bibliothèques ecclésiastiques, mais il n’en a rien été : comme le souligne Yves Peyré, le sauvetage de ses collections relève du miracle et doit beaucoup à la personnalité du bibliothécaire Pingré. Si les ouvrages sont donc sauvés, il n’en est pas de même des locaux, et après une querelle de trente ans avec le lycée qui s’est installé dans les murs de l’ancienne abbaye, la bibliothèque Sainte-Geneviève doit quitter ses salles et ses galeries, qui deviendront des dortoirs.

Un mal pour un bien : si cette expulsion n’avait pas eu lieu, Labrouste ne serait jamais entré en scène. Yves Peyré nous fait partager dans un chapitre entier son admiration pour le génie de cet architecte et pour le bâtiment si novateur qu’il a su construire au milieu du XIXe siècle, que sa récente rénovation permet de mieux percevoir.

Le dernier chapitre survole rapidement le XXe siècle, avec les évolutions architecturales et les extensions, les modifications de statuts, l’accroissement important des collections et de la fréquentation, jusqu’à l’introduction récente du numérique.

Comme toujours dans cette collection, une iconographie abondante et soignée illustre le texte, et une sélection de « témoignages et documents » appuie les propos d’Yves Peyré : les extraits d’anciens règlements, de documents d’archives, de coupures de presse et même de divers romans qui citent la bibliothèque sont bien choisis et donnent un autre regard sur les lieux, à commencer par le très réjouissant récit de l’admission des femmes aux séances du soir en 1898, dans un article du Figaro.

La BSG est tout à la fois un lieu mythique pour ses lecteurs, une « Institution » du Quartier latin, un monument historique, une bibliothèque singulière par son histoire et son statut et remarquable par ses collections et son architecture : elle méritait bien l’hommage de ce petit volume dans la collection encyclopédique de Gallimard.