L'édition électronique
Marin Dacos
Pierre Mounier
Coll. Repères
ISBN 978-27071-5729-4 : 9,50 €
Les éditions La Découverte viennent de publier, dans la collection Repères, un ouvrage de synthèse sur l’édition électronique que l’on doit à Marin Dacos, directeur du Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo) 1, éditeur du portail de revues scientifiques, Revues.org 2, et à Pierre Mounier, créateur du site Homo Numéricus 3 et responsable de formation au Cléo.
À l’heure où l’imprimé semble prendre le virage du tout-numérique, ce petit livre de moins de cent cinquante pages dresse un état des lieux sur la question en « proposant une typologie structurante… et en faisant un effort de définition jusque-là négligé ». À la manière d’un « Que sais-je ? », il répond à presque toutes nos interrogations s’agissant de l’édition électronique sur l’échiquier des industries culturelles. À partir d’une situation donnée (la galaxie Gutenberg), il décrit, dissèque et explique cette révolution numérique qui pourrait sembler pour certains uniquement technologique, mais qui va bien au-delà puisqu’elle touche tout à la fois aux modèles économiques, aux modes de diffusion et aussi aux usages.
Outils
Dans un souci constant de pédagogie, les auteurs adoptent une approche pragmatique en analysant, dans un premier temps, le droit d’auteur à l’épreuve du numérique et en le confrontant aux évolutions actuelles que sont les DRM 4, les licences libres et les Creative Commons 5. Puis, dans un deuxième temps, ils s’intéressent aux conditions économiques de l’édition électronique dans les trois secteurs que sont la presse, les revues scientifiques et les livres, rappelant avec insistance que l’édition électronique est avant tout un commerce soumis aux lois de l’économie des biens culturels. Enfin, ils modélisent leur analyse autour de trois formes éditoriales : la numérisation (le portage du texte papier sur support numérique), l’édition numérique (édition nativement numérique d’un contenu sans l’usage de ses possibilités de diffusion) et l’édition en réseau qui s’appuie, elle, sur des réseaux électroniques pour développer de nouveaux modes de production des textes, à l’instar, par exemple, de Wikipédia 6.
Mises en perspective, les évolutions actuelles prennent du sens pour un lecteur néophyte. Elles aident à comprendre par une catégorisation structurante, car les chapitres sont courts, les encadrés et tableaux nombreux, les définitions rigoureuses, les chronologies précieuses et les explications techniques et juridiques facilement accessibles.
Cartographie
Ainsi, proposant un ordre de ce que nous croyions être le chaos, Marin Dacos et Pierre Mounier dessinent, en conclusion de leur ouvrage, ce que pourrait être leur livre électronique idéal comme ils ont pu le faire le 13 mai 2010 lors de la publication d’un point de vue dans le journal Le Monde 7. Celui-ci doit être lisible (c’est-à-dire décrit dans un format ouvert, conservable dans le temps, adaptable sur tous les systèmes de lecture), manipulable (possibilité d’effectuer des copier-coller, d’annoter et de recomposer), citable (c’est-à-dire bénéficier d’un identifiant unique), et surtout interopérable (c’est-à-dire capable de fonctionner avec d’autres systèmes informatiques sans restriction d’accès ou de mise en œuvre). Ce cahier des charges ainsi dressé, les deux auteurs de L’édition électronique nous donnent à comprendre les débats qui se font jour chez les éditeurs mais pas uniquement… En intégrant ainsi un vaste écosystème numérique en réseau, le livre/texte n’a plus besoin d’être pensé comme une entité monolithique mais comme une chaîne de caractères algorithmiques en recomposition et en circulation continue et permanente.
Boussole
Alors, même si l’avertissement de l’ouvrage nous prévient « qu’un guide de voyage ressemble un peu à un instantané qui, à peine imprimé, a déjà évolué », cette synthèse est un utile guide de voyage dans l’univers numérique. Il fait le point clairement sur ces questions en évolution constante, apporte des acquis nécessaires pour leur compréhension, permettant ainsi de mieux suivre leur déplacement, pour autant que l’on consulte, au jour le jour, le blog 8 des deux auteurs.