3e Rencontre internationale d'utilisateurs Unimarc (1)

Catherine Coppolani

Dominique Esmenjaud

Le mercredi 31 mars, l’Enssib (École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques) et sa directrice, Anne-Marie Bertrand, ont accueilli, dans leurs locaux de Villeurbanne, la 3e Rencontre internationale des utilisateurs d’Unimarc. Villeurbanne succédait ainsi à Lisbonne et Florence pour l’organisation de cette rencontre. Dans la journée, sont intervenus des Français et des Européens mais également, pour la première fois, des représentants du Maghreb. L’après-midi de cette première journée était, en effet, consacrée à l’utilisation d’Unimarc hors de France.

Unimarc hors de France

On retiendra qu’Unimarc est très largement employé en Tunisie, ainsi que dans le catalogue collectif des bibliothèques universitaires de la région centre de l’Algérie. La bibliothèque nationale du Maroc l’a, quant à elle, adopté depuis peu. Nos collègues du Maghreb soulignaient les difficultés rencontrées avec l’utilisation d’Unimarc standard : le niveau de complétude des notices laisse parfois à désirer ; les indicateurs et les liens sont parfois absents. Autre souci : la gestion des autorités n’est pas une priorité, elle se heurte au problème posé par l’absence de noms patronymiques pour les anciens noms et à l’usage des dates du calendrier de l’hégire dans la description des manuscrits.

Ces problèmes ne semblent pas se poser en Russie, en Italie ou au Portugal, pays pour lesquels les intervenants invités ont présenté un large panorama de l’utilisation d’Unimarc.

La Russie développe son propre format, le Rusmarc, très proche d’Unimarc, avec quatre standards (format bibliographique, autorités, classification, états de collection) et le fait évoluer en parallèle avec Unimarc standard. L’Italie a déjà publié ses nouvelles normes de catalogage (Reicat), qui prennent en compte les FRBR  1 et promeuvent leur implémentation dans le format. Les Italiens sont très actifs pour des demandes d’évolution du format dans le domaine de la musique et des livres anciens. Ils sont d’ailleurs à l’origine de la zone de note pour la marque d’impression.

Au Portugal, Unimarc jouit d’une très bonne réputation, et est adopté dans la plupart des bibliothèques et enseigné dans toutes les formations bibliothéconomiques, comme le rapporte Maria Inès Cordeiro, directrice du programme Unimarc de l’Ifla  2, à l’initiative d’une enquête sur les pratiques dans le monde en 2008. Comparée à une enquête similaire datant de 1998, il en ressort que le format continue à remplir une place significative mais stable. On y apprend aussi que certaines zones géographiques sont bien couvertes (Europe, Afrique, Asie), mais que peu d’autres pays envisagent de changer de format et d’adopter Unimarc. Il sert davantage de format de catalogage que de format d’échange, le format autorités et le format « holdings » (format pour les données locales) restant peu utilisés. Le manuel Unimarc bibliographique a tout de même été traduit en une quinzaine de langues dont le chinois.

Unimarc en France

Mais qu’en est-il en France ? La matinée était consacrée à cet usage. Laurent Dervieu, de la société Électre, et Caroline Demessence, de la Bibliothèque nationale de France (BnF), sont intervenus sur la fourniture des notices en France.

Laurent Dervieu a précisé que sa société n’était pas attachée à un format en particulier mais soulignait le côté irremplaçable d’Unimarc comme format d’échange. D’après lui, les formats vont évoluer en s’appuyant sur une logique d’œuvre, avec un identifiant par œuvre. Électre s’est d’ailleurs associé au projet européen Arrow  3, qui doit permettre à tout utilisateur d’obtenir des informations sur les détenteurs de droits, afin de numériser une œuvre dans le strict respect des droits sur la propriété intellectuelle.

Il a mis l’accent sur l’importance des échanges entre bibliothèques et éditeurs pour améliorer la qualité des données : les bibliothèques apportant leur expertise dans l’indexation et les éditeurs sur les données concernant les détenteurs des droits. Il a insisté enfin sur le rapprochement avec la BnF pour la fourniture des autorités.

La BnF propose en effet la fourniture de notices bibliographiques et d’autorités à de nombreuses bibliothèques françaises et étrangères ainsi qu’à quelques sociétés privées. Caroline Demessence souligna que l’objectif de la conversion en format Unimarc était de ne pas perdre la richesse des notices saisies initialement en Intermarc.

Ce service peut se faire selon deux techniques : soit, après abonnement préalable, par constitution d’un panier à partir du catalogue général puis transfert par serveur FTP, ce procédé permettant de récupérer les notices bibliographiques et les notices d’autorité ; soit en utilisant le protocole Z3950, cette technique ayant l’avantage d’être sans abonnement mais l’inconvénient de ne concerner que les notices bibliographiques.

Philippe Le Pape pour l’Abes (Agence bibliographique de l’enseignement supérieur) a rappelé que le Sudoc (Système universitaire de documentation) est un système de catalogage partagé qui se fait en un format Unimarc légèrement modifié pour s’adapter au format interne du système, le format Pica+. Les échanges de notices bibliographiques ou d’autorité avec les SIGB (système intégré de gestion de bibliothèque) des bibliothèques du réseau se font en format Unimarc, et pour quelques-unes en Marc21. Le Sudoc exporte aussi en Marc21 pour la fourniture à l’OCLC (Online Computer Library Center)  4.

Jean-Paul Gaschignard pour la Fulbi  5 (Fédération des utilisateurs de logiciels pour bibliothèque, documentation et information) signalait, quant à lui, quelques spécificités dans l’emploi d’Unimarc dans les bibliothèques de lecture publique : importance donnée aux zones de liens 4XX, poids des documents sonores, adoption de la recommandation française 995 pour les échanges de données d’exemplaires… Françoise Leresche de la BnF a complété le panorama en montrant qu’Unimarc est un des formats d’affichage dans le Catalogue collectif de France (CCFr)  6.

Au niveau international, Maria Inès Cordeiro, directrice du programme Unimarc de l’Ifla, rapportait les activités d’Unimarc Core Activity (UCA) hébergé par la Bibliothèque nationale du Portugal, organisatrice de la journée. Le rôle de l’UCA est de coordonner les activités de développement, de maintenance et la promotion d’Unimarc et de ses quatre standards (bibliographique, autorités, holdings, classification), d’améliorer la portabilité des données et leur interopérabilité avec les autres formats (Marc21, ISBD, ISBN, ISSN, FRBR, FRAD, IME-ICC, RDA…) ainsi que la mise à jour et la disponibilité de la documentation sur Unimarc.

Enfin, Alan Hopkinson (Middlesex University), président du PUC (Permanent Unimarc Committee) a complété en présentant les propositions d’évolution du format Unimarc, faites par ses membres pour l’adapter aux modifications des règles internationales de catalogage, des normes internationales et des besoins des utilisateurs.

Pour conclure, on peut affirmer que cette journée aura permis à un public surtout francophone de faire le point sur l’utilisation d’Unimarc en France mais aussi de l’élargir à d’autres pays du monde.