Web 2.0 : quelles opportunités dans les pratiques professionnelles ?

Katell Gueguen

La conférence plénière « Web 2.0 : quelles opportunités dans les pratiques professionnelles? » qui s’est déroulée le 13 juin au matin ouvrait le bal du salon.

Une des interventions fut spécifiquement centrée sur les bibliothèques : celle de Véronique Mesguich, directrice de l’infothèque du pôle universitaire Léonard-de-Vinci, qui souligna en passant que l’infothèque dont elle a la responsabilité, « bibliothèque hybride » tant par ses collections que par son public, bénéficie en premier lieu des nouvelles opportunités de médiation offertes par le web 2.0.

Ce qui change avec le web 2.0

Mais qu’est-ce qui change réellement ? Le web 2.0 présente deux paradoxes (apparents). La mutualisation des connaissances, les échanges, le travail collaboratif et l’interactivité faisaient déjà partie du web 1.0 : y a-t-il dès lors vraiment rupture avec le web 2.0, ou s’agit-il d’un simple retour aux origines ? Et par ailleurs, y a-t-il opposition entre les tendances « égoïstes » (la personnalisation du web) et altruistes (à travers l’échange et la mutualisation) ?

À l’âge de l’accès, on observe une évolution constante des pratiques documentaires liées à l’évolution des supports et à leurs moyens d’accès, et on passe aujourd’hui des « demandeurs utilisateurs » aux « consommateurs acteurs » – les « consomm’acteurs ».

Le rôle de l’internaute se décline à plusieurs niveaux. Sur le fond, il devient créateur de contenu : l’internaute peut participer à la description et à l’enrichissement des contenus, par des annotations et commentaires, mais également par des recommandations telles qu’elles se pratiquent à travers les réseaux et le bookmarking social, par le « tagging » ou folksonomies * (les plus célèbres étant flickr.com et del.icio.us) ou par la recommandation d’articles (Digg, Wikio). Sur la forme, l’internaute peut personnaliser le contenu qu’il reçoit, par la syndication de contenus, mais aussi à travers le partage de documents multimédias, les moteurs collaboratifs et/ou adaptables, la mutualisation des connaissances par les wikis et les pages personnalisables.

L’internaute n’est donc plus simplement passif mais collabore activement à la production, au partage, à la classification et à l’enrichissement de contenus, permettant le passage d’un web statique à des interfaces et à des utilisations vivantes et interactives.

La bibliothèque 2.0

L’utilisateur est avec la bibliothèque 2.0 plus que jamais au centre. Celle-ci permet une médiation basée sur de nouveaux services : chat en direct avec un bibliothécaire, tagging de notices dans les catalogues (Amazon étant la plus célèbre de ces pratiques), recommandation d’ouvrages ou encore interfaces simplifiées.

Allons-nous vers un web 3.0, tel que l’illustre par exemple Google Book Search Engine en permettant un moteur personnalisable ? Si le web 2.0 peut-être caractérisé par les possibilités d’indexation et d’annotation, le web 3.0 correspondrait à un web de données caractérisé par la description par tags et par la structuration des données par le langage XML, tandis que le web 4.0 serait basé sur des agents intelligents, par exemple les ontologies, et les développements rendus possibles par le web sémantique.

Quelles sont pour les bibliothécaires les nouvelles attitudes à adopter ? Il faut se projeter, aller au devant des besoins, ce qui suppose de connaître le public afin de le conquérir. Il s’agit de s’ouvrir à l’usager afin qu’il devienne contributeur, d’améliorer les outils et de délivrer de nouveaux services, et surtout de se positionner, face à l’offre croissante, comme un lieu central.