Les nouveaux espaces

Congrès de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec

Fabrice Papy

La 37e édition du congrès de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec (CBPQ), s’est tenue à Laval au centre de Congrès Palace, du 17 au 19 mai 2006 1.

Le congrès avait pris comme thème central celui des « Nouveaux espaces », le prolongeant sur les problématiques complexes relatives à l’espace architectural, l’espace communautaire (relationnel) et l’espace virtuel.

En guise d’introduction, un pré-congrès était consacré aux « Nouvelles applications du droit d’auteur et pistes de solution ». Me Stefan Martin, coresponsable du groupe de pratique du droit de la propriété intellectuelle et des technologies de l’information, associé au cabinet Fraser Milner Casgrain srl, a exposé le contexte législatif et juridique nord-américain ainsi qu’un état de l’art du droit d’auteur. Ghislain Roussel, secrétaire général et directeur des affaires juridiques, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), en mettant en lumière la mission de la BAnQ, société d’État, a insisté sur le « code de responsabilité » qui y engage le personnel autant que les usagers. Olivier Charbonneau, Subject Librarian à l’université Concordia, membre du comité du droit d’auteur de l’Asted (Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation) et du Copyright Working Group (Canadian Librarian Association), s’est davantage arrêté sur les questions relatives au droit de l’usager et de l’utilisation équitable (fair use). Du débat important avec l’auditoire, on retiendra une synthèse de M. Roussel qui observe au quotidien une lente dérive des compétences des bibliothécaires qui deviennent progressivement – législation oblige – des spécialistes du droit d’auteur. Dans ce contexte, se pose alors la question du cœur de leur métier.

C’est sur la conférence du Pr Gilles Pronovost (professeur associé au département des sciences du loisir et de la communication sociale de l’université du Québec à Trois-Rivières) que le congrès a véritablement commencé. Orientant sa communication sur « Les valeurs sociales fondamentales des jeunes Québécois : ce qui compte pour eux », M. Gilles Pronovost s’est arrêté sur quelques-uns des résultats synthétiques issus d’une recherche empirique menée sur le système des valeurs auquel les jeunes Québécois se réfèrent : le rapport avec la famille et les amis, le rapport aux études et au travail, le respect et l’entraide et enfin le bonheur et le bien-être. Cette intervention a apporté aux nombreux participants de ce congrès un autre regard sur le public qu’ils côtoient déjà, ou sur celui qu’ils côtoieront dans un proche avenir.

Espace architectural

Dans sa présentation « Cultiver l’intelligence : la nouvelle bibliothèque de l’École polytechnique » Richard Dumond, directeur de l’École polytechnique de Montréal a présenté la genèse de la création de sa nouvelle bibliothèque. Il a montré qu’au-delà de l’aventure technique, l’aventure humaine constituait une part importante de la réussite du projet. En effet, cette nouvelle bibliothèque est un « bâtiment vert » (certification LEED, Leadership in Energy and Environmental Design) 2 où ont été intégrées dès le début, des exigences écologiques (matériaux de construction, éclairage, chauffage, etc.). M. Dumond a insisté sur les clefs du succès : avoir une vision claire, rêver, impliquer le personnel (« notre bibliothèque ») et la communauté plus large (gestionnaires, étudiants, enseignants).

Sur une thématique similaire, « Du rêve à la réalité : la nouvelle bibliothèque », Marcel Simonneau, directeur de la bibliothèque des sciences de l’université du Québec à Montréal (UQAM) a illustré les différents processus décisionnels qui ont contribué à ce que le projet de réadaptation/reconstruction de l’ancienne bibliothèque des sciences devienne réalité.

Avec « L’entreposage à haute densité : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sans oser le demander », Isla Jordan et Flavia Renon (bibliothèque de l’université de Carleton) ont présenté leur expérience du projet de construction d’un système d’entreposage pour la bibliothèque de leur université. Température, volume, distance, disponibilité, équipements, etc., de ce gigantesque entrepôt ont constitué autant de difficultés à surmonter.

Espace virtuel

L’intervention de Marielle de Miribel (Mediadix, université Paris X) sur « L’espace symbolique de la bibliothèque » a (re)mis l’accent sur les leçons à tirer des connaissances accumulées concernant l’appropriation des lieux par les usagers. M. de Miribel a rappelé notamment la question des zones froides et chaudes, les lois de circulation, les lois de la signalétique, etc.

Dans son intervention consacrée à l’« Organisation des collections et accès thématiques dans la bibliothèque virtuelle », Michèle Hudon, de l’Ebsi (École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, université de Montréal), tout en indiquant son intérêt marqué pour les organisations structurées, a orienté sa présentation sur l’accessibilité et la disponibilité. En effet, tout en soulignant que la disponibilité n’implique pas une accessibilité immédiate mais davantage une potentialité d’accessibilité, M. Hudon exprimait qu’il ne s’agit pas de nier ce que les bibliothécaires savent particulièrement bien faire : organiser et structurer les collections. M. Hudon a insisté également sur les avantages de la classification : regroupement intellectuel et conceptuel, amélioration de l’accès à des ressources documentaires inconnues des usagers, optimisation du regroupement dans les rayonnages. Elle note que les informaticiens, en investissant le système automatique de la classification (en raison même de sa rigueur et de son caractère de prévisibilité), ont exclu l’activité d’expertise des bibliothécaires. Une conséquence de cela est par exemple que les catalogues automatisés n’offrent pas les possibilités qu’ils devraient proposer aux usagers.

Dans « Forme et fonctions des bibliothécaires imaginaires », Mario Tessier (centre de ressources documentaires Alain Grandbois), bibliothécaire passionné de littérature fantastique, a proposé un détour érudit dans des représentations multiples de la bibliothèque : bibliothèque idéale, palais de la mémoire, hommes-livres, cyberspace, bibliothèque magique, bibliothèque totale, bibliothèque en ruine, etc.

Espace communautaire et relationnel

Pierre Mackay (UQAM, département des sciences juridiques), dans sa communication « Intelligence collective et droit : l’encyclopédie juridique collaborative multilingue Jurispedia », a présenté le projet d’une encyclopédie juridique d’initiative universitaire en construction collaborative.

Avec « L’encyclopédie Wikipédia », Olivier Charbonneau (Université Concordia) a montré comment cette encyclopédie collaborative a surpris les milieux traditionnels de la documentation de par son processus éditorial inédit.

  1. (retour)↑  Les présentations des dix-huit ateliers sont accessibles sur le site de CBPQ à l’adresse suivante : http://www.cbpq.qc.ca/ (rubrique Congrès).
  2. (retour)↑  À rapprocher de notre HQE, haute qualité environnementale (Ndlr).