Éditer dans l’espace francophone

législation, diffusion, distribution et commercialisation du livre

par Henri Gay

Luc Pinhas

Paris : Alliance des éditeurs indépendants, 2005. – 284 p. ; 21 cm. – (État des lieux de l’édition).
ISBN 2-9519747-1-X : 10 €

Cet ouvrage est édité par l’Alliance des éditeurs indépendants, association de droit français à but non lucratif, créée au printemps 2002, qui regroupe 60 éditeurs indépendants de 40 nationalités pour réaliser des publications en coédition, notamment les collections « Enjeux planète », « Proches lointains » ou « Les mots du monde ».

La collection « État des lieux de l’édition 1 » est éditée par l’Alliance seule. Dirigée par Jean-Yves Mollier et conçue comme une série de « dossiers » destinés aux professionnels et futurs professionnels du livre, elle a été ouverte en 2003 par l’ouvrage Protéger le livre : enjeux culturels, économiques et politiques du prix fixe de Markus Gerlach, publié en français, espagnol et portugais.

Ce deuxième ouvrage de la collection est écrit par Luc Pinhas, maître de conférences à l’université Paris XIII -Villetaneuse et directeur adjoint de l’UFR sciences de la communication, qui a consacré sa thèse, soutenue en 2000 à l’université de Lyon II, au livre dans l’espace francophone 2.

Après avoir délimité la francophonie étudiée à la France, à la Belgique, à la Suisse, au Québec, au monde arabe, à l’Afrique subsaharienne et à l’océan Indien, Luc Pinhas présente les caractéristiques de chacune de ces zones en matière d’édition (première partie) et de commercialisation (quatrième partie) comme en matière de dispositifs législatifs (deuxième partie) et de politiques publiques (troisième partie).

L’ouvrage constitue ainsi un précieux panorama de l’édition francophone autant qu’il révèle sa profonde hétérogénéité. En effet, l’espace francophone du livre est marqué tout à la fois par la domination française (et particulièrement parisienne), accrue par le mouvement de concentration, et par son sous-développement dans les pays du Sud.

L’Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF) et l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), outils de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui regroupe 46 États, peinent à trouver des leviers de développement. Les programmes en faveur des manuels scolaires et des centres de lecture et d’animation culturelle en milieu rural (CLAC) paraissent être les deux chantiers en progrès.

Mais les objectifs éducatifs et culturels de l’AIF et de l’AUF ne peuvent se limiter à la mise en présence du livre, à l’assistanat et à la valorisation de la littérature. Ils doivent passer par « une prise en compte concrète de la dimension d’industrie culturelle du livre et de l’édition », et, pour être durable, le développement des manuels scolaires doit s’accompagner de la constitution d’un réseau commercial qui viendra compléter la chaîne du livre.

Face à des données statistiques lacunaires, peu fiables et non harmonisées entre les pays, L. Pinhas propose la création d’un observatoire du livre francophone, placé sous l’égide de l’AIF ou de l’AUF et composé d’universitaires compétents en socio-économie de l’édition et des industries culturelles et de professionnels de l’ensemble de la chaîne du livre. Il n’en demeure pas moins aujourd’hui que la politique du livre francophone doit s’appuyer sur des politiques publiques et des filières industrielles établies au niveau national, ou régional lorsque plusieurs pays peuvent se regrouper, notamment pour la diffusion des éditeurs.

La francophonie en général, la francophonie par le livre et la francophonie du livre attendent une mise en œuvre volontariste d’un discours politique sur l’exception et la diversité culturelles, maintenant ancien et structuré.