Le site web de la médiathèque de l’agglomération troyenne

Thierry Delcourt

La décision de créer un site web spécifique pour la bibliothèque (alors municipale) de Troyes a été prise dès la phase de conception de son système d’information, au début de 1997. L’objectif était alors avant tout, très classiquement, de mettre à la disposition des utilisateurs de l’établissement son catalogue, quelques services de base comme la consultation du compte individuel ou la réservation de documents, et des informations pratiques. Initialement, ce site web était conçu comme l’équivalent d’un service Minitel, également prévu mais qui ne vit jamais le jour. Il a été ouvert peu après la mise en place effective du système informatique de gestion, courant 1998 : il faut dire que, d’emblée, nous avions choisi une interface web pour la consultation du catalogue sur les postes Opac de la bibliothèque. Il y avait donc identité parfaite entre le catalogue consultable à distance et ce que les lecteurs trouvaient sur place, dans nos locaux.

Très vite, pourtant, la conception même du site web a évolué, sans doute davantage par la force des choses que sous l’effet d’une volonté délibérée. La diffusion rapide d’Internet chez les particuliers a rapidement rendu oiseuses toutes les discussions sur la légitimité d’un site web pour une bibliothèque comme la nôtre. Lorsque la médiathèque a été retenue par le ministère de la Culture pour conduire un projet de numérisation des enluminures des manuscrits de Clairvaux, en 1998, il a été évident que le patrimoine numérisé devait y trouver une place majeure. Puis, lorsque la médiathèque a mis en place un Espace Culture Multimédia labellisé, en 1999, les projets de création qui ont été rapidement menés dans ce cadre ont immédiatement trouvé leur débouché naturel sur le site. Grâce à l’arrivée d’un webmestre affecté à la médiathèque dans le cadre des emplois-jeunes, nous avons pu mettre en place, d’abord modestement puis de manière de plus en plus organisée, une véritable stratégie de développement du site. Initialement conçu comme une vitrine de la médiathèque, il tend progressivement à devenir un outil de liaison et d’échanges entre l’établissement et ses utilisateurs. Il va de soi que la diffusion rapide de l’ADSL nous a également permis de nous libérer de certaines inhibitions, liées au souci de ne pas pénaliser les utilisateurs qui ne disposent que d’accès à bas débit.

Une refonte et un rhabillage total du site web, en 2004, associés à une réflexion globale sur les services et la communication de la médiathèque, dans le cadre du projet d’établissement, nous ont permis de mieux structurer notre offre, autour de deux axes, qui conduisent d’ailleurs l’ensemble de notre politique (documentaire, d’action culturelle, de numérisation, etc.) :

  • l’inscription dans notre territoire (l’agglomération troyenne et, au-delà, l’ensemble du département de l’Aube) ;
  • le rayonnement national, voire international, lié à notre extraordinaire patrimoine.

Le site web de la médiathèque de l’agglomération troyenne se veut donc désormais à la fois un outil de liaison avec ses utilisateurs locaux, et un outil de valorisation du patrimoine à destination des internautes distants (chercheurs, curieux ou touristes).

Pour les utilisateurs locaux, outre les informations pratiques habituelles, le catalogue, la consultation du compte individuel et la réservation à distance, il présente, régulièrement actualisés, le programme d’animations de la médiathèque, les critiques des clubs de lecteurs de l’agglomération, des dossiers pédagogiques à destination des enseignants, les résultats des ateliers de création, et une offre en plein développement de documents électroniques téléchargeables ou consultables en ligne (livres, textes lus, musique, bientôt vidéo…). Tout récemment, nous venons également de mettre en place un service de réponse à distance, dans le cadre du réseau Bibliosés@me de la Bpi.

À côté du catalogue, qui est également destiné aux chercheurs, plusieurs rubriques du site sont plus particulièrement conçues pour les utilisateurs éloignés : la bibliothèque virtuelle, qui regroupe désormais près de 100 000 documents ou images numérisés ; les expositions virtuelles (notamment une série de feuilletoirs en ligne, et des reliures et bois gravés de la Bibliothèque bleue en 3D) ; les pages du service touristique, avec notamment une visite virtuelle de la médiathèque, un film vidéo présentant son architecture et l’œuvre de Lawrence Weiner, réalisée dans le cadre du 1 % artistique, et une boutique en ligne. La mise en place prochaine d’une plate-forme OAI, pour la constitution d’un catalogue collectif de la Bibliothèque bleue regroupant la médiathèque, la BnF, le musée des Arts et Traditions populaires et, à terme, d’autres bibliothèques municipales, s’inscrit dans la même logique de diffusion de nos ressources patrimoniales au-delà de notre territoire.

Le site web représente donc, pour un établissement comme la médiathèque de l’agglomération troyenne, un investissement important, en matériel, logiciels, coûts de télécommunications et ressources humaines (environ 1 équivalent-temps plein). Malgré la richesse des ressources qu’il contient, il demeure malheureusement sous-utilisé : on compte moins de 5 000 visiteurs et de 30 000 pages vues par mois. Cela tient sans aucun doute à sa trop faible visibilité (les notices du catalogue, hélas toujours en Unimarc, les expositions virtuelles et les données de notre bibliothèque numérique sont inconnues des moteurs de recherche). Le remède gît sans doute à la fois dans les évolutions techniques à venir (passage du catalogue en XML) et du côté des grands sites nationaux que sont le portail du ministère de la Culture, le site de la Bpi et surtout, en matière de patrimoine, celui de la BnF. En intégrant la fonction de portail, le CCFr et Gallica permettront aux très nombreux internautes qui les consultent de connaître mieux les ressources des bibliothèques en région, si complémentaires de celles de la BnF.