Les partenariats des bibliothèques
Dominique Arot
Créer une bibliothèque aujourd’hui, « c’est doter la collectivité d’un instrument, devenant rapidement indispensable, de mise en relation et d’animation du tissu culturel, éducatif, économique et social ». Ce postulat de départ anime ce livre entièrement consacré à la nécessité de l’activité partenariale des bibliothèques et à ses nombreuses facettes. Sur ce sujet, encore peu exploré par la littérature professionnelle, sauf par des articles relatant des expériences menées ici ou là, Dominique Arot nous livre un ouvrage très pragmatique articulé en quatre parties.
La première partie est un exposé méthodologique, illustré d’exemples français sur les enjeux et les méthodes du partenariat. Il débute par un rappel utile : « Les institutions culturelles et éducatives et celles et ceux qui les animent […] ne peuvent remplir leurs objectifs qu’en développant un tissu dense de relations », ce qui implique d’avoir « le goût des autres », et que, dans le partenariat, comme dans la coopération ou la médiation, c’est « cette capacité d’écoute, de curiosité, d’ouverture qui est en jeu ». Cette vision humaniste est au centre de la définition de l’auteur : le partenariat dépasse la réunion de deux ou de plusieurs acteurs en vue d’un objectif commun, il se détermine plutôt par l’attitude et la méthode qui président à ce type d’action. Le partenariat suppose en effet « égalité des partenaires » et une « forme de respect mutuel ».
Dans le monde des bibliothèques, ce partenariat évoque un éventail d’actions plus large que la seule coopération entre bibliothèques sur des opérations techniques et bibliothéconomiques. Il met en relation des structures liées à des domaines de l’activité culturelle (bibliothèques, musées, lieux du spectacle vivant…), des fonctions (diffusion, création, conservation…) et des publics spécifiques (écoles, lycées, clubs du troisième âge, hôpitaux, prisons…). Le croisement ou le dosage entre ces domaines, fonctions et publics permet de définir un partenariat et de le construire à travers plusieurs étapes : définition du projet, identification des partenaires potentiels, négociation, formalisation, répartition des tâches, réalisation de l’action et évaluation.
Une seconde partie décrit ensuite l’exemple particulier des partenariats mis en œuvre par les bibliothèques françaises à l’étranger relevant du réseau du ministère des Affaires étrangères. Elle se fonde sur l’exploitation d’un questionnaire adressé à ces dernières et met en lumière le passage progressif de la coopération au véritable partenariat. En effet, 29 % des réponses évoquent spontanément des actions de coopération avec d’autres bibliothèques, éventuellement des écoles ou des associations de bibliothécaires, qui relèvent plus, selon la distinction opérée précédemment par Dominique Arot, du champ de la coopération. Les autres domaines du partenariat sont, dans l’ordre des réponses, ceux avec des institutions de formation (écoles, lycées, cours de langue… pour 27 % des réponses), puis avec le réseau culturel français et étranger (autres centres culturels, alliances…), avec des institutions culturelles locales, avec des acteurs de l’économie du livre, et enfin avec des administrations et des entreprises ou fondations privées (3 % des réponses).
L’idée principale de ce chapitre repose sur une analogie : « De même que les bibliothèques en France tiennent toute leur place dans la politique culturelle de la ville en cohérence avec cette politique, de même, au sein des centres culturels à l’étranger, la bibliothèque est fondée à contribuer, à sa mesure, à la politique d’ensemble. »
Cette affirmation est ensuite appuyée par un ensemble de brèves fiches signalétiques réalisées avec l’aide des responsables des bibliothèques françaises à l’étranger présentant un choix d’opérations représentatives des divers types de partenariat (ou de coopération) évoqués plus haut. Citons par exemple l’action d’appui à la lecture publique au Maroc ou le symposium professionnel réunissant à Moscou, en octobre 2000, bibliothécaires français et russes.
Cet ensemble plutôt descriptif introduit la quatrième partie, réalisée par Sabrina Guadagna du département des ressources documentaires de l’Enssib, qui recense ressources et adresses utiles : bibliographie, ressources électroniques, annuaire (ministères, agences de coopération, associations et organismes divers, entreprises, centres de ressources, liste de manifestations, etc.).
Les fiches signalétiques et cet ensemble de renseignements utiles représentent les trois quarts de la pagination de cet ouvrage qui est un guide pratique pour les bibliothécaires qui veulent développer, en France comme à l’étranger, des actions de partenariat.