Item : revista de biblioeconomica i documentació, nos 30, 31, 32

par Laurence Tarin
Barcelona : Col.legi oficial de bibliotecaris-documentalistes de Catalunya, 2002. – 24 cm. ISSN 0214-0349. – Abonnement (3 numéros par an) : 30 €

L’année 2002 fait date pour la revue Item avec la publication du trentième numéro et le quinzième anniversaire de la création de la publication. C’est l’occasion pour le comité de rédaction de faire, dans l’éditorial du numéro 30, un rapide bilan. D’importantes évolutions ont en effet affecté les bibliothèques pendant cette période, en particulier dans le secteur de l’informatique et des nouvelles technologies et dans les domaines de la formation des usagers et des techniques de gestion. De plus, ces dernières années sont, pour les bibliothèques catalanes, celles de la municipalisation des bibliothèques publiques.

Pour le col.legi des bibliothécaires et des documentalistes (l’association qui publie la revue), ces années-là ont aussi été marquées par un travail approfondi sur la formation qui a abouti à la création dans les universités de Catalogne de diplômes spécialisés à bac + 3 (diplomatura) et bac + 5 (llicenciatura).

Avec le numéro 30 est publié un index cumulatif qui permet de faire des recherches sur tous les articles parus depuis l’origine, par auteur et par matière. Des recherches sur les ouvrages analysés dans la revue sont également possibles par auteur des ouvrages présentés.

2002 est bien une année charnière pour Item puisque, désormais, trois numéros paraîtront au lieu de deux et qu’un certain nombre de nouveautés ont vu le jour, comme la publication dans la revue des communications des journées catalanes de la documentation qui faisaient jusque-là l’objet d’un ouvrage à part. Le numéro 31, qui contient trois textes présentés lors des journées de 2001, inaugure cette nouvelle disposition.

Gestion de la connaissance en BU

Parmi les articles proposés dans le numéro 30, deux textes sont particulièrement intéressants. Le premier traite de la gestion de la connaissance dans une bibliothèque universitaire. Les usagers des bibliothèques sont de plus en plus exigeants et les bibliothécaires doivent désormais être experts non seulement en matière de recherche d’information mais aussi de marketing, de communication et de nouvelles technologies. La gestion de la connaissance, qui a pour objectif de développer les compétences des personnels, est donc plus que jamais nécessaire. Une organisation va devoir identifier les connaissances tacites, déterminer ce qui est su et surtout ce qui n’est pas su, se pencher sur les différentes façons d’apprendre, faire en sorte que chacun partage son expérience, et, enfin, développer le recours aux connaissances explicites (en encourageant par exemple les lectures professionnelles). Dans le cas d’une bibliothèque, il va surtout s’agir de développer la communication interne et de créer une culture de la formation permanente.

La bibliothèque Rector Gabriel Ferraté où travaillent les auteurs de l’article a expérimenté la mise en place d’un système de gestion de la connaissance. Des outils ont été créés pour améliorer la communication interne. Un annuaire du personnel indiquant les tâches et les compétences de chacun est consultable sur l’Intranet de la bibliothèque qui a été conçu comme un moyen de partager les connaissances : on y trouve les projets de service, les comptes rendus des réunions, les documents de travail des différents départements de la bibliothèque, des listes de procédures, un répertoire d’articles publiés dans des revues professionnelles et sélectionnés pour leur intérêt.

D’autre part, afin de développer les transferts de compétences, des groupes « d’apprentissage » ont été mis en place. Ainsi, deux fois par an, des réunions sont organisées pour que des membres du personnel témoignent auprès de leurs collègues de la façon dont ils ont résolu des cas un peu difficiles. L’assistance à ces réunions ouvertes à tous est facultative.

Par ailleurs, un groupe de travail formé par l’ensemble des bibliothécaires a pour objectif d’enrichir les connaissances de l’équipe dans le domaine de la recherche documentaire. Il se réunit une fois par mois pour réaliser un certain nombre d’activités comme l’analyse de ressources du web ou la résolution en commun de recherches particulièrement complexes. Des conférences animées par des enseignants-chercheurs de l’université qui exposent les grandes orientations de leur programme de recherche sont également organisées. C’est dans le cadre de ce groupe de travail que les bibliothécaires rendent compte des stages de formation continue qu’ils ont pu suivre.

Enfin, il a été décidé de spécialiser quatre bibliothécaires dans les domaines scientifiques dont l’université est spécialiste. Un plan de formation a été mis en place pour ces quatre personnes qui, entre autres, ont suivi certains enseignements dispensés aux étudiants. Cela a permis de créer un service de diffusion sélective de l’information qui consiste à sélectionner dans des revues des articles portant sur des thèmes intéressant les domaines de recherche des enseignants, des chercheurs et des étudiants de 3e cycle. La sélection est réalisée par les bibliothécaires spécialisés dans les périodiques auxquels la bibliothèque est abonnée. Ces informations sont ensuite diffusées par messagerie sous la forme d’un bulletin électronique. Ce service qui vient d’être entièrement informatisé est d’ailleurs présenté de façon détaillée dans le numéro 32 d’Item.

L’expérience de la bibliothèque Rector Gabriel Ferraté en matière de gestion de la connaissance apparaît comme très riche d’enseignements. La précision avec laquelle sont décrites les différentes mesures prises pour enrichir les connaissances des personnels devrait permettre aux lecteurs de cet article de s’approprier ce projet.

Les sites web des bibliothèques catalanes

Un deuxième article du numéro 30 est également tout à fait digne d’intérêt. Il donne les résultats d’une enquête sur les sites web des bibliothèques universitaires catalanes. Douze sites ont été analysés à partir de trois critères : la forme, la structuration des contenus et le niveau de ces contenus. Il ressort de cette étude que ces sites sont généralement conçus de façon satisfaisante pour ce qui est de la forme. Quant aux contenus, ils sont d’un bon niveau puisque la grande majorité des bibliothèques analysées offrent l’accès à leurs catalogues et à des bases de données. Certaines donnent même la possibilité de consulter des bases de documents numérisés (dans plus de 50 % des cas). En revanche, la structuration des données laisse parfois à désirer. Cependant, plus que les résultats de l’étude, c’est la méthode d’analyse et le choix des critères retenus qui ont attiré notre attention et nous ont semblé tout à fait transférables aux réalités françaises.

Le numéro 31 comprend un dossier thématique composé de trois articles traitant de la question de l’accessibilité des sites web des bibliothèques. Les auteurs du premier texte définissent tout d’abord cette notion d’accessibilité. D’une part, les sites doivent être accessibles à tous, c’est-à-dire même aux personnes rencontrant des difficultés intellectuelles ou physiques. D’autre part, le terme désigne aussi l’amélioration de l’« utilisabilité » des sites web. Cette expression(usabilitat en catalan) est traduite directement de l’anglais usability et signifie à la fois facilité d’usage, qualité de navigation et performance des recherches par rapport aux résultats escomptés par l’usager.

Les auteurs de l’article présentent ensuite les recommandations en matière d’accessibilité du W3C/WAI (Web Accessibility Initiative) et précisent que, pour l’instant, le projet « la société de l’information pour tous » du gouvernement espagnol ne semble pas en tenir compte. La communauté autonome de Catalogne n’a pas non plus beaucoup avancé dans ce domaine même si quelques initiatives ont vu le jour. Les auteurs soulignent qu’il existe pourtant des outils permettant d’améliorer l’accessibilité d’un site web et qu’un test pour la mesurer est disponible. Ils concluent en indiquant une liste de sites abordant ce sujet.

Les deux autres articles du dossier donnent les résultats d’études réalisées en vue d’évaluer l’accessibilité des sites des bibliothèques catalanes. L’une traite des bibliothèques publiques et l’autre des bibliothèques universitaires. Il en ressort que 90 % des bibliothèques publiques ne remplissent pas l’ensemble des conditions d’accessibilité déterminées par le WC3/WAI et qu’elles doivent donc être considérées comme « inaccessibles ». Le résultat n’est pas plus encourageant pour les bibliothèques universitaires puisque seule une page sur les quarante-trois analysées correspond aux critères d’accessibilité.

Cependant, si les bibliothécaires s’impliquaient un peu plus dans la conception des sites web de leurs établissements, ils pourraient relativement facilement éliminer les obstacles que rencontrent les handicapés dans la navigation et améliorer l’usage que l’ensemble des utilisateurs fait de leurs sites. L’une des deux études se termine d’ailleurs par une série de conseils aux bibliothécaires.

Les centres de documentation des médias

Le numéro 32 s’articule lui aussi autour d’un dossier thématique. Consacré aux centres de documentation des médias, il traite plus particulièrement du rôle des documentalistes et des services que ceux-ci peuvent développer au sein des différents médias : radio, télévision, presse écrite sur support papier et sous forme électronique.

Les deux premiers articles soulignent que le documentaliste est indispensable dans la phase de production : c’est en effet lui qui doit effectuer, souvent très rapidement, les recherches documentaires qui vont alimenter articles et émissions réalisés par les journalistes. La mission de conservation du documentaliste qui gère les archives du média pour lequel il travaille est également mise en relief. En ce qui concerne la formation de ces professionnels, l’absence d’enseignements spécifiques est déplorée par les auteurs des deux articles qui reconnaissent cependant qu’il ne s’agit pas d’un métier à part entière mais plutôt d’une spécialisation du métier de documentaliste.

Deux autres textes sont consacrés plus précisément à la radio. Le premier insiste sur la nécessité de conserver des archives sonores. Les émissions de radio représentent en effet une part non négligeable de la mémoire du XXe siècle. Malheureusement, en Espagne, la conservation de ce type d’archives n’a pas toujours été prise très au sérieux. Le coût des enregistrements a freiné dans le passé toute initiative de conservation systématique et la sélection de ce qui devait être conservé n’a pas toujours été rigoureuse. Cependant, en 2000-2001, la phonothèque de la radio nationale espagnole a entrepris un programme de numérisation des émissions des années 1930 à 1960 qui avaient été enregistrées et a décidé de conserver plus ou moins systématiquement les discours et les programmes diffusés par la radio après 1960.

Le deuxième article décrit l’organisation du service de documentation de Catalunya radio qui a mis en place, en collaboration avec la télévision catalane, un projet de banque de données d’articles de presse numérisés.

Le dernier des textes composant le dossier aborde la question des journaux diffusés sous forme électronique et des services à valeur ajoutée que ceux-ci peuvent proposer. Quatre types de services ont été identifiés : la diffusion sélective d’information (DSI) et les systèmes d’alerte ; l’accès à de l’information rétrospective ; la mise à disposition de documents de référence (chronologies, annuaires) ; la création de bibliothèques de signets.

Les auteurs de l’article estiment que, bien que cela ne soit encore que rarement le cas, les documentalistes ont un rôle important à jouer dans le développement de ces services. Ils pensent aussi que les journaux électroniques ont encore beaucoup d’efforts à réaliser pour que les services offerts soient performants. Il conviendrait en particulier d’améliorer la gestion et le traitement des informations et de mettre en place un système d’évaluation des services rendus. Ils considèrent également qu’une attention plus grande devrait être portée à la personnalisation des services et à l’actualisation des informations diffusées.

Cette année 2002 a donc été importante pour Item qui entre dans sa phase de maturité et semble être désormais indispensable aux professionnels catalans puisqu’il a paru utile d’en accélérer le rythme de publication.