Une carrière en Belgique

Jean-Claude Tréfois

Après avoir été bibliothécaire (part time) pendant douze ans, après examen de recrutement, j'ai été de 1975 à 1990 animateur, puis directeur de la Maison de la culture de Charleroi. Une annonce du pouvoir provincial du Hainaut a attiré mon attention, et le 1er juin 1991, après un examen de recrutement, je suis devenu bibliothécaire-directeur de la bibliothèque centrale de la Province de Hainaut.

J’ai toujours fait le choix de travailler dans les bibliothèques. Dès mes études d'instituteur, puis devenu instituteur, j'avais installé un « coin lecture » pour mes élèves, et pratiquais régulièrement l'heure du conte. Par la suite, comme éducateur-bibliothécaire dans une école normale, j'ai eu la charge de la gestion et de l'animation de la bibliothèque – que j'avais d'ailleurs contribué à fonder.

Durant mes fonctions à la Maison de la culture de Charleroi, j'ai développé le secteur littéraire (promotion des auteurs francophones belges) au travers d'expositions (bien décentralisées, y compris en France et au Québec) et surtout de l'organisation de clubs de lecture au profit des écoles primaires, secondaires, des bibliothèques et des associations volontaires. Parallèlement, je donnais un cours de bibliothéconomie aux élèves du certificat, du brevet, et du graduat d'aptitude à gérer une bibliothèque. De plus, je formais, dans le cadre de la Direction générale des Affaires culturelles, des animateurs en lecture vivante.

Après toutes ces années, je pense que bien des facettes de ce métier ont conservé toute leur importance : souci de pluralisme dans les collections, médiation entre le document et le lecteur potentiel, difficultés financières, accès des populations défavorisées.

Formations

Mes formations sont variées : certificat à gérer une bibliothèque publique (un an), formation d'animateur « Lecture vivante » (Peuple et culture) (quinze jours), brevet de bibliothécaire (un an), graduat de bibliothécaire-documentaliste (trois ans), licence en travail social (quatre ans). Quant à ma formation continuée, elle s'est toujours effectuée par le biais de lectures personnelles, de participation à des congrès (ceux de l'Association des bibliothécaires français en particulier), à des rencontres, à des visites en Belgique, France, Québec, Sénégal, Danemark, à des rédactions de syllabus pour les cours assumés.

Polyvalence ou spécialité professionnelle

D'abord instituteur, j'ai réorienté, au bout de deux ans, ma carrière vers les fonctions de bibliothécaire-éducateur, puis vers le monde socioculturel (Maison de la culture) et, enfin, au bout de quinze ans, vers le monde de la lecture publique.

J'ai eu la chance de travailler hors des bibliothèques, à la fois dans l'enseignement primaire, dans l'enseignement secondaire et dans le monde socioculturel. Cette situation de mobilité, trop peu fréquente, n'est pas encouragée – notamment, le passage du public (enseignement) au privé (les Maisons de la culture relèvent du privé) et, de nouveau, au public, n'est ni prévu ni gratifiant financièrement.

Ma carrière a surtout été centrée sur la bibliothèque publique. À chaque formation correspond un grade différent : certificat (aide-bibliothécaire), brevet (bibliothécaire-adjoint), graduat (bibliothécaire), licence (bibliothécaire dirigeant et directeur).

Je crois que les jeunes professionnels devront se réorienter tout au long de leur vie professionnelle. Il me paraît impensable, tant pour le bibliothécaire que pour le public, d'exercer la même fonction toute une carrière. Des passerelles officielles entre le monde de l'enseignement, de l'animation, de la lecture publique, par exemple, devraient être prévues.

Octobre 1999