Le kansai-kan

Un second bâtiment pour la Bibliothèque nationale de la Diète du Japon

Junko Kito

La Bibliothèque nationale de la Diète du Japon, qui jusqu'ici faisait fonction de bibliothèque nationale et parlementaire, a décidé de s'agrandir en commandant la construction d'un immeuble neuf, familièrement appelé le Kansai-kan, dans la région de Kyoto et d'Osaka, sur la côte Ouest, à environ cinq cents kilomètres de Tokyo. Avec ses gigantesques espaces de réserve prévus pour une vingtaine de millions de volumes, le Kansai-kan résoudra l'encombrement de la bibliothèque existante. Ses services axés en priorité sur la fourniture de documents et la coopération entre les bibliothèques feront largement appel aux outils informatiques et aux technologies de l'information. Le chantier qui a débuté en octobre 1998 doit s'achever au printemps 2002, et le Kansai-kan entrera en fonction dans le courant de la même année.

The National Diet Library, the central and parliamentary library in Japan, plans to establish a new facility tentatively called the Kansai-kan, to be located near Kyoto and Osaka, Western cities about 500 kilometers from Tokyo. The Kansai-kan will ultimately have enormous storage space for twenty million volumes and will solve the problem of filled-up shelves. Services focusing on document supply and library cooperation will be provided with electronic measures and information technologies. The construction work began in October 1998 and will be completed by spring 2002. The Kansai-kan is scheduled to start its services within the same year.

Die Nationalbibliothek des japanischen Parlaments, die bis jetzt gleichzeitig als nationale und parlamentarische Bibliothek fungierte, hat sich zur Vergrösserung entschlossen, ungefähr fünfhundert Kilometer von Tokyo entfernt an der Westküste zwischen Kyoto und Osaka gelegen, wurde ein Neubau, geläufig Kansai-kan genannt, in Auftrag gegeben. Mit seinen gigantischen Speicherkapazitäten, vorgesehen für zwanzig Millionen Bände, soll der Kansai-kan die Platzprobleme der vorhandenen Bibliothek lösen. Seine in erster Linie auf Dokumentebeschaffung und Kooperation mit anderen Bibliotheken ausgerichteten Leistungen werden in hohem Masse auf Informatik und Informationstechnologien zurückgreifen. Der im Oktober 1998 begonnene Bau soll im Frühjahr 2002 fertig sein und der Kansai-kan wird dann im Laufe des Jahres in Betrieb genommen

La Bibliothèque nationale de la Diète du Japon a engagé la construction d'un nouveau bâtiment, le Kansai-kan (nom provisoire), qui devrait être inauguré en 2002. Ce nouveau site est inclus dans la Cité des sciences du Kansai, qui regroupe plusieurs instituts et laboratoires de recherche ainsi que des universités. La région du Kansai, distante d'environ cinq cents kilomètres de Tokyo, est la deuxième zone urbaine du pays.

La Bibliothèque nationale de la Diète (BND), qui fait office de bibliothèque nationale et parlementaire au Japon, a été créée en février 1948 sur le modèle de la Bibliothèque du Congrès américain. Elle reçoit au titre du dépôt légal l'ensemble des titres publiés sur le territoire national, auxquels vient s'ajouter une importante sélection de publications étrangères. Les collections de la BND constituent un vaste ensemble documentaire à la disposition des membres de la Diète japonaise (le Parlement), des différents services législatifs, juridiques et gouvernementaux, et du grand public.

Le Kansai-kan en construction devrait permettre de résoudre un certain nombre de problèmes, posés notamment par l'exiguïté des réserves actuelles, ou par la nécessité de mettre en place de nouveaux types de services plus conformes à l'évolution des technologies de l'information.

Historique

Le projet du Kansai-kan a vu le jour vers les années 80. Il a entraîné, en 1982, la constitution du Comité d'études de la BND, chargé d'étudier la proposition de construire dans la région du Kansai un second bâtiment pour la Bibliothèque nationale. Estimant que la BND avait besoin d'un immeuble neuf pourvu de réserves importantes et doté d'équipements technologiques avancés afin de jouer pleinement son rôle dans la société de l'information, le Comité d'études est arrivé à la conclusion que la meilleure solution était de l'intégrer à la Cité des sciences du Kansai. Cette proposition a été adoptée après examen par les instances de la BND, qui ont alors élaboré, en 1988, un premier plan préparatoire à l'édification du Kansai-kan, remanié en 1991 dans le deuxième plan préparatoire.

Acceptée en 1994 par la Diète sur proposition de la Commission architecturale de la BND, la construction de la nouvelle bibliothèque a été budgétisée pour l'année fiscale 1995.

Le choix de l'architecte fut arrêté en 1996, au terme d'un concours international d'architecture, le premier de la décennie pour une institution nationale japonaise. L'appel d'offres souleva un immense intérêt, suscitant au total 493 candidatures, dont 219 en provenance de 42 pays étrangers. Le lauréat fut un architecte indépendant japonais, Fumio Toki. Une fois le plan d'exécution terminé, en 1998, le chantier a démarré en octobre de la même année et il est prévu qu'il s'achève en mars 2002. Dans l'intervalle, tablant sur une mise en service de la nouvelle bibliothèque pour le courant de l'année fiscale 2002, la BND s'attache à préciser dans le détail les activités et le fonctionnement de la nouvelle institution.

Les principales missions du Kansai-kan

A terme, le Kansai-kan doit remplir cinq grands objectifs : offrir des réserves suffisantes aux collections de la bibliothèque, assurer la fourniture des documents, constituer et entretenir un fonds documentaire asiatique, organiser la coopération entre les bibliothèques, mettre sur pied des programmes de « recherche et développement » et de formation en bibliothéconomie et en sciences de l'information.

Les réserves

La BND étant tenue de conser- ver l'ensemble des publications nationales, le volume de ses collections augmente chaque année dans des proportions considérables : en moyenne, les acquisitions annuelles exigent 2 000 m2 d'espace supplémentaire. Or, tout laisse à penser que les rayonnages actuels seront pleins en 2001. Outre que le nouvel édifice offrira à cet égard l'espace nécessaire, il remplira un rôle de sauvegarde en cas de catastrophe puisque, à l'avenir, les fonds d'ouvrages seront en partie conservés à Tokyo et en partie dans le Kansai. Les ensembles documentaires des deux bibliothèques refléteront leurs caractéristiques : ceux du Kansai-kan répondront aux missions qui sont décrites ci-dessous, alors que l'institution restée à Tokyo continuera avant tout à remplir le rôle qu'elle joue déjà à l'égard du Parlement ou des services législatifs et gouvernementaux, et à servir de bibliothèque de référence pour le grand public.

La fourniture des documents

La mise à disposition des documents et de l'information est une des missions les plus importantes de la nouvelle bibliothèque. Conçu comme le centre documentaire de la BND, le Kansai-kan procurera aux lecteurs les services de photocopie et la documentation dont ils peuvent avoir besoin. Les installations électroniques dont il sera équipé permettront aux utilisateurs du monde entier d'y accéder à distance.

Le fonds documentaire asiatique

Les demandes d'information de nature politique, économique, sociale et culturelle sur les pays et les régions d'Asie se diversifient de plus en plus, et c'est dans le double objectif de les satisfaire et de soutenir les études menées sur ces sujets, tant au Japon qu'en dehors, que le Centre de documentation sur l'Asie (ce nom est provisoire) sera créé au sein du Kansai-kan.

Sa tâche consistera à rassembler et diffuser un important matériel documentaire sur l'Asie, élargie en l'occurrence au Proche et au Moyen-Orient, ainsi qu'à l'Afrique du Nord. Ses collections, qui couvriront un maximum de domaines en plusieurs langues, comprendront des bibliographies, des ouvrages de référence, des manuels scolaires, des revues académiques, des journaux, des cartes, des publications gouvernementales, tant sur papier que sur microfiches ou sous forme électronique. Il disposera également d'une salle de lecture où les utilisateurs pourront consulter sur place près de 50 000 ouvrages en libre accès.

La coopération entre bibliothèques

Son rôle de bibliothèque nationale impose à la BND de mener des activités en coopération avec les autres bibliothèques et institutions. À l'avenir, les services de coopération entre bibliothèques seront transférés au Kansai-kan, chargé de mettre en place la meilleure utilisation possible des ressources documentaires nationales. En sus de prendre en charge l'élaboration du réseau d’accès au catalogue collectif national des bibliothèques publiques et de centraliser le prêt entre bibliothèques, le Kansai-kan sera dépositaire des documents dont les autres bibliothèques ont besoin, mais qu'elles ne peuvent conserver faute de place.

« Recherche et développement » et formation professionnelle

Le Kansai-kan devra promouvoir la recherche et le développement dans le domaine de la bibliothéconomie et des sciences de l'information. À cette fin, et en liaison avec les instituts et autres organismes de recherche et de formation, rattachés ou non à la Cité des sciences du Kansai, il travaillera sur les technologies électroniques ou informatiques adaptées à la constitution d'une bibliothèque informatisée et sur la préservation et la conservation des documents de bibliothèque, etc. Il devrait de surcroît assurer à l'intention des bibliothécaires japonais et étrangers, ceux des pays d'Asie surtout, une formation en bibliothéconomie et en informatique, axée notamment sur les procédés de conservation. Ce cadre devrait permettre de définir des programmes internationaux d'échange professionnel.

Le concept de bibliothèque électronique

Dès la phase d'élaboration, au début des années 80, le Kansai-kan a été associé à un projet de bibliothèque numérique. Par ailleurs, l'ouverture de la nouvelle bibliothèque suppose de partager, non seulement les collections, mais aussi le fonctionnement et la direction de la BND, en deux pôles géographiquement éloignés. Pour résoudre les problèmes liés à cette situation, il est indispensable de recourir à la numérisation.

La BND a entrepris de mettre au point des systèmes de traitement lui permettant de continuer à assumer ses fonctions sans que les utilisateurs pâtissent du dédoublement des sites et des collections. Une fois ces systèmes opérationnels, il sera possible d'assurer la fourniture des documents et le prêt entre bibliothèques par Internet. Les services de référence s'effectueront en partie via le réseau.

La BND compte par ailleurs produire des documents électroniques. À côté des outils, bibliographiques et autres, nécessaires à la consultation, elle procède en conséquence à la numérisation d'un nombre considérable de titres de ses collections. Plusieurs types de publications ont d'ores et déjà été numérisés en collaboration avec d'autres organismes japonais ; ces collections constitueront pour un certain nombre d'entre elles le fonds disponible de la bibliothèque électronique, même si, pour améliorer ce service et le rendre viable, il importe de régler certains problèmes majeurs dont ceux de droit d'auteur et de coût.

L'architecture

Comme nous l'avons signalé plus haut, le Kansai-kan a été dessiné par Fumio Toki, premier prix du concours international d'architecture lancé pour ce bâtiment. Fumio Toki, qui a derrière lui trente ans d'expérience comme architecte, a étudié à Venise, en Italie, au début des années 80, avant de s'installer à son compte en 1988. Au nombre des œuvres qu'il a réalisées, on peut citer la bibliothèque municipale centrale de Tokyo, la bibliothèque municipale de Maebashi, et l'hôtellerie des Brasseries Asahi ; en 1984, Fumio Toki a également remporté le concours d'architecture ouvert pour la construction du gymnase du complexe sportif Urazoe, à Okinawa.

Le projet qu’il a conçu pour le Kansai-kan se caractérise par la transparence et l’harmonie avec l’environnement. Tout en verre, l'immeuble se présente comme un simple parallélépipède dont la forme anguleuse est adoucie par le jardin en terrasse qui le surmonte et les bosquets d'arbres plantés dans la cour. La bibliothèque – dont la surface totale de plancher est d'environ 59 500 m2 – est constituée de deux bâtiments, reliés par un couloir aux parois de verre. L'un des deux compte huit étages, pour moitié enfouis et pour moitié à l'air libre ; le second a quatre niveaux, un à demi-enterré et trois en sous-sol. Un immense jardin situé en contrebas et un atrium permettent aux lecteurs et aux visiteurs de profiter de la lumière naturelle. L'architecte a bien utilisé la déclivité naturelle du terrain qui s'élève vers le sud.

La salle de lecture, d'une superficie de près de 5 000 m2, et les rayonnages, pouvant contenir jusqu'à 6 millions de volumes, se trouvent en sous-sol. Les étages au-dessus du sol sont réservés à la cafétéria, aux salles de conférence, à une librairie et aux bureaux du personnel. Dans un deuxième temps, les agrandissements prévus porteront la surface de plancher du Kansai-kan à 165 000 m2, et le doteront d'une capacité de stockage de 20 millions de volumes.

Les réserves qui occupent les trois derniers étages du sous-sol s'étendent sur approximativement 28 000 m2. Elles seront équipées de rayonnages fixes, compacts et automatiques, ces derniers contrôlés par ordinateur. La grande salle de lecture prévue pour la consultation sur place des collections de la bibliothèque abritera également le Centre de documentation sur l'Asie. Les utilisateurs pourront y travailler sur près de 150 000 volumes en libre accès, dont des ouvrages de référence dans différents domaines, des publications officielles, juridiques ou gouvernementales, des documents multimédias, les principales revues académiques, des journaux, etc. Cet espace comprendra 350 places, pour la plupart équipées d'outils de communication intelligents. Bien qu'il soit situé au premier sous-sol, il sera bien éclairé par le plafond et par les baies donnant sur la cour.

Les étapes de la construction

Les plans définitifs réalisés à partir du projet de Fumio Toki ont été dressés en concertation par le cabinet de l'architecte, le ministère de la Construction et la BND. Une fois tous les détails réglés, la première pierre fut posée en octobre 1998. On en est actuellement au creusement des fondations, qui sera terminé au début de l'an 2000. La fin du chantier est programmée pour le mois de mars 2002.

La BND s'emploie en ce moment à définir précisément les services et les fonctions du Kansai-kan. En ce qui concerne les collections, il faudra compléter les documents transférés de la bibliothèque de Tokyo par des acquisitions de livres et de périodiques, car il est indispensable que chaque site puisse proposer à ses utilisateurs un ensemble de titres de référence. La BND doit donc demander une dotation à cet effet.

En parallèle avec le projet du Kansai-kan, la BND prévoit par ailleurs d'ouvrir au printemps prochain sa Bibliothèque internationale de littérature enfantine. Les changements en perspective et les défis dont ils s'accompagnent obligent à réorganiser et réactualiser les structures de l'actuelle BND. L'ensemble de son personnel se prépare en conséquence, afin d'être bientôt en mesure de proposer sur les trois sites des services plus complets et plus performants.

Septembre 1999

  1. (retour)↑  Traduit de l’anglais par Oristelle Bonis.
  2. (retour)↑  Traduit de l’anglais par Oristelle Bonis.