Introduction à l'histoire de la lecture publique et à la bibliothéconomie populaire

par Anne Kupiec

Noë Richter

Bernay : A l'enseigne de la Queue du chat, 1995. - 252 p. ; 25 cm. ISBN 2-9509727-0-5. 150 F

Synthèse historique et recueil de textes : telles sont les deux parties principales qui composent le dernier ouvrage de Noë Richter.

En une dizaine de chapitres et une centaine de pages, la première partie évoque la naissance, puis l'histoire de la lecture publique de la veille de la Révolution française à 1968.

La seconde partie, intitulée « Textes pour l'étude et la recherche », présente une anthologie de cent trente-cinq extraits d'oeuvres regroupés dans huit chapitres thématiques (parmi lesquels « Le bibliothécaire du peuple et sa bibliothèque », « Les bibliothèques municipales et la lecture de masse »). Chacun de ces chapitres - et parfois les textes eux-mêmes - font l'objet d'un commentaire qui en indique le contexte et les enjeux.

Un index des noms de personnes et d'institutions facilite la recherche ponctuelle.

Aide-mémoire et outil de culture

Édité aux dépens de l'auteur, ce livre, illustré, à la présentation soignée (vignettes, culs-de-lampe), constitue, ainsi qu'il l'écrit, un abrégé d'un de ses précédents ouvrages, La Lecture et ses institutions 1. Il a été conçu comme un « aide-mémoire pour les étudiants et les candidats aux concours » et un « outil de culture professionnelle ».

Cet ouvrage a cependant une autre ambition. Noël Richter revendique en effet pour le bibliothécaire la possibilité d'écrire l'histoire des bibliothèques. A ce propos, il écrit : « Dans l'accumulation des matériaux de la mémoire corporative, l'acuité du regard du praticien lui permet de discerner le vrai du plausible, de l'invraisemblable et du faux. L'intuition n'est assurément pas un outil infaillible, mais une recherche menée de l'extérieur sur les problématiques d'un corps de métier gagnera toujours à être soumise à l'expertise de spécialistes ». Peut-être, mais c'est seulement par une approche extérieure et distanciée que le regard porté reste inhabituel et questionne peut-être plus fortement l'objet étudié.

L'intérêt de l'ouvrage est de permettre de découvrir, rapidement, l'histoire de la lecture publique, mais aussi, pour ceux qui la connaîtraient déjà, de l'enrichir grâce au recueil de textes. De Richelieu à Cabanis, de l'abbé Grégoire à L'Atelier, de Macé à Bouvy, c'est une invitation à approfondir ses lectures et à se reporter aux sources. Invitation d'autant plus pressante que, dans une brève et dernière partie (« Les Dérapages de la mémoire »), Noë Richter énumère une demi-douzaine de « contrevérités » ayant cours dans la « mémoire corporative » (date de naissance erronée des bibliothèques municipales - 1796 et non pas en 1803 -, méconnaissance de l'action des ministres Rouland et Duruy en faveur de la lecture, par exemple).

Un livre à lire, donc.

  1. (retour)↑  Noël Richter, La lecture et ses institutions : la lecture publique, 2 volumes, 1700-1918 et 1919-1989, Le Mans, Bibl. de l'Université du Maine, Plein chant, 1987-1989.