The Status, Reputation and Image of the Library and Information Profession

par Marielle de Miribel
proceedings of the IFLA Pre-Session Seminar, Delhi, 24-28 Aug. 199 / ed. by Russell Bowden and Donald Wijasuriya. München : K. G. Saur, 1994. - 228 p. ; 22 cm. - (IFLA Publications ; 68). ISBN 3-598-21795-1. ISSN 0344-6891

Cet ouvrage est une des publications thématiques de l'IFLA, dans laquelle sont retranscrits les interventions et les débats d'un pré-séminaire organisé par la table ronde « Gestion d'associations de bibliothécaires », sur le thème de l'image de marque de la profession. On y trouve aussi une série de témoignages sur la situation dans 23 pays du tiers monde.

Un statut incertain

Dans son discours d'ouverture, Donald Wijasuriya, responsable de l'organisation du pré-séminaire, constate que si, dans les congrès de bibliothécaires, il est souvent fait appel à des médecins, juristes, professeurs, l'inverse n'est jamais vrai. C'est à nous de changer cet état de fait.

Russell Bowden, dans un historique, constate que nous n'avons pas su profiter de la révolution technologique pour asseoir notre statut social. Contrairement à d'autres professions, comme la médecine, le droit, les religions, nous ne sommes pas considérés comme des experts dans notre domaine. Personne ne fait appel aux bibliothécaires, considérés comme de simples techniciens, pour assumer la défense du droit à l'information et s'opposer à toute forme de censure, comme le font naturellement les journalistes.

Hans Prins et Wilco De Gier ont analysé les résultats du questionnaire sur l'image des bibliothèques, présenté en 1989 au congrès de l'IFLA à Paris. Ils dégagent plusieurs causes sociologiques à la dévalorisation du statut : le service aux usagers qui n'est pas perçu comme une priorité, l'aspect « invisible » du métier, une zone très floue d'activités en ce qui concerne la définition même de la profession, des salaires peu élevés, une formation qui laisse à désirer... Pour rompre le cercle vicieux, la profession devrait avoir clairement à l'esprit l'image qu'elle veut donner d'elle-même, image appuyée sur une association professionnelle unifiée et cohérente.

Amérique, Inde, Afrique noire

L'image sociale des bibliothécaires en Amérique latine se situe a contrario des nouveaux métiers-cultes de l'information : les bibliothécaires, perçues au féminin, sont liées, en deçà du monde technologique, à la chose écrite réservée aux usagers peu argentés.Une telle situation est directement liée à l'importance exagérée donnée à l'institution et aux fonctions traditionnelles de la bibliothèque, perçue comme un temple culturel. Dans ce contexte, l'auteur définit la pauvreté comme une incapacité de la société à savoir produire et rechercher l'information nécessaire à la modification de son environnement, en vue d'une amélioration de l'intelligence sociale.

En Inde, le rôle du bibliothécaire reste inchangé. On s'adresse au bibliothécaire en chef pour se plaindre, comme on le fait d'ordinaire dans les officines administratives, et non pour demander conseil à un expert, comme il est naturel chez le médecin, car, dans la bibliothèque, la perception d'une structure fortement hiérarchisée est encore très présente à l'esprit des usagers.

En Afrique noire, l'échec des structures en place s'explique par l'application d'un schéma culturel anglo-saxon sur des réalités africaines. 70 % de la population de ce continent est rurale, et une grande partie est analphabète ; le premier souci est donc de prendre en considération cette population et ses besoins.

Le bibliothécaire des années 1990 devient compétent en gestion, communication, analyse, politique, avec le soutien des nouvelles technologies, et les programmes de formation doivent refléter cette nouvelle orientation ; la meilleure solution serait de partager les responsabilités de la formation, l'université prenant en charge la formation initiale et les associations professionnelles la formation continue.

Sept pistes pour le changement

Elizabeth C. Reade Fong propose sept pistes aux bibliothécaires pour changer le cours des choses : intensifier le recrutement de personnel doué pour les relations publiques, réfléchir à un code et une éthique professionnelle, s'engager dans les organisations et institutions nationales pour y renforcer l'image positive des professionnels, évaluer économiquement les services offerts, optimiser la qualité du service et du produit documentaire, utiliser la terminologie des sciences de l'information, intégrer la philosophie des décideurs de l'institution ou de l'organisation. Pour conclure, elle insiste sur l'importance du dynamisme dans la stratégie de « visibilité » de la profession.

A. O. Banjo a traité de l'aspect juridique de la question en insistant sur l'importance d'une législation appropriée, des organismes de coopération, du dépôt légal et du contrôle bibliographique, d'une grille statutaire, d'un ordre de bibliothécaires sur le principe de celui des médecins, et du rôle souhaitable d'associations professionnelles dans l'aide à la décision du pouvoir politique.

Enfin, Russell Bowden analyse l'efficacité des propositions avancées au cours de la discussion, - introduction de programmes attractifs dans les écoles de bibliothéconomie, importance du rôle à jouer par les associations professionnelles, et nécessaire partage des rôles avec des professions parallèles, telles qu'informaticien, gestionnaire, graphiste, ou médiateur culturel.