Encyclopedia of Library History

par Marc Chauveinc
ed. by Wayne A. Wiegand and Donald G. Davies, Jr. New York, N.Y. ; London : Garland Publishing, 1994. – 707 p. ; 26 cm. – (Garland Reference Library of Social Science ; 503). ISBN 0-8240-5787-2 : $ 95

Le titre de cet ouvrage mérite une explication. C'est, d'une part, une encyclopédie qui présente des informations sous de larges rubriques classées alphabétiquement, chacune suivie d'une monographie sur le sujet pouvant aller jusqu'à cinq ou six pages double colonne. D'autre part, chaque sujet est étudié d'un point de vue historique qui explique comment les bibliothèques sont devenues ce qu'elles sont. Cette perspective permet de mieux comprendre l'évolution d'un domaine bibliothéconomique comme le catalogage ou le prêt, par exemple.

Cinq grandes rubriques

La première rubrique, géographique, s’intéresse à l'histoire des bibliothèques dans un pays donné, France, Allemagne, ou bien Laos, Maldives, Chypre, ou Surinam, sur lesquels il n'est pas facile de trouver de l'information.

La deuxième recense les grands établissements. Soixante ont été choisis, dont seulement deux en France – la Bibliothèque du Congrès, la Bibliothèque nationale de France, la Sorbonne, la Bibliothèque d'Alexandrie, celles de Harvard, Leipzig, Berlin, Oxford, Oslo, etc. A part la Sorbonne (article rédigé par Linda M. Fidler de l'université du Wisconsin), on ne trouve rien sur les bibliothèques universitaires françaises, alors que figure un article sur les bibliothèques universitaires suédoises, et rien sur les bibliothèques publiques françaises, même dans l'article sur les bibliothèques publiques en général.

La troisième rubrique est classée par type de bibliothèques, et fournit des descriptions de bibliothèques privées, médicales, circulantes, de prison, pour enfants, etc. On trouve notamment un article sur les bibliothèques payantes (subscription libraries) ou sur les bibliothèques juives.

La quatrième regroupe les bibliothèques par époque : premières bibliothèques chrétiennes, bibliothèques islamiques, médiévales, de la Rome ancienne, du Moyen Orient ancien.

Dans la dernière, classée par sujet, on retrouve, de façon classique, l'histoire du catalogage, de l'indexation, des acquisitions, de l'organisation, des périodiques, de la censure, des manuscrits, des microfilms ou de l'imprimerie, mais aussi des rubriques beaucoup plus originales comme les homosexuels dans l'histoire des bibliothèques, les femmes, les races, les classes sociales, la bibliomanie, la bibliothérapie, etc. Ces articles ne sont évidemment pas totalement innocents et la philosophie du rédacteur apparaît entre les lignes. Par exemple, dans l'article sur les bibliothèques universitaires, on est heureux d'apprendre qu'« en Allemagne, en France, et à un degré moindre, en Angleterre, le statut du bibliothécaire dans la communauté universitaire est, d'une certaine façon, plus élevé que celui du bibliothécaire dans les universités américaines ». Il n'y a volontairement pas d'articles biographiques. Certains noms figurent dans l'index qui renvoie aux articles où sont cités ces personnes.

Ces articles constituent une bonne base de départ pour toute réflexion sur un sujet bibliothéconomique, car ils en résument l'évolution depuis l'origine jusqu'aux temps présents. Certains offrent même plus une réflexion sur le sujet qu'une véritable histoire. On trouvera donc des informations rares et passionnantes sur différents sujets, comme la règle de saint Benoît sur les bibliothèques bénédictines, mais aucune rubrique à automatisation, car l'informatique est traitée dans plusieurs articles comme le catalogage, les équipements ou le prêt.

La place de la France

Le lecteur français pourra regretter le faible nombre des « entrées » françaises. Trois seulement sont directement consacrées à la France. On trouvera, cependant, différentes informations sur la France dans les rubriques générales comme les bibliothèques itinérantes, les bâtiments, les bibliothèques gouvernementales, les bibliothèques médiévales, les bibliothèques de la Renaissance, etc.

L'article sur la Bibliothèque de France est rédigé par Alix Chevallier, on ne pouvait trouver meilleur connaisseur de cette institution. Mais, sans doute à cause de sa date de rédaction – 1991 ou 1992 –, aucune mention, ou presque, n'est faite de la Bibliothèque nationale de France et de sa nouvelle organisation. L'histoire des bibliothèques françaises, rédigée par Jean-Claude Garreta, donne beaucoup de détails qui en font une bonne synthèse sur la question. Dans les deux cas, on peut regretter la faiblesse numérique de la bibliographie, mais cela est sans doute une loi de ce genre d'ouvrages, faute de place.

Un long article sur l'Afrique francophone décrit l'évolution des bibliothèques dans les anciennes colonies, un autre les bibliothèques anglophones d'Afrique. Les Antilles se retrouvent dans l'article sur les Caraïbes et la Polynésie dans l'article sur le Pacifique Sud.

Des sujets originaux

Tout ceci aura, je l'espère, montré que l'intérêt de cet ouvrage n'est pas de trouver des informations sur la France, pour laquelle nous avons d'autres sources, plus détaillées, comme l'Histoire des bibliothèques françaises du Cercle de la Librairie ou les Bibliothèques dans l'université de Daniel Renoult, mais d'apporter des synthèses intéressantes, avec des perspectives originales, sur des sujets peu ou pas connus. Notamment sur certains pays du monde qui sont rarement étudiés. C'est ce qui fait son originalité par rapport à d'autres ouvrages du même genre, comme la World Encyclopedia of Library and Information Services de l'American Library Association qui, bien que mondiale, n'est pas aussi pointue sur des sujets originaux. Il est certes moins riche que l'Encyclopedia of Library and Information Science, plus récente et qui se présente sous une forme plus maniable.