Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation

par Marguerite-Marie Burger
sous la dir. de Philippe Champy et Christiane Etévé. Paris : Nathan, 1994. – 1097 p. ; 22 cm. – (Réf.). ISBN 2-09-190525-9.

Dans leur présentation, les directeurs de la rédaction, rattachés tous deux à l’INRP (Institut national de la recherche pédagogique), exposent les principes qui sont à l’origine de cet ouvrage et qui président à son organisation conceptuelle.

Approche globale

À tout d’abord été visée une approche globale des phénomènes d’éducation et de formation, ce qui paraît être la seule démarche qui puisse être adoptée dans une société qui connaît de profondes mutations, en particulier sur le plan des savoirs scientifiques et techniques qu’elle développe et des phénomènes organisationnels qui en découlent. Un individu doit alors être pensé dans une durée qui englobe formation initiale et formation continue, pensées comme un ensemble économiquement et pédagogiquement cohérent et efficace, loin des cloisonnements institutionnels qui ne permettent pas de mettre en évidence les notions et phénomènes communs ou transportables dans les deux approches.

La recherche, les professionnels et les usagers

La deuxième idée directrice suppose que cet ouvrage est un pont entre les milieux de la recherche et les professionnels et usagers de l’éducation et de la formation. Elle suggère, d’une part, l’existence d’un métier à apprendre, celui d’enseignant, et implique le concept d’accumulation de savoirs professionnels théoriques et pratiques au sein d’une communauté de chercheurs et de praticiens, ce qui, loin de constituer une histoire linéaire, est à comprendre dans la perspective d’évolution d’un champ scientifique soumis à des tensions sous-jacentes. Elle postule, d’autre part, la nécessité et la possibilité d’une liaison recherche-terrain dont on trouverait un écho dans le courant de la science-action 1 qui vise la production de savoirs professionnels, éclairés par une théorie de l’action multiréférentielle élaborée en dehors des situations concrètes bien que fondée sur elles.

Des spécialistes

Découlant de cette dernière, la troisième idée directrice implique que les articles soient écrits par des spécialistes du domaine, démarche qui, à la fois, garantit des savoirs puisés à la source et préserve les approches pluridisciplinaires nécessitées par la nature même du champ d’investigation que cherche à couvrir cette encyclopédie : ainsi les articles « concept » et « abstraction », rédigés par Britt-Mari Barth font écho aux articles de Jean-François Le Ny, « mémoire » et « connaissance ». Trois conseillers scientifiques ont d’ailleurs été requis pour superviser les domaines relevant de leur compétence : Claude Durand-Prinborgne pour le secteur politique, administratif et juridique, Jean Hassenforder pour les sciences de l’éducation et François de Singly pour les aspects sociologiques et informels. Il est intéressant de constater que différentes catégories d’auteurs ont été sollicités, des universitaires pour la plupart, travaillant ou non en collaboration avec l’INRP, mais aussi des membres du corps des documentalistes en poste à l’INRP, des conservateurs de bibliothèques et, enfin, des membres institutionnels de l’Éducation nationale. Cette variété de statuts des auteurs offre des éclairages souvent absents de ce genre d’ouvrages, comme la prise en compte, même si malheureusement elle est partielle, des acteurs associatifs, dont on sait le rôle important qu’ils sont susceptibles de jouer dans l’évolution du système éducatif ; à titre d’exemple, l’on peut se reporter à l’article « centre de documentation et d’information » dans lequel est rappelé le rôle de la Fadben (Fédération des enseignants documentalistes de l’Education nationale) ainsi qu’à l’article « associations éducatives (complémentaires de l’enseignement public) » dans lequel sont mentionnées quelques associations bien connues du monde enseignant, ou encore, l’article « écriture » qui renvoie aux revues Pratiques, Le Français aujourd’hui et Repères.

Instrument de synthèse et outil de consultation

Correspondant à la quatrième et dernière idée directrice, cet ouvrage se veut un instrument de synthèse et un outil de consultation à la portée des publics professionnels non spécialistes des domaines traités. La présentation alphabétique des articles y concourt, ainsi que les multiples entrées possibles dans le contenu de cette encyclopédie, que ce soit le plan de classement des articles ou l’index. Ce dernier fonctionne comme une liste de descripteurs auxquels sont renvoyés des termes qui n’ont pas fait l’objet d’un article spécifique ou que les auteurs ont décidé de reformuler : par exemple, « cahiers de vacances », voir « manuel scolaire » ou bien « éducation civique », voir « civique (éducation) ». Il ne renvoie pas aux pages du texte mais sert d’entrée dans un langage documentaire contrôlé et explicité, ce qui est fort utile dans un domaine où peu de recherches terminologiques ont été effectuées ; enfin, complété par un système de corrélats qui renvoient aux articles connexes, l’organisation de l’ouvrage nous rappelle le mode de structuration bien connu de l’Encyclopaedia Universalis et, au-delà, les banques de données de l’INRP 2, dont on peut penser qu’elles ont facilité la mise en œuvre de ce dictionnaire. Dernier atout, les quelques « pistes » bibliographiques, citées en fin de chaque article, permettent au lecteur qui souhaite aller plus loin, d’approfondir les domaines qui l’intéressent. De même, la traduction en anglais de chaque entrée facilitera-t-elle peut-être l’interrogation de banques de données anglo-saxonnes dans le domaine de l’éducation.

Cherchant à cerner les notions sans gommer ni exacerber les courants qui sous-tendent les divergences, ce dictionnaire remplit à la fois un rôle d’initiation et d’état des lieux des théories susceptibles de donner sens aux pratiques en usage dans le système éducatif français, ce qui en fait un outil très utile pour le comprendre et pour former son personnel.

  1. (retour)↑  ARGYRIS et SCHÖN, « Théorie et pratique : matériaux pour les IUFM », cités dans Y. SAINT-ARNAUD, « Un nouveau discours de la méthode », Recherche et formation, n° 11, 1992.
  2. (retour)↑  Philippe CHAMPY, « L’usage des banques de données à l’Institut national de recherche pédagogique. Problématique et réalisation », Perspectives documentaires en éducation, n° 23, 1991.