Identité, lecture, écriture
Paris : BPI / Centre Georges Pompidou, 1993. - 268 p. ; 21 cm. - (Collection Etudes et recherche)
ISBN 2-902706-76-6 : 150 F
Ce livre constitue le prolongement de trois séances de travail consacrées à la lecture et l'écriture, organisées dans le cadre des rencontres nationales à la Grande Halle de la Villette, en janvier 1993. Il comprend les interventions centrées autour de la construction de la personnalité et la contribution de cinq auteurs qui n'avaient pas participé à ce colloque.
La pratique de la lecture et celle de l'écriture ne sont pas homogènes, dit F. de Singly dans son introduction. Elles ont un point commun : elles permettent d'objectiviser la pensée, de rompre avec « la logique du sens pratique mis en œuvre dans l'urgence de l'action » (B. Lahire).
L'ouvrage est divisé en deux parties. L'une « Pourquoi lire, pourquoi écrire », comprend sept articles qui abordent différents domaines dans lesquels l'écriture et la lecture contribuent à construire l'identité personnelle et sociale. On y trouvera une étude sur la lecture des ouvrages littéraires chez des écoliers et lycéens allemands (ex-RDA), se penchant sur les modifications du comportement vis-à-vis de la lecture ; une autre sur « l'écriture domestique » (des listes de tâches aux journaux intimes) en tant que manifestation ou confirmation d'identité de leur rédacteur ; quelques approches de la lecture dans des milieux spécifiques (autodidactes, cheminots, pays bigouden) ; une réflexion sur l'analyse du langage que permettent les pratiques scripturales et vis-à-vis desquelles les utilisateurs de l'écrit ne sont pas « à égalité » ; enfin, une étude qui voit dans les deux types de lecture, « lecture-contrainte » et « lecture-libre », l'illustration des deux versants de la personnalité : sphère professionnelle, sphère privée.
La deuxième partie « Comment en rendre compte en sociologie et en anthropologie ? » comprend cinq contributions, étudiant chacune un domaine particulier : le journal intime, l'autobiographie, la lecture chez les femmes, la façon de gérer un capital temps entre la télévision et la lecture, enfin d'intéressantes comparaisons entre les études sociologiques sur la lecture dans quatre pays européens.
La plupart des articles comportent une bibliographie et le livre se termine par des résumés sur chacun des chapitres.
Le sujet est de taille : préciser si - et en quoi - les pratiques de la lecture et de l'écriture aident à la constitution de l'identité devraient permettre de mieux comprendre les différences entre ceux qui les utilisent et ceux pour lesquels elles restent étrangères ou marginales. J.-P. Albert note que, dans trois domaines au moins, la pratique de l'écriture joue un rôle important : le développement de la conscience de soi, l'intégration de la personne à un groupe et la formation à des rôles et statuts socialement définis (p. 46).
L'ouvrage ouvre des pistes, apporte des matériaux de réflexion, mais le lecteur reste un peu sur sa faim, car il attend une synthèse qui utilise ces matériaux pour étayer les hypothèses de départ. C'est souvent le défaut des « actes de colloque ». Ils ont cependant l'avantage de porter à la connaissance des lecteurs des monographies diverses.